Test : Morris le Dodo

Test : Morris le Dodo

Morris est tranquille, il a ses œufs, son nid est loin des prédateurs près de la cascade, mais c’est sans compter sur un explorateur mal intentionné qui veut lui dérober ses œufs. Le pauvre Morris n’a plus le choix, il doit dévaler la cascade pour mettre sa future progéniture à l’abri.

Le jeu d’Emilie et Jerome Soleil, magnifiquement illustré par Gyom, est édité chez Blue Orange.

Votre tâche est simple : faire dévaler le dodo en bois le long de la cascade avec des jetons d’œufs sur les ailes. À l’arrivée, si les œufs sont intacts, vous pourrez les cacher dans les fourrés aux alentours, en revanche, s’ils sont cassés, l’explorateur avancera vers le nid sur la prochaine case de la couleur de l’œuf brisé.

Un jeu d’équilibre, de dextérité où toute la famille peut jouer, chacun ayant sa méthode, sa technique, son expertise même pour placer au mieux les œufs sur les ailes de Maurice.

J’aime énormément les jeux enfants où les grands sont tout de même inclus ! Peu importe votre âge, vous vous amuserez tout autant que les plus jeunes à pousser Maurice en croisant les doigts pour que les œufs ne cassent pas.

La tension qu’apporte le jeu est aussi un élément que j’ai tout particulièrement apprécié. Les jeunes enfants ont du mal à gérer la frustration de l’échec, ici, quand c’est l’adulte qui loupe, ça permet d’appréhender l’échec.

À la maison, la tension reste palpable à chaque partie, les œufs cassés sont très redoutés, mais de partie en partie, le jeu est mieux appréhendé et surtout, c’est l’enfant qui demande à y revenir.

Le jeu est beau, très coloré et vivant, il se sert de sa boite en tant que matériel, une particularité de cette gamme de jeux (La Planche des Pirates, La Maison des Souris).

On aime manipuler les différents éléments qui ne font que renforcer l’attrait du jeu.

Maurice le Dodo, c’est un jeu pour toute la famille, moderne dans son gameplay comme dans son emballage et que les enfants demandent à rejouer souvent. Sa nomination pour l’As d’or semble logique et il est un solide concurrent pour la victoire.

Si vous cherchez un jeu pour jouer avec de jeunes enfants à partir de 4 ans, Morris est une valeur sûre.

Disponible ici :

Prix constaté : 21.90 €

L’As d’Or 2024 : Romain les bons pronos (ou pas …)

L’As d’Or 2024 : Romain les bons pronos (ou pas …)

Fin janvier. La tension monte sur les différents réseaux, les jeux des 4 catégories des As d’or vont être divulgués. Le jury n’a mis que 11 h pour délibérer, alors on se dit que cette année, c’était plus évident.

Et l’annonce tombe avec ses 12 jeux sélectionnés, des surprises, des revenants, des valeurs sûres. Mais au final, ils valent quoi ces jeux ?

L’As d’Or Initié

Commençons par la toute récente catégorie « initié ». L’an passé, les 3 jeux Challengers, Alice is Missing et Turing Machine faisaient le grand écart pour relier la catégorie « expert » et celle de l’As d’or « jeu de l’année ». Avec la victoire de Challengers, on a même vu des échanges assez vigoureux. Les prix ont ce pouvoir d’attraction pour faire réagir les gens, certains jugeant l’un des autres bien meilleur.

Cette année, 3 jeux qui semblent faire l’unanimité, avec Faraway, Cat in the box et Eila.

Faraway : j’ai déjà pu dire tout le bien que je pensais de ce petit jeu par la taille, mais très grand par le gameplay. C’est simple, brillant et surtout addictif. Faraway a largement ma préférence, il représente au mieux cette catégorie « initié » à mes yeux, ce pont entre le jeu que l’on sort en famille avec le tonton qui n’aime pas jouer ou le cousin qui trouve ça toujours trop enfantin. Avec Faraway, on tient un bon trait d’union entre la catégorie des Aventuriers du rail et la gamme au-dessus. Il s’inscrit parfaitement dans la lignée d’un joueur qui, après avoir découvert Akropolis l’an dernier, souhaite aller un peu plus loin.

Cat in the box : c’est du pli, mais pour autant, je ne suis pas emballé. Le pitch est très sympa avec ce chat mort ou vivant dans sa boite. On ne sait pas et surtout, on ne veut pas créer de paradoxe. Mais je trouve le jeu très vite redondant, il n’a pas cruellement de profondeur et l’envie d’y revenir s’est rapidement envolée. Peut-être également que le fait de jouer à d’excellents jeux de plis m’a rendu plus dur avec lui.

Eila : c’est un jeu pour enfant ? Un doudou qui part à l’aventure… Mouais, à voir. Et j’ai vu. Eila est un jeu avec une histoire, une de ces histoires qui marquent. J’ai joué le jeu à l’arrivée du Kickstarter en anglais il y a plus de 2 ans et je ne l’ai pas oublié à cette fin. Eila, c’est du solo et ce n’est pas pour les plus jeunes. L’histoire est forte et le thème mérite au minimum d’accompagner un enfant qui y jouera. Il aura des questions de toute façon. J’aime beaucoup le jeu, mais de par son format solo et son histoire, je ne le mettrais pas en gagnant.

Mon petit podium de la catégorie initiée :

  • 1. Faraway
  • 2. Eila
  • 3. Cat in the Box

L’As d’Or Expert

Passons à la catégorie « expert », les jeux qui me parlent le plus, même si la sélection n’est pas à mon goût cette année.

L’an passé, le suspense n’a jamais existé, Ark Nova a tout écrasé sur son passage, Carnegie et Fédération n’ayant aucune chance.

Cette année, rien n’est joué entre le Château Blanc, la Famiglia et Darwin’s Journey.

Darwin est représenté 2 fois et le « grand frère » est un bon gros jeu expert dans le classicisme de la catégorie. Pose d’ouvriers, gestion de ressources, auteurs de l’école italienne, tous les ingrédients sont réunis pour obtenir un excellent jeu. J’en ressors frustré et mécontent. Il ne me parle pas ce jeu, je n’y prends pas de plaisir, et les extensions ne doivent pas être prises en compte de mon point de vue. On juge le jeu basique, la proposition brute de l’éditeur.

La Famiglia est un format très particulier, presque unique dans la catégorie : 4 joueurs seulement et en 2 équipes de 2 s’il vous plait. Il en ressort un jeu de négociation qui peut traîner en longueur et qui demande un public particulier, pas simple à réunir, mais une fois autour de la table, c’est un excellent moment qui vous attend. Une belle grosse boîte qui me rappelle Feudum, on ne le sort quasiment jamais, mais il reste là sur l’étagère parce que quand il sort, c’est une super soirée qui s’annonce.

Le Château Blanc n’est pas un jeu de la catégorie « expert » de mon point de vue. Il est plus léger dans son gameplay, les choix sont moins tranchants, on est sur un jeu qui ne m’aurait pas choqué dans la catégorie « initié ». Partant de là, difficile de le comparer ou de le juger face à ses deux concurrents. Sur la durée, le matériel ou les mécaniques, il ne tient pas la comparaison.

Pour cette catégorie « expert », mon podium un peu par défaut :

  • 1. La Famiglia
  • 2. Darwin’s Journey
  • 3. Le Château Blanc

As d’Or Enfant

La catégorie « enfant » est une catégorie que je découvre. Avec un enfant à la maison, j’en découvre tous les jours de nouvelles pépites, des grands classiques et c’est toute une culture ludique qui est à fabriquer.

L’an passé, j’ai fait l’impasse sur Zombie Kids Flashback, clairement trop complexe à la maison. Mais le prix m’a permis de découvrir la planche des pirates qui ressort très souvent avec toujours le même succès.

Cette année, la proposition se partage entre Super Miaou, Maurice Le Dodo et Mon Puzzle Aventure. Ce dernier, je ne l’ai pas joué, sûrement une erreur, mais du coup, je n’en parlerai pas.

Super Miaou : l’initiation au deckbuilding pour les petits. Clairement, le contrat est rempli et le jeu fait bien ce qu’il propose : m’apprendre à construire un paquet de cartes par des achats et de l’épuration. On cherche à faire apparaître le Super Miaou en premier et c’est là que je décroche. Ce que j’apprécie dans les jeux d’enfants, c’est de m’y amuser tout de même en tant qu’adulte. Après tout, je suis la personne avec laquelle mon enfant va jouer. Si je m’ennuie fermement, ce n’est pas le meilleur message à lui passer. Ce Super Miaou pour un adulte ne fonctionne pas, non pas par sa mécanique maîtrisée par les joueurs plus âgés, mais par le hasard non maîtrisable de la fin qui me laisse un goût amer en fin de partie. Elle peut également mettre pas mal de temps à arriver si les joueurs se lancent dans l’élevage de souris. Ce jeu ne provoque pas l’effet « Nom d’un renard », un jeu où les grands, eux aussi, s’éclatent. Dommage.

Maurice Le Dodo, lui, a ce petit truc pour amener les grands à la table de jeu. Il est beau et coloré, son gameplay repose sur de l’adresse, ce que parfois un enfant maîtrisera bien mieux que vous. Le jeu est fun, il utilise sa boite dans son gameplay, c’est tout bête, mais les jeux enfants ont cette capacité à utiliser la boite et dans une lutte acharnée, ce sont les détails qui font la différence et Maurice les accumule.

Mon podium tronqué :

  • 1. Maurice Le Dodo
  • 2. Super Miaou

L’As d’Or Jeu de l’Année

Et on finit logiquement par la catégorie reine, l’As d’or du « jeu de l’année ». Qui pour succéder à Akropolis ? Les prétendants sont de très sérieux concurrents, avec sur les traces de Darwin, Trio et Perfect Words.

Trio semble créé pour gagner le prix, mais après 9 échecs de jeux taillés pour gagner, on se demande si Cocktail Games n’est pas maudit. Ce trio me plait, il fonctionne parfaitement en équipe, donc à 4 ou 6 joueurs. Sur les formats chacun pour soi, je suis moins satisfait, la main fantôme et le memory (très léger) associé me déplaisent.

Il en reste un jeu instantané, qui est immédiatement compris par n’importe qui, ce qui me semble être le cahier des charges de cette catégorie : amener de nouvelles personnes vers les jeux de société.

Je le vois taillé pour être le favori de la compétition cette année.

Sur les Traces de Darwin : le jeu de la sélection, celui avