Test : 20 Strong

Test : 20 Strong

Cette critique a été rédigée à l’aide d’une boite fournie par l’éditeur que nous remercions.

20 Strong est le nouveau jeu solo de Chip Theory Games (CTG). Un jeu qui nous a donné envie dès ses premières images et pour cause : il reprend les univers de Too Many Bones et Hoplomachus, 2 jeux signature de l’éditeur.

Le jeu de base se concentre sur un tout nouvel univers : les sentinelles du soleil. On y retrouve ce qui fait de CTG un éditeur à part, qui n’oublie jamais le plaisir physique des jeux avec un matériel époustouflant dans chaque nouvelle boite.

Des cartes plastique avec dorure à chaud, des dés très (trop ?) travaillés et un compte-tour magnétique, tout est de nouveau réuni pour que cette petite boite nous en mette plein les yeux de nouveau.

Mais c’était sans compter 2 soucis : les dés sont pailletés et il est possible que cela rende leur lecture moins simple, oui, je chipote, mais on parle d’un éditeur qui place le matériel à un niveau stratosphérique en comparaison de ses concurrents.

Le second souci vient encore des dés qui ont été placés trop vite dans leur sac plastique. Résultat une très forte odeur désagréable à l’ouverture de la boite. Le souci est identifié : c’est le sac en plastique ! Jetez-le et le tour est joué (avec quelques heures à l’air libre pour les dés).

On peut donc passer au gameplay proposé par le jeu. On est là encore en terrain connu : on va lancer des dés et il nous faudra les gérer au mieux.

Vous disposez d’un pool de 20 dés aux statistiques différentes, mais au fonctionnement commun : échec, réussite, critique.

À l’aide de ces dés à vous de naviguer au mieux à travers le deck de cartes pour combattre vos ennemis dans l’objectif lui aussi classique chez les Carlson : battre le boss.

La prise de décision viendra du nombre de dés que vous lancerez puisque ceux-ci seront ensuite épuisés et vous n’en récupérerez qu’une partie à chaque manche.

Si vous surestimez vos chances, vous risquez de subir les assauts de vos ennemis non vaincus, si vous sous-estimez, il ne vous restera pas assez de dés pour mener à bien votre mission sur le long terme.

Bien évidemment, le jeu ne se borne pas à ce choix unique, vous allez équiper votre personnage avec les différents bonus glanés tout au long de votre aventure, le but étant de survivre et bien entendu de vaincre le boss final.

C’est résolument classique, c’est du solo qui se joue vite avec des décisions intéressantes. Mais le jeu est-il bon ? Se démarque-t-il suffisamment pour justifier son achat ?

Ce 20 Strong dispose de sérieux arguments. Son matériel en premier lieu. Je ne reviens pas dessus, c’est encore une réussite sur la table.

Pour continuer, les gars de CTG sont des malins, ils savent que leur communauté est attachée aux différentes licences qu’ils proposent, Too Many Bones est un grand classique des joueurs solo et sa VF en a ravi plus d’un. Reprendre cet univers ainsi que celui d’Hoplomachus (que je ne maîtrise pas) est un gage de qualité sur le lore, les illustrations, et, bien évidemment, cela plaira aux joueurs des jeux de base de ces licences. Le gameplay de ses extensions reprend bien évidemment des effets, des spécificités de ces jeux comme le crochetage de Too Many Bones. On est sur du fan service bien fait, là encore, c’est très appréciable.

Je reviens sur le jeu de base qui développe son univers quasi en noir et blanc avec des touches de couleurs en dorure à chaud pour bien les faire ressortir. Une vraie identité visuelle, encore une marque de fabrique chez CTG.

J’ajouterai que le jeu dispose d’une bonne quantité de matériel et surtout de cartes pour renouveler l’expérience de jeu, le tout dans une boite à la taille réduite, histoire de le glisser dans son sac avant de prendre le train par exemple.

Mais ne serait-on pas sur le jeu de l’année ? Aucun défaut à part un sac qui pue ? Attendez, je n’ai pas terminé.

Depuis le début, je répète que le jeu s’inscrit dans ce que l’éditeur souhaite créer : une grande gamme facilement reconnaissable aux univers riches et marqués. Très bien, mais si je découvre tout cela avec 20 Strong est-ce que je vais me perdre ? Est ce que les références croisées et toutes ces options de jeu vont me noyer ?

Non, pas d’inquiétude le jeu reste très abordable et passer sur les extensions permet de renouveler l’expérience. Pour autant, je n’ai pas besoin d’expliquer aux fans de CTG que ce jeu leur plaira, je pense qu’ils ne m’ont pas attendu. Concernant les autres, on sera tout de même sur un jeu de lancers de dés, avec une aventure présente, mais on ne parlera pas de jeu narratif et un risque de répétition de partie en partie peut survenir. Le jeu se veut simple dans son gameplay général, donc vous lancerez des dés, en résoudrez les effets pour avancer à la carte suivante.

Pas de grande nouveauté, pas de gameplay novateur (En même temps, c’était quand la dernière fois que vous avez découvert une nouvelle mécanique de jeu ?).

Amis frileux, face au hasard, pas de miracle, ce 20 Strong va vous demander de lancer des dés, donc si Nemo’s War ou One Deck Dungeon ne vous ont pas plu… Il reste d’autres jeux pour trouver votre plaisir ludique.

20 Strong, c’est un bon jeu qui ravira les fans des licences CTG avec une nouvelle en prime, cela signifie qu’il vous faudra investir dans les extensions pour retrouver vos Gearlocks préférés ou des gladiateurs badass. On approche des 60 euros pour le jeu de base et une extension, un tarif qui commence à faire réfléchir, peut-être démarrer avec le jeu de base (35 €) permettra déjà de découvrir les possibilités et votre intérêt avant de pousser plus loin vos achats.

Au final ce 20 Strong me plaît, je n’y passerais pas mes soirées, mais de temps en temps une petite aventure sur le coin de la table fait plaisir.

Test solo : Kingdom Rush – Fureur élémentale

Test solo : Kingdom Rush – Fureur élémentale

Kingdom rush, fureur élémentale est une expérience audacieuse.

Dès la lecture des règles, on s’aperçoit très vite que quelque chose de peu commun nous attend.

Tower défense, polyominos, coopération… Si de nos jours, ces mots sont indissociables du jargon ludique, il n’en est rien de la proposition.

Soyons clairs dès le début, je n’ai jamais joué à Faille temporelle (dont vous retrouvez la critique ici) et j’ignorais même l’existence du jeu mobile, je ne serai donc pas en mesure d’effectuer une quelconque comparaison.

Dans Kingdom Rush fureur élémentale, vous devez sauver votre royaume en tentant de contenir des hordes sauvages qui tentent d’y pénétrer.

Alors, je tiens à mettre en garde les hermétiques de la programmation avancée. Ici, il faut planifier judicieusement, prendre le temps de réfléchir dans le but d’optimiser au mieux vos actions, car la marche de manœuvre est faible voire très alambiquée selon les scénarios.

Malgré tout, l’offre reste attrayante et séduit immédiatement par ces mécanismes innovants.

Une mise en bouche qui présage…

L’utilisation des polyominos dans un tower défense n’est pas une combinaison classique.

À chaque tour, ces derniers servent à recouvrir les ennemis déferlant sur votre plateau grâce à des cartes Tour.

Si en apparence la chose semble aisée, il n’en est rien. Nous sommes bien dans un jeu aux règles simples, mais à la réflexion aiguë et au challenge relevé.

Le jeu propose en effet douze scénarios plus un tutoriel.

Dès le scénario 1, on s’aperçoit vite de nos erreurs et on les paye très cher. On pense avoir anticipé au cordeau pour finalement se laisser submerger par ces hordes de malheur.

Un challenge accru est très appréciable dans un jeu, mais il pourra ici en décourager plus d’un. La phase de programmation est donc une étape cruciale pour la suite de la manche.

… Un menu épicé

Au-delà de la coopération, de l’aspect Tetris, nous sommes bien dans un jeu combinatoire dans le sens où l’optimisation de ses coups est capitale.

À votre tour, trois actions s’offrent à vous :

– Jouer des cartes Tour

– Activer votre Héros

– Se reposer

En plus de contenir des flèches directionnelles qui indiquent là où vous pouvez attaquer, les cartes Tour proposent toutes des pouvoirs différents symbolisés par des polyominos aux formes variées ou des soldats.

En fonction de ces éléments, vous devez placer vos tours sur des sites de construction de votre couleur (sauf en solo), ce qui vous permet d’attaquer (en recouvrant des cases ennemies) une ou plusieurs hordes ; l’intérêt étant de les recouvrir entièrement.

Le jeu propose cinq plateaux héros aux pouvoirs asymétriques.

L’activation de votre Héros se fait de plusieurs manières.

Dans un premier temps, vous pouvez le déplacer en fonction de sa capacité de mouvements.

Puis, vous pouvez activer l’une des capacités spéciales présentes sur son plateau.

Enfin, se reposer vous permet de réinitialiser vos capacités spéciales et de régénérer vos points de vie.

Lorsqu’une horde est vaincue, vous récupérez un loot qui lui est associé. Il existe deux récompenses différentes, l’or et le diamant.

L’or vous permet d’améliorer vos cartes Tour grâce à la pose d’un sticker en vinyle que vous choisissez parmi plusieurs modificateurs de Tour.; tandis que la ressource diamant vous permet d’acheter de nouvelles Tours qui s’ajoutent à votre main dès la manche suivante.

On en redemande

L’aventure contient pas moins de douze scénarios à la difficulté croissante possédant tous une configuration de départ qui lui est propre et s’accrocher est nécessaire pour venir à bout de chacun d’entre eux tant, la difficulté est élevée.

Pourtant, comme si cela ne suffisait pas, le jeu propose encore aux plus névrosés la possibilité d’augmenter la difficulté en retirant des bonus de départ.

Vous sautez de joie après avoir détruit une horde ? Le jeu vous fait redescendre illico de votre nuage magique et de nouvelles bestioles débarquent encore et encore dans votre royaume pour le mettre à sac.

Alors que la mécanique séduit dans un premier temps, la difficulté peut finir par nous décourager voire agacer.  Pour faire simple, sans une amélioration rapide de vos tours, vos chances sont nulles et il faudra parfois s’acharner à recommencer pour que cela passe de justesse.

Toutefois, le divertissement reste présent et la singularité de ce fureur élémentale accentue ce caractère de reviens-y.

Ça déborde là-dedans

Côté matos, on est servi.

La boîte est imposante et les composants de très bonne facture. Après le depunchage, on se retrouve avec une quantité pléthorique de tuiles polyominos.

Aussi, le jeu contient des figurines de bonne qualité et des plateaux personnages d’une belle épaisseur ; le tout pour un prix honnête qui gravite aux alentours des 60 euros. 

Attention néanmoins car le jeu contient une planche de stickers modificateurs qui même s’ils sont en vinyle peuvent affoler les plus allergiques d’entre nous à ce concept.

Concernant la direction artistique, c’est toujours un exercice embarrassant de se positionner tant la vision et la patte d’un artiste lui est propre, mais je n’accroche pas du tout au style graphique apposé à l’ensemble.

Et donc ?

Globalement, j’ai apprécié ce Kingdom Rush Fureur élémentale.

Au risque de me répéter, il s’agissait pour moi d’une pure découverte. Je fus donc surpris par l’originalité de la mécanique, mais rapidement décontenancé par la difficulté du jeu.

Il ne s’agit pas ici de chaos comme on peut le voir dans certains jeux, car il n’y a que très peu d’aléatoire et il existe un réel contrôle ainsi qu’une véritable anticipation.

Cependant j’ai tout de même eu la sensation de subir à de nombreuses reprises tant l’ajout permanent de nouvelles hordes semble démesuré ; ce qui rend le challenge bien trop corsé par moment.

Évidemment, je n’ai testé ce jeu qu’en solo, et même si ce dernier est impeccable, je reste persuadé qu’il gagne en fluidité en multi.

Bref, malgré sa difficulté, Kingdom Rush fureur élémentale se démarque assurément d’autres Tower Defense du marché tant son design et sa mécanique sont innovants.

Le Labo en Festival : Fij 2024 Cannes

Le Labo en Festival : Fij 2024 Cannes

Le Fij de Philippe :

« Voilà, c’est fini.
On a tant ressassé les mêmes théories, on a tellement tiré chacun de notre côté… »

Cannes vient donc de se terminer et c’était comme d’habitude un moment incroyable fait de rencontres, de jeux, de rires et de surprises ! Ce compte rendu ne se veut pas exhaustif et au-delà des jeux présentés dans cet article, nous avons eu la possibilité de tester certains jeux que je n’ai pas pu prendre en photo pour des raisons de confidentialité, d’oubli ou tellement on était dedans !

Commençons, par mettre en lumière le palmarès, son audace et son émotion incroyable illustrée par les auteurs de la Famiglia, Maximilian Maria Thiel et de Trio, Kaya Miyano. On peut bien sûr être déçu par le fait que son « chouchou » n’ait pas gagné de prix mais personnellement, je n’ai jamais été aussi en phase avec un palmarès et ceci depuis de nombreuses années.  Bravo à chacun des nommés et félicitations au jury pour le travail effectué tout le long de l’année.

Maintenant, place aux jeux !!

Premier jour :

Notre « amour » des jeux de plis nous a poussé vers le stand de Nostromo Editions pour tester 99% pure. Premier jeu, première sensation étrange, il ne s’agit pas d’un jeu de plis comme nous le pensions et comme il est indiqué sur la boite, mais plus un jeu de cartes à effet avec du « take that » à en revendre ! On incarne des chimistes produisant de la méthamphétamine ou des agents de la DEA voulant mettre fin au trafic. Au final, on a un jeu plein de chaos qui ne nous a pas convaincu même s’il trouvera peut-être son public dans les amoureux de la série télévisée qui l’a inspiré.

On reste sur le stand de Nostromo édition pour tester Along History, un jeu de cartes de civilisation. Là encore, petit malentendu… On découvre après la partie test, que le jeu est composé de trois phases et que nous avons joué une de ces phases raccourcie. Il est donc difficile de se prononcer sur le jeu sans avoir joué une partie complète car chaque phase est imbriquée à la suivante. La mécanique implique des dés qui vont en fonction des résultats nous servir à mettre en place notre civilisation par le biais de cartes et de progresser sur un plateau de scoring. La majorité des dés du joueur actif va ensuite servir aux autres joueurs à faire de même. Il y a une forte interaction directe puisque vous allez pouvoir voler des cartes adverses, attaquer sa civilisation ou imposer des évènements négatifs (invasions barbares, catastrophes naturelles) pour empêcher sa progression. Nous restons donc sur notre faim et attendons une partie complète pour un avis définitif même si certains d’entre nous savent que ce n’est pas du tout leur type de jeu.

Direction le stand de Matagot, un petit Cat in the Box avant que la place pour tester Wyrmspan se libère !

Wyrmspan : des combos de partout, de la tactique, moins de hasard par rapport à son frère ainé, une nouvelle piste de progression. En un mot un nouveau jeu plus gamer et bien plus nerveux que celui que vous connaissez déjà. On a tous trouvé ça très bien avec un vrai enjeu dans la construction des cavernes, le choix des dragons.

On enchaine sur un de mes coups de cœur du salon ! Infiltraitres de chez Origames, un jeu de déduction collaboratif avec des mécanismes simples ou l’objectif est de déduire collectivement quels sont les traitres qui ont infiltré votre agence d’agents secrets. Par le biais de cartes, vous allez essayer de déduire quelle est la valeur et la couleur d’une carte cachée. Un seul d’entre vous aura la réponse et en orientant les cartes verticalement ou horizontalement, vous pourrez finalement éliminer l’indélicat mouchard qui renseigne les agences ennemies. La difficulté du jeu va crescendo à la manière de the Crew, vous allez ajouter des contraintes rendant les objectifs de plus en plus tendus.

Le jeu est très addictif, au point que nous avons enchainé plusieurs parties. Il devrait se retrouver dans les boutiques d’ici une quinzaine de jours.

Art Society de chez Lucky Duck Games : on termine notre journée avec un jeu de tuiles et d’enchères ou vous devez acheter des tableaux de peinture afin de décorer votre intérieur. Le jeu se joue en 20 manches d’enchères successives ou s’arrête quand un joueur a terminé entièrement de remplir son « salon » ou qu’aucun joueur ne peut utiliser les peintures restantes. Le système d’enchères est un système caché ou chacun va choisir un montant symbolisé par un chiffre sur une petite plaquette que l’on utilise en salle des ventes. Chaque joueur va pouvoir choisir en fonction de son enchère une peinture et il restera un tableau non utilisé qui va fixer une valeur numéraire au style de tableau et qui permettra de calculer les points en fin de partie. Il va falloir faire attention au placement des peintures qui représentent chacune un style particulier (portrait, nature morte, etc.) symbolisé par des couleurs afin que deux peintures ou plus de même nature ne soient pas positionnées l’une à coté de l’autre. Cette faute de gout entrainera le fait de n’être pas comptabilisé dans le total de points en fin de partie. Il faudra aussi faire attention au cadre de chaque peinture. Si les cadres sont identiques, vous gagnerez des éléments de décoration vous permettant de compléter plus rapidement votre « intérieur ».  Le jeu a reçu un super accueil tout le long du salon mais ne nous a pas totalement convaincus, dû à un effet répétitif sans réelle montée en puissance. Le choix de la taille des tableaux à mettre aux enchères est bien sûr crucial et demande à bien lever la tête afin de voir les progressions de chacun. Comme on ne voit les couleurs qu’au moment de la révélation, il est difficile d’anticiper et de parfaitement contrôler sa progression. Je n’ai aucun souci sur le fait que le jeu va rencontrer un public nombreux.

Second jour :

Browl de Reiner Knizia de chez Pixie : on s’échauffe en attendant un rendez-vous avec un petit jeu de collection très classique. Un nombre de familles différentes dont le nombre varie en fonction de la valeur. On pose une carte à son tour devant soi et quand on a un nombre de cartes correspondant à la valeur de la famille en comptabilisant l’ensemble des cartes devant chaque joueur, on score. On peut ajouter des objectifs à chaque manche pour varier les enjeux. 

La Famiglia : Maximilian Maria Thiel savait que nous étions de grands fans de son jeu et de sa proposition ludique originale. Il a souhaité nous présenter son travail de réflexion concernant une éventuelle future extension. Cet auteur est très attentif aux retours des joueurs et il a travaillé sur plusieurs options et dans plusieurs directions : le nombre de joueurs (1 contre 1, deux contre 1), la manière de s’affronter (les cartes de bluff ou d’autres options), la correction d’éventuelles tuiles ou points de règles et l’ajout d’options au jeu initial. Je ne rentrerai pas dans le détail car rien n’est pour l’instant décidé mais j’avoue avoir été épaté de la créativité et du travail de développement de Maximilian et de son équipe. Nous lui avons donné notre avis et il est sûr que si une extension voyait le jour, ce serait pour moi un achat immédiat ! 

