Test : Miams

Test : Miams

Le Yam’s, vous connaissez ? Mais si lancer 5 dés et faire des paires, brelans et autres carrés. Et bien il revient le Yam’s et il a décidé de s’énerver un peu, alors ne l’appelez plus Yam’s mais Miam’s !

Le jeu de Jules Messaud, illustré par Ben Renaud, est édité chez Kyf, l’éditeur du tout récent Behind, primé d’un As d’or initié en février dernier.

Dans Miams, les faces des dés sont des fruits, mais votre but reste le même : faire des paires, des brelans, des fulls, des carrés, 5 fruits différents…

source : https://kyf-edition.com/miams/

La dernière face de votre dé est une croix, un échec pour vous, un bonus pour vos adversaires ! Chaque croix leur permettra de cocher une case de leur feuille de score pour le bonus.

Un moyen malin de garder les autres dans la partie, de provoquer rires et les amateurs de mauvaise foi seront dans leurs petits souliers.

Mais, revenons à nos moutons : vous cherchez à obtenir une paire, un brelan ou mieux comme 5 dés tous différents ou 5 fois la même face ! Cela vous permet de cocher des cœurs et d’obtenir des bonus entre jeton de relance, jeton pour un dé bonus ou des étoiles.

Ces dernières sont la monnaie du jeu, elles vous permettront d’obtenir des cartes lors de la troisième partie de votre tour de jeu. Les cartes sont au cœur du jeu, elles le démarquent du Yam’s classique, permettent d’accélérer les parties et surtout de les rendre plus folles et bien plus fun.

https://kyf-edition.com/miams/

Miams est une revisite d’un classique comme on en voit souvent en cuisine. Même ingrédients, recette proche mais cette pointe d’épices qui rend le plat bien plus énergique ! C’est tout à fait le cas ici, le connu est maitrisé, la nouveauté ajoute ce dont le jeu avait besoin pour correspondre aux attentes actuelles : rester accessible tout en limitant le temps de la partie et surtout en ajoutant de l’énergie.

La sauce a pris, le résultat se joue en une vingtaine de minutes, chaque partie aura sa stratégie gagnante avec parfois de gros écarts entre les joueurs selon l’alignement des cartes récupérées. Un jeu pour toute la famille avec moins de 2 minutes de règles et on ne peut pas finir sans parler de la direction artistique du jeu. Ben Renaud nous propose des fruits façon Cup Heads, ils sourient mais ne semblent pas nous vouloir que du bien. Le résultat est convaincant et donne son identité au jeu.

Miams est un lancement réussi, un jeu grand public qui fonctionne aussi avec les joueurs plus expérimentés.

Pour les détails techniques, Miams fonctionne à 2 joueurs mais sera meilleur à 3 ou 4. Concernant l’âge des joueurs, ça peut démarrer assez vite, dès que la lecture est acquise on est parti sans souci ! Il s’agit du fameux 7 à 77 ans.

Vous l’aurez compris. Miam’s est une revisite réussie du Yam’s, un jeu instinctif et rapide où le chaos est omniprésent. On y joue pour le fun et les moments de rigolade, c’est tout ce qu’on lui demande et il le fait très bien.

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Prix constaté : 21 €

Test : Sengoku

Test : Sengoku

Cette critique a été rédigée à l’aide d’un exemplaire fourni par l’éditeur.

Sengoku ou le charme des jeux asiatiques épurés et stratégiques. J’aime beaucoup jouer à ce type de jeu de temps en temps, ça change des jeux avec des boîtes remplies à rabord de matériel, de jeux avec des règles de 25 pages. Bref des jeux qui misent souvent sur le trop de tout pour en mettre plein la vue. Nos amis japonais m’étonnent régulièrement avec leur amour des jeux de plis pour lesquels ils arrivent à rivaliser d’ingéniosité. Ce que j’apprécie tout particulièrement c’est la recherche de l’épure au niveau des règles et du jeu. Sengoku en est un exemple parfait, avec un jeu simple, facile à aborder mais dont l’issue de la partie dépendra souvent de la stratégie que vous mettrez en place.

