Le Labo en Festival : Flip 2024 Parthenay

Le Labo en Festival : Flip 2024 Parthenay

2 laborantins ont mis les pieds à Parthenay, et ils vont vous raconter leur Flip. Leur ressenti, leur retour, ce qu’ils ont vécu là bas. Et surtout, pourquoi il s’agit certainement d’un des meilleurs festivals de France !!

Le Flip, c’est stupéfiant !

Romain du labo a passé son weekend au Festival Ludique International de Parthenay – FLIP et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça lui a plu.

Weekend ludique, festival, salon de jeux… Les rendez-vous autour du monde du jeu sont nombreux avec quelques dates clefs dans l’année ludique (Cannes, Vichy, Toulouse, Paris…), souvent dans des grandes villes, parfois payants, le tout sur un weekend prolongé.

À Parthenay, c’est une autre vision, une autre approche. Les animateurs viennent de partout, le festival est dans la commune de Parthenay donc, dont de nombreux commerces fermés sont investis par les éditeurs qui s’y installent pour 2 semaines de festivités ludiques !

Ce festival est un OVNI, de ces moments hors du temps où tout n’est qu’enchantement, et je le dis en toute honnêteté.

Le rythme est lent, un festival sur 12 jours, c’est la possibilité de venir un weekend ou 1 semaine ou même pour la totalité ! C’est donc l’éloge de la slow life, prendre son temps, tester un jeu et flâner avant d’en jouer un autre.

Le lieu est lui aussi charmant, petite cité médiévale avec ses ruelles ombragées et ses remparts le long du Thouet. Le festival propose des lieux pour jouer allant de la place centrale où les éditeurs sont sous de grandes tentes, la partie la plus « classique », mais ce sont également des boutiques, donc où les éditeurs accueillent les joueurs, mais aussi tout le long des remparts et des églises, plein de lieux pour jouer encore et toujours, mais aussi tout simplement passer un moment et prendre le temps.

Prendre son temps en festival, rester discuter ou simplement se poser et regarder les autres joueurs, lever la tête en somme.

En matière de jeux, le festival propose quelques nouveautés, bien évidemment, mais personnellement, je n’y vois pas son cœur de proposition.

Le FLIP, ce sont des ludothèques très bien fournies pour découvrir ou rejouer des jeux plus anciens. C’est vraiment une autre approche du monde du jeu et des évènements ludiques.

Allez parlons un peu de jeux !

Chez Iello, un jeu très mauvais et un autre bien bon.

1%… Est-ce le taux de joueurs satisfaits ? Ce remix de Perudo à rallonge où certains joueurs attendront plus qu’ils ne joueront à regarder les autres galérer à lancer des dés n’est clairement pas une réussite pour moi, passons.

Pina Coladice, elle m’a bien plu ! On prend des yams, on ajoute de la puissance 4 et une touche de fun et hop, un petit jeu sans prétention mais qui fait très bien le job avec sa touche de fun, ses dés glaçons et les sous-bocks pour remplacer les cartes. Un jeu pour les vacances !

Chez Disto Studio, un roll & write avec un plateau en 3 panneaux où la demoiselle de Lofi, casque sur les oreilles, chill dans son salon. Le jeu propose quelque chose de malin : selon votre manière de plier les 3 panneaux, vous aurez un gameplay différent et des scorings différents. Une chouette idée qui plaira aux amoureux de la mécanique, au minimum !

Monolith

Du côté d’Asmodée et plus particulièrement chez Monolith, côté retail, cette fois-ci avec Tower Up. Le matériel est vraiment bon avec un matériel 3D qui permet de vraiment se prendre au jeu.

Tower Up vous met à la tête d’une entreprise de BTP, on pose des étages d’immeubles, on ajoute des toits et tout cela permet de monter sur des pistes, et pour récupérer de nouveaux étages, on passe par un marché de cartes. Ren de compliqué pour un jeu qui se veut familial, on pourrait même y voir un air des aventuriers du rail.

Le gameplay permet autant de le jouer en famille qu’avec des joueurs plus aguerris, le timing et l’anticipation étant les deux paramètres pour passer d’un public à l’autre.

Gigamic

Gigamic proposait aussi de découvrir l’extension Athéna pour Akropolis. Les extensions, vaste débat… Je doute de plus en plus de leur utilité, à de rares exceptions, je les apprécie de moins en moins. Pour Athéna, elle apporte 4 cartes (parmi une vingtaine) qui proposent chacune une mission comme mettre 3 temples collés ou encore disposer de deux casernes au niveau 2 ou supérieur. Chaque mission offre 4 tuiles (un simple hexagone) avec des terrains rares ou des doubles terrains et surtout un quart de la statue d’Athéna.

Si vous reconstituez la statue avant la fin de la partie, chaque pierre vous rapportera 5 points au lieu d’un seul.

Une extension sans prétention, si vous jouez à Akropolis, elle permet d’ajouter un niveau de réflexion dans le choix de vos tuiles. En revanche, elle ne vous fera pas redécouvrir ou aimer le jeu. Le choix est entre vos mains !

Prey another day, pour du guessing et du bluff entre amis, avec là aussi des éliminations (après 1 %). Le jeu a changé ses illustrations, il faut dire que la version originale était pour le moins clivante. Un jeu qui repose entièrement sur les joueurs et sur l’ambiance que vous allez avoir autour de la table. Compliqué d’en tirer un avis général, si vous avez des joueurs attirés par le bluff, la prise de risque et qui n’ont pas peur de chougner, laissez-vous tenter.

Order overload café fut également de la partie, avec des commandes de capuccino et autres lattes glacés ou encore de sandwich jambon fromage chaud, avec une surcouche de memory et le tout pour une bonne dose de fun ! Celui-là, je ne le lache plus, c’est un succès à chaque partie.

Matagot

Je termine sur les découvertes avec le diable dans la bouteille par Matagot (The Bottle Imp en VO). Le jeu n’est pas récent mais cette version ajoute la possibilité de jouer jusqu’à 6 et également de jouer en équipe ! deux excellentes idées qui fonctionnent très bien, je suis clairement bluffé, je ne m’y attendais pas du tout et je ne peux que recommander ce jeu à tout amateur de plis, il fonctionne parfaitement à 3 comme à 5 ou 6 avec une seconde bouteille en jeu et également à 5 ou 6 en équipes. Clairement un coup de cœur pour le travail fourni et la version finale de ce jeu.

Le festival fut également l’occasion de rejouer, donc de faire découvrir à des amis un ou deux jeux que j’avais ramenés.

Entre Coffee Traders, jeu expert qui pour 4 ou 5 joueurs est une pépite incroyable (on oublie le 2 et le 3 joueurs), Pax Pamir qui n’est pas compliqué ! Ne le laissez pas prendre la poussière, jouez-le !

Il y a eu Railway Boom, un jeu japonais très moche avec des trains qui est comme les légumes moches. Il fait un peu peur, clairement pas envie, mais au final ça fonctionne si bien. 4 manches avec 3 phases d’enchères pour se développer et optimiser au mieux son réseau, un jeu si intéressant qu’il semblerait que Monsieur Luciani se penche sur une version plus… sortable du jeu.

J’ai complété avec de (trop) nombreux jeux de plis, le plateau aura eu son effet, gummi tricks et encore trick stakes également, bref, le pli, c’est la vie.

J’espère vous avoir donné envie de vous intéresser au festival, il est tellement atypique, tellement amical et agréable que ce soit pour les joueurs comme pour ceux qui le sont un peu moins, bref, le Flip est de plus en plus mon festival préféré si je veux passer un excellent moment.

Le Flip de Teaman

Romain a très bien résumé l’essence de ce festival pas comme les autres. Pourtant, on a pas vécu du tout la même chose car comme chaque année j’y suis allé avec femme et enfants. Si le FLIP est tout à fait geek-friendly, il se prête aussi très bien à la flânerie familiale.

Wuppie-ki-yay !

Avec mon grand de 8 ans, nous sommes d’abord partis à la chasse aux wuppies. De petites peluches aux yeux et aux bonnets de fou. On récupère ces mascottes en réalisant des quêtes dont le livret est fourni à l’accueil ou tout simplement en réclamant des défis auprès des animateurs. Cette activité est devenue emblématique du FLIP et on voit souvent enfants et adultes arborer des couvre-chefs recouverts du précieux fétiche.

Qu’ouïe-je ?

L’autre souvenir que l’on pouvait garder de Parthenay cette année était “Oyez Oyez !”, le jeu du festival. S’il n’était pas très cher (10 euros), ce petit jeu de mémoire très très familial ne casse pas trois pattes à un wuppie.

On lui pardonne à moitié lorsqu’on devine l’histoire derrière sa création. L’idée a été empruntée au festival toulousain l’Alchimie du Jeu qui avait pris le temps de créer son jeu, Dédale avec des auteurs et un éditeur toulousain, Subverti. Les organisateurs du FLIP ont semble-t-il apprécié l’idée et proposé un partenariat à ce même éditeur, mais avec probablement beaucoup moins de temps.

J’en ai trop fait ?

Autre activité possible en famille : Participer au trophée du FLIP. Un prix qui a le mérite d’être décerné par le public.

Il y a quatre catégories : enfants, divertissements (?), réflexion et éco-ludique. Il faut jouer sur place aux cinq jeux nommés d’une catégorie (normalement validé par des animateurs) pour que nos notes soient prises en compte.

Le trophée du FLIP n’est pas un prix très sérieux. Sûrement parce qu’il n’a pas vraiment vocation à l’être. C’est juste une occasion de faire participer le public. D’ailleurs, ses modalités laissent songeurs… Les jeux sont nommés par les animateurs à la fin de leurs journées de formation (durant lesquelles ils apprennent les jeux) parmi les boîtes que les éditeurs ont bien voulu envoyer au FLIP. C’est pour ça que cette année, on retrouve des jeux comme 7 Wonders Architect ou Rapid Croco parmi les sélectionnés alors que ce sont très loin d’être des nouveautés.


L’auteur de ce dernier, Roberto Fraga, s’en est d’ailleurs ému, proposant de laisser sa place à un autre jeu qui aurait possiblement moins de dix ans.

“Tout enfant perdu se verra remettre un espresso bien serré et un petit chaton.”*

Pour ma petite de 2 ans, c’est direction le village “enfants”. On y trouve un grand bac à sable, des jeux d’eau, un espace motricité et jeu d’imitation ainsi que, bien sûr, des jeux de société pour enfants, des loisirs créatifs et des figurines. Le tout encadré par des animateurs au top. Sur les sept jours de festival, ma fille ne s’est jamais embêtée une seconde.

C’est bien simple, pour moi le FLIP est le “gros” festival ludique le plus adapté aux plus jeunes, très loin devant les autres.

*Texte d’une affiche officielle du FLIP.

Et les jeux dans tout ça ?

Un festival ludique, même aussi unique que le FLIP, c’est quand même l’occasion de découvrir des jeux. Pas forcément des nouveautés par contre. Je vais quand même partager avec vous les jeux marquants auxquels j’ai pu jouer quand ma chère et tendre m’accordait un peu de temps libre sans les enfants.

  1. Altered

Vous en avez tous déjà entendu parlé. C’est le jeu de cartes à collectionner de Régis Bonnessé, l’ancien éditeur en chef de Libellud et auteur de Dice Forge et Seasons (les trois jeux ont clairement un lien de parenté). Le jeu qui a fait plus de 6 millions de dollars sur kickstarter et qui devrait arriver en août pour les backers et en septembre pour les autres.

Eh bien moi, j’en suis amoureux. J’adore ses illustrations gaies et soignées. Je kiffe son game design aux petits oignons, à la fois accessible et profond. Autour de moi, tout le monde est converti. Mon fils trépigne d’impatience, ma femme me reparle régulièrement de sa faction préférée et mes copains ont déjà prévu d’organiser régulièrement des compétitions. L’engouement est total. Et ma participation totalement fortuite au petit tournoi organisé par le FLIP n’a pas modéré mon enthousiasme, au contraire !

  1. Knarr

Une petite boîte chez Bombyx qui surprend une fois tout le (magnifique) matériel installé sur la table. Il s’agit d’un jeu de gestion de cartes et de ressources que j’ai trouvé très malin.

Je fais la promesse solennelle devant vous et mon rédac’ chef que je vous en sortirai un test plus complet dès que possible !

(note du redac’ chef : enfin une nouvelle critique de Teaman !!! Joie, bonheur et impatience !)

  1. 2 Pommes 3 Pains

Des petits jeux de cartes où il faut annoncer oralement quelque chose mais dont les règles font tout pour vous tromper, c’est assez fréquent. Là, de tête, je pourrais vous en citer plein comme Dodelido ou Salade de Cafards mais 2 Pommes 3 Pains sort un peu du lot.

Pas tellement par ses règles, ni même par ses illustrations mais par son humour tout en jeu de mots. A chaque tour, il faut dire combien il y a de pommes et de pains visibles sur les cartes. Sauf qu’il y a une pomme de pin qui vaut 1 pomme et… 2 pains et un pain rassis qui demande de se lever pour se… rassoir.

C’est con, très con même mais ça convient parfaitement à l’esprit de ce genre de jeu.

  1. Kintsugi

Le Kintsugi, c’est l’art japonais de réparer la céramique brisée avec de l’art, invitant ainsi à apprécier d’autant plus les objets ayant eu une vie.

Kintsugi c’est aussi un jeu de cartes avec une mécanique de collection assez habituelle. Le twist, allant avec le thème, c’est la possibilité que nos objets se cassent et doivent être réparé… rapportant ensuite plus de points.

Kintsugi n’est pas le jeu du siècle mais il est fluide, malin, agréable et la partie dure pile ce qu’il faut (entre 15 et 20 minutes).

  1. Arkade

Très justement nommé au trophée FLIP catégorie enfant. Arkade est une petite pépite de chez Auzou qui mérite qu’on s’y attarde. Je vous en reparle très bientôt !

Comme chaque année, j’ai pu jouer, faire jouer mes enfants et j’ai même pu discuter un peu avec quelques auteurs et éditeurs beaucoup moins stressés que sur des festivals moins estivals. Le FLIP est, pour moi, LE festival. Celui que je ne raterais pour rien au monde ! (De toute façon mes enfants me le reprocheraient).

Si des jeux vous ont tenté à la lecture de ce compte-rendu de festival, n’hésitez pas à vous rendre sur la boutique de notre partenaire

Test : Spirit Island extension Terre Fracturée

Test : Spirit Island extension Terre Fracturée

J’ai toujours été fan des comparaisons osées. Certes, des fois ça me pousse à révéler des secrets honteux, comme cette recette du cassoulet/huitres, que je ne détaillerai pas ici parce que je ne pense pas que le monde soit prêt. Mais avouez que, la plupart du temps, on comprend tout de suite de quoi on parle, et puis de toute façon vous n’avez pas le choix, c’est moi qui écris et vous qui lisez. Où en étais-je ? Ah oui, Spirit Island, et plus précisément la dernière extension sortie par Intrafin, Terre Fracturée. Croyez-moi ou non, mais découvrir Terre Fracturée après quelques parties du jeu de base, c’est comme s’apercevoir, après sué sang et eau pour grimper une petite corniche, qu’il y a tout un Mont Everest derrière. C’est terrifiant et exaltant à la fois. On a hâte de découvrir ce qui nous attend, toutes les nouveautés, comment on va aborder ces nouvelles difficultés. Et surtout, on a hâte de découvrir à quel point on va souffrir.

Pour rappel, retrouvez en cliquant sur l’image les critiques du jeu de base et de la 1ère extension :

Rengagez-vous qu’ils disaient !

Je ne vous ferai pas l’affront de rappeler en quoi consiste Spirit Island, nous sommes ici entre gens de bon goût. Je rappellerai juste que si le jeu de base offre déjà un puzzle d’un fort beau gabarit, avec ses notions de pouvoirs lents, pouvoirs rapides, ses éléments qui permettent de déclencher d’autres pouvoirs si on les combine correctement, ses adversaires et ses scénarios qui introduisent de nombreux twists dans le déroulé de la partie, voire carrément de nouvelles conditions de victoire ou de défaite, l’extension quasi obligatoire De Griffes et de Crocs vient compléter à merveille la proposition en introduisant les événements qui rajoutent un peu d’aléatoire, juste ce qu’il faut pour ruiner nos si jolis plans. Et quand on aboutit à un chef d’œuvre de gameplay, pourquoi vouloir absolument ruiner l’expérience en l’alourdissant ?

