Test : Encyclopedia

Test : Encyclopedia

Le dernier jeu livré de chez Holy Grail Games, éditeur nancéen, appelle au voyage. Un point positif que je retiens avec eux, c’est les thèmes souvent différents et tranchés qu’ils proposent. Récemment j’ai pu jouer à leur dernier projet, Copan, et le déclin d’une cité aztèque. Dominations nous mettait aux prises avec un thème de civilisation de tribus primitives. Rallyman Gt et Dirt, bah vous avez compris le thème normalement. Museum est celui qui se rapproche le plus de Encyclopedia, avec cette patine historique, ce côté découvertes artistiques et/ou culturelles, et ce rôle de chercheur/explorateur.

J’aime quand un thème n’est pas seulement plaqué mais partie intégrante du jeu et de la proposition. Copan m’avait particulièrement séduit en ce sens.

Concernant Encyclopedia, le côté mécanique du jeu va prendre le dessus plus ou moins vite selon les joueurs, mais la qualité du matériel et des illustrations va tout de même nous maintenir dans ce thème de la création de cette encyclopédie de l’histoire naturelle.

l

Mécanique naturelle

Ce ne sera pas faire injure au jeu de souligner l’importance des mécaniques qui vont vous driver tout au long des parties. D’ailleurs il suffit de dérouler les actions disponibles sur le plateau de jeu lors de l’explication de règles pour bien comprendre la suite logique, et ce que vous devrez faire. Vous allez préparer votre exploration en recrutant des experts et récolter des fonds, sélectionner des spécimens à étudier, partir à leur rencontre, et enfin publier vos travaux. Tout cela est bien indiqué sur le plateau où vous placerez vos dés d’actions, dans une logique presque sans faille et assez routinière. Non pas comme un fleuve tranquille non plus, puisque vos adversaires pourront un peu vous gêner, mais voici votre chemin vers la victoire. Optimisez cette route tracée et vous serez consacré.

Le thème est chouette, les illustrations vraiment soignées et le matériel de très bonne qualité (en même temps j’ai la version deluxe donc heureusement ^^). On comprend bien la suite logique des actions, de la préparation à votre expédition et la publication. Par contre, j’ai trouvé que ce thème passait assez vite quand même au second plan et les mécaniques passent au premier. Valeur du dé, couleur, types des cartes, ressources, optimisation. Je n’ai pas trouvé cela dérangeant, car c’est le cas la majeure partie du temps dans des jeux similaires. Ne vous attendez juste pas à être transportés d’un continent à l’autre à observer la faune dans son habitat naturel, et tout ira bien.

Ensuite, le « reproche » que je ferai à Encyclopedia est que ça manque un peu de rebondissements et ça ronronne quand même par moments. Il n’est pas le jeu le plus trépidant du monde, mais là n’est pas son propos. Soyez-en juste conscients pour ne pas être déçus.

l

Surmonter la confusion de l’action la plus importante du jeu

L’un des plus gros écueils que j’ai pu lire ou observer concernant Encyclopédia, est le fait de comprendre le fonctionnement de cette dernière action indispensable dans ce jeu, à savoir la publication de vos écrits. Les actions précédentes sont plutôt simples et logiques, mais cette phase de publication a ce je-ne-sais-quoi de déroutant qui peut vous faire perdre le fil. La règle n’est pas pour autant mal rédigée, mais rien ne remplacera la pratique pour cette action. Certains ne passeront pas le cap et ne retiendront que cette incongruité. Cela peut demander un peu d’effort, mais une fois intégrée, ça fonctionne. Cela peut juste paraitre contre intuitif.

Cela a aussi pour effet de rallonger artificiellement les premières parties, et le jeu peut vite être catalogué au rang de « tout ça pour ça ». Cela va très clairement en s’améliorant, mais il faudra y passer 1 ou 2 parties complètes pour l’ensemble des joueurs. Et comme bien souvent, le nombre de parties sur un jeu se limite à 1 ou 2, certains n’auront pas la patience d’y revenir pour faire passer la durée de jeu sous l’heure, qui est le bon format pour ce jeu. Suivant les joueurs, leur expérience, leur envie, leur assiduité, la 1ère partie peut leur paraitre assez pénible avec cette phase de publication, et peut gâcher l’expérience de jeu. Si vous la comprenez du 1er coup, ou si à la 2ème partie ça roule pour vous, alors la voie est dégagée et Encyclopédia devrait vous convaincre et vous faire revenir à sa table.

l

Optimisation et frustration

Encyclopédia va vous endormir un peu avec un rythme assez tranquille, des actions qui se déroulent assez sereinement (préparation, récupération de cartes animaux, expédition et publication) la plupart du temps dans le même ordre. Par contre ne croyez pas que la partie sera un fleuve tranquille. La faute a cette **** d’action de publication qui vous fera rager régulièrement.

Pour l’optimiser, il faudra que les astres soient alignés. Comprendre que vous devrez mettre la main sur les animaux qui combinent entre eux (au mois 2 types en commun). Le problème c’est que dans ce jeu de société … bah il y a société et vous ne serez pas seuls. Du coup vous allez maudire vos adversaires qui vous raflent sous le nez ce reptile qui aurait combotté comme pas 2 avec ses autres potes à sang froid que vous gardiez bien au chaud.