Quelques minutes de règles, et on joue !

A votre tour vous lancerez 3 dés (1 relance possible), vous en additionnez 2 pour déterminer dans quelle province vous placerez le nombre de troupes indiqué par l’autre dé. Simple, basique.

Quand tout le monde aura placé ses troupes, on résout chaque province en ordre croissant, et avec une mécanique de ruissellement ou effet domino qui chamboulera les équilibres ou déséquilibres créés lors du placement des troupes. Le vainqueur d’une province pourra placer 2 troupes de renforts dans une province adjacente où il est déjà présent.

Certaines provinces se verront donc fortement modifiées durant cette phase si plusieurs provinces sont résolues autour d’elles avant que n’arrive son tour. Anticiper ce ruissellement ne sera pas chose facile mais certainement indispensable pour anticiper la victoire.

Victoire qui s’obtient en comptabilisant les points obtenus par le gain d’une province, plus elle est résolue tard durant la dernière phase, plus elle vaut de points.

D’habitude je n’aborde pas les règles d’un jeu quand je vous en parle, car je pars du principe que les règles se trouvent assez facilement sur les internets, et des vidéo règles (plus ou moins bien faites) vous donnent un aperçu du jeu. J’essaie de me concentrer sur mon ressenti, sur ce que le jeu me fait vivre, ce qu’il me propose et pourquoi j’y rejouerai ou pas. Sengoku mérite cette petite introduction des règles car il ne déclenche pas de buzz ludique à ce que je vois. Et c’est bien dommage vous l’aurez compris 😉

Rapport poids/durée parfait ?

Critère cher à mes yeux, que propose Sengoku en termes de richesse, de profondeur, de règles et de sensations, par rapport à sa durée de jeu ? Et bien je pense qu’on est pas loin du perfect. En fonction du nombre de joueurs, nous sommes sur 20-30 minutes de jeu effectif. Les 2 phases de jeu distinctes symbolisent bien les 2 étapes d’une guerre qui se déroule devant vos yeux, la préparation et l’envoi des troupes, et la résolution et ses effets pour finalement déterminer le vainqueur.

La 1ère phase peut générer un peu d’AP (Analysis Paralysis) en fonction de vos joueurs et si vous avez des indécis dans votre groupe. Elle n’est pas la plus dynamique des 2 mais est essentielle à votre succès éventuel dans la 2ème. Le champ de bataille se transformera sous vos yeux, et influencera grandement vos prochains mouvements. C’est là où tout votre sens de la stratégie et de l’anticipation se révèlera ou pas … ^^ Chaque tour d’un joueur modifie l’équilibre d’une région, et par effet domino, du plateau entier. Un joueur tente un coup de bluff et va se placer sur une province éloignée, pas forcément intéressante de prime abord car ne valant « que » 3 points. Sauf que cette région sera résolue en 3ème position lors de la 2ème phase. Et cela peut avoir un impact bien plus important, car les renforts vont ruisseler sur une province adjacente. Province qui semblait promise à un autre joueur, mais l’arrivée de 2 renforts bouleverse la situation et change le vainqueur. Nouvel effet domino avec 2 renforts qui vont arriver dans une autre province adjacente, si le vainqueur y était déjà présent.

Daimyos et variante

Vous pouvez si vous le souhaitez ajouter à ce jeu au final plutôt simple, les Daimyos, vos chefs de guerre. Ils auront un impact différent sur le champ de bataille, et surtout la possibilité de déclencher un effet supplémentaire, qui va rajouter un élément de « surprise » sur le champ de bataille pour les autres joueurs. Des cartes sont visibles au début de la partie, un joueur peut décider d’utiliser une carte et son pouvoir à son tour. Généralement, cela permet de déplacer des troupes amies ou ennemies d’une province à une autre, et donc de modifier les forces en présence. En fonction du moment où cela est déclenché, cela peut amener les joueurs à revoir leur stratégie, et se réadapter.

Un étage supplémentaire dans les règles, intéressant quand on connait le jeu ou quand on est joueur régulier. Je déconseille de l’ajouter pour les novices.

Elégance et épure au service du gameplay

C’est encore une fois un sentiment que je rencontre le plus souvent au contact de jeux asiatiques. Cette sensation que le surplus a été enlevé, que le jeu est pensé pour le joueur. Des règles lisibles, courtes et simples. Un gameplay basique en apparence (je lance des dés, je pose des troupes, fin de mon tour) mais profond et avec des conséquences. A l’heure où j’écris ces lignes, je reviens d’Essen où j’ai pu croiser quantité de jeux. Covenant de l’éditeur Devir me revient en tête avec un plateau surchargé, presque illisible, des règles à n’en plus finir, une sensation d’être perdu au milieu de l’océan devant ce « gros » jeu. Je n’ai pas aimé la partie que j’ai joué vous l’aurez compris. Et pourtant j’ai joué à de bien plus « gros » que celui-ci. Mais la façon de rédiger les règles, privilégier la lisibilité au lieu d’en mettre plein les yeux, épurer les règles et mécaniques, ça devrait être appliqué à tous les jeux avant de nous les proposer. Nous gagnerions un temps certain, et les jeux resteraient peut-être plus de quelques semaines en boutiques, mais c’est un autre sujet.

Jouez-y !

Sorti sous le nom de Rumble Nation en 2017, le jeu de Yogi Shinichi mérite qu’on s’y attarde. Rapide à expliquer et à jouer, profond et lisible, Sengoku vous permettra peut-être de faire jouer cet ami qui jouait beaucoup à Risk quand il était plus jeune et qui trouvait ça très bien ! Et bien en enlevant la lourdeur du gameplay, les brouettes de dés, la stratégie qui tombe par terre à cause de la poisse aux dés et le côté interminable du jeu, vous allez lui proposer d’incarner un chef de guerre à l’époque du Japon féodal, et en 20 à 30 minutes, vous verrez qui est le plus stratège d’entre vous !

La topographie change à chaque partie puisque vous placez les jetons de valeur des provinces au hasard. L’effet domino observé lors d’une partie sera complétement différent lors d’une autre. L’anticipation et l’observation du plateau avant de démarrer votre tour sera indispensable pour entrevoir la victoire.

Je retrouve les bonnes sensations que j’avais eu avec First Empires, un jeu de Eric B. Vogel sorti en 2022 et qui reléguait aussi Risk aux oubliettes. Sengoku et First Empires sont une alternative très crédible dans les jeux de conquête de territoire avec des gameplay simples, abordables et dynamiques. En plus proposés à des tarifs abordables, argument non négligeable.

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Prix constaté : 32 €

Test : Star Wars – La Bataille de Hoth

Test : Star Wars – La Bataille de Hoth

Cette critique a été rédigée à l’aide d’un exemplaire fourni par l’éditeur.

Duh duh duh DUN DA DUN, DUN DA DUN. Et voilà, emballé c’est pesé, vous pouvez aller chercher votre carte bleue. Je savais que cet article serait facile à écrire. Entre nous, y a franchement besoin d’en dire plus quand on parle de Battle of Hoth ? Comment ça, oui ? Mais vous êtes quel genre de geek sérieusement ? Y a Dark Vador et Han Solo, on peut balader des AT-AT et tirer sur des générateurs, ne vous attendez pas à ce que je vous fasse une analyse comparée des mérites du jeu face à ses concurrents et ses cousins sur les 5 dernières années. D’ailleurs je n’ai jamais joué à Mémoire 44, le jeu Seconde Guerre Mondiale dont Battle of Hoth reprend à peu près toutes les mécaniques, sauf que cette fois-ci on peut tirer sur des snowtroopers et qu’il y a Luke Skywalker dans le jeu. Eclair de lucidité soudain : il faut être honnête, je suis pile poil le public cible du jeu.

