Test : Marrakesh

Test : Marrakesh

Cette critique a été rédigée à l’aide d’une boite fournie par l’éditeur que nous remercions.

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Marrakesh est un vieux. Dans ce monde du jeu de société où toute nouveauté disparaît au bout d’un mois, le diamant d’or 2023, élu en janvier dernier, est déjà un ancien.

Le jeu de Stefan Feld (Bonfire, les châteaux de Bourgogne) illustré par Patricia Limberger et Franz Vohwinkel est édité chez Queen Games qui l’a financé par un Kickstarter proposant versions deluxe et classique. Le succès du jeu, mais son prix plutôt prohibitif (on y reviendra) ont poussé l’idée de sortir une version essentielle proposant le jeu dans une version réduite en termes de matériel uniquement. C’est à ce moment qu’intervient Atalia pour nous proposer la version française du jeu.

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Aller à l’essentiel

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Le matériel de cette version essentielle, nous propose-t-il une expérience de jeu réduite ?

La boite passe d’un format rectangulaire plutôt imposant à une boite carrée de taille normale pour un jeu expert. Personnellement ma kallax s’en porte mieux, c’est devenu depuis quelque temps une information importante au moment de l’achat, la taille de la boite. C’est ce qui m’a fait renoncer à l’achat d’une des deux versions précédentes. Cette version essentielle propose également un plateau central plus concentré regroupant les pistes mosquée et palais, les portes et la rivière tout comme les deux autres versions. En revanche, les tuiles du marché et les parchemins sont à disposer à côté de ce plateau.

Pour les plateaux joueurs, ils sont en simple couche, et pour marquer votre progression sur différentes pistes il ne vous faudra qu’un seul marqueur en bois. Ces marqueurs en bois, les keshis, sont très limités dans le matériel du jeu. Pour compenser, l’éditeur a ajouté des keshis en punchboard (carton), l’idée est de garder les éléments en bois pour les pistes que l’on peut augmenter, mais avec un keshi par joueur, et de conserver également ceux qui passent dans la tour. En revanche, quand les joueurs les récupèrent pendant le draft, ils sont remplacés par les éléments en carton.

Et on s’y fait très bien ! Je trouve cela même mieux visuellement, fini les keshis dispersés dans les différentes zones de votre plateau, désormais tout est plus concentré et bien plus lisible visuellement.

La double couche des versions supérieures est, bien entendu, plus agréable, mais ces plateaux simple couche ne diminuent pas la qualité du jeu, les joueurs n’ayant pas vu les autres versions ne sentiront pas la baisse de qualité.

Le bémol se trouve au niveau de la tour que je trouve un peu fragile, la mienne est stockée en dehors de la boite pour ne pas la démonter. Pas de sachets plastiques non plus dans la boite et pourtant, il y a du matériel à ranger. J’ai opté pour un rangement en case comme avec le silo token de gamegenic, tout est rangé correctement, mais la tour est donc hors de la boite.

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Le Diamant d’Or 2023

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Le gameplay de Marrakesh se déroule en 3 parties chacune divisée en 4 manches. Vous allez jouer vos keshis 3 par 3, ils définissent les 3 actions que vous allez jouer à cette manche parmi 9 actions possibles.

Ils sont ensuite passés à travers de cette tour qui en retiendra peut-être quelques-uns qui tomberont lors d’une prochaine manche, pour ensuite les récupérer chacun son tour.

Cette tour peut paraître gadget, mais elle apporte une légère incertitude qui change vos choix de keshis. Vous n’êtes pas assurés de les récupérer même si vous êtes le premier joueur. Étrangement, ce manque de contrôle est plaisant, il limite la réflexion et l’analysis paralysis qui va avec ; après tout, pourquoi anticiper tous les paramètres si mon keshi ne tombe pas ?

Ensuite, ces keshis améliorent les actions que vous pourrez faire à votre tour, à vous de faire les bons choix, de spécialiser les actions qui vous paraissent les mieux adaptées à votre stratégie pour scorer au mieux.

C’est d’ailleurs un reproche que l’on peut faire au jeu : les tuiles oasis qui apportent de l’asymétrie sur les objectifs de chacun sont face cachée en début de partie. Je vous propose la petite variante maison consistant à les placer face visible pour que tout le monde puisse orienter sa partie dès le début.

Marrakesh n’est pas compliqué à maîtriser, pas de règle cachée, de petit point obscur. Sa « complexité » vient des 9 actions à votre disposition. Chacune vous permet de récupérer des ressources, de monter sur des pistes communes aux joueurs, d’acheter des bonus ou encore d’activer vos tuiles de scoring.

Rien de nouveau sous le soleil marocain, du classique, mais avec 12 couleurs de keshis et 9 actions, on reconnaît la patte Feld dans cette profusion de possibilités. En revanche là où d’habitude, on trouve une salade de points plutôt indigeste, le genre de chose qui me fait fuir, ici il y a bien entendu pas mal de points de victoire à faire (on dépasse les 140) mais en cours de partie, ils ne sont pas si fréquents et surtout le scoring final est clair et rapide.

Un très bon point pour moi qui s’ajoute à la fluidité en cours de partie.

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Mais qu’est-ce qui fait de Marrakesh le vainqueur du Diamant d’Or ?

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Il n’est pas le plus expert des jeux de 2023, pas celui avec le plus gros challenge en termes d’optimisation non plus.

En fait, il est très efficace, tout ce qu’il propose, il le fait très bien avec une fluidité certaine. Il est également satisfaisant, avec cette légère frustration en fin de partie qui donne envie de rapidement y rejouer. On peut également ajouter que les parties durent environ 45 minutes par joueur, ça fait un peu long à 4, mais à 3 (meilleure config) ou à 2 le jeu tourne comme une horloge.

Pour l’âge des joueurs, on est sur 12+ même si les petits ludistes pourront l’approcher dès 10 ans.

Marrakesh est un jeu qui reste, on y revient fréquemment et le plaisir est toujours là. Ce n’est pas un gros jeu expert, il n’a pas un matériel premium (dans cette version essentielle) mais il est là, solide, et sur la table, ça en jette.

Pour tout cela, Marrakesh mérite a minima de le tester et avec cette version essentielle presque abordable financièrement, il est temps de s’intéresser à ce jeu.

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Disponible ici :

Prix constaté : 72 €

Test : Fauna

Test : Fauna

Cette critique a été rédigée à l’aide d’une boite fournie par l’éditeur que nous remercions.

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Point trop de vert !

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Aujourd’hui j’aimerais commencer cet article par 2 informations :

  1. Nous sommes devant un jeu qui est sorti en 2008 et qui est réédité aujourd’hui.
  2. L’auteur, très connu pour sa passion pour la couleur verte, n’a pas craqué sur ce jeu, pas même dans son édition originale (comprenez que le jeu ne sera pas majoritairement vert).

Pour la seconde info, je ne sais pas si ça vous passionne ou pas, mais il faut savoir quand-même que ce brave Friedmann Friese voit son nom être apposé sur un peu plus d’une centaine de boites de jeux et que pas mal d’entre elles sont vertes (et moches), si la curiosité vous en dit, retrouvez une photo dudit auteur sur l’article du jeu « Forteresse », rédigé par Fabien.

Et, dernière chose à savoir, je n’ai pas joué à la première édition de ce jeu, donc je ne ferai aucune comparaison entre les deux versions.

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De la culture approximative !

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Non, ce n’est pas la peine de commencer à râler et à vous échauffer, c’est une bonne chose de donner des réponses approximatives, même si c’est quand-même mieux de donner des réponses justes !

Alors, oui, nous sommes face à un jeu de culture générale, oui il faut donner des bonnes réponses, mais non, le jeu n’est pas frustrant !

Qui n’a jamais pesté contre tonton Henri, ou contre mamie Gertrude, ces puits de connaissance qui vous mettaient une taule monstrueuse au Trivial Pursuit le dimanche après-midi quand vous auriez préféré être au foot avec les copains ou jouer aux jeux vidéo ou simplement à un autre jeu de société ? (Comment ça, « ça sent le vécu ? ».)

Eh bien sachez qu’ici vous allez pouvoir prendre votre revanche !

Car Fauna offre une liberté de réponse.

Il ouvre la voie à ce que peu de jeux de culture générale (Aucun ?) n’accepte : l’approximation !