Sauf que l’idée de R. Eric Reuss est tout autre. Il ne s’agit pas ici de rajouter des couches de règles, des plateaux supplémentaires (même s’il y en a, avec des regroupements de régions qui génèrent des problématiques encore nouvelles) ou autre, mais plutôt de voir jusqu’où on peut tordre le principe même du jeu, jusqu’où on peut creuser dans le bac à sable qu’est Spirit Island avant de taper dans le béton. Et à en juger par le contenu extrêmement généreux de la boite, la mécanique de jeu est solide comme rarement, tant il est possible de la malmener sans la briser et perdre de vue ce qui rend ce jeu si incroyable. Ainsi, toute une ribambelle d’esprits plus étranges les uns que les autres viennent enrichir la collection déjà conséquente, des pouvoirs hyper différenciés et de nouveaux ennemis font leur apparition, et l’auteur se permet le luxe d’introduire les aspects, qui altèrent plus ou moins en profondeur les esprits présents dans la boite de base. Il s’agira des fois de corriger une faiblesse, ou de le rendre peut-être plus intéressant, mais le plus souvent le joueur devra repenser sa manière de jouer.

Same same, but different

Ainsi, lors de ma dernière partie, j’avais choisi d’expérimenter un nouvel aspect de l’esprit Jaillissement de la Rivière Etincelante, un esprit de la boite de base que je joue rarement, tout simplement parce que ses particularités ne me parlent pas plus que ça. Sa règle spéciale le fait considérer les régions marécages comme des sanctuaires, c’est intéressant parce qu’on peut se permettre d’éparpiller nos présences sans se fermer de porte en matière de pouvoirs. Mais c’est passif, et j’avoue préférer les esprits qui demandent de jongler avec plusieurs paramètres, qu’ils soient complexes ou non d’ailleurs. L’aspect « voyage » de cet esprit vient tout bouleverser, et ce juste en modifiant quelques lignes : ce ne sont plus les marécages qui sont automatiquement considérés comme des sanctuaires, mais les régions dans lesquelles il y a quatre Dahans ou plus, il revient alors au joueur de déplacer ses Dahans au début de chaque phase de croissance pour tirer parti de cette capacité. Tout d’un coup la complexité augmente, un troisième étage se rajoute au puzzle pouvoirs lents/pouvoirs rapides et le joueur devient beaucoup plus actif dans la gestion de l’esprit. Brillant.

C’est brillant, mais on reste sur du classique : certes les aspects permettent de renouveler l’approche des esprits existants, mais les mécaniques en jeu restent celles de la boite de base. Les nouveaux esprits, eux, changent carrément la donne. Je ne vais pas tous les lister, parce qu’ils sont tous plus étranges les uns que les autres et qu’ils mériteraient tous un article à part entière. Je vais juste en évoquer deux. Le premier vous amène à incarner l’esprit d’un volcan, et c’est l’un de mes préférés tant il est thématique. D’ailleurs il s’appelle Volcan Dominant l’Île, ça annonce la couleur. Un volcan, ça ne bouge pas, alors vos présences seront cantonnées aux régions montagneuses, et elles vont s’empiler forcément. Un volcan, ça fait monter la pression jusqu’à l’explosion, et vous aurez ainsi l’opportunité, au bout de quelques manches, de sacrifier vos présences pour infliger des dégâts monstrueux à tout le voisinage. Comme un volcan, voilà. On a donc un esprit résolument déséquilibré, qui abandonnera complètement certaines régions, mais qui possède une énorme de frappe si on survit jusque-là.

Maitre Reuss sur un arbre complètement perché

C’est le genre d’audace de gameplay qui me réjouit grandement, et Lueur Etoilée Cherchant sa Forme pousse le bouchon encore plus loin. Genre, dans l’espace. En lisant sa fiche, on réalise encore une fois à quel point ce jeu est hyper modulable, et rejouable à l’infini. La plupart des esprits demandent de choisir entre plusieurs options de croissance prédéfinies, comme gagner un pouvoir, poser une présence, récupérer les pouvoirs de sa défausse, et ainsi de suite. Lueur Etoilée invite lui le joueur à définir tout au long de la partie quelles seront les options de croissance qui lui seront offertes, quels pouvoirs innés il va régulièrement jouer, et évidemment il faudra faire des choix et écarter d’autres possibilités qui avaient l’air tout aussi réjouissantes. C’est l’esprit adaptable par excellence, et pour quelqu’un qui connait bien le jeu, il permet a priori de gérer n’importe quel adversaire, n’importe quel partenaire, n’importe quelle configuration. Sans parler de la rejouabilité, énorme, puisque lors d’une prochaine partie, on pourra tout à fait choisir d’emprunter un autre chemin de progression, parmi 16 possibles.

N’allez pas non plus penser que les esprits que j’ai passé sous silence sont moins intéressants, au contraire, il y en a pour tous les goûts, y compris les plus bizarres. Gestion de la temporalité, pouvoirs aléatoires, dégâts qui ne disparaissent pas d’une manche à l’autre, focus sur les éléments, chaque esprit de Terre Fracturée propose un challenge original et intéressant. Evidemment, l’extension vient également avec son lot de scénarios et surtout d’adversaires, qui proposent des puzzles différents, qui vont mettre l’accent sur la gestion des constructions, ou bien renforcer la défense des villages, et ainsi de suite. Cela oblige la plupart du temps à sortir de son schéma classique de gestion des envahisseurs, et l’échelle de difficulté très fine permet de se concocter un défi aux petits oignons. D’ailleurs, une fois qu’on y a goûté, aux adversaires, pas aux oignons, suivez un peu, il est difficile de retourner à une configuration sans, qui parait en comparaison un peu trop directe et même simple.

Venez, n’ayez pas peur…

Simple, Spirit Island ? D’accord, le mot est fort, et sans doute faux. Mais j’ai choisi en rédigeant cet article, de m’adresser à une toute petite niche, celle des joueurs qui ont osé franchir le pas et ouvrir la boite de Spirit Island, et qui ont aimé ça, et qui ont eu envie d’approfondir le concept et de se mesurer à plus dur, plus complexe, plus bizarre. A ces gens-là, je leur dis sans détour, foncez, c’est de la boulette. Et pour tous les autres ? Croyez-moi, j’aimerais écrire que n’importe qui peut jouer à Spirit Island, parce que le jeu n’est pas si compliqué à expliquer, et que les actions entreprises par les joueurs ont des conséquences souvent immédiates. Mais je sais que certains resteront complètement réfractaires. Et pour ceux qui n’ont pas encore essayé, je ne peux que leur conseiller de se mesurer à la boite de base, et s’ils ne sont pas parti en courant, de découvrir la richesse de Terre Fracturée. On atteint là l’un des summums de l’expérience solo ou coopérative en jeu de société.

Disponible ici :

Prix constaté : 63 €

Les dossiers du Labo : Les châteaux de Bourgogne

Les dossiers du Labo : Les châteaux de Bourgogne

Avertissement : Ce dossier ne parlera que du jeu « les châteaux de Bourgogne » en version plateau, il ne sera nullement question de la version « jeu de cartes » ou « jeu de dés ».

Ce dossier est réalisé à partir de boites que j’ai moi-même payées ou que ma famille m’a offertes, je remercie donc mon compte en banque et celui de ma famille !

Rappel de mon modus operandi pour les dossiers :

Dans un dossier, je tente d’être le plus neutre possible sur le jeu alors que je détaille les mécaniques et une partie des règles, puis les différences entre les versions du jeu et à la fin je donne mon ressenti sur quoi choisir et pourquoi, de mon point de vue bien entendu !

C’est parti pour un dossier qui, je l’espère, vous aidera à faire le bon choix si vous ne savez pas quelle édition choisir !

Sommaire :

Les châteaux de Bourgogne, petit point Histoire avant d’entrer dans le vif du sujet :

Stefan Feld, auteur connu et reconnu pour ses œuvres diverses et variées (Merlin, Notre Dame, Trajan, Bonfire et j’en passe…) est très probablement un fan des différentes villes et région et monuments du monde entier, il n’y a qu’à voir ses œuvres pour s’en rendre compte : son premier jeu référencé sur BGG porte le nom de Rome, deux ans plus tard, sort Notre Dame, Macao suivra, Les châteaux de Bourgogne ensuite, Strasbourg, Bora Bora, Rialto, Bruges, Les châteaux de Toscane, Hamburg, Amsterdam, New York City, Marrakesh, Cuzco, Vienna, Nassau, Katmandu, on peut le dire, il nous fait voyager autour du monde !