Si vous non plus, vous n’avez jamais touché à la version vert kaki, le principe de base est très simple : il s’agit d’un duel où deux armées se font face le long d’un front commun, et chacun son tour, les deux joueurs jouent une carte de leur main qui leur permet d’activer certaines de leurs unités, qui peuvent alors se déplacer, et potentiellement attaquer. Les combats se résolvent en lançant des dés, sachant qu’il faut obtenir une face correspondant à l’unité ciblée pour pouvoir infliger des dégâts. Eliminer toutes les figurines d’une unité rapporte une médaille, le premier qui en totalise un certain nombre gagne, ou alors le scénario innove un peu en introduisant d’autres objectifs à remplir pour obtenir lesdites médailles. Il y a le hasard des dés, les contraintes des cartes qu’on a dans la main, on est loin du jeu hyper stratégique DE PRIME ABORD (reposez ces fourches, les fanatiques), mais ça marche très bien, les parties sont courtes, et le déséquilibre assumé, d’où le fait de jouer en aller-retour.

« Général, préparez vos troupes pour une attaque en surface »

Forcément, quand on rejoue des batailles historiques, on ne va pas s’amuser à refiler discrètement quelques F-16 aux Alliés histoire de leur faciliter le Débarquement. Il y a un cadre à respecter, et on retrouve cette contrainte dans le design des scénarios. Ici se trouve la première différence notable apportée par le jeu Star Wars : quand il s’agit de faire s’affronter des camps imaginaires sur une planète qui n’existe pas, dans une galaxie fort fort lointaine, il devient permis de proposer des affrontements plus équilibrés. Evidemment, les règles n’interdisent pas de jouer la revanche, arrêtez de poser des questions idiotes, on perd du temps franchement. Mais l’intérêt réside ici dans le fait d’enchainer les 18 scénarios (pas d’un seul coup, j’ai dit d’arrêter avec les questions stupides) au sein d’une campagne qui scénarise un peu l’ensemble, et qui attribue certains petits bonus de départ au vainqueur de la précédente escarmouche. Rien de très fou, une unité par-ci, un leader à utiliser plutôt qu’un autre par-là, mais ça donne tout de suite un aspect assez cinématique au jeu. Oui, on s’y croirait, et le fait de terminer par un scénario « épique », c’est-à-dire nécessitant deux boites du jeu pour pouvoir être déployé, ne gâche rien.

L’introduction des leaders relève de la même démarche, permettant d’associer un visage au camp qu’on incarne. On ne va pas se mentir, l’apparition de Vador ou de Luke est un passage obligé quand on crée un jeu Star Wars. Reste alors l’implémentation, toujours délicate quand le jeu consiste à éliminer les unités de l’adversaire. On ne va quand même pas tuer Leia ! Richard Borg et Adrien Martinot ont du coup choisi de ne pas les faire apparaitre sur le plateau, mais juste de les faire figurer avec trois cartes dédiées qu’on ajoute à son deck personnel au début de la partie. On peut regretter de ne pas pouvoir déplacer la figurine sur le plateau, mais il me semble que cela aurait posé quelques soucis en termes de game design et d’équilibrage. De la même façon, on pourrait reprocher un casting un peu pauvre côté Empire avec Jean-Michel et Jean-Jacques qui accompagnent le seigneur Vador, le fait est que les méchants manquent terriblement de tête d’affiche dans le film. Quant aux cartes elles-mêmes, elles permettent de réaliser des actions un peu plus élaborées, qui seront bien sûr ruinées par un lancer de dés malheureux.

image de gauche tirée du film Star Wars – La Guerre des Etoiles, crédits Lucasfilm Ltd.