Un tour rapide chez Age of Champagne qui présentaient un jeu « work in progress », Dice Mission. Je ne suis pas certain d’ailleurs qu’il s’agisse du nom définitif et ceci en présence de l’auteur Laurent Lavogiez avec qui nous avons fait une partie. On a là un jeu purement familial avec comme base le Yams. Il va falloir remplir des objectifs successifs afin de scorer le plus possible. On tire au départ des objectifs plus ou moins difficiles et on a la possibilité d’en réaliser d’autres à partir d’objectifs communs à l’ensemble des joueurs. Certains objectifs une fois réalisés donnent accès à des cartes bonus que vous allez pouvoir utiliser pendant votre tour. A votre tour, c’est vous qui donnez le tempo : le nombre de dés à lancer, le nombre de relances (sans excéder trois) et les autres joueurs doivent faire de même (à moins d’avoir une carte pour modifier le déroulé) ensuite chaque joueur découvre en fonction de sa combinaison de dés les objectifs atteints. La partie s’arrête quand un joueur a fini l’ensemble de ses objectifs. Réaction mitigée du groupe, personnellement j’ai bien aimé et il s’inscrit parfaitement dans un jeu à destination d’un public familial.

Thesauros de chez Super Meeple : Encore un jeu « work in progress ». Nous avons accumulé les malchances concernant ce jeu qui au départ nous avait attiré sur le papier. Nous nous sommes installés quand l’auteur s’en allait déjeuner et comme seul deux personnes étaient au fait des règles nous avons dû attendre que la personne restante finisse son explication à une autre table avant de pouvoir commencer. Ensuite par un autre concours de circonstances, elle a dû en même temps s’occuper des ventes ce qui n’a pas facilité notre immersion et l’intégration des règles et particulièrement les points de détails.

On incarne des chasseurs de trésors dans une ile du pacifique qui est aussi un paradis fiscal. C’est un jeu classique de pose d’ouvrier précédé d’une phase d’allocation budgétaire originale qui variera en cours de partie sans toutefois être reprogrammée. Au début du jeu, vous allez choisir d’allouer un budget fixe qui vous permettra d’investir dans différents endroits… Sans oublier une caisse noire qui vous permettra entre autres de pouvoir choisir la place de premier joueur. Il y a dix endroits possibles où vous allez positionner vos « ouvriers » et ainsi développer votre entreprise en augmentant le nombre de vos employés, en les spécialisant, en achetant de l’équipement ou même le brevet d’exploitation qui vous permettra de toucher des dividendes des autres joueurs, des cartes « aux trésors » vous donnant la possibilité d’explorer des fonds marins, de « promener » les touristes et d’alimenter les musées des trésors que vous allez sortir de l’eau. Vous pourrez augmenter votre flotte maritime et utiliser des hydravions pour les approvisionner en mer et gagner un précieux temps. Parfois vous allez vous débarrasser des requins infestant les eaux qui vous servent de terrain de jeu. Ce point d’ailleurs a amené une discussion entre nous car le fait de tuer les requins permet l’obtention de points de victoire.

Nous n’avons hélas pas pu jouer réellement au jeu car nous avions trop de questions laissées en suspend et comme nous avions rendez-vous nous n’avons pas pu réellement nous « immerger » dans ces eaux troubles ! Au final une déception pour tout le monde et un regard dubitatif sur la proposition somme toute assez classique en dehors de la phase budgétaire qui, elle, apporte un petit twist. Le jeu sera proposé dans deux versions jouables, la classique qui était en test sur le salon et une version plus « agressive » avec de l’interaction directe négative par le biais de mercenaires que vous pourrez engager pour saboter les spots de plongée et freiner l’expansion de vos concurrents. Nous attendrons donc le jeu finalisé afin de donner un avis définitif.

Kitsune ou Kitsu de Thomas Favreliere chez Grrre Games : Encore un jeu « Work in progress » où vous jouez en équipe. Nous avons joué à six, trois personnes jouent pour les cartes bleues, les autres pour les cartes rouges. La disposition est ainsi faite pour que vous ayez vos coéquipiers à intervalles réguliers. Les cartes vont de 1 à 6 et la répartition n’est pas égale. L’objectif est de jouer à son tour une carte de la couleur que l’ont veut ou une carte spéciale. Il y a trois types de cartes spéciales, toute représentées par un masque de renard (Kitsune). L’une permet de forcer le joueur suivant à jouer une carte d’une couleur précise (Il ne peut pas ne pas le faire sauf s’il n’a plus la couleur dans sa main.), la seconde permet de détruire une carte de n’importe quelle valeur ou couleur, la dernière permet d’inverser les couleurs (Le rouge devient bleu et inversement.). A chaque fois que l’on a épuisé sa main, on fait les comptes en déduisant le nombre de points d’une couleur moins l’autre et on avance le Meeple de notre couleur d’autant de points sur une piste de score. Si la différence de point est d’au moins 4, l’équipe perdante gagne un bonus et décide quel joueur en dispose. Il pourra à son tour l’utiliser et influer sur le tour en cours. Une manche se joue en 15 points et on va en jouer trois. J’ai beaucoup aimé l’expérience et le jeu devrait être sur les étals d’ici quelques mois.

Luz de Taiki Shinzawa chez Iello : une implémentation d’un jeu qui fêtera ses dix ans bientôt !

Luz est un jeu de déduction et de plis où vous devez programmer à l’avance le nombre de plis que vous pensez faire dans la partie. Vous pouvez vous donner une sécurité d’un pli en plus mais vous ferez moins de points de victoire si vous atteignez votre objectif. Le twist consiste à récupérer le jeu de votre voisin en début de manche et de le tenir à l’envers, chaque carte ayant un dos de sa couleur (le principe d’Hanabi). De cette façon vous allez pouvoir voir le jeu exact de vos adversaires et les cartes de chaque couleur que vous possédez. Bien entendu, toutes les cartes ne sont pas distribuées et il va falloir prendre quelques risques pour définir votre nombre de plis gagnants. Une des couleurs est toujours de l’atout.

Iello a fait un très beau travail d’adaptation en augmentant la taille des cartes et en les proposant au format tarot et en a changé les illustrations donnant au jeu un aspect beaucoup plus beau que le jeu original. Quelques points de règles peuvent encore évoluer, en particulier le scoring par rapport au jeu initial. Au final une excellente revisite d’un classique des jeux de plis asiatiques. 