Ce brave monsieur né en Allemagne, est un spécialiste des jeux dits « à l’allemande » (Bon, vu son origine, on s’en serait douté !), entendez par là, des jeux esthétiquement particuliers (Oui, c’est une manière polie de dire moches, on ne va pas se mentir !) et dont la thématique à tendance à être là pour faire joli plus que pour être ressentie.

Une majorité de ses jeux sont classés comme familiaux voire initiés et quelques experts (avec des notes de complexité entre 1,33 et 3.73 sur BGG).

Revenons au jeu qui nous intéresse aujourd’hui : Les châteaux de Bourgogne.

Sorti en 2011 pour sa première édition et avec un poids de 2.98/5 sur BGG, ce jeu est classé dans le panthéon des meilleurs jeux de tous les temps par les personnes ayant voté sur BGG.

En effet, il est en 16ème position !

Pour un jeu de cet âge c’est très honorable !

N’étant pas un spécialiste des classements BGG, je suppose que cette place comprend les 3 éditions du jeu puisque je ne vois pas de rang sur les deux éditions suivantes.

Après l’Histoire, passons au détail : Les châteaux de Bourgogne, les origines.

Par un beau jour de 2011, Alea et Ravensburger mettent dans tous les bons rayons de magasins le dernier Feld : Les châteaux de Bourgogne.

L’accroche annoncée est la suivante :

Oyez, oyez Gentes-Dames et Gentilshommes !

Vous venez d’hériter d’un Duché et vous allez devoir le bâtir, le gérer et le rendre plus prospère que les vils manants qui tenteront d’en faire autant de leur côté.

Choisissez bien, ne laisser pas les meilleurs bâtiments aux autres et la gloire et la renommée seront vostre !

Bon, c’est résumé à ma sauce, mais c’est ça en gros.

Au final, oubliez le thème, ce n’est qu’un prétexte pour mettre des tuiles de différentes couleurs (fades) sur votre plateau.

La première chose que l’on remarque du jeu, c’est sa fadeur.

Jugez par vous-même, avec cette image issue de BGG :

Un plateau central grisâtre, des plateaux personnels tout aussi grisâtres et organisés façon tableur Excel, bienvenue dans un jeu à l’Allemande !

Visuellement, c’est fade, célèbre pour être laid, mais mécaniquement, le jeu semble faire mouche (Ce n’est pas mon avis personnel à ce stade, je ne parle qu’en terme de classement sur BGG.).

Parlons donc des mécaniques

ATTENTION : les mécaniques sont les mêmes pour toutes les versions, je ne vais donc pas répéter les prochains paragraphes pour chaque édition !

Le jeu propose des règles simples de manière générale : en début de tour et en simultané, nous lançons les deux dés à notre couleur et la personne désignée pour jouer en premier va lancer en même temps un 3ème dé, blanc, qui servira à placer une marchandise dans un entrepôt de la valeur indiquée par ledit dé.

Ensuite cette personne accomplira 2 actions parmi les 4 que propose le jeu, à savoir :

  • Prendre une tuile d’un dépôt numéroté à la valeur de son dé pour la placer dans une réserve de tuile sur son plateau personnel (dans la limite de 3 tuiles stockées en simultané).
  • Placer une tuile de sa zone de stockage dans son duché en respectant une règle d’adjacence à une tuile précédemment placée et de respecter aussi la valeur du dé sélectionné pour cette action.
  • Vendre une marchandise de la valeur du dé sélectionné et gagner 2 points de victoire par marchandise de ce type vendue et 1 pièce d’argent.
  • Récupérer 2 ouvriers. Ces ouvriers servent à modifier la valeur d’un dé de +1/-1 par ouvrier utilisé.

Action optionnelle et qui ne compte pas comme une action et n’utilise pas de dé :

Acheter une tuile du dépôt noir sur le plateau central moyennant 2 pièces d’argent. Cette action n’est réalisable qu’une seule fois par tour, même si vous avez de quoi acheter plusieurs tuiles.

Une fois ces deux actions (3 si vous achetez une tuile) effectuées, on passe à la personne suivante et ainsi de suite jusqu’à ce que le tour soit terminé.

Quand tout le monde a joué un tour, on regarde qui est désigné 1er joueur sur la piste d’ordre du tour, cette personne prend le dé blanc et on recommence un tour jusqu’à la fin de la manche qui intervient après 5 tours de jeu.

Après 5 manches, la partie est terminée, on attribue les points de victoire et on désigne la personne gagnante de cette partie.

C’est simple, efficace.

Il y a bien sûr d’autres règles à prendre en compte telles que :

Les tuiles ont toutes une capacité, la plupart en utilisation unique au moment de la pose dans votre duché comme les tuiles bâtiments (représentées en beige marronnasse pour la 1ère édition du jeu, puis en beige standard pour les deux éditions suivantes.).

Ces capacités vous permettront par exemple de :

  • Récupérer une autre tuile, du même type, ou d’un autre type.
  • De prendre 2 pièces.
  • De placer une seconde tuile de votre choix.
  • De prendre deux ouvriers.
  • De marquer 4 points de victoire.
  • De vendre un type de marchandise.

Les tuiles beiges sont entourées en rouge sur cette image

Pour les tuiles navire (de couleur bleue) :

  • D’avancer sur la piste d’ordre du tour et de récupérer des marchandises dans un dépôt du plateau.

Les tuiles bleues sont entourées en rouge sur cette image

Pour les tuiles bétail (de couleur verte) :

  • Marquer le nombre de points de victoire correspondant au nombre d’animaux visibles sur la tuile, puis, si vous posez une autre tuile avec le même type d’animal représenté par la suite, de marquer les points des animaux que vous posez, ainsi que ceux des animaux du même type déjà présent dans cette zone.

Les tuiles vertes sont entourées en rouge sur cette image

Pour les tuiles monastère (de couleur jaune) :

  • Elles ont toutes des capacités uniques qui apporteront des points de victoire en fin de partie en fonction d’un type de bâtiment présent dans votre duché, ou des bonus lorsque vous effectuez une action. Attention à ne pas oublier ces bonus, ils peuvent être très utiles et vous avantager !

Les tuiles jaunes sont entourées en rouge sur cette image

Pour les tuiles château (de couleur vert foncé) :

  • Elles vous permettent de faire une action de votre choix, comme si vous aviez un autre dé de la valeur que vous souhaitez.

Les tuiles vert foncé sont entourées en rouge sur cette image

Pour les tuiles mine (de couleur grise) :

  • Elles permettent de gagner 1 pièce d’argent par mine dans votre duché au début d’une nouvelle manche.

Les tuiles grises sont entourées en rouge sur cette image

Autres règles à prendre en compte :

Il est interdit (sauf modification grâce à des tuiles monastère), de poser deux fois le même bâtiment dans un secteur.

Les secteurs sont des zones colorées qui sont adjacentes.

Dès que vous avez rempli un secteur coloré, vous marquez un nombre de points de victoire équivalent à la taille du secteur (le nombre total de tuiles qui le compose) + une valeur qui varie selon la manche pendant laquelle vous avez terminé ce secteur.

Plus vous terminez un secteur tôt dans la partie, plus vous marquerez de points de victoire.

Ajoutez à ça le fait que si vous être la première ou deuxième personne à compléter intégralement une couleur dans votre duché, vous gagnerez un bonus de points qui variera en fonction du nombre de personnes qui jouent (5, 6, et 7 points pour la première place à 2,3 et 4 personnes et 2,3 et 4 points pour la seconde place.)

Une fois les 5 manches terminées, on procède au décompte final des points qui rajoute :

  • 1 point de victoire par pièce argent en votre possession.
  • 1 point de victoire par tuile marchandise encore en votre possession.
  • 1 point de victoire par lot de 2 tuiles ouvrier en votre possession.
  • Les points de victoire accordés par vos tuiles monastère.
  • Les tuiles pour avoir complété en 1er ou second toute une couleur.

Si vous avez plus de points de victoire que vos adversaires, félicitations, vous êtes vainqueur !

Voilà, ceci est un résumé presque complet des règles du jeu et qui est commun à toutes les éditions.

Le jeu d’origine proposait de jouer avec des plateaux asymétriques que l’on choisissait ou que l’on distribuait au hasard.