« Capitaine, les chances de détruire un AT-AT sont approximativement de 1 sur 5468 » « Tu sais, moi et les probabilités… »

C’est vrai qu’en 2025, proposer un jeu qui se résout au lancer de dés non mitigeable, c’est un peu dommage. Andromeda’s Edge, que j’évoquais dans mon précédent article, propose par exemple un système plutôt malin de résolution des affrontements. Attention, ce n’est pas non plus la foire à l’aléatoire : le nombre de dés est influencé par la distance entre l’attaquant et sa cible, certains éléments de terrain apportent des malus ou des bonus, il y a malgré tout un ensemble de paramètres à prendre en compte pour augmenter ses chances. Cette recherche d’optimisation et les contraintes imposées par les cartes en main, qui limitent la liste des unités que le joueur peut activer à son tour, forment un cadre de jeu simple à appréhender, et à s’approprier, et les joueurs ont vite fait de tenter des manœuvres avec leurs petites troupes. Certes, s’acharner sans succès à dégommer un blindé de l’Empire pendant trois tours peut être très frustrant, mais heureusement les parties ne sont pas très longues : au pire le supplice s’arrête rapidement, au mieux ça fait de chouettes anecdotes à conserver et raconter plus tard.

image de gauche tirée du film Star Wars – La Guerre des Etoiles, crédits Lucasfilm Ltd.

Alors que je partais avec un a priori pas hyper emballé (j’ai un a priori plutôt difficile à contenter, ce gros snob), mes parties m’ont carrément plu. Ce n’est pas si étonnant après tout : avec Battle of Hoth, Days ne vise pas forcément les fanatiques de Mémoire 44, qui ne trouveront rien de particulièrement original dans la boite, et au contraire pourront se sentir à l’étroit sur des cartes plus petites que dans le jeu originel. Pour tous les autres, et évidemment les fans de Star Wars en premier lieu, le système de jeu est particulièrement adapté à la proposition, avec suffisamment de liberté et de flexibilité pour avoir l’impression de mettre en place sa stratégie, tout en gardant des règles simples qui en font un jeu sortable rapidement et fréquemment. On pourrait craindre que la rejouabilité soit alors un facteur limitant, il n’y a après tout « que » 18 scénarios dans la boite, mais le créateur de cartes est déjà en place, et on peut tout à fait imaginer que si le jeu se vend bien, Days sortira par la suite d’autres boites et adaptera d’autres batailles, avec d’autres leaders et d’autres unités, à défaut de développer des extensions. Parce qu’il faut bien se l’avouer, et ça sera là mon principal reproche, tout ça manque singulièrement de Wookees.

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Prix constaté : 45 €

Test : Andromeda’s Edge

Test : Andromeda’s Edge

Cette critique a été rédigée à l’aide d’un exemplaire fourni par l’éditeur.

Au Labo des Jeux, nous cherchons constamment à rester à la pointe de la technologie journalistique. Podcasts, compte Instagram, bientôt vous aurez droit aux réels créés à l’aide d’une IA, dans lesquels une boite de jeu s’animera devant vos yeux ébahis et s’auto-dissèquera au cours d’un Open The Box fascinant et inquiétant. Avec une bande son digne d’un film d’Aronofsky. Ça va être tellement bien. En attendant, et si vous le voulez bien, je tente aujourd’hui une nouvelle expérience : écrire un article qui soit le plus fidèle possible à la substantifique moelle du jeu. Et comme on va parler d’Andromeda’s Edge de Lucky Duck Games, autant vous dire que tout cela ne va avoir ni queue ni tête, avec des paragraphes qui vont partir dans tous les sens, et une sensation de fouilli généralisé. Mais à la fin, on se sera quand même bien amusé. Allez, c’est parti.

Histoire de ne pas complètement perdre le lecteur dès le début, on va entamer cet article de la façon la plus logique qu’il soit, comme on commence une partie : en mettant le jeu sur la table. Andromeda’s Edge est assez intimidant de prime abord. Toutes ces couleurs très flashy, la vingtaine de peuples différents à jouer, la place de dingue qu’il prend dans la pièce avec son plateau modulaire à base de planètes, de nébuleuses et de lieux civilisés, ses pistes de techno, ses plateaux joueurs, ses vaisseaux spatiaux, ses pirates, y en a beaucoup, je vous le mets quand même. Mais ne vous laissez pas impressionner par tout le whizz et le shabang, il va surtout s’agir de monter sur 5 pistes de scoring, ou plutôt de choisir sur lesquelles monter.