Stick et Stack chez Origames, une sorte de Mikado à l’envers avec des petits bâtons bicolores en plastique à poser sur une coupelle montée sur ressort en tenant compte des couleurs qui se superposent. Pour donner tout le sel du jeu, on tire, avant de poser son petit bâton, une carte qui va définir la façon de le poser (entre les paumes de la main, entre le majeur et l’annulaire, au creux du coude), ou en ajoutant diverses contraintes les plus loufoques les unes que les autres. Au final un excellent jeu d’ambiance où on a franchement bien rigolé.

2 pommes, trois Pains de Tommy Paupe et Clément Gustave chez Prétexte, sur le stand de Tribuo : le banger du salon !

Un concept ultra simple, des règles expliquées en 30 secondes et des barres de rire pendant tout le jeu. On ajoutera des extensions pour corser la difficulté et on a le party game de l’année !

On va poser jusqu’à trois cartes sur la table et le joueur, à son tour, doit déterminer combien de pommes et de pains sont représentés… La subtilité c’est qu’il y a des pommes de pin qui s’ajoutent aux classique pommes et pains ! Et une pomme de pin c’est aussi une pomme deux pains ! Ça y est, vous savez jouer ! On arrête d’en parler et on va chercher sa boite qui, au fil des jours, était de plus en plus dure à trouver sur le salon !

Troisième jour :

Pendant que mes deux compères vont tester Shackleton Base chez Sorry we are French, le dernier jeu de Fabio Lopiano (qui était présent sur le stand), je me dirige chez Explore8 pour tester AI, un jeu de draft, programmation et combo particulièrement jouissif. Rien à voir avec la conférence qui a eu lieu la veille sur le sujet et qui a démontré que le sujet restait particulièrement bouillant entre les deux factions du pour et du contre.

 Je ne vais pas détailler sa mécanique car je ferai un article complet sur le jeu tant il le mérite. Nous avons joué à cinq et comme tout se fait en simultané, il n’y a aucune attente.

Au départ, vous allez choisir une AI caractérisée par sa couleur et son pouvoir unique qui va vous rapporter des points de victoire en fin de partie. Il y a deux phases de 7 donnes qui se terminent chacune par un décompte par rapport à un objectif commun à chaque joueur. L’objectif est donc de faire un maximum de points en créant un tableau de 3 cartes sur 5 colonnes avec votre AI en plein centre.

Vous démarrez la partie en choisissant deux cartes que vous allez mettre en réserve, et à chaque tour vous allez choisir une carte parmi une main que vous allez ensuite passer à votre voisin. Une fois fait, vous allez poser une de vos cartes réservées sur votre tableau orthogonalement à l’une des cartes déjà présentes. Un décompte individuel de points a lieu à chaque pose de carte jusqu’au tour 7 où on prend en compte l’objectif commun. On change alors le paquet de cartes pour sept nouvelles donnes. Notre partie a duré moins d’une heure à cinq avec un temps de découverte des cartes. Le jeu propose un choix important d’objectifs communs et d’AI différentes permettant une énorme rejouabilité. J’ai adoré la partie et le principe du jeu.

Sur le stand, les joueurs pouvaient tester Robotrick, un excellent jeu de plis exclusivement à 3 joueurs avec un automat. L’expérience est fabuleuse ! J’avais déjà la version asiatique dans ma collection, Explore 8 a amélioré la lisibilité des cartes automat, si vous ne l’avez pas, foncez ! c’est de la bombe.

Hybris 2 de Damien Chauveau chez Aurora game studio, distribué par Intrafin : Hélas, je n’ai pas pu tester le nouvel Hybris car dès jeudi matin, toutes les places avaient été réservées ! on ne jouait que deux tours afin d’en comprendre les mécanismes et avoir les sensations du jeu.

Damien Chauveau m’a expliqué les objectifs pour chacune des factions jouables. Force est de constater que le jeu recèle de multiples possibilités et qu’il ne s’agit pas d’un simple jeu d’affrontement et de conquête de territoires. Le jeu est magnifique, les figurines sont extraordinaires et la programmation à partir de cartes est particulièrement futée. Je ne rentrerai pas dans les détails mais je n’ai qu’une seule envie, faire une partie !   

Courtisans de Romaric Galonnier et Anthony Perone chez Catch up Games :

Un jeu intermédiaire de pose de cartes avec objectifs cachés. Les règles sont ultra simples, à son tour on va poser une carte chez soi afin d’agrandir sa collection, chez un autre joueur afin de diminuer la puissance de sa collection et la dernière sur le plateau. En fonction de la position sur le plateau, la faction jouée qui représente une famille de la cour royale comptera en positif ou en négatif.

Il y a plusieurs cartes spéciales qui vont perturber le bon déroulé de la partie et introduire du chaos dans votre programmation (Assassiner une carte, doubler la valeur d’une carte, jouer un espion face caché, protéger une carte.).  

A la fin de la partie, on révèle les espions qui viennent grossir les rangs des familles en place et on fait le total pour chaque famille des cartes positives et négatives, en fonction des deux objectifs cachés que vous avez eu en début de partie et de votre collection, vous faites le total de vos points. Le gagnant est celui qui obtient le total le plus élevé.

Le jeu est magnifique, les cartes format tarot sont superbes avec des dorures à chaud sur chacune d’entre elles. Les illustrations de Noémie Chevalier sont particulièrement réussies. Le plateau façon tapis que l’on peut rouler et ranger dans la boite, particulièrement fonctionnel. Le jeu a rencontré son public puisque l’éditeur était sold-out en fin de salon. Pour ma part, je suis resté circonspect, on a joué à cinq et j’avoue que l’on ne contrôle pas grand-chose. J’aimerai le tester à quatre, voire à deux, afin de me rendre compte si c’est le nombre de joueurs qui a créé cette sensation.

Quatrième et dernier jour :

La matinée était consacrée à dire au revoir aux amis. Notre seul objectif, non atteint, était de tester Babylone chez Geek Attitude Games dont l’intérêt nous avait été venté par Stéphane Gaubert de l’EGA. Le jeu est original puisque l’on va construire sur le plateau différents édifices qui vont tenir sur des piliers. C’est beau et encore en développement. La sortie du jeu est prévue à priori l’année prochaine. On y reviendra de toute façon !