Bon, vous irez quand même publier, mais ça n’aura pas la même saveur car ça sera forcé, et sacrément pas optimisé. Vous y repenserez souvent à ce combo de fou qui vous tendait les bras. Et oui, pour viser les + de 300 points à ce jeu, il faudra y jouer, y rejouer, et croiser les doigts et tout ce qui traine aussi 😉

Quel calvaire quand on va publier, et que l’on défausse des cubes chèrement acquis précédemment et qui ne rapportent pas un point … ^^

l

La hype de la nature

Encyclopédia est un format de jeu pour « initiés » telle que cette catégorie semble être nommée depuis quelques temps déjà. Un peu complexe et long pour être joué en famille avec des non-joueurs, et un peu trop léger pour ceux habitués à se triturer le cerveau pendant des heures. Avec la faune et sa découverte pour thème, il pourra faire penser à Wingspan, le fameux jeu mettant en scène les différentes espèces d’oiseaux du monde. Encyclopédia a été le plus gros succès sur Kickstarter pour Holy Grail Games avec plus de 5.000 backers. On verra comment se déroule sa vie en boutiques, et s’il peut obtenir une petite partie du succès mondial de Wingspan.

Avec d’autres jeux comme Cascadia, Living Forest, Meadows, et bien d’autres, le thème nature, contemplatif, et reposant remporte clairement du succès depuis quelques temps. Les vikings, zombies et autres thématiques qui cartonnaient il y a quelques années semblent avoir pris un peu de recul, et c’est pas plus mal de voir un renouvellement. Quel sera le prochain thème qui aura la cote ??

D’ailleurs, l’auteur Bruno Faidutti a mis en ligne un article intéressant sur le sujet que vous pouvez lire ici.

l

Disponible ici :

Prix constaté : 54,20 €

Test : Eleven

Test : Eleven

L’avis de Fabien :

l

Un jeu de gestion dans l’univers du football, et dont la proposition ludique se rapproche d’un football manager (jeu de gestion de football qui connait un succès mondial depuis de nombreuses années) en jeu de société, moi ça me branche. Alors par contre je suis circonspect dès l’annonce de projet, ça me parait tellement difficile à retranscrire sur un jeu de plateau, que je demande à voir.

l

Une sorte de Football Manager sur nos tables

Les exemples d’adaptation de jeux vidéo en jeux de société sont nombreux, mais ça n’est pas toujours simple. Ça n’est pas parce que le jeu vidéo est bon, que le jeu de société adapté le sera. Ces derniers temps, on pourra citer Wolfenstein, Anno 1800, Slay the Spire (à venir), This War of Mine, Rainbow 6, Assassin’s Creed, The Binding of Isaac, Dark Souls, etc.

Si, en plus, on ajoute la difficulté d’adapter le football en jeu de société, on pourrait se dire que Portal Games cherche les ennuis. Pour ne pas non plus démarrer de zéro et aller au casse-pipe, l’éditeur va « reprendre » un jeu existant, pas vraiment diffusé en France, et qui a un succès d’estime auprès de ceux qui ont pu y jouer : Club Stories par Thomas Jansen. 8,2 de note BG, mais 93 personnes seulement le possédant sur cette même plateforme. Donc pas vraiment révélateur.

Mais suffisant pour attirer l’attention de Ignacy Trzewiczek, pas vraiment le premier venu puisqu’on lui doit notamment 51st State, Robinson Crusoé, Detective, Imperial Settlers et First Martians. Donc la collaboration des 2 a abouti à une campagne KS avec tous les standards habituels, stretch goals et multiples extensions en prime. Iello s’est occupé de la VF, et le voilà dispo dans nos contrées.

Oui, il faudra prévoir une grande table …

l

Tellement d’imprécisions dans la règle que ça en gâche le plaisir.

Les règles et la traduction sont clairement des éléments que je considère comme devant être parfaitement bordés avant la sortie d’un jeu. Il n’y a rien de pire que de jouer à un jeu et voir son expérience gâchée par une mauvaise rédaction de règles, un point de règle mal compris par les joueurs, ou encore une erreur de traduction. C’est un vaste sujet qui concerne beaucoup d’éditeurs, et cela est malheureusement souvent lié à une attribution de ressources insuffisante à la case relecture et traduction. Un poste de dépenses souvent sous-considéré, mais pourtant tellement indispensable pour nous les joueurs. Heureusement certains font le travail, et Eleven fait l’objet d’une traduction par Iello qui semble réussie. Par contre, dans le cas qui nous intéresse aujourd’hui, c’est à la base de la rédaction des règles que le bât blesse.