Bon évidemment, il ne s’agit pas non plus de jouer aux petits chevaux, donc il va falloir un peu réfléchir et optimiser, surtout qu’il s’agit d’une course, la partie s’arrêtant quand l’un des joueurs atteint un nombre de points fixé à l’avance. Ça tombe bien, le cœur du jeu est simple à appréhender, et les actions également : nos vaisseaux actuellement en baie d’amarrage sont nos ouvriers, soit on en pose un pour réaliser une action ou ramasser une ressource, soit on rappelle tous nos petits, et au passage on active dans une gigantesque fête au combo les modules qu’on aura pris soin au préalable de rajouter à notre plateau personnel. Et c’est ainsi que cette simplicité est masquée par la quantité de trucs qui surviennent durant la partie : de manière générale, il se passe toujours plein de choses au moindre des gestes qu’on réalise, ce qui peut engendrer un certain temps d’attente entre les tours.

Vers la bagarre, et au-delà !

Par exemple, si l’on pose un vaisseau sur une planète ou une base de l’alliance, on récupère une ressource ou effectue une action classique comme construire un nouveau vaisseau, mais si des pirates trainaient dans le coin, ils convergent vers vous, et c’est LAAAAA BBBBBBASTON ! Les autres joueurs peuvent s’ils le souhaitent se joindre à la bagarre et tout le monde lance ensuite ses dés avec un chouette système pour déterminer le vainqueur : on lance autant de dés que la force de frappe cumulée de nos vaisseaux, et on relance tous les dés dont la valeur est inférieure à notre valeur de ciblage, elle-même égale au nombre de vaisseaux qu’on a engagé. Il y a donc du hasard, forcément, mais venir en masse augmente sensiblement les probabilités. Il est également possible d’upgrader nos vaisseaux pour booster le nombre de dés ou la valeur de ciblage, sans parler des cartes Stratégies qu’on peut abattre en laissant échapper un Mouahahah diabolique. Cerise sur le space cake, perdre n’est pas hyper pénalisant : certes le vaisseau part à la casse, mais il n’est pas bien compliqué de le réparer, et on touche une petite compensation customisable au passage.

On aime donc se bagarrer dans Andromeda’s Edge, cette phase de combat survient donc assez souvent. Il se peut également que certaines actions ou résultats d’action, comme progresser sur l’une des pistes de scoring, fassent avancer un marqueur d’événement, jusqu’à déclencher l’apparition du dit événement, l’occasion de marquer quelques points et de faire apparaitre sur le plateau de nouveaux pirates de l’espace, au début gentils souffre-douleur, et sérieux casse-couilles sur la fin. Vous l’avez compris, le jeu fourmille et ça peut nuire au rythme. Notamment lorsqu’on arrive aux effets et conséquences de la 2eme action possible, à savoir rappeler ses vaisseaux. Chaque vaisseau peut en effet activer l’un des modules du joueur, pour réaliser des actions supplémentaires ou récupérer les ressources qui les alimenteront, avec des scorings intermédiaires à calculer, des combos à exécuter, la possibilité d’utiliser de l’énergie pour activer des modules supplémentaires, bref cette action peut engendrer quelques longueurs, notamment à la fin.

Dans l’espace, personne ne vous entendra poser sept et retenir deux

Il faut dire que ces modules sont au cœur du jeu : en acquérir un fait progresser sur la piste de scoring correspondante, et ils sont les rouages du moteur qu’on construit au fur et à mesure de la partie, et qu’on exploite lors de la phase de rappel des vaisseaux. Vous allez donc régulièrement chercher à en obtenir, faisant progresser le marqueur d’événement, et rallongeant le temps d’exécution de l’action de rappel des vaisseaux. Cela dit, il apparait possible de les délaisser pour tenter d’autres stratégies, comme par exemple un tabassage systématique et agressif de tout ce qui remue un tentacule, et je trouve ça appréciable. Cela peut être d’ailleurs encouragé par les bonus accordés par le peuple qu’on incarne, introduisant une petite asymétrie de départ qui a le mérite de donner une direction quand on débute le jeu.