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Voilà le concept résumé en quelques ligne :

La personne qui est désignée comme « active » va prendre le sabot de cartes, regarder l’image d’un animal avec son nom commun, son nom latin et une série d’informations :

  • Le nombre de régions dans lesquelles il vit (de 1 pour un animal endémique à plus de 40 pour une espèce commune)
  • Sa taille (hors queue)
  • La taille de sa queue (si cette espèce en possède une, bien entendu)
  • Son poids.

Les réponses sont cachées sur la partie de la carte qui est dans le sabot.

Partant de ça, c’est ensuite à chacun de faire une estimation, plus ou moins précise, des éléments de son choix !

J’insiste bien sur le « de son choix » !

En effet, pas besoin de donner une réponse pour chacune de ces catégories !

On peut décider de répondre qu’à une seule chose, à plusieurs ou à toutes !

Et on a même la possibilité de donner plusieurs options pour la même catégorie !

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Comment est-ce possible, me direz-vous ?

Tout simplement parce que nous avons des cubes à notre disposition et quand ce sera notre tour de jouer, nous allons décider de l’endroit où nous poserons l’un de ces cubes.

Donc, par exemple, pour une région, si on nous dit que l’animal en question vit dans 3 régions du monde et que nous avons une idée, mais aussi un doute, il nous sera possible de nous placer à 3 endroits différents pour augmenter nos chances de répondre correctement ou, à défaut d’avoir la bonne réponse, d’avoir une réponse proche !

Car, une fois que tout le monde a décidé de passer pour cette manche, ou que le manque de cubes fait qu’on est obligé de passer, on va révéler les bonnes réponses.

Toutes les personnes qui sont sur des réponses exactes marquent des points, mais toutes les personnes qui ont placé leur cube dans une zone adjacente à la bonne réponse vont aussi marquer des points !

Moins, certes, et c’est logique, mais être relativement proche de la réponse vous octroiera des points et vous resterez dans la course !

Par contre, ceux qui auront répondu totalement à côté vont perdre des cubes et leurs options de réponses vont se réduire !

Il n’est donc pas question de jeter tous ses cubes sur le plateau en espérant avoir des points !

Je ne détaille pas tous le processus de comptage des points, j’ai trouvé les règles assez claires là-dessus, donc en les lisant, vous n’aurez pas de souci particulier !

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Trivial Pursuit édition animaux ?

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Eh oui, c’est une question légitime !

Mais la réponse est : non !

J’ai récemment renoué avec le Trivial Pursuit qui m’avait accompagné une partie de ma jeunesse et, à l’instar du Monopoly, dans beaucoup (trop) de versions.

Même si je ne me défendais pas mal sur certains d’entre eux, je dois avouer que mon intérêt pour ce jeu (et pour les jeux de culture générale globalement) avait complètement tari (à de rares exceptions près, comme avec TTMC ou le Grand Kiwiz !

Puis, j’ai dû y rejouer pour faire plaisir.

Je partais avec un mélange de nostalgie et d’appréhension.

Appréhension confirmée par le fait que ce n’est plus du tout mon style de jeu, que je prends vraiment ça comme une punition de me rendre compte à quel point en 10 ans ma culture générale en a pris un coup (je ne suis pas énormément l’actualité et je ne m’encombre plus spécialement de noms d’acteurs/chanteurs/écrivains et que je suis assez peu l’actualité des films/séries aussi, c’est donc une sacré pénibilité de jouer à ce type de jeux) et une frustration de voir des personnes remporter la partie sans grande opposition.

Mais surtout, qu’est-ce que c’est long quand on subit !

J’avais l’impression que la partie ne finirait jamais !

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Dans Fauna et en jouant avec les mêmes personnes qu’au Trivial Pursuit, je n’ai pas du tout eu cette impression.

Déjà parce que j’ai réussi à gagner, chose qui est impossible sur un Trivial Pursuit vu la culture de mon beau-père (sauf peut-être si je le défiais sur un Star Wars ou sur une édition jeux vidéo je pense), mais aussi parce que le fait qu’on puisse vraiment jouer chacun notre tour, donner des réponses approximatives (ou totalement éloignées et qui font rire tout le monde autour de la table) et qu’on puisse tous marquer des points, même en étant pas totalement précis a apporté un vent de fraîcheur autour de la table et surtout dans mon cœur de ludiste, un peu dégouté des jeux de culture générale !