Eleven est censé être un jeu vous mettant à la tête d’une équipe de foot, et surtout d’un club de foot. Vous devrez gérer les finances, le recrutement, le personnel, les infrastructures du stade, et les matchs. Un jeu de gestion dans l’univers du foot donc. Le problème, dans ce genre de jeu, est que si les règles souffrent d’imprécisions chroniques, et laissent la part libre à l’interprétation des joueurs, le côté gestion en prend un coup. Difficile de gérer quoi que ce soit, si vous n’êtes pas sûr de ce que vous devez faire dans tel ou tel cas. Une fois ou 2 dans une règle, on passe l’éponge, mais là c’est d’un autre niveau. J’ai rarement autant regardé de vidéos (Au passage, les vidéos faites après 1 partie pour dire que le jeu est top, ça vaut pas grand-chose dans le cas présent… Puisque clairement plus on y joue, plus on se rend compte de soucis dans la règle.), ou consulté BGG pour un jeu. Tellement de questions après ma première partie, et les suivantes, que sans ces supports (surtout BGG vous avez compris), je ne vois pas comment j’aurais pu aller au bout.

Le système de points à attribuer aux autres équipes de votre championnat qui est illogique, la gestion des jetons joueurs que vous pouvez retourner sur telle ou telle face (buteur ou défenseur), la résolution d’un match, et les arrêts possibles par le gardien, les cartes tactiques, … et j’en passe. D’ailleurs, sur les rézos, quand un joueur poste une photo de sa partie, il n’est pas rare que les commentaires lui indiquent une erreur de score, de placement ou autre.

Bref, c’est à tel point qu’un FAQ est dispo (en anglais) sur BGG, qu’elle est soumise actuellement à validation par l’auteur et l’éditeur, et qu’un projet de re-rédaction de règles par les fans semble être lancé.

l

Ceci est un jeu solo.

Encore une fois, sans connaître BGG et récupérer les règles de PvP (comprendre Player vs. Player), ou acheter une extension qui propose ces règles, vous serez ravis de vous attabler à 3 ou 4 autour de 2 tables de jeu (oui vu la place qu’il prend), gérer votre club, recruter vos joueurs, signer avec des sponsors, entrainer vos joueurs … pour finalement ne jouer que contre des équipes gérées par le jeu. Oui, il n’est pas prévu d‘affronter les équipes des autres joueurs humains durant vos parties.

Si l’on ajoute le fait que l’interaction est réduite à peau de chagrin concernant les éléments de jeu, on est clairement sur un jeu solo, qui n’a en soi et avec la boite de base, aucun intérêt à être joué à plusieurs joueurs humains sur la même partie. Mais bon vous comprenez, indiquer 1 joueur sur la boite, ça vous prive d’une sacrée partie des potentielles ventes.

l

Pas mauvais pour autant

Eh bien oui, de manière étonnante, le jeu n’est pas mauvais, loin de là, et pour qui aura suffisamment de courage pour parcourir les forums et trouver réponses à ses questions (C’est souvent les mêmes qui reviennent d’ailleurs, preuve que pas grand monde n’a compris ces points de règles.). Il faut passer le cap de ces premières parties délicates, et prendre le temps de faire quelques recherches.

Après vous pouvez réduire de manière conséquente la durée de vos parties, et il m’est arrivé à plusieurs reprises de faire une saison tout en regardant d’un œil un match à la télé. Bon bien sûr, si vous regardez jouer Naples, Manchester City ou quelques autres équipes, vous serez logiquement souvent en train de regarder le vrai match.

Mais en maitrisant les différentes étapes, vous pourrez gérer votre club, votre personnel et votre équipe avec les 4 actions possibles au minimum en semaine, puis enchainer les matchs (dont la résolution du score n’est pas évidente à prendre en main au début) sera bien plus fluide et rapide après quelques parties.

A vous d’enchainer les saisons, les 6 scenarios de la boite de base, et prendre l’extension campagne solo si le cœur vous en dit.

l

l

L’avis de Romain B. :

l

Critique rédigée à l’aide d’un jeu fourni par l’éditeur.

l

Un jeu vidéo sur table ?

Eleven, le football manager sur plateau ? Cette affirmation est tout à fait impossible.

Football Manager dispose de tellement de paramètres que c’est physiquement impossible de le proposer en jeu de plateau et, une fois ce point éclairci, on peut se demander si Eleven nous propose plutôt une bonne simulation de gestion de club.

Non mais pas loin 

Force est de constater que le jeu coche bon nombre de cases, on gère le stade, les encadrants autour de l’équipe (jusqu’aux stadiers), les choix tactiques et bien entendu les joueurs. Le revers de la médaille est aussi dans le thème.

Au final, vous aurez la tête dans votre club et c’est bien normal avec tout ce qu’il faut y faire et vous ne regarderez donc pas ce que font vos adversaires.

Et là, c’est pas bon

C’est le principal reproche que je ferai au jeu : il n’y a pas un gramme d’interaction. On joue 2 heures dans son coin, on se fiche totalement de ce que vont jouer les autres. Eleven est un jeu solo avec des potes à côté.

Continuons avec le côté déplaisant. Il y a trop de matériel, trop de pions, de cartes, de textes et ça dessert énormément le jeu. Ça provoque aussi des effets de bord comme des doutes sur les règles, des retours fréquents dans le livret de règles qui ne répond pas à toutes les interrogations. Une FAQ est disponible et le forum sur BGG (en anglais) est bien fourni, mais ça reste désagréable de sortir son téléphone pour vérifier certains points.

Je reviens sur la pléthore de matériel. C’est bien, on a des jetons pour permettre d’avoir plein d’effets, de situations. Mais, encore une fois, on se retrouve avec le besoin d’avoir une table immense pour jouer convenablement. 