Et c’est ainsi que je reviens à mon propos de départ : l’espace, c’est vaste, et Andromeda’s Edge l’a bien compris. On a l’impression que ça part dans tous les sens, avec les vaisseaux à améliorer, les modules à acheter, les monuments à ériger, les chefs à recruter, les pirates à tenir à distance, mais par où je commence moi ? Alors qu’au final, et je vais vous épargner la métaphore filée de l’espace, tout tourne autour de la même chose, froide, mécanique : monter sur les pistes de scoring, qui vont permettre d’améliorer nos vaisseaux, décupler les points rapportés par les monuments, et générer d’autres scorings de fin de partie. Mais l’enrobage est satisfaisant, avec un beau matos qui donne envie de faire piou piou dans l’espace, alors on l’oublie rapidement et on se prend au jeu. C’est bien là l’essentiel non ?

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Prix constaté : 66 €

Test : Pirates de Maracaibo + extension Commandants

Test : Pirates de Maracaibo + extension Commandants

Cette critique a été rédigée à l’aide d’un exemplaire fourni par l’éditeur.

Le jeu reprend le thème et une partie du nom de son aîné Maracaibo sorti en 2019, du même auteur, et qui a toujours une belle cote de popularité avec une note générale de 8 sur 10, et un classement de 57ème dans les jeux de stratégie sur BGG, le site de référence. Sur cette mode récente de proposer des versions allégées des jeux experts, Pirates fait écho à El Paso (Great Western Trail) et Sanctuary (Ark Nova) à venir. On est donc sur une proposition plus rythmée, moins riche et moins longue que le grand frère. On verra ici que c’est le cas avec le jeu de base, mais que cet écart se réduit avec l’ajout de la 1ère extension.

Pirates le jeu de base propose cet aspect de course couplé à une optimisation nécessaire et à surveiller. 3 manches de jeu, 3 trajets de votre bateau sur les îles du plateau, et la fin de partie se déclenche pour tout le monde. Certains vont rusher, d’autres aller d’île en île pour optimiser et faire le maximum d’actions. Faites-vous distancer, et c’est la meilleure solution pour être largué et subir le rythme imposé. Un mix intéressant entre complexité, optimisation, et rythme de jeu qui m’avait bien convaincu.

Thématiquement faut pas être trop regardant, on arrive sur une île du plateau avec son bateau, on peut l’acheter et la garder près de son plateau pour son effet instantané ou permanent, et on glisse une nouvelle île tirée du paquet sous son bateau. Pouf vous voilà téléporté. À la fin du parcours d’îles, on revient au début du plateau et on refait le chemin jusqu’au bout, 3 fois de suite. Une sorte de circuit, 3 tours à faire. Bon le reste est plus cohérent, avec notamment la possibilité de récupérer des trésors de 3 types et surtout de les enterrer avec une action spécifique, chaque trésor enterré rapportant 2 PV de + à la fin. Son navire est à optimiser pour débloquer des bonus instantanés ou permanents, votre succès dans cette course étant intimement lié à ces améliorations et l’ordre dans lequel vous les débloquez.

Le jeu vous propose à chaque tour plusieurs axes, avec au moins 3 ou 4 îles accessibles avec votre bateau, si ce n’est plus en fonction de votre position. Toutes ne seront pas intéressantes, mais la plupart du temps au moins 1 attirera votre œil, par exemple pour l’acheter et gagner son pouvoir permanent (réduction sur l’achat des cartes suivantes, amélioration de vos capacités de raid …), une icône nécessaire à la réalisation d’un objectif, ou encore des PV de fin de partie. Vous pourrez aussi jouer la carte pour son lieu et son action, comme faire un raid et gagner des trésors, activer un marché noir, et surtout améliorer votre navire.

Voilà pourquoi il me plaît, j’ai plusieurs pistes à suivre, je réfléchis à mes possibilités pendant les tours de mes adversaires, et je surveille tout de même leurs actions car la topographie va changer en fonction de leurs actions. Si une carte devant mon bateau m’intéresse fortement, y’a des chances qu’un autre joueur s’y intéresse aussi, et dans ce cas il s’y rend, l’achète et m’en prive. Une autre carte prend alors sa place, et je peux avoir de la chance avec une carte intéressante pour moi, comme une qui ne présente aucun intérêt. Reste que je ne devrais pas passer 10 minutes à choisir quoi faire à mon tour, et que le déplacement et que l’action que je fais se résolvent rapidement. À moins d’avoir des joueurs très lents, le rythme est maintenu et colle bien à cet aspect course sur le plateau, car celui qui arrive à la fin du trajet reçoit des bonus plutôt intéressants.

Extension Commandants

Avec l’extension, pas mal de nouveaux axes s’offrent à vous sur un jeu qui permettait déjà d’avoir plusieurs stratégies à suivre et à optimiser. En résulte des tours plus longs et une variété d’icônes et d’actions qui viennent nuire à ce rythme du jeu que proposait le jeu de base. Le jeu de base est déjà plutôt riche et surtout plutôt bien calibré dans ce rapport poids/durée. Avec l’extension, le jeu se rapproche encore de la durée et complexité de Maracaibo, ce qui fait que j’aurai tendance à me demander si c’est la peine de sortir le jeu et l’extension ou alors directement le grand frère. À confirmer en y rejouant, mais j’apprécie Pirates de Maracaibo, j’aime moins le cran que lui fait passer son extension.

Surtout sur les premières parties, notamment à cause d’une icono qui se retrouve chargée et pas forcément claire qui amène des retours à la règle, le rythme s’en ressent, et les tours durent parfois trop longtemps. Ce dynamisme des tours qui me plaisait tant avec le jeu de base est moins présent, et j’ai notamment fait une partie à 4 joueurs dernièrement, j’avais le temps d’aller voir ce que le chien faisait à aboyer dehors, de revenir, et d’attendre encore avant de pouvoir rejouer…

2 nouveaux plateaux se rajoutent à votre plateau navire, et votre plateau pour disposer les trésors. Votre capitaine vous apportera un pouvoir spécifique qui créera une asymétrie pas inintéressante, mais avec des pouvoirs plutôt puissants. L’autre partie de plateau rajoutée est un nouveau système à optimiser pour débloquer des bonus. Du coup y’en a un peu dans tous les sens, et le côté épure en prend un bon coup. Il faut passer par l’un des marchés de contrebande accessibles sur les îles pour acheter un baril de rhum pour 3 doublons. Il faudra repasser par la même île ou une autre contenant aussi un marché de contrebande afin de placer ce baril acheté et stocké depuis lors dans vos cales, sur l’un des emplacements dispo sur les nouveaux plateaux à optimiser. Redondant et inélégant.

Pour conclure, j’aime Pirates de Maracaibo pour son rythme, sa difficulté abordable et les différentes prises de décisions qu’il propose. Idéal à 2 ou 3 joueurs, il me donne envie d’y rejouer, d’essayer autre chose (je rush sur les îles pour ne pas laisser le temps à mon adversaire d’optimiser tranquillement, je prends le temps d’explorer le sentier et les bonus qu’il procure, je me spécialise dans les raids, ou encore je me concentre sur les cartes avec les points de fin de partie).

Pour qu’il fonctionne, il faut qu’il soit dynamique, et cette surcouche d’optimisation avec les 2 nouveaux éléments de plateaux individuels apportés par l’extension fait passer un cap d’où le jeu ne reviendra pas, et sombrera corps et âmes. Cela reste ma limite personnelle, mais l’adverbe trop est celui qui vient à l’esprit quand je parle de l’extension.

Pirates le jeu de base oui, avec l’extension je sors le grande frère Maracaibo, ou un autre jeu. Et dîtes-vous bien que c’est indiqué « 1ère extension » sur la boîte …

On me glisse dans l’oreillette que la 2ème extension vient d’être annoncée … ^^

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Prix constaté jeu de base : 44 €