A l’instar du jeu « le Grand Kiwiz », le plaisir de donner des réponses, de prendre des risques et de se chambrer mutuellement fait que le jeu m’a plu, qu’il a aussi plu à tout le monde.


Avec 360 animaux différents et des cartes avec des animaux relativement « communs » ou plus « exotiques » la rejouabilité est quand même au rendez-vous.

L’insert prévu dans la boite est assez sympa et pratique, le plateau de jeu semble monstrueux et peut faire peur (on est proche de la taille d’un jeu de M. Lacerda quand-même !), mais c’est pour avoir une belle vision de la carte du monde et pouvoir placer nos cubes facilement.

Le seul bémol pour moi serait le temps de jeu, à 6, le jeu peut vraiment être assez long pour atteindre l’objectif de score, sauf si vous tapez dans le mille à chaque question peut-être.

Mais le plaisir de jeu était présent pour nous.

Par contre, je pense que si vous jouez vraiment en mode « académique », pour la victoire, que personne ne parle parce que vous êtes trop concentrés sur la victoire et les réponses, alors le jeu vous semblera assez fade et long.

Je pense qu’il faut vraiment le jouer comme un jeu d’ambiance, pour vous amuser, vous chambrer et retenir des infos sur les animaux et notre belle faune qui nous entoure !

Disponible ici :

Prix constaté : 35,90 €

Test : Crash Octopus

Test : Crash Octopus

Crash Octopus est un jeu qui a fait l’objet d’une campagne Kickstarter, et qui débarque dans nos contrées grâce à Atalia. C’est Itten, un éditeur japonais qui est à l’origine du projet, et on leur doit notamment Tokyo Highway ou Moon Base. Le jeu qui nous intéresse aujourd’hui est l’œuvre de Naotaka Shimamoto (Tokyo Highway, Moon Base), illustré par Yoshiaki Tomioka (Tokyo Highway, Moon… Bref vous avez saisi l’idée).

C’est donc de pichenette dont il est question, et vous retrouverez dans le dossier que nous avions publié il y a 2 ans, un historique de ce type de jeu, et quelques références devenues des « classiques », comme Pitch Car ou Ice Cool pour ne citer qu’eux.

Crash Octopus, c’est surtout un matériel incroyable, tout en bois, avec un design minimaliste mais très percutant je trouve, et qui attire l’œil bien plus que l’illustration de la boîte pourrait le faire penser. Vous devrez, avec de grands ou petits coups de pichenettes, propulser les trésors de l’océan vers votre bateau, et les garder en équilibre sur ce dernier. Mais plus les joueurs récupèreront de trésors, plus le poulpe le verra d’un mauvais oeil, et essaiera de vous embêter en déplaçant ses tentacules qui bloquent vos lignes de vue, et parfois en faisant tomber votre cargaison à l’eau.

Il est prévu pour 1 à 5 joueurs, à partir de 7 ans et pour une durée de 20 minutes environ.

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Un poulpe en bois

Itten Games est l’un de ces éditeurs asiatiques qui sait apporter de l’élégance à son travail d’édition, et propose des jeux au matériel plutôt rare pour notre marché européen, et c’est tant mieux. Par exemple, Tokyo Highway attire l’œil quand vous croisez la version XL en festival. Ce n’est pas banal comme proposition de jeu, et le joueur est souvent attiré par ce matériel inhabituel, ces boites épurées. Je n’ai pas adhéré au gameplay de Tokyo Highway, j’ai trouvé que l’ergonomie et les diverses manipulations du matériel nuisaient trop au gameplay. Pour Crash Octopus, c’est donc la pichenette qui est au programme, et je dois vous dire que ce n’est pas le type de jeu vers lequel je me dirige en premier.

Mais il faut avouer qu’il sait se faire désirer ce poulpe. Regardez-moi ce matériel épuré et pourtant si attirant. Beau travail d’édition d’ailleurs, de réussir à créer une identité visuelle si particulière et si efficace, et pourtant si épurée. Y’a pas à dire, ils sont forts.