Des extensions sont sorties au fil du temps

Voici ce qu’elles proposaient :

  • De nouveau plateaux personnels. Utilité : augmenter l’asymétrie et la rejouabilité.
  • De nouvelles tuiles : Le parc (tuile bâtiment): il permettait de copier l’effet d’un bâtiment de notre choix. Les chèvres (tuile animal) : Elles comptent comme n’importe quel autre animal en respectant les règles classiques. Un monastère qui permet de toujours être en 1er dans l’ordre du tour au cas où plusieurs personnes seraient à égalité sur la piste d’ordre du tour. Un autre monastère qui permet d’acheter des ouvriers au prix d’une pièce d’argent.
  • German board game championship 2013.

Cette extension comporte de nouveaux plateaux liés aux qualifications régionales de la coupe d’Allemagne.

  • Plateaux de jeu monastère.

Cette extension comporte encore de nouveaux plateaux avec 3 monastères imprimés sur le plateau.

Dès que quelqu’un connecte ces monastères en ligne droite, cette personne remporte 5 points de victoire.

Si vous connectez vos 3 monastères vous remporterez des points de victoire en fonction du nombre de personnes qui jouent.

Cette extension portera le nom de « postes frontière » dans les éditions suivantes.

  • Les jardins du plaisir (oui c’est une traduction quelque peu littérale, je ne connais pas son véritable nom en Français.)

Cette extension apporte un nouveau bâtiment : les jardins du plaisir (Non, sérieusement ?!)

Dès que ce bâtiment arrive dans votre domaine, vous effectuez immédiatement une action avec le dé blanc.

Elle apporte aussi un monastère qui permet d’avoir des points de victoire par nombre de jardins du plaisir dans votre domaine en fin de partie.

  • Les cloitres.

Cette extension apporte un nouveau bâtiment à ajouter au dépôt noir.

Lorsque vous placez ce bâtiment dans votre domaine, il remplit un espace et n’apporte aucun bonus à la pose.

Par contre il augmente de 1 la taille du secteur dans lequel il est posé, ce qui permettra de marquer plus de points de victoire quand vous terminerez un secteur contenant un cloitre.

L’effet se cumule, si vous mettez 2 cloitres, la taille du secteur augmentera de 2, mais un secteur complété ne peut pas dépasser la taille de 8.

  • German  board game championship 2016

L’auteur remet ça avec des plateaux spécifiques pour les qualifications régionales de la coupe d’Allemagne.

  • Les routes commerciales.

Dans cette extension vous allez avoir un certain nombre de routes commerciales à placer à proximité de votre plateau personnel. Le nombre de routes est dépendant du nombre que vous êtes : 5 routes en duo, 4 routes en trio et 3 routes à 4.

A chaque fois que vous vendrez une ou plusieurs ressources, elles iront sur cette route commerciale.

Si la valeur de la marchandise vendue est la même que la valeur imprimée sur la route commerciale, vous remportez un bonus.

Ces bonus peuvent être des points de victoire, la possibilité de prendre une tuile d’un dépôt, de placer une tuile dans votre domaine, de prendre de l’argent, de faire une action bonus etc…

  • Jeu en équipe.

Dans cette extension vous allez pouvoir jouer en 2 contre 2 avec des plateaux spécifiques.

Ces plateaux sont faits pour être rejoints par le milieu.

Vous jouerez donc à deux sur le même duché, qui comprend 2 duchés individuels.

Vous ne pourrez stocker que 2 tuiles sur votre partie du plateau personnel, mais vous aurez aussi un espace central qui sera commun et qui vous permettra d’y placer jusqu’à 2 tuiles, toute tuile placée dans l’un de ces emplacements sera utilisable par vous ou votre partenaire.

Vos marchandises, tuiles ouvriers et argents sont communs aussi, vous pourrez chacun les utiliser à votre guise !

En fin de partie vous cumulez les points de victoire de chaque membre qui joue en équipe et vous saurez quelle équipe remporter la partie.

  • Mode solo.

Cette extension vous permet de jouer au jeu en solitaire avec un plateau personnel recto verso pour avoir deux difficultés.

Les règles générales ne changent que très peu, mais l’objectif du jeu change : plus question de marquer beaucoup de points de victoire, il faudra ici remplir intégralement votre plateau.

Pour cela vous aurez quand même une aide en plaçant un marqueur sur la case 50 des points de victoire.

Chaque fois que vous marquez des points, comptez-les normalement, comme dans le jeu d’origine.

Vous pouvez même acheter des points de victoire avec de l’argent.

Mais dès que vous atteignez la case 50 vous gagnez une action bonus de votre choix et réduisez le marqueur de 5 points, ce qui le positionne sur la case 45.

Et chaque fois que vous atteignez le marqueur, vous gagnez une action bonus et réduisez de 5 le positionnement du marqueur.

Autre subtilité : pour pouvoir rejoindre les différentes « îles », il vous faudra placer à chaque fois des navires, ce qui rend les choses plus délicates.

La seconde face du plateau augmente la difficulté avec plus d’îles à compléter.

Passons maintenant à la seconde édition du jeu, celle édité en 2019

Les châteaux de Bourgogne édition anniversaire, aussi parfois faussement appelée sur certains sites « édition de luxe » (Vu la qualité du matériel, c’est clairement mensonger…).

Ici vous allez retrouver quasiment tout ce qui faisait le contenu de l’édition normale ainsi que toute les extensions qui sont sorties (ou presque).

Faisons la liste de ce qui manque par rapport aux extensions qui sont sorties pour la première version, puis je parlerais des ajouts qui ne sont disponibles que dans cette version (enfin, qui ne sont pas achetables séparément pour la première édition, puisque la 3ème édition contient tout et plus encore !)

Les choses en moins :

Il ne manque que des plateaux individuels :

Elle ne contient pas les plateaux des extensions 3 et 7, ceux dédiés à la coupe d’Allemagne.

Et 1 plateau de l’extension 4 « plateaux de jeu monastère ».

C’est tout !

Les choses en plus :

Il n’y a finalement qu’une seule chose en plus : Les boucliers.

Dans cette extension, les boucliers sont des bonus que vous allez placer dans les dépôts en fonction du nombre de personnes qui jouent :

On placera 1 bouclier par dépôt en duo, 1 dans les dépôts 1,3 et 5 et 2 dans les dépôts 2,4 et 6 si vous jouez à 3 et 2 par dépôt si vous jouez à 4.

Lorsque vous faites un double en lançant vos dés, au lieu de jouer vos deux actions, vous pourrez choisir un bouclier disponible et le placer sur l’un de vos châteaux en jeu (un seul bouclier par château, soit 4 boucliers maximum) pour gagner son effet.

Ces effets sont variés et vous apportent des boost d’action ou des boost entre vos tours, comme par exemple de récupérer un ouvrier dès lors que quelqu’un autour de la table récupère des ouvriers.

Ils offrent des points de victoire en fin de partie, mais ont aussi un coût :

Chaque bouclier en votre possession devra être payé 1 pièce d’argent avant que vous ne fassiez votre phase de revenus, c’est-à-dire la phase lors de laquelle vous allez gagner de l’argent, il faudra donc économiser car si vous ne pouvez pas payer, vous devez replacer le bouclier dans un dépôt et en perdez l’utilisation.

Les modifications de règles.

Pour les règles des extensions, quelques variations par rapport à ce qui est décrit dans les extensions ont été effectuées.

Les nouvelles tuiles (extension 2) sont renommées en « grue » au lieu du parc, mais elle fonctionne toujours de la même manière.

Les chèvres sont remplacées par des oies, mais fonctionnent aussi comme les chèvres de la version originale.

Les plateaux monastères (extension 4) sont renommés en postes frontière et fonctionnent de la même manière.

Les jardins des plaisirs (extension 5) sont devenus les châteaux blancs, mais leur fonctionnement reste le même.

Les cloitres (extension 6) sont nommés « les auberges ».

Dans cette revisite des règles, il ne peut plus y avoir qu’une seule auberge par secteur et il est possible de dépasser la taille de 8 à 9.

Le matériel de ces deux éditions.

Je fais le point matériel ici car la prochaine édition dont je vais parler n’a plus rien à voir, donc comparons ce qui est comparable.

N’y allons pas par 4 chemins, le matériel est de qualité moyenne, voire déplorable.