C’est une habitude chez Portal Games de proposer beaucoup (trop) de matériel. Avec Eleven, ça m’a sauté aux yeux et en me rappelant les Robinson Crusoé, First Martians ou Prêt à Porter, je me suis dis que cette profusion de matériel dont une partie n’est pas ou peu utilisée à chaque partie, c’est quand-même désagréable. Un dernier point sur les jetons cylindriques pour les ressources… on est en 2023 les gars, ne me dites pas que vous ne pouvez pas trouver mieux, ça me sort du jeu de dépenser 3 bleus et 4 rouges… les ressources deviennent abstraites, c’est une grosse erreur d’édition.

l

Les « extensions »

C’est ce que je lis à chaque retour que je vois sur le jeu, les extensions apportent telle ou telle amélioration, gameplay supplémentaire et autres.

J’ai le sentiment depuis le début qu’Eleven est un jeu complet que l’on a découpé pour en extraire des extensions. On a donc un jeu amputé d’une partie de son gameplay et quand il y a un manque, ça marche moins bien.

1 boite de base et 5 extensions au lancement. Pas mal

l

Il n’y a pas que du mauvais.

Bon, avec tout ça le jeu est rhabillé pour l’hiver, mais il a aussi de belles qualités.

Reprenons avec le matériel, les plateaux joueurs avec leur revêtement qui maintient les éléments en place c’est bien malin ! Il y a du matériel mais ça ne bouge pas.

Les illustrations sont réussies, ça colle au thème et d’ailleurs en point fort, ce thème, si vous êtes un peu intéressé par le foot, ça marche ! On rêverait à des vraies équipes mais bien évidemment le budget aurait explosé et il est impossible d’en tenir rigueur à l’éditeur. Au final le principal c’est qu’on y est aux rênes du club, c’est nous les patrons !

Le plaisir de jeu est là, on se prend à vouloir réussir, gagner le match du weekend, recruter le nouveau Kylian et l’entrainer pour devenir un champion.

Le jeu propose tout cela, gérer les fans, le personnel, l’évolution du stade, les décisions du board et surtout la gestion de l’équipe, les transferts et la tactique. Chaque paramètre est complet si l’on garde en tête qu’on est en présence d’un jeu qui se joue en 6 semaines.

Eleven est un jeu pour tous ceux que le foot interpelle. Le jeu ne sera pas le meilleur de l’année mais ça ne l’empêche pas d’être agréable à jouer. Les parties sont un peu longues et à 3 ou 4 joueurs ça me parait trop long.

Au final, Eleven est un jeu solo mais pas pour joueur solo. Il a des arguments pour amener des joueurs qui ne jouent pas seul habituellement à le sortir pour une petite partie et ça c’est une sacrée performance.

l

Disponible ici :

Prix constaté : 45 €

l

Et pour ceux qui veulent une vidéo règle, on vous redirige vers Jeux en Carton qui fait du très beau boulot :

Test : Discordia

Test : Discordia

L’empire romain s’étend et de nouvelles cités se développent le long du Rhin mais les barbares ne sont jamais loin.

Discordia vous demande de développer votre ville sur 4 aspects : militaire, commercial, pêche et agriculture. Le tout en surveillant les raids de germains.

Discordia est le nouveau jeu de Bernd Eisenstein à qui l’on doit beaucoup : Carthago, Pandoria ou Zack and Pack parmi de nombreux autres jeux. Aux illustrations Lukas Siegmon que l’on a croisé sur Hallertau ou Reykholt. Discordia est prévu pour 2 à 4 joueurs et la bonne nouvelle c’est que Sylex vient d’annoncer la version française prochainement !

l

Alors pose ton pilum, légionnaire, et regardons ce que propose le jeu.

Dans Discordia, tout tient en 3 dés, oui 3 petits dés, un rouge un bleu et un jaune. Avec ça, c’est tout un monde qui s’offre à vous si vous réussissez à vous adapter aux lancés et à ce que vous laisse Maximus.

Le matériel pour commencer et la boite dénote par son épaisseur très contenue ! La couverture est magnifique, un très beau travail et autant vous le dire à l’intérieur c’est bien plus basique, tout est orienté pour une lisibilité des icônes et ça fonctionne.

Les plateaux joueurs sont assez particuliers, faits d’une feuille à la Terraforming Mars ou Underwater Cities avec un plateau en carton à coller par-dessus. Le résultat c’est un plateau double couche auquel on est pas habitué, c’est déstabilisant à l’ouverture de la boite et lors de la première partie mais on s’y habitue.

La boite n’est pas bien épaisse, ce qui me plait avec toutes les super méga deluxe all in box que l’on voit passer en ce moment. De plus, elle est bien pleine avec tellement de tuiles… de quoi assurer une rejouabilité tranquille. On ajoutera des meeples au nombre de 160 !

Et 3 dés, juste 3, et avec 3 dés on va créer toute une cité en bord de fleuve sous la menace germaine.

Discordia propose un gameplay plutôt simple, mais avant de parler gameplay, parlons fin de partie !

Pour l’emporter il vous faut mettre tout le monde au travail ! Dès qu’un joueur n’a plus de meeple en réserve il gagne la partie instantanément.