Le matériel ne passe pas inaperçu, et quelqu’un qui passerait devant le jeu en démo en festival ou dans un café jeu serait forcément attiré, et aurait, je pense, la curiosité de s’y attarder.

Sauf s’il est pas curieux.

Par contre, le seul défaut, et pas des moindres, c’est les drapeaux et leurs hampes, qui au bout de 2 parties ont rendu l’âme pour 2 d’entre eux. C’est dommage, car c’est l’élément qui est mis à plus rude épreuve, puisqu’il sert à faire la pichenette en le faisant pivoter entre ses doigts. Un point de colle et ça sera réglé, mais c’est tout de même dommage, vu la qualité et la beauté du reste du matériel.

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Poulpe pas si méchant

On pourrait penser, en voyant l’illustration, ou en s’imaginant tout simplement un poulpe géant avec des petits bateaux au milieu de ses tentacules, que ces bateaux ne feraient pas les malins face aux tentacules. Eh bien, finalement, ils fanfaronnent pas mal je trouve. Et c’est mon regret, j’aurais aimé quelque chose de plus chaotique qui collerait au thème du kraken. Finalement, à moins de faire rebondir un dé sur la tête du poulpe, pour qu’il atterrisse et renverse votre bateau, les interactions avec le poulpe se borneront généralement à des déplacements de tentacules qui viendront vous gêner dans vos lignes de vue pour récupérer les trésors, et vous obligeront à vous déplacer. Pas assez chaotique et fou-fou selon moi ; mais bon, j’aurais dû m’en douter, le poulpe est quand même tout rose bonbon mignon sur la boite, ça ne prédestinait pas l’affrontement contre le kraken géant comme dans Pirates des Caraïbes.

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Familial par excellence

La pichenette, quand c’est amené comme ça, c’est l’idéal pour du jeu inter générationnel, de bons moments en famille, des fous rires et des Ooooooh et de Woaaaaaah (Oui, des gens font ça quand ils jouent… certainement… quelque part.). Pas vraiment de prise de tête ave Crash Octopus, tout le monde est là pour s’amuser, la gagne devient secondaire, et on ne se fait pas de nœud au cerveau. Partez plutôt sur Pitch Out ou A la Conquêtes des Catacombes si vous voulez de la pichenette avec un peu plus de profondeur et de choses à gérer.

Mais Crash Octopus est très bien comme cela, prenez-le pour ce qu’il est, et vous passerez un bon moment autour de la table.

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A noter la présence dans la boite de matériel pour 2 pièces optionnelles, l’île sans nom, et le pirate Rose, à ajouter ou non au jeu de base, pour varier les plaisirs.

Test : Conquêtes

Test : Conquêtes

Conquêtes c’est un peu le Risk version jeu de cartes. Risk j’y ai beaucoup joué étant enfant, comme certainement beaucoup d’entre vous, et j’ai passé de très bons moments grâce à ce jeu. Puis j’ai découvert le jeu de société moderne et je n’ai plus eu aucune envie de jouer à Risk. Est-ce que j’ai envie d’y rejouer en jeu de cartes ? Oui parce que je suis curieux.

Risk le jeu de cartes, euh pardon Conquêtes est l’œuvre de Cesare Mainardi, il est illustré par Gael Lannurien, et édité par Atalia, la maison d’édition de Cesare.

Conquêtes, rien qu’avec sa boite va vous rappeler Risk avec des guerriers et soldats représentés autour d’une carte du monde sur laquelle ils lorgnent tous. Ensuite derrière, on vous indique que vous allez vous déployer dans toutes les régions du globe, attaquer un territoire adverse, et établir votre empire et afficher votre suprématie. Comme Risk en fait.

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Risk-é

A ressembler à s’y méprendre à Risk, on prend le risque de s’y perdre. Risk n’a pas que des afficionados et on peut tout à fait lui reprocher son facteur aléatoire bien trop présent, les multiples jets de dés à effectuer régulièrement, et la durée bien trop longue des parties. Il va vraiment falloir ne pas reproduire ça avec un jeu de cartes, ça serait un comble. ^^

Eh bien, Conquêtes s’en sort plutôt bien de ce côté-là. Passée la 1ère partie, à moins de jouer avec des lents de 1ère classe, les tours s’enchaînent, surtout si tout le monde suit ce que font les autres joueurs. Pas de dés à lancer donc, ils sont remplacés par des cartes qui représentent une région du monde, et avec une valeur de 1 à 6 (représentée par un dé bien sûr). Soit on joue la carte pour sa région et on la pose devant soi si personne n’a déjà posé cette même région, soit on la joue pour sa valeur qui devient notre force d’attaque ou de défense. Le but va être de constituer un ensemble de régions (qui deviennent un territoire) le plus grand possible pour scorer le maximum de points. Les régions sont reliées entre elles, et vous aurez un rappel sur la carte fournie, des liaisons existent en traversant les mers et océans pour tout relier. Comme chaque région ne peut être placée qu’une seule fois (pas de doublon posé), il va falloir guetter ce que posent les adversaires, et aller attaquer la carte région dont vous avez besoin pour étendre votre empire. Vous devrez donc miser des cartes et additionner leur valeur, le défenseur faisant de même. Si vous avez un total strictement supérieur, vous lui volez la carte qui vient agrandir votre empire. Les cartes misées sont défaussées, et vous repiochez des cartes pour refaire votre main.

A grand renfort d’attaque des adversaires, de défense face à leurs assauts, et d’un peu de chance au tirage pour poser les régions que personne n’a encore posées, et d’avoir les cartes de valeur élevée afin de remporter vos assauts/défenses, vous aurez compris le principe de ce Conquêtes.

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Ergonomie quand tu nous tiens

Au bout d’un moment dans la partie, ce qui devient gênant avec Conquêtes, c’est que vous allez poser vos cartes devant vous, et essayer de les ranger dans un ordre qui vous permet de lire et relier les territoires limitrophes. Chaque carte aura un territoire indiqué, ainsi que d’autres territoires inscrits en plus petit, et qui sont les territoires limitrophes. Sachant que vous ne pouvez attaquer un territoire ennemi que si vous possédez déjà un territoire limitrophe à votre cible, vous aurez compris l’importance de cette information sur les cartes. Rajoutons à cela que pour compter vos points de victoire à la fin, vous ferez la somme du territoire le plus étendu, càd 1 point pour chaque carte région du territoire le plus grand. Donc, si vous avez compris le jeu, vous allez agrandir votre territoire plutôt que d’en avoir 3 ou 4 sans aucun lien, et vous aurez un ensemble de cartes que vous devrez disposer devant vous, et agrandir au fur et à mesure, en laissant apparaître les régions indiquées en petit, car c’est celles-ci qui vous permettent d’aller attaquer les adversaires, ou de savoir quelle carte région il est plus judicieux de poser. La lisibilité en prend un petit coup.

Il est proposé dans le livret de règles une variante qui ajoute un élément à surveiller durant la partie, et qui est à réserver à ceux cherchant à augmenter le challenge proposé par le jeu, après avoir déjà fait quelques parties.

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L’amour du risque

Franchement, Conquêtes n’a pas la prétention de renouveler le monde du jeu, et propose un jeu dynamique, rapide et sans prise de tête. Il faut aimer les jeux d’affrontement puisque vous allez sans cesse attaquer et défendre les régions que tout le monde va convoiter à un moment ou à un autre. Jouer et étendre son petit territoire tout seul dans son coin, ça va pas trop être le délire. Vous allez plutôt pester contre vos adversaires puisque des régions chèrement gagnées le tour précédent vont vite fait changer de propriétaire. Le jeu est agressif et incite à l’être. Si c’est pas votre tasse de thé, passez votre chemin. Si Risk est un bon souvenir pour vous et vos amis, que vous avez envie de retrouver un peu les sensations mais sans rester 3 heures autour de la table, alors Conquêtes, qui se trouve à 13€ à peu près dans votre boutique locale, fera parfaitement l’affaire.

Dernièrement le style des jeux de conquête a vu apparaitre First Empires que je préfère à Conquêtes. First Empires est plus long, plus stratégique, moins épuré, et plus cher. Au niveau des sensations, First Empires est ce que Risk devrait être en version moderne. Conquêtes en sera le jeu de cartes. En résumé, Conquêtes est épuré au possible, rapide, très abordable et nomade, First Empires est ce que doit être un jeu de conquêtes de territoire moderne, bien pensé, bien réalisé et abordable, Risk est … long, frustrant et dépassé ^^

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Disponible ici :

Prix constaté : 13€

Test : Gutenberg

Test : Gutenberg

Ce jeu est une très belle réalisation éditoriale, et une belle proposition mécanique. Que le thème des prémisses de l’imprimerie avec Gutenberg au 15ème siècle vous intéresse ou non, vous pourrez tout autant y trouver votre compte et on va voir pourquoi. Pour l’aspect mécanique, vous aurez un jeu intermédiaire avec une association de mécaniques intéressantes, la programmation avec enchères cachées, et la gestion de vos ressources pour réaliser des commandes. On y reviendra aussi.

Les auteurs de ce jeu sont assez inconnus du monde ludique français, et leur autre collaboration commune, Partytura n’a pas été localisée, sauf erreur de ma part. Il s’agit de Katarzyna Cioch et Wojciech Wiśniewski, un duo qui fleure bon les chiffres puisque Wojciech serait mathématicien et analyste données. Tout un programme ! (Programme, analyste, vous l’avez ?)

Le jeu est illustré par Rafał Szłapa, édité par Granna, et localisé par Atalia.

Le jeu est prévu pour 1 à 4 joueurs, à partir de 10 ans et pour une durée de 90 minutes environ.

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Les défauts de ses qualités (visuelles)

Autant commencer tout de suite par ce que je trouve vraiment bien réalisé, c’est-à-dire l’homogénéité que dégage ce jeu, dans son thème, son édition et ses mécaniques. Le rendu final est très cohérent, le plateau très lisible, et l’ensemble est visuellement très pertinent.

On se retrouve avec du très beau matériel, des lettres qui ne sont pas juste imprimées sur un token en carton, mais bien des petites lettres d’imprimerie imprimées à l’envers sur un petit morceau de bois. Hyper classe. C’est un jeu revendiqué sans plastique (c’est même imprimé sur la boite) et on peut saluer cette initiative. S’il faut chipoter, les gouttes d’encre en carton ne sont pas des plus préhensibles et des plus pratiques, et les axes d’engrenages à fixer sur les plateaux individuels peuvent un peu abimer les plateaux, mais rien de bien méchant.

Ce sentiment d’homogénéité peut, par contre, et je le comprends, sembler austère et peu attractif comparé aux productions actuelles, souvent plus colorées et « catchy ». Là, quand on regarde le plateau ou quand on assiste à une partie en festival, bah ça peut paraitre un peu triste, avec cette dominante de blanc-beige-marron. C’est totalement thématique et vous embarque dans une imprimerie du 15ème siècle, mais je comprends que cela puisse laisser froid.

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Des mécaniques séduisantes

Moi sur le papier j’aime bien cette association de programmation avec enchères cachées, et la réalisation d’objectifs individuels, surtout quand c’est bien lié, et bien exploité.

La programmation avec enchères cachées débutera chaque tour de jeu, et est très intéressante dans sa résolution, puisque les 5 actions du jeu sont impeccablement représentées dans l’ordre sur le plateau. Vous allez donc miser vos cubes sans montrer aux autres, puis tout le monde révèle et on résout chaque action l’une après l’autre, on descend ainsi sur le plateau. C’est très lisible et facile à suivre, et on comprend qu’à un moment, si on n’arrive pas à récupérer la ressource visée parce que les autres joueurs ont plus misé que vous sur la 2ème action et ont déjà récupéré les ressources voulues quand vient votre tour, eh bien potentiellement vous jouerez peut être une action plus bas dans le tableau qui vous permettra aussi de récupérer la ressource manquante. Bien sûr, ça n’arrive pas tout le temps, et il peut arriver que les adversaires ne vous facilitent pas du tout la tâche, voir même « lisent » votre programmation. Bah oui, si vous n’avez plus de commandes à réaliser (cette étape survient en fin de tour) il y a de grandes chances que vous misiez des cubes pour faire l’action récupérer des commandes.

La réalisation d’objectifs individuels est simple. Vous récupérez des commandes que vous aurez l’opportunité de livrer en fin de tour. Il vous faut pour cela recueillir les lettres et encres nécessaires. En plus, il y aura des finitions optionnelles à valider (qui correspondent à des niveaux d’améliorations d’atelier à posséder), qui vous apporteront des points bonus ou des florins. Clairement, valider les commandes complètes avec leurs finitions vous fera avancer bien plus vite sur la piste de score, mais vous ne livrerez certainement pas aussi vite que vos adversaires. A vous de faire vos choix en fonction des ressources que vous allez récupérer grâce aux 5 actions programmables, et à votre bonus de départ (un tout petit peu d’asymétrie).

Vous savez (à peu près) ce que vous devez livrer comme commandes, avec quelles lettres et quelles encres, et quelles finitions, à vous d’organiser votre programmation pour récupérer ce dont vous avez besoin. Mais les adversaires auront besoin autant que vous des ressources encres en quantité limitée à chaque tour sur le plateau, et des améliorations des ateliers, elles aussi limitées. La prime à celui qui fera l’action en premier, mais vous ne pourrez pas toutes les faire en premier justement !

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Une dynamique qui s’accélère

En termes de déroulé de partie, surtout si vous jouez avec des novices, le 1er tour (et éventuellement le début du second) est un peu plus lent, puisque vous résolvez action par action, joueur après joueur, histoire que tout le monde comprenne. Heureusement cela vient vite. Parce que le jeu est lisible (à part les engrenages, mais on y reviendra), le plateau clair, et le jeu homogène. J’adore cette montée en puissance au fur et à mesure des tours, dans le sens où on veut vite réaliser les actions du plateau afin de récupérer (si on a bien prévu son coup) les commandes/encres/améliorations d’ateliers/engrenages/actions bonus visées, pour enfin terminer le tour où chacun livre enfin la ou les commande(s). Points de victoire et florins se déversent alors sur vous si vous avez bien géré votre tour. Sinon vous gagnerez 7 PV à ce tour ci, et pesterez contre votre voisin qui en engrange 25, et commence à prendre le large. Mais c’est pas grave, on y retourne et faut faire vite, on approche de la fin, plus que 2 tours pour se rattraper !

Quoi, vous êtes sceptiques vous aussi ? Vous vous dites que l’imprimerie au 15ème ça a pas l’air bien fou-fou, et c’est plutôt de la musique de chambre et les mouches qui volent qu’on entend quand on y joue. Bah non, parce que si vous vous prenez au jeu, vous allez vouloir que ça avance bien vite, résoudre les actions fissa, descendre en bas du plateau à chaque tour bien vite, pour enfin livrer vos belles commandes toutes enluminées et gravées ! Et, bien sûr, empocher les PV. 😉

Et, bien sûr, cette dynamique dont je vous parle peut très vite être contrebalancée si vos joueurs sont lents et/ou souffrent d’analysis paralysis.

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Un beau « premier » livre

N’ayant pas trouvé grand-chose concernant leur production ludique, on va placer Gutenberg comme leur « premier livre » pour joueurs intermédiaire ou initiés. Et c’est une belle œuvre, tant sur le travail d’édition de Grana, que sur la réalisation et le soin accordé à l’homogénéité du jeu. Je le trouve élégant dans sa conception, et dans l’imbrication des mécaniques et des actions avec le matériel. Les actions se résolvent à la suite et sont présentées dans cette disposition sur le plateau central. C’est donc lisible et facile à suivre. Les 2 reproches que je lui fais sont la puissance des cartes mécènes que l’on peut acquérir durant la dernière action du tour (à condition d’avoir les pré-requis nécessaires) et qui rapportent 8 PV chacune en fin de partie. A chaque fois, ça a fait la diff’.

Enfin, les engrenages c’est chouette puisqu’ils sont imbriqués et à chaque début de tour vous tournez celui du haut qui va faire aussi tourner le ou les autres. A vous de bien les positionner pour avoir l’action souhaitée durant tel ou tel tour. Mais clairement c’est l’élément le moins lisible du jeu, et chaque nouveau joueur s’y reprenait à plusieurs fois en s’emparant du glossaire pour déchiffrer l’action indiquée sur 1 engrenage.

Je ressors Gutenberg avec plaisir, et j’aime surtout le faire découvrir car avec ces mécaniques de programmation cachée et de récupération de ressources pour réaliser des commandes, je le trouve intéressant et plutôt original, en plus d’être bien édité.

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