Les plateaux personnels sont très fins (même épaisseur et qualité que ceux de Terraforming Mars ou Underwater Cities dans leur version de base, si vous voyez ce que je veux dire).

Les tuiles ne sont pas particulièrement mauvaises ceci dit et les plateaux centraux corrects, mais on a vu mieux.

Visuellement, les deux éditions s’illustrent par leurs couleurs.

Marronnasse fade pour la première édition, marronnasse pétant et saturé pour la seconde.

Aucune ne semble particulièrement très lisible, même si un effort avait été fait sur l’édition anniversaire pour que nous puissions identifier les bonus des tuiles, mais il fallait pas mal de parties pour s’en souvenir et surtout, rien n’était écrit, il fallait avoir les aides de jeu ou la règle sous la main pour s’en souvenir.

3ème édition : Les châteaux de Bourgogne édition spéciale

Awaken Realms aux commandes.

On commence par le matériel.

Car oui, qui dit Awaken Realms, dit matériel à profusion, grosse édition, qualité variable parfois, mais qualité quand-même et prix bien plus élevé !

Donc ici nous avons un jeu qui a été présenté sur la plateforme créée par Awaken Realms eux-mêmes à la base comme un simple pledge manager pour Kickstarter, puis comme plateforme de financement participative totalement indépendante.

Le jeu proposait donc une nouvelle édition, deluxe (pour de vrai cette fois-ci) avec toutes les extensions déjà proposées avant et en rajoutant une nouvelle extension inédite, spécialement conçue pour l’occasion et un nouveau mode solo (mais pas que), baptisé le « châteauma ».

Cette extension porte le nom de vignobles et on en reparlera plus tard.

Donc au programme de cette édition (ceci est le contenu de l’édition que vous pouvez vous procurer en magasin) :

Des tuiles hexagonales 30% plus larges.

Des châteaux en 3D, 4 lots de châteaux avec un aspect différent, chaque lot comprenant 4 châteaux.

Des plateaux individuels double couche qui permettent d’accueillir les différents duchés dont l’épaisseur n’a pas changé… MAIS avec des supports en plastique pour permettre aux tuiles placées dans notre duché de ne pas bouger !

Ces plateaux ont aussi des emplacements pour les tuiles ouvrier, nos tuiles marchandise, nos tuiles bâtiment, nos dés, notre argent, le tout sur ce magnifique plateau double couche.

Pour compter les points, fini les disques en bois, place aux figurines en plastique toutes uniques.

De même, l’ordre du tour sera déterminé par des tours de château en plastique au lieu d’un disque en bois.

Des sacs pour ranger les tuiles font leur apparition, ce qui rend le tout plus pratique et surtout, ce qui a permis d’écrire la fonction de chaque tuile au dos de celle-ci.

Les pièces d’argent passent du carton au métal.

Les tuiles marchandise passent du carton au bois.

Notez aussi un thermoformage pour tout ranger, ce qui n’est pas du luxe vu la quantité de matériel.

Des options étaient disponibles si vous achetiez le jeu via Gamefound :

 Les tuiles en acrylique, elles sont plus jolies, plus épaisses, disponibles pour les tuiles hexagonales et/ou les tuiles ouvrier, les boucliers, les jetons pour les points de victoire, les tuiles de couleurs totalement complétées, les tuiles de l’extension vignoble.

L’intégralité des tuiles hexagonales remplacée par des bâtiments en 3D. (avec ou sans « peinture »)

Le plateau de jeu sous forme de tapis en néoprène.

Voilà pour ce qui est du contenu trouvable ou achetable, soit en magasin, soit lors de la 1ère campagne sur Gamefound ou de la réimpression du jeu et de ces options lors de la seconde campagne (qui devrait ouvrir son late pledge prochainement au moment de la rédaction de ce dossier).

Passons aux modifications de gameplay par rapport à l’édition 2019

A part pour la nouvelle extension des vignobles, il n’y en a pas. Merci, fin du dossier…

Non, je plaisante, je ne vais pas vous laisser sans vous avoir parlé de ce que propose cette extension.

Les vignobles proposent un nouveau plateau individuel à 4 étages à rattacher à votre duché, un présentoir et un plateau pour acquérir des tuiles de vignobles, un sac pour placer les tuiles vignobles.

Comment cela fonctionne ?

En début de partie, vous allez avoir une tuile qui va vous offrir un bonus pour une certaine couleur de raisin.

Puis vous allez avoir accès à une nouvelle action : vous pouvez acquérir une tuile vignoble en utilisant l’un de vos dés, comme vous le feriez avec n’importe quelle autre tuile hexagonale ou en acquérir une contre de l’argent, comme vous le feriez au dépôt noir central.

Les mêmes restrictions que pour les tuiles hexagonales s’appliquent à savoir que vous pouvez acquérir des vignobles depuis le présentoir en utilisant vos dés ou tout autre bonus de château, mais que vous êtes limité à 1 vignoble si vous payez avec de l’argent, comme au dépôt noir central.

Une fois que vous avez acquis une tuile, vous la stockez toujours sur votre plateau individuel, mais elles prennent 2 emplacements sur les 3 que vous avez.

Pour placer une de ces tuiles dans votre vignoble, il faut simplement qu’elle soit adjacente à une autre tuile, comme pour les tuiles hexagonales.

Au moment de la pose, vous gagnez les bonus imprimés sur l’emplacement que vous avez choisi.

En fin de partie vous marquerez des points de victoire en fonction des tuiles de couleurs de raisin (celle que vous avez obtenue en début de partie et les suivantes que vous pourrez acquérir en cours de partie).

Pour cela vous allez compter votre chemin le plus long parcouru avec une couleur. Plus le chemin sera long, plus vous marquerez de points.

Parlons maintenant du châteauma :

Ce mode est conçu par John Albertson, Nick Shaw et un certain Dàvid Turczi et il propose d’ajouter un joueur virtuel à vos parties.

Ce qui permet de jouer en solo d’une manière différente du mode original ou de l’ajouter dans des parties à 2 ou 3 pour augmenter la compétition.

Il dispose de son propre matériel et vous allez devoir tenter de le battre. Il possède tout un arbre de décisions pour savoir quelle tuile prendre, comment la placer, quand acheter des tuiles dans le dépôt noir, comment vendre des marchandises et il a ses propres points de victoire à la fin de la partie.

Vous pourrez modifier sa difficulté pour le rendre plus compliqué ou plus simple à vaincre.

Il est aussi compatible avec toutes les extensions.

Je ne détaille pas plus les règles pour le moment, car, au moment où j’écris ces lignes, je n’ai pas encore joué avec ce châteauma.

Mon avis

Si vous êtes encore là et que vous avez tout lu, merci beaucoup ! (Et merci particulièrement à Hélène, qui a dû relire ce mini roman et a dû s’arracher les cheveux en voyant la quantité de texte.)

Je vais maintenant vous donner mon avis sur le jeu, en sachant que je n’ai joué et ne possède que l’édition anniversaire et l’édition spéciale d’Awaken Realms sans aucun ajout de matériel.

Je commence par le choix de l’édition :

Bien entendu, la meilleure de toutes est forcément l’édition spéciale, d’Awaken Realms.

Complète avec toutes les extensions, extensions qui réussissent l’exploit de ne pas alourdir le jeu, mais de l’enrichir en fournissant plus de pistes et de manière de marquer des points, mais dont les règles ne sont pas fondamentalement bouleversées.

Pour l’esthétique aussi, cette édition fait très fort, le jeu dispose enfin de l’écrin que sa mécanique mérite !

Mais cette édition n’est pas sans reproches pour autant.

Premier reproche : la taille de la boite et son poids.

En effet, on est loin d’une taille de boite standard, avec une telle quantité de matériel, forcément la boite est un peu hors normes, ne rentrera pas à la verticale dans une case de Kallax et sera difficilement transportable si on veut en prendre vraiment soin.

Ensuite le thermoformage, sans être aussi mauvais que dans la majorité des jeux, il n’est pas évident de maintenir le couvercle totalement fermé, la faute aux sacs qui sont un peu trop rigides et qui vont légèrement soulever le couvercle.

Ensuite, lesdits sacs me font peur par leur texture, j’ai l’impression qu’au fil des ans ils vont s’effriter.

C’est un ressenti plus qu’une affirmation, il faudra laisser le temps faire son œuvre.

Et enfin, le prix !

En magasin il coûte aux alentours de 135€ !