La partie peut également se finir en 4 manches et là ce sera le joueur avec le moins de meeples restants qui l’emportera. C’est malin, à contre courant de nombreux jeux, bref, c’est rafraîchissant !

Un petit mot sur le livret de règle qui aura perturbé ma lecture des règles par son format à la wargame, avec un chapitrage précis et des renvois d’un chapitre à un autre tout au long de la lecture des règles. Au final, on s’en sort très bien, mais j’ai eu quelques soucis pour retrouver certains points de règles en cours de partie.

l

Maintenant retour au front et voici comment jouer :

Le plateau central propose 6 espaces d’action, un par face de dé, et pour chacun plusieurs actions possibles. Vous n’en ferez qu’une, donc choisissez bien.

Vous allez pouvoir placer des meeples de votre réserve sur un espace d’action, récupérer des étoiles qui vous serviront à valider des étages technologiques ou récupérer une tuile. Vous pourrez également poser des fondations vous permettant d’accueillir de nouveaux bâtiments.

Les tuiles sont des bâtiments militaires, marchands, des fermes ou des bateaux. Elles permettent de venir placer des meeples pour les « consommer » et ainsi vider sa réserve. C’est pour cela que certaines tuiles ne vous apportent aucun effet une fois pleines.

Cependant, les tuiles rouges militaires vous seront utiles pour combattre les germains qui vont tenter de vous attaquer à chaque fin de manche.

Les tuiles proposent également une ou deux faces de dé. Si le dé que vous activez est celui représenté sur vos bâtiments, ceux-ci s’activent et accueillent des meeples automatiquement.

Il vous faudra donc récupérer des tuiles pour obtenir des bonus, quel que soit le dé choisi par la suite.

Un autre aspect important repose sur les deux pistes de technologie et du canal sur lesquelles vous allez placer vos étoiles pour débloquer des bonus de plus en plus intéressants.

La piste technologique est un élément central, peut-être un poil trop, et il vous faudra la jouer obligatoirement pour espérer l’emporter. Toute la question est de définir le timing avec lequel vous allez progresser sur cette piste, et, là encore, quelques choix seront au programme.

Et pour tout cela seulement 3 dés. Et encore ! Le premier joueur, alias le Maximus, lance ces dés et s’en réserve un, les autres devant se contenter d’activer l’un des deux restants. C’est d’ailleurs l’une des seules interactions que l’on peut qualifier de directe.

Quelques objectifs et bonus sont également présents, histoire de créer la course entre les joueurs et ils sont plutôt alléchants, donc ça va fritter un peu pour les obtenir en premier.

l

l

Bon, et au final ça dit quoi ?

Sort de tout ceci un jeu facile à jouer avec des choix intéressants. Pour la difficulté, on se situe dans de l’initié, pas de grosse difficulté, pas de long terme avec des strates d’objectifs en cours de chemin à calculer, mais tout de même des choix et de l’anticipation.

Les manches sont rapides, chaque joueur ne faisant qu’une action avec divers bonus à activer, le down Time (le temps d’attente) est court et la partie reste vivante.

Ce qui m’a le plus marqué reste que tout ceci se tient en 3 dés. Avec si peu, on passe entre 45 minutes à 2 et 1h30 à 4 sans voir le temps passer.

Petite aparté pour les allergiques du hasard. Vous ne pourrez pas adapter les résultats des dés obtenus ou extrêmement peu. Pour autant, Discordia n’est pas un jeu de hasard et vos choix seront importants, vous allez adapter vos possibilités et vos activations pour que, peu importe le résultat des dés, vous ayez toujours des actions et des bonus intéressants.

Avec son système de scoring hyper simple pouvant même déclencher la fin de partie, Discordia va vous faire réfléchir à l’inverse des autres jeux en cherchant à ne plus avoir d’ouvrier disponible, et donc adapter ceux qu’il vous reste aux tuiles actives que vous possédez.

Discordia est un jeu bien agréable à la sortie d’un Essen plutôt morne. Le fameux jeu simple mais pas simpliste qui conviendra pour jouer avec des joueurs initiés. De par son gameplay et ses conditions de victoire, il se démarquera de nombre d’autres jeux.

Alors, à vous de lancer les dés et de construire la meilleure ville au bord du Rhin pour Rome !

Test : Hiroba

Test : Hiroba

Si vous lisez mes critiques, vous avez peut-être remarqué que je suis quelqu’un de curieux. Dans tous les sens du terme. C’est pour ça que la première chose qui me soit passé par la tête quand j’ai eu Hiroba entre les mains, c’est d’aller chercher le sens de ce mot japonais. Je vous le livre ici, histoire d’enrichir votre culture générale. Selon google, Hiroba signifie place (dans le sens “Hiroba de la concorde”). Un choix assez logique pour définir un jeu de placement.

Dire de Fabien, le rédacteur en chef au Labo des jeux, qu’il est une gentille personne serait un euphémisme. En fait, c’est une telle crème que je le soupçonne de s’être rasé les poils pour cacher son identité d’ex-bisounours. Il faudrait que je jette un œil à son ventre un de ces jours…

Si je vous dis ça, c’est parce qu’il est parfois difficile de dire non à ce genre de personne. Alors parfois, quand Fabien vient me voir l’œil larmoyant, avec un jeu que personne ne veut critiquer à la rédac’, il m’arrive de lui dire oui. Juste pour lui faire plaisir.