Un petit tour chez Blue Orange où nous voulions nous essayer à Métro Paris depuis jeudi ! Ce fut chose faite ! Les connaisseurs des versions précédentes ne seront pas dépaysés. Quelques règles nouvelles, les musées, le Chatelet et on se retrouve avec un jeu plus que satisfaisant, plus animé que son grand frère (London) et avec un scoring plus fort que son frère cadet (Tokyo). Le record du salon a dépassé les 210 points. En attendant qu’une place se libère, nous avons testé notre dextérité à Maurice le Dodo, un des nommés à l’As d’or enfant !

On a fini par un test d’un jeu de pli dans l’univers d’un jeu de rôle bien connu … pour vous mettre sur la piste, l’illustrateur du jeu de rôle est anglais et il est né en 1952.

Il est temps de prendre la route et de vous dire à l’année prochaine !

PS : Je ne vous parle pas de mon coup de cœur du salon, un autre jeu de pli, Blot de chez Palladis Games car on en parlera bientôt plus longuement ! 

Le Fij de Thibault :

Peut-être est-ce moi qui devient quelque peu vieux con… Comment ça, absolument ? Toujours est-il que ce Cannes 2024 m’a paru devenir sa propre caricature, entre la billetterie chaotique, les règles d’entrée/sortie aléatoires, le retour de la fameuse jauge du samedi après-midi ou bien encore la restauration au rapport qualité/prix en chute libre. Le problème, c’est que le line-up n’était même pas là pour compenser. Pas de coup de cœur pour moi cette année, quelques jeux intéressants, mais beaucoup de trucs un peu bancals, voire complètement nuls. Si je devais en retenir quelques-uns, je dirais…

Les Architectes d’Amytis – La Boite de Jeu : celui-là, je crois que je ne peux rien lui reprocher. Un jeu à deux hyper efficace tout en restant chill, on choisit des tuiles dans une grille de 3 par 3 en posant nos petits architectes de manière à (tenter de) former un morpion, tuiles que l’on pose ensuite sur son plateau personnel pour scorer à la fois sur le type de bâtiment posé, et sur un pattern de couleur. La boite ne prend pas de la place pour rien, on marque des points à chaque tour, c’est très joliment illustré, bref, c’est hyper plaisant.

Rats of Witsar – Intrafin : Romain avait déjà fait un retour dessus après Essen 2023, j’ai pu à mon tour envoyer mes petits rats fouiller la maison du voisin, récupérer du bois et du métal et bricoler des inventions rigolotes. Gros potentiel à combo avec ces actions à double effet Kiss Cool, ce qui peut induire un certain temps d’attente avant que notre tour revienne, surtout qu’il faudra sûrement réfléchir à un plan B, voire C ou D, tant les places sont chères. Et comme les emplacements évoluent d’une manche à l’autre, les joueurs souffrant d’Analysis Paralysis risquent l’anévrisme.

Kronologic – Super Meeple : encore un jeu de déduction, ce n’est pas ce qui manque en ce moment. Mais quand on voit Yohann Levet et Fabien Gridel sur la boite, forcément on s’arrête pour essayer. Une sorte de Cluedo où on doit deviner avant les autres que c’est le Colonel Moutarde qui a fait le coup dans la cuisine… à 21h30. Oui ici, toute l’astuce réside dans le fait que l’emplacement des suspects évolue tout au long de la soirée, et il faudra déduire leurs déplacements pour trouver le coupable.

Founders – This Way ! Notre expérience du jeu l’année dernière n’avait pas bénéficié du meilleur environnement, cette année nous avons pris notre temps pour découvrir ce jeu de placement de tuile avec quelques twists qui le rendent très malin. Une sorte de semi-coop mais à rôles cachés, puisqu’on doit d’abord deviner qui marque des points sur la même couleur que nous afin que nos deux scores soient les plus élevés possible… et ce pour deux couleurs différentes. Ça marche très bien et la rejouabilité semble élevée.

Along History – Nostromo Editions : Alors, celui-ci figure également dans la liste, mais pas pour les bonnes raisons… J’avais pourtant envie de l’aimer, une civilisation à construire, différentes ères à traverser, des cartes joliment illustrées, un système de rivière propre à chaque joueur plutôt original, tout ça était fort émoustillant. En fin de compte, c’est très mécanique, on fait à son tour l’action qu’on peut faire, et non celle qu’on veut faire, la promesse de construire un moteur de jeu tombe à l’eau tant les bonus accordés par les cartes sont dérisoires par rapport au coût de ces mêmes cartes, et le système de jetons pour matérialiser les faces de dés disponibles à ce tour de jeu est assez fastidieux. Grosse déception.

Retrouvez les jeux déjà dispo et les autres jeux mentionnés quand ils seront sortis sur la boutique de notre partenaire

Test : Sagrada Artisans

Test : Sagrada Artisans

L’avis de Kmylle Muzo :

Sagrada est un (excellent) jeu de placement de dés sorti en 2017. Je crois que je peux dire que c’est l’un des rares jeux que j’ai poncés en large et en travers. De nombreuses petites extensions sont sorties, amenant de nouveaux vitraux, dés, outils, etc., mais je leur reproche d’avoir apporté dans leur sillage de la complexité là où le jeu de base dispose d’un gameplay d’une pureté de cristal.

Parallèlement, si je possède une belle quantité de jeux legacy, je n’en ai pour le moment fini aucun, je me lasse rapidement. Je craignais donc la grosse machine à gaz qui dénature le jeu et le complexifie ad nauseam. Eh bien j’ai été très agréablement surprise par ce Sagrada Artisans, et je vais tenter de vous donner mon ressenti en minimisant les spoilers.

La mécanique originelle magnifiée

Sagrada est clairement l’un de mes jeux favoris de tous les temps. Il allie draft de dés et puzzle game ce qui le rapproche beaucoup des roll’n write que j’affectionne particulièrement. D’accord, il n’apporte aucune interaction directe, chacun joue dans son coin pour compléter au mieux son vitrail avec les résultats des dés, mais, personnellement, j’adore ça.

Sagrada Artisans reprend totalement la mécanique de son aîné, à part pour les dés qui ne sont plus placés au fur et à mesure sur les vitraux mais dont le résultat est écrit avec leur couleur (Quand je disais que Sagrada était un roll’n write et qu’on se moquait de moi, voici ma vengeance.). Chaque couleur de dé est présente en deux exemplaires, on en pioche au hasard dans un sac une quantité qui dépend du nombre de joueurs, on les lance et ils sont ensuite placés sur le plateau de cathédrale dont l’utilité sera révélée au cours de la campagne.