Ce n’est pas rien !

Alors oui, c’est clairement la meilleure version, celle qui donne le plus de plaisir en jouant avec ce matériel qualitatif, toutes les extensions et toutes les possibilités offertes, mais cette édition n’est pas à la portée de toutes les bourses.

Sachez aussi que si vous souhaitez accéder au late pledge de Gamefound pour améliorer encore le jeu, il vous en coutera (hors frais de port) environ 99€ pour avoir tous les bâtiments en 3D.

35€ pour les tuiles hexagonales et vignobles en acrylique.

22€ pour les jetons en acrylique.

19€ pour le tapis de jeu en néoprène.

Et si vous voulez tout avoir sans passer par la case magasin (donc le jeu plus toutes les améliorations), il faudra compter 255€ environ.

J’ajoute que les bâtiments en 3D sont livrés dans une boite à part, ce qui augmentera encore la place que prendra le jeu sur vos étagères.

Si vous voulez une version moins chère et que l’esthétique ne vous rebute pas, très clairement l’édition anniversaire de 2019 sera le meilleur choix.

Visuellement un peu agressive, certes (même si elle ne me choque pas personnellement), elle contient tout le jeu et beaucoup d’extensions, ce qui permet de jouer dans d’excellentes conditions et de ne pas se ruiner, de prendre moins de place que cette énorme boite.

Le gros inconvénient de cette édition c’est que la mise en place n’est pas évidente avec tous les sachets, ça manque de rangement efficace.

La première édition sera la moins chère, mais aussi la plus « brute ».

Moins belle, aucune extension incluse et il sera plutôt difficile de les trouver si vous voulez enrichir votre jeu.

Donc pour résumer :

  • Si vous avez les moyens et envie de la meilleure version du jeu, foncez sur l’édition spéciale.
  • Si vous n’avez pas les moyens et ne connaissez pas encore le jeu, prenez l’édition anniversaire de 2019, le meilleur rapport plaisir/prix (Oui, pas qualité…)
  • Ne prenez pas la première version, vous aurez du mal à trouver les extensions et elles valent tellement le coup que ça serait dommage de s’en passer !

Et globalement, les Châteaux de Bourgogne squatte mon top 10 depuis des années et grâce à sa nouvelle version, il ne pourra jamais en sortir je pense, l’ajout des vignobles est tellement bon !

Dernière chose : à vous de juger si vous possédez la version anniversaire, si l’investissement dans l’édition spéciale en vaut le coup/coût.

Pour l’avoir fait, je dirais oui, mais le prix est quand même un très gros frein !

Test : Fall of Lumen

Test : Fall of Lumen

Il y a quelque temps, Twoid Games nous a proposé Legends of the Void, un jeu semi coopératif avec des relents de Terraforming Mars qui s’est fait sa petite place malgré sa langue anglaise et ses illustrations sans âme.

Le studio a donc relancé une campagne avec un second jeu dans le même univers, Fall of Lumen.

Ce jeu est tout ce que l’on retrouve dans un Kickstarter des plus classiques : du gameplay multimécanique, des ressources dans tous les sens, des cartes à effets qui font tout et rien, bref, c’est bancal.

Mais parfois ça marche ! Et des fois, ça marche même très bien. Alors, je ne vous promets pas le nouveau jeu expert qui mettra tout le monde d’accord, loin de là même.

Fall of Lumen me plait beaucoup, mais il n’est pas simple de dire exactement pourquoi. Je comprends mieux ce qui ne me plait pas et, pourtant, je ne me lasse pas d’y jouer.

Commençons par la fiche technique du jeu avec du deckbuilding, des déplacements de notre héros sur une carte, de la création de tableau, de la gestion de ressources… Trop ? Peut-être. En tout cas, tout cela n’est rien comparé à la création de votre héros en début de partie.

C’est, je crois, mon moment préféré de la partie, cette séquence de choix de cartes avec des bonus dans tous les coins à bien aligner pour démarrer sur les chapeaux de roue. Ce moment me rappelle le sentiment que j’ai à chaque fin de partie de Roll Player où je viens de créer un super perso et le jeu me dit stop. Ici avec FoL, je vais savoir où mon héros va aller et ce qu’il va devenir, je vais avoir toute l’aventure du gars, mieux ! Je vais l’écrire.

Le jeu propose de vous déplacer de région en région pour y récolter ressources et cartes. Le but final est de placer des agents dans la Cité de lumière qui se déplace de manche en manche. Placer ces agents est l’unique source de points de victoire du jeu, un axe clair et net et surtout bienvenu pour la lisibilité du jeu.

Un objectif clair, un perso ultra personnalisable, un petit côté narratif où l’on crée son histoire et avec tout ça, vogue la galère !

Pour le reste, attention, c’est moins sexy. FoL est un jeu « solo à plusieurs », derrière cette belle formule vous trouvez un jeu aux interactions réduites à peau de chagrin. On se bat sur des marchés de cartes avec le premier arrivé, premier servi et sinon sur le placement des agents qui amènera un surcout pour les autres très léger.

Donc pas besoin d’y jouer à 4 au risque d’en faire un jeu bien trop long, bien trop chronophage sans aucun apport au gameplay. Jouez-le à 2 ou à 3, il sera bien plus agréable et avec une durée acceptable.

Le jeu utilise 10 ressources. Dix. C’est le grand n’importe quoi des kickstarter où les idées de gameplay finissent par rendre le jeu foutraque ou bancal en refusant d’enlever un pan de gameplay. Généralement, ça se voit par un nombre de ressources ridicule.

Regardez dans votre ludothèque des jeux avec de nombreuses ressources : il y en a bien évidemment, mais pas à ce point. Terraforming en a 6 et c’est déjà énorme, ici on parle quasiment du double, on peut même ajouter à cela les icônes des ressources qui sont très proches et que les joueurs inversent à chaque partie.

Continuons avec les icônes. Il y en a beaucoup, elles sont vraiment peu claires tant que vous n’aurez pas fini votre première partie, c’est-à-dire une fois que vous aurez joué chaque action 2 fois et donc mémorisé l’action à laquelle correspond « le petit dessin ».

J’ai découvert FoL à la même période qu’Inventions et il n’y a pas photo, Ian O’Toole est un génie de l’iconographie (ce qui n’est pas si mal). Tout ceci pour conclure que les icônes de FoL sont si mauvaises que l’aide de jeu qui reprend tout simplement le livret de règle pour chaque est une aberration, il faut l’apprendre et non l’utiliser, ça n’a aucun sens.

Vous savez désormais ce que je reproche au jeu, je tiens à le préciser de nouveau ici : j’aime beaucoup Fall of Lumen. C’est un jeu qui n’est pas parfait, qui a de gros défauts, mais je me plais tant à le jouer que j’ai pris le parti de passer au-dessus.

Le jeu est là pour vous faire passer un bon moment, il vous donne une petite carte qui vous relance, une ressource qui permet de mieux anticiper la suite, il est bienveillant. On passe donc un moment ludique sans trop de tension, le but est de résoudre son puzzle personnel sans trop se soucier des autres, voire même en s’associant par moment avec eux pour nettoyer une région des troupes du jeu ou en effectuant les missions d’une région pour ajouter des agents à récupérer avant de les placer dans la cité de lumière.

Vous le comprenez, Fall of Lumen n’est pas le jeu parfait. C’est un Kickstarter avec tous ses défauts, mais également de belles qualités qui aura fait tomber la pièce du bon côté dans mon cas.

Un jeu plutôt initié, voire expert, avec pléthore de ressources, cartes et effets à maîtriser pour jouer sereinement. Je vous invite à y jouer plutôt à 2 ou 3, mais vraiment pas à 4, où le jeu devient bien trop long et ennuyeux. Un autre avantage, son prix plutôt contenu de 59 €, une bonne surprise.

Jouez le avant de l’acheter si vous le pouvez, c’est toujours mieux, mais ici le jeu est clivant. L’anglais n’est pas un problème, il n’y a pas de texte sur le matériel, on laisse l’aide de jeu de côté (il existe une VF fan made).

Personnellement, c’est un jeu qui me plait beaucoup et que je rejoue à chaque fois avec plaisir.

ndlr : le jeu n’est pas distribué ni traduit en français pour le moment, à part le trouver sur okkazeo ou un autre site, il est difficilement trouvable à ce jour.