C’est ce qui s’est passé pour Hiroba. Le concept, un Sudoku compétitif de 2 à 4 joueurs, ne m’inspirait pas plus que ça mais cette fois j’ai bien fait de m’être laissé toucher par le pouvoir de l’amitié.

l

Comme un poisson dans l’eau

Pour passer du casse-tête solitaire au jeu de société à plusieurs, les auteurs ont simplement ajouté une mécanique de majorité. “Simplement” c’est vite dit car, sur le papier, cette idée a tout l’air d’un traquenard. Il faut doser subtilement les mécaniques pour arriver à un résultat intéressant à jouer. Heureusement les auteurs d’Hiroba semblent être de bons alchimistes.

Ils ne se sont pas contentés de diviser le plateau de sudoku en zones à conquérir. Ils ont ajouté un autre objectif, les carpes. Pour gagner les zones, il faut avoir le plus de points. Pour les poissons, en avoir le moins. Du coup, en plus de devoir se bagarrer pour la conquête des zones, il faut toujours s’assurer qu’on ne perd pas une carpe que l’on convoitait. Il y a même des petites règles qui ajoutent de subtiles possibilités de blocages.

C’est pour cela que, sans tenir du miracle, Hiroba est loin de manquer d’intérêt. 

l

Positive attitude

J’ai pu lire dans pas mal de critiques que les parties d’Hiroba étaient calmes et relaxantes. Il doit entièrement cela au pouvoir évocateur de son thème, les jardins zen japonais. [Inclure ici 5 pages sur l’historique des jardins zen pompé sur wikipédia]. En vérité, il aurait été illustré de pirates ivres de richesses et de pillages que ça n’aurait pas été choquant mécaniquement parlant. Comme quoi, un thème, même dans un jeu abstrait, peut changer pas mal de choses.

En tout cas, ici ça marche. Le matériel, agréable à manipuler, et les illustrations douces réussissent sans trop en faire à instaurer cette ambiance sereine.

l

Un galet dans la mare

Il ne faudrait pas pour autant s’attendre à un jeu facile. Hiroba nous impose régulièrement d’intenses réflexions sur les bons choix à faire et une concentration de tous les instants pour ne pas en oublier les contraintes de pose. C’est peut-être son seul défaut. On oublie vite les règles de base du sudoku (jamais le même nombre dans une ligne, une colonne ou un carré) et même en se surveillant soi et les autres, une erreur est vite arrivée. Ce qui, évidemment, fausserait totalement la partie.

Hiroba ne révolutionne pas les jeux abstraits, mais de la thématique aux mécaniques, en passant par le matériel et la taille de la boite, tout est très bien pensé. Le jeu est clair et intelligent mais aussi plus exigeant qu’il en a l’air. Son titre représente parfaitement le jeu. Ils ne sont pas allés chercher bien loin. Il n’empêche que c’est d’une simplicité élégante.

l

Disponible ici :

Prix constaté : 21,90 €

Test : Bristol 1350

Test : Bristol 1350

La peste frappe Bristol en cet an de grâce 1350. Montez dans une charrette et tentez de sortir de la ville avant que les portes ne se referment sur les malades comme les personnes saines, et si vous attrapez la terrible maladie, cachez-le eux autres et … partagez vos bubons !

Bristol est un jeu à rôle caché. Le rôle oui, mais la fourberie, les accusations et les mensonges eux seront bien visibles ! Le jeu fait partie d’une gamme très intéressante de jeux très interactifs et avec des boites ressemblant à des anciens livres. C’est super joli, ça rend tellement bien en dehors de la ludothèque que même votre conjoint(e) pas très fan de la kallax au milieu du salon sera sous le charme de ces livres-jeux.

L’éditeur est Facade Games (Ils n’ont pas dû chercher longtemps le nom après avoir trouvé le concept), un éditeur américain qui finance les jeux via des campagnes Kickstarter. Pour l’auteur, Travis Hancock, il est l’heureux papa de toute la gamme des Facade Games, et aux pinceaux on trouve Holy Hancock et Sarah Keele qui n’ont officié que sur ces jeux.

On est donc sur un mini projet, mais les bons jeux trouvent toujours le moyen d’arriver jusqu’à nous, et cette fois c’est Lucky Duck Games qui se colle à la traduction.

l

Alors, qu’est ce qui se cache dans ce Bristol du Moyen Age où débute une vague de peste ?

Dans la boite se trouvent 3 chariots de 3 places chacun, 9 pions, 6 dés, des cartes et un plateau en néoprène ce qui est bien pratique pour le rouler dans la boite et c’est toujours agréable un plateau en néoprène.