Les joueurs disposent d’un dossier personnel qui les suivra tout au long de la campagne. Elle comprend dix scénarios, chacun avec une grille de vitrail différente. Le dossier du joueur renferme de nombreuses surprises que je ne vais pas gâcher ici, mais j’ai trouvé qu’il était très bien utilisé.

Un vrai legacy ?

Oui, Sagrada Artisans est 100% un jeu legacy. À l’instar d’un Pandemic legacy, on colle des autocollants sur des éléments du jeu, on en détruit, on écrit sur le matériel et chaque vitrail n’est réalisable qu’une seule fois. On ouvre des enveloppes, on découvre des choses planquées dans la boîte, on jette des cartes, bref, on va de découverte en découverte. Du coup, je préfère clarifier les choses : on ne pourra pas refaire la campagne, sauf en rachetant un autre jeu.

Le système legacy est vraiment bien mis à profit dans le jeu. Des règles sont rajoutées au fur et à mesure mais elles n’alourdissent pas le jeu et ne le dénaturent pas. Le dossier du joueur révèle ses richesses petit à petit et sa mise en page est pratique. Une partie dure toujours douze manches, il n’y a pas d’ajout de phases ou de temps morts, le jeu reste smooth. J’ai joué à 2 et 3 joueurs, la partie se tient en une heure environ, ouverture des enveloppes en fin de scénario comprise, du coup il est facile à sortir. Les dix parties passent en un éclair !

Un matériel foisonnant sans être too much

Côté matériel, je salue la très bonne qualité des éléments du jeu, que ce soit le dossier du joueur, les dés, crayons et autres autocollants, ainsi que la belle ingéniosité pour planquer des éléments un peu partout dans la boîte. Par contre, qu’est-ce que c’est que ce crayon violet qui est en fait bleu foncé et ne correspond pas du tout à la couleur imprimée sur les vitraux ?!

Alors oui, le jeu n’est pas donné, environ 70 euros (ndlr : 62.90€ chez notre partenaire Golden Meeple), eh oui, comme c’est un vrai legacy, pas de possibilité de rejouer la campagne une fois terminée. MAIS ! La boîte contient un bloc de vitraux supplémentaires pour prolonger le plaisir. Et si vous êtes comme moi un afficionado des roll’n write, un petit coup de plastifieuse sur ces feuilles et le tour est joué !

Pour conclure, si vous aimez Sagrada, foncez, vous ne serez pas déçu. Si vous ne connaissez pas le jeu originel, essayez-le quand-même avant car il peut ne pas plaire à tout le monde. Côté complexité, on serait sur un initié lourd ou un expert léger, donc à ne pas mettre entre toutes les mains, seulement celles des élus qui pourront contribuer à bâtir la Sagrada Familia.

L’avis de Romain B. :

Ça faisait bien longtemps que je n’avais pas rejoué un jeu Legacy. Sagrada est un jeu de mon paysage ludique depuis longtemps, un de ces jeux qu’il est toujours plaisant de sortir sans pour autant y jouer souvent, un jeu de ma ludothèque en résumé.

Ce Sagrada artisans est rentré dans mon focus, et l’occasion se présentant avec l’accès au jeu moins cher chez Matagot (pour les influenceurs) et le fait de ne pas y avoir joué depuis quelque temps m’ont motivé à me lancer. Je tiens à préciser tout cela, je n’attendais pas le jeu et comme je le répète : jeu hypé, jeu en danger. Cette fois, ce n’était donc pas le cas et cela a peut-être amélioré mon jugement.

Le jeu m’a totalement plu dès l’ouverture de la boite. Comme un œil habitué repère déjà des choses à découvrir, mon envie est vite montée.

Côté gameplay, ce Sagrada a pris l’ascenseur pour gagner quelques niveaux de complexité. Il vous faudra bien plus de réflexion pour venir à bout des 10 vitraux de la Sagrada Família sans casse. Le jeu garde ses mécaniques de base, mais tout le versant Legacy va venir y ajouter de nombreux éléments additionnels qui vont vous permettre de ne pas sombrer si le niveau devient un peu trop élevé.

Quelques vitraux m’ont semblé bien retords et même frustrants une fois terminés, avec une envie d’y retourner, de le jouer différemment, mais on se heurte au legacy qui ne le permet pas. Mais attendez, j’y reviens plus tard.

On avance donc dans cette création de la Sagrada Família, on débloque des outils, des bonus, des enveloppes ! Les fameuses enveloppes que tout legacy nous propose, je tiens à le dire ici : LISEZ CHAQUE ENVELOPPE AVANT DE COMMENCER À JOUER.

Il n’y a pas plus frustrant que d’en louper une et de le remarquer à la fin de la campagne. Oui, ça m’a bien frustré.

Au final, j’ai dévoré ce Sagrada Artisans, 2 vitraux par soirée, et donc en un peu plus d’une semaine, c’était terminé. J’en ressors heureux de l’expérience. J’ai même pris le temps de colorier tout mon carnet autour des vitraux. Comme un bon livre de mandalas, c’était des plus agréables et zen. 

Mais c’est tout ? 70 euros pour 10 parties ? Non ! Une fois cette campagne terminée, vous pourrez vous lancer dans un carnet de vitraux inclus dans la boite. Il reprend tous les vitraux de la campagne et d’autres encore plus alambiqués ! Une nouvelle chance de jouer les vitraux de la campagne pour les optimiser au mieux.

24 vitraux en 4 exemplaires chacun, ce qui promet de jouer encore quelques parties. Il est également précisé que ce carnet est le premier de la série et d’autres seront disponibles par la suite.

Une bien belle version legacy que nous propose ce Sagrada, le prix est quelque peu prohibitif, mais je ne regrette rien une fois cette campagne terminée ! C’est pour moi le seul point faible du jeu, avec ce principe de legacy qui peut être clivant, trouver les joueurs, les réunir de partie en partie… Je signale que je l’ai joué à 2 et que le jeu fonctionne très bien dans cette configuration.

C’est du tout bon pour moi, si Sagrada vous plait, vous pouvez foncer !

Disponible ici :

Prix constaté : 62.90 €

L’édito du Labo #5 – Les éléments de langage des influenceurs

L’édito du Labo #5 – Les éléments de langage des influenceurs

Ça faisait quelques mois que j’y pensais régulièrement, et le FIJ venant de se terminer, ça a accéléré de finir de coucher à l’écrit ce texte que j’intègre dans nos éditos mensuels. Résultat d’observations de ma part, d’étonnements, de questions devant les différents posts, les vidéos, les comptes insta, les tweets etc. Pourquoi tant de ressemblance ? Pourquoi, au final, le sentiment de lire/voir peu ou prou la même chose ? Le monde du jeu transpire la fausse bienveillance, et il était temps que les abus de langage des autres milieux ne le rattrapent. On me dit dans l’oreillette que ça fait déjà quelques temps que c’est le cas, et qu’il est temps que je me réveille. Soit.

ndlr : les images sélectionnées pour illustrer les éléments de langage ne sont un rien un jugement sur un contenu de la part de ces influenceurs, et servent uniquement à illustrer l’expression décrite dans le paragraphe.

Le jeu tourne bien

Je commence par cette « belle » expression. Ça veut tout et rien dire en même temps, c’est magique. C’est pourtant tellement facile à sortir, ça en devient parfois un réflexe, ça meuble une conversation, gagne du temps entre 2 développements (ou aucun développement d’ailleurs), et surtout ça s’utilise à toutes les sauces. Je l’utilise aussi, je m’aperçois que ça vient souvent sans y penser vraiment. Alors t’en dis quoi de ce jeu ? Ouais ça tourne bien ! Et là normalement on est sensé attendre la suite. Qu’on explique pourquoi justement ça tourne si bien.

Demandons-nous un instant ce qu’est un jeu qui ne tourne pas. Je pense naïvement que c’est un jeu dont le déroulé se bloque à un moment ou un autre de la partie. Les mécas ne fonctionnent pas entre elles, l’équilibrage n’est pas bon, et à un moment plus ou moins avancé de la partie, plus rien ne fonctionne et on se retrouve littéralement bloqué. Un jeu pas fini donc, pas développé, bancal et tout ce que vous voulez. Logiquement ça ne passe pas le bureau d’un éditeur, ou les tests entre amis/famille/festivals.

Bref, le jeu qui tourne s’applique à 90% au bas mot de ce qui sort aujourd’hui. Pourquoi donc cette expression est-elle autant utilisée et se retrouve si souvent et presque partout ?

« Salut les amis !« 

Oui vos abonnés/lecteurs/viewers sont vos amis c’est bien connu. On me répondra que c’est pour la proximité, c’est le côté cool et proche. Je ne l’ai jamais compris puisque j’ai une définition du terme ami qui correspond pour commencer à quelqu’un que je connais et que je peux au minimum contacter directement par un outil maintenant dépassé, à savoir un appel téléphonique.

Mais pour construire sa communauté, il faut la cajoler, l’intégrer à son propos, et lui faire sentir son importance. D’où l’usage de ce terme « ami ». Pourquoi pas.

Ça me gêne un peu plus quand l’influenceur qualifie tous les auteurs et éditeurs d’amis. A un moment, soit on se définit comme un relais de communication de ces éditeurs et auteurs, soit on essaye de garder une certaine distance et relayer son propos et son ressenti, et non le communiqué de presse reçu par mail. Donc quand je vois « ce jeu de mes amis de (citez n’importe quel éditeur) », je me dis que l’influenceur partage des bières, barbecue, vacances régulièrement avec cet éditeur. Oui je sais, je suis naïf. Loin de moi l’idée que cet élément de langage est utilisé pour les cajoler, les intégrer à son propos, et/ou leur faire sentir leur importance…

Coup de cœur

Certainement le terme le plus galvaudé du monde de l’influence. C’est à se demander s’il a encore une valeur, tellement 2 tours d’un jeu expliqués par un éditeur en festival suffisent à provoquer ce coup de cœur, et à le relayer sur les réseaux. Certains influenceurs ont tellement de coups de cœur que cette profusion d’enthousiasme et de détection de jeux géniaux doit être épuisante pour un cœur humain normal. Mais encore une fois je fais certainement fausse route en pensant qu’avoir un coup de cœur implique d’être effectivement subjugué par un jeu, ne faire qu’y penser jusqu’à la prochaine partie, me refaire le déroulé de la partie pendant plusieurs jours, et n’avoir qu’une hâte c’est d’y rejouer. Et normalement ça ne fait pas ça à chaque jeu joué. Mais c’est de ma faute, plus je prends de l’âge, plus j’écris sur les jeux, plus je vois ce monde ludique, plus je m’écarte de cette route si facile à prendre. Les mots ont un sens, et je suis certainement un vieux con pour ça.

Je pense que l’important est que cette propension au coup de cœur soit mesurée, afin que, quand j’hurle au coup de cœur, on comprenne que ça en soit un pour moi, mais vraiment ! Et pas le coup de cœur de la semaine ou du mois, ce qui enlève tout le sens de cette expression.

Le drame des chiffres/abonnés/viewers

Je pense que la plupart des gens qui utilisent les mots à tort et à travers ne le font pas sciemment. Le monde numérique qui nous entoure récompense l’utilisation des mots impactants. Une vidéo dont la miniature n’est pas dans la norme, ni le titre ne comportant pas d’éléments forts et qui attirent l’attention recevra 10 ou 100 fois moins de clics que cette même vidéo avec un titre putaclic comme on dit. C’est les algorythmes et le cerveau humain qui consomme des vidéos et des posts insta qui veulent ça. On regarde plus la forme que le fond, et c’est fort dommage. N’allons pas sur le terrain d’instagram, d’autres en ont parlé et y ont laissé des plumes.

En tout cas, c’est devenu une sorte de système d’alerte pour moi. C’est même un répulsif au final. Je regarde déjà quels sont les éléments de langage utilisés, quelles images, quels termes, quelles couleurs. Quel est le message qu’on essaie de me faire passer en premier lieu ? S’il est trop chargé, trop impactant, ou que je flaire le putaclic… je ne clique plus.

J’essaie aussi d’épurer notre communication au Labo. Nous avons fait des tops comme tout le monde, nous avons abusé d’éléments de langage. Après toutes ces années, et surtout une fois que l’on sait ce qu’on veut et ce qu’on ne veut plus faire, il est plus facile de se l’appliquer. Mais je rajouterai que je n’ai pas de jeu à faire signer par un éditeur, ni envie de travailler dans le monde du jeu, ni besoin de mon blog pour vivre, et pas besoin des SP. C’est finalement peut être la meilleure position.

Allez tout ceci n’est bien sûr pas à prendre comme une distribution de bons ou mauvais points, et je nous inclus dans la réflexion. L’important est je pense de s’en rendre compte, et surtout de développer notre communication. Oui, le jeu il tourne bien, mais ça veut dire quoi pour toi finalement ?? ^^

Fabien.