Test : Borderlands – L’Arène des Brutasses de Monsieur Torgue

Test : Borderlands – L’Arène des Brutasses de Monsieur Torgue

Cette critique a été rédigée à l’aide d’un exemplaire fourni par l’éditeur.

Les jeux vidéo, je suis tombé dedans quand j’étais petit. Jeux de rôle, d’aventure, de civilisation, de sport, mettez-moi un clavier ou une manette entre les mains et je suis ravi. Pourtant, Borderlands, bien qu’il ait eu son quart d’heure de gloire, je n’y ai jamais touché. Le côté iconoclaste pas vraiment subtil et l’humour hyper gras, ça me fait plus fuir qu’autre chose. Mais au Labo des Jeux, on laisse les états d’âme au vestiaire, alors j’ai ouvert la grosse boite Borderlands : L’Arène des Brutasses de Monsieur Torgue (on en a vraiment plein la bouche) avec l’esprit ouvert et un verre d’aspirine à la main.

Le bizarre, l’idiot et le brutal

Il faut dire qu’il s’agit de l’un des livres de règle les plus mal branlés qu’il m’ait été donné de lire. Attention, la traduction française n’est pas à remettre en cause, le mal était déjà fait dans la langue de Shakespeare. Il ne s’agit pas seulement de qualité rédactionnelle ou de l’agencement du livret, même si ça y participe. Certains choix de design laissent carrément sans voix et pas mal de cheveux dans la poigne. Mais pour que vous puissiez partager ma peine, et me plaindre de tout votre cœur, il va d’abord falloir que je vous explique de quoi il retourne.

Borderlands est donc un jeu coopératif qui se joue forcément avec quatre personnages sur le plateau, peu importe le nombre de joueurs autour de la table. De manière similaire à Death May Die ou Zombicide, le scénario choisi propose une carte prédéfinie à base de tuiles modulables, un objectif spécifique, un certain nombre de monstres assoiffés de notre sang, et des événements qui vont survenir à la fin de chaque manche. A nous de survivre en se déplaçant, en interagissant avec des éléments du décor et surtout en utilisant tout l’arsenal à disposition pour génocider à tour de bras du sadique et du goliath sanguinaire brutal. Oui, Borderlands fait dans la finesse, mais on était prévenu.

Les sous-doués écrivent des règles

Tout cela se gère à l’aide des jetons action des personnages, première bonne idée du jeu, et également point de départ des emmerdes. Ces jetons peuvent être de trois couleurs, verte, jaune ou rouge, et chaque couleur correspond à un dé que le joueur va devoir lancer dans certains cas de figure pour déterminer si l’action est réussie. Le dé vert étant un d12, la probabilité d’obtenir une valeur haute sera plus grande qu’avec le dé rouge, qui est un d6. Au joueur de décider quelle couleur il utilise pour quelle action, notamment pour réaliser des actions d’attaque. Et c’est là que le bât blesse.

En effet, les armes équipées ont également ce code couleur vert, jaune, rouge. Mais il est cette fois-ci uniquement utilisé pour indiquer la portée de l’arme. Une arme rouge, qui ne permet donc de cibler que la case du personnage ou les cases adjacentes, peut très bien être utilisée en lançant un dé jaune ou vert. Hein ? De quoi pardon ? Et le pire, c’est que la règle ne prend jamais le temps d’aborder le point. Il a fallu faire un tour dans les forums de Boardgamegeek pour trouver une réponse claire à la question. De façon générale, le texte et les icônes présents sur les cartes laissent à désirer, avec cette iconographie absconse, le fait d’utiliser la même icone ou presque pour signifier un dégât ou un coup critique, ou encore des capacités spéciales qui font référence à des mots clés sans les citer textuellement. A quoi bon faire un glossaire dans ce cas ?

Action, réaction, clé à molette double-pénétration

Mais on peut espérer passer outre et profiter du jeu une fois les règles remises à plat, et c’est vrai que le jeu a quelques idées en stock qui marchent bien et sont de plus assez originales. Ainsi, lorsqu’un joueur est blessé, il doit remplacer le jeton qu’il a choisi pour se défendre par un jeton rouge : petit choix cornélien, et donc délicieux, entre choisir le dé vert, avec une probabilité de défense réussie plus haute, au risque de passer d’un d12 à un d6, ou choisir le dé jaune. Il y a également la possibilité, s’il nous reste des jetons non utilisés lorsque vient le tour des ennemis, de réagir à la survenance d’une blessure, mais cela se révèle finalement assez anecdotique, vu qu’il est souvent plus intéressant d’utiliser tous ses jetons avant que les méchants s’activent. Et puis y a le butin carrément généreux, de manière assez fidèle à la saga vidéoludique, qu’on obtient à chaque fois qu’un ennemi est éliminé, et qui permet de se soigner, de recharger ses armes, voire de s’équiper en cours de partie, ou même carrément de monter de niveau si on de la chance. Ou alors vous pouvez choisir de les économiser et de les convertir en cash pour la phase d’équipement entre deux scénarios.

En effet, autre chouette idée, à la fin d’une partie, les joueurs se voient donner l’occasion d’améliorer leurs personnages en achetant de nouvelles armes, boucliers ou modules aux capacités passives, et en montant de niveau. Puis on enchaine avec tel ou tel scénario, suivant qu’on aura gagné ou perdu, dans le cadre d’une mini-campagne qui se termine par une confrontation finale avec le gros boss envoyé par Monsieur Torgue pour nous apprendre la politesse. Cela donne un fil rouge appréciable, et un paramètre supplémentaire à prendre en compte quand on dépense en cours de partie l’argent de départ ou le butin récupéré sur les cadavres fumants et nombreux de nos ennemis. La rejouabilité s’en voit également renforcée puisqu’on doit choisir en début de campagne quel arbre de compétence on souhaite parcourir lors de nos montées de niveaux. Ce n’est d’ailleurs pas du luxe vu qu’il n’y a que quatre héros dans la boite de base. Personnellement, je suis toujours très fan des jeux qui permettent de faire monter en puissance son personnage, et ça aurait presque pu justifier de relancer une campagne une fois la première terminée.

Insérer ici truc drôle et irrévérencieux

Presque, parce que malgré ses deux ou trois trouvailles, le jeu manque un peu de fun, alors qu’il en avait fait son étendard. Le hasard du butin et la résolution des actions beaucoup trop aléatoire peuvent aboutir à des tours un peu longuets et vraiment arides pendant lesquels il ne se passe pas grand-chose, parce que tous les lancers auront échoué, ou bien parce qu’on n’a rien pour recharger nos armes. Bien sûr, de nombreux autres jeux requièrent de lancer des brouettes de dés, alors qu’est ce qui fait qu’ici ça ne marche pas aussi bien ? Par exemple l’impossibilité de relancer l’unique dé d’action et la manière de déterminer un succès, qui nous écartent d’un Death May Die tout aussi tributaire de l’aléatoire mais mieux équilibré, et nous rapprochent plus d’un Townsfolk Tussle de sinistre mémoire. Les différents scénarios auraient pu relever un peu la sauce en proposant des configurations ou des mécaniques un peu originales, mais tout cela reste assez basique : moi voir monstre, moi taper monstre, moi voir truc qui brille, moi prendre truc qui brille et taper monstre qui passait par là. Le panel d’actions à disposition est plutôt restreint et les cartes des scénarios ne permettent pas vraiment de faire émerger de nouvelles situations ou manières d’utiliser nos personnages.

Si Asmodée n’avait pas envoyé le jeu, je n’y aurais sans doute jamais joué, tout simplement parce que la licence ne me parle pas. Mais pour ceux qui ont grandi avec le jeu vidéo Borderlands, le jeu a un charme certain, surtout lors de la phase de découverte et les premiers scénarios, quand on se familiarise avec les mécaniques plutôt sympas, qu’on découvre ou redécouvre le lore un peu décalé et les armes et personnages maintes fois rencontrés sur console ou PC, et qu’on customise petit à petit notre vaillant Chasseur de l’Arche. Puis le soufflé retombe et la magie se dissipe, notamment parce que l’univers n’est pas si barré que ça et parce qu’enchainer 6 scénarios avec les mêmes personnages amène à réaliser que, certes, le contenu est pléthorique, mais il est finalement peu différencié et la routine s’installe assez vite. En fin de compte, une ou deux fulgurances ne suffisent pas à faire un bon jeu. Et j’ai envie de dire, tant mieux.