Avec ça vous allez pouvoir jouer et surtout vous déchirer de 1 à 9 joueurs pendant une petite demi-heure. Pour débuter, chacun choisit un personnage, mais surtout une couleur, et on tire les pions au hasard pour les placer de façon équitable dans les chariots. On peut déjà parler du nombre de participants pour une partie réussie : à moins de 6, je trouve que le jeu manque cruellement de relief, c’est au final un jeu d’ambiance, il faut du monde pour que la mayonnaise prenne et que l’ambiance monte. J’ajouterai qu’en revanche, de 6 à 9 joueurs, vous êtes avec un jeu qui tourne parfaitement, les tours sont rapides et, de toute façon, l’action faite par chacun est suivie par tous les autres avec commentaires, conseils et tentatives d’influence.

Les joueurs piochent chacun 2 cartes symptômes avec des valeurs de 1 à 3, fièvre, toux ou frissons au programme. Ces cartes doivent rester cachées elles définissent si vous êtes pesteux ou pas durant la partie ! Si la somme des 2 cartes que vous avez en main atteint ou dépasse 6 vous voilà contaminé !

Attendez… dépasser 6 ? Eh oui ! Une fois la mise en place faite et 2 cartes données à chaque joueur, on ajoute des cartes 4, les fameux bubons très à la mode à l’époque, au paquet. Désormais il sera possible de récupérer une carte 4 qui augmente drastiquement les chances d’être pesteux ! Mais reprenons le cours de la partie :

Une fois que tout le monde est en voiture, le jeu commence par le lancé des 6 dés représentant les 3 couleurs de chariot avec sur chaque face soit un rat soit une pomme. On a donc 3 rats (un de chaque couleur) et 3 pommes (même punition) sur les dés. À la fin de la manche chaque charrette va avancer d’autant de cases que le nombre des dés à sa couleur, il vaut mieux donc être dans le bon chariot pour espérer sortir de la ville ! Mais attention si à la fin d’une manche vous êtes dans un chariot dont 2 dés ou plus indique des rats il y a contamination. Les joueurs mettent leurs 2 cartes symptômes au centre de la table (face cachée bien entendu) et on ajoute une carte de la pioche, on mélange fermement et on redistribue 2 cartes à chacun. La carte restante est défaussée face cachée (restons discrets). Chacun prend alors connaissance de son nouveau « total » de symptômes et voit s’il est désormais condamné.

l

Tout est là ! Être dans le chariot qui avance, ne pas choper le virus et espérer sortir vite de la ville, au moins plus vite que les autres.

Bien évidemment les joueurs agissent en effectuant 1 action à chaque manche. Ils peuvent piocher une carte remède proposant 2 actions parmi 6, il sera possible d’en effectuer une des deux (action gratuite) par la suite. Vous pouvez également relancer 2 dés de votre choix pour tenter d’obtenir des pommes à la couleur de votre chariot histoire d’avancer vite et sainement.

Sinon vous pouvez vous déplacer :

  • Dans votre chariot, si vous n’êtes pas à l’avant. Vous bousculez tout le monde pour vous retrouver à l’avant.
  • Vous pouvez sauter dans le chariot qui se trouve devant vous et ainsi espérer sortir de cette maudite ville. Si le chariot a une place libre, vous la prenez, sinon vous éjectez le pion à l’arrière de ce chariot qui montera à l’arrière du chariot que vous venez de quitter. Pas d’ami qui tienne quand il s’agit de sauver sa peau !
  • Enfin, vous pouvez éjecter quelqu’un de votre chariot. Son pion doit se trouver plus en arrière que vous dans le chariot. Le pion éjecté monte à l’arrière du chariot suivant. Et s’il est éjecté du dernier chariot ? Il est tout simplement éliminé ! Allant mourir dans une ruelle sombre. Mais attention, car le joueur révèle s’il était sain ou non, et si c’est le cas la personne qui l’a éjecté, prise de remords est alors éliminée également ! De quoi vous faire réfléchir avant de vous entretuer dans le dernier chariot.

Un gameplay simple et des actions rapides pour des tours également rapides même à plus de 6 ou 7 joueurs. De toute façon, vous allez surveiller les autres et ce qu’ils font à leur tour au cas où ils tentent de vous dépasser ou vous remplacer en sautant dans votre chariot. Les lancers de dés sont également très commentés avec moqueries, mauvaise foi et chougne au programme ! Bref, que du bonheur.

Quand un chariot sort de la ville, c’est (peut-être) la fin de la partie ! Ses occupants annoncent alors s’ils sont pesteux ou sains. Bien entendu, toute personne qui a été pesteuse à un moment de la partie le reste, même si en sortant le total de ses cartes ne fait pas 6. Je vous passe le couplet sur les tricheurs mais le livret de règles ne plaisante pas avec eux ! Un bannissement est prévu, c’est dire si l’affaire est sérieuse.

Donc 2 cas de figure dans le chariot :

  • Tout le monde est sain. Bravo, ces joueurs emportent la partie ! Les portes de la ville sont ensuite fermées et les joueurs des chariots suivants condamnés à une mort certaine, affreuse mais avec de jolis bubons !
  • Il y a au moins un pesteux dans le chariot : on crame tout ! Les sains, les pesteux, tout y passe ! Les joueurs de ce chariot sont donc éliminés. Et il ne reste qu’une seule manche pour qu’un autre chariot sorte de la ville. Ça va ruer dans les brancards pour les joueurs restants !

Dans le cas d’une ultime manche, si un autre chariot atteint la sortie, il subira le même test que le premier avec victoire ou flambée pour ses occupants.

l

l

Donc deux moyens de gagner : une victoire éclatante et sans appel si vous êtes sain et que vous parvenez à sortir de Bristol.

Une victoire un peu piteuse si vous êtes pesteux et qu’aucun joueur sain ne parvient à atteindre la sortie, ou du moins sans brûler.

Bristol, c’est la fin de belles amitiés en quelques minutes ! C’est des « ohhhh », des « noooonnnn » et des « mais pourquoi ? » dignes des meilleurs films. Quand les joueurs en viennent à rappeler des liens de parenté, d’amitié ou encore « c’est moi qui ai les clefs de la voiture », c’est que l’on est en présence d’un jeu qui cartonne non ?

l

l

Le jeu souffre de quelques problèmes. J’ai déjà évoqué le nombre de joueurs minimum, personnellement ce n’est pas vraiment un problème une fois que l’info est connue, mais bon, si vous le voulez pour jouer à 2, ça peut se révéler assez plat et fade.

Le matériel est bien chouette mais les pions sont si petits ! Leur manipulation requiert presque une pince à épiler ! Surtout quand on est maladroit avec des saucisses à la place des doigts.

Enfin les cartes de personnage où la couleur du pion est le vêtement du personnage avec des rappels minuscules dans les coins. Et la police en taille 4 n’est pas des plus pratique pour rappeler les actions possibles (piocher un remède, lancer deux dés ou bouger). Rien de rédhibitoire, juste des choses un peu inadaptées.

l

Avec tout cela, Bristol vous promet de très bons moments de jeu avec pas mal de rigolade, et je l’ai par exemple adoré en famille où des non joueurs se sont pris rapidement au jeu et m’en reparlent après la partie. C’est fou comme quoi éjecter ses parents de son chariot peut jouer sur un héritage…

Vous l’aurez compris, une fois dans la bonne configuration, avec Bristol vous avez un moteur à rigolade et c’est ce que l’on cherche quand on est nombreux autour de la table.

Pour l’âge des joueurs, il faut pouvoir gérer cette frustration pour que la chougne ne devienne pas de la bouderie tout simplement.

Bristol, c’est un beau petit jeu par la taille et le design mais un grand jeu par le nombre de participants et les émotions qu’il vous apportera.

Alors, sortez les chariots et arrêtez de tousser, on repart pour un tour !

l

l

L’avis de Laurent Lecomte :

l

Un concept qui a tout pour me plaire (un jeu d’enfoirés avec « identités » cachées), une tablée idéale de potes (8 de mémoire) déjà chauffés à blanc et des attentes minimums, autant dire je partais très confiant quand je me suis lancé dans ma première partie de Bristol.

Et plouf le jeu…

Bristol est la preuve flagrante que la somme de bonnes (voire très bonnes) idées ne résulte pas nécessairement en un jeu intéressant. Il faut se rendre à l’évidence, aussi paradoxal que cela puisse paraître, Bristol n’est pas fun pour un sou. Et pourtant c’était la promesse, et dès lors, tout ce qu’on lui demandait. Ni plus ni moins !

La faute à quoi ? À première vue, il semble difficile d’identifier exactement pourquoi la sauce ne prend pas. Et pourtant c’est un peu comme le nez au milieu du visage. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit en fait d’une somme d’erreurs de design qui, prises individuellement, ne constituent pas un problème en soi mais dont la somme provoque l’implosion du gameplay et annihile tout élan de fun factor. Un peu comme en cuisine : même avec les meilleurs produits, certains accords ne fonctionnent tout simplement pas, à fortiori si ces derniers ne sont pas en plus un minimum maîtrisés. Concrètement, les leviers à la disposition des joueurs ne sont tout simplement pas à la hauteur du chaos engendré. Ceci enlève tout intérêt à un espace décisionnel déjà fort étriqué. En d’autres mots, on est témoin plutôt qu’acteur et ce, d’une série Z. Le plus triste est que la dimension shared incentives à géométrie variable (les chariots et leurs hôtes) qui aurait dû être le cœur du jeu et faire toute son originalité, se retrouve aux abonnés absents de par sa volatilité mal encadrée niveau règles. En résumé, on ne contrôle pas grand chose et pire, on s’en fout.

Et ça, c’est avant d’être contaminé. Après vous vous doutez bien que c’est encore bien pire. On passe alors d’un ennui poli et un minimum dissimulé à « je ne fais même plus semblant de m’intéresser à ce qui se passe hors de l’écran de mon smartphone ». Une fois pestiféré, on est supposé essayer de contaminer les autres joueurs afin que tout le monde perde et probablement se sentir moins seul. J’en ris encore. Et là, on ne peut que pointer l’hypocrisie des auteurs. « Player elimination », ça fait tache de nos jours dans une règle. Mais est-ce vraiment pire que de continuer à « jouer » en mode zombie sans motivation aucune ? Perso j’aime autant gérer un bot de Turczi…

Bref, rien ne va et à ce niveau tout est raccord. Bristol est en fait une mise en abîme de son propre thème. Prenez le premier chariot dispo et fuyez au risque de choper ce livre maudit !

l

Disponible ici :

Prix constaté : 24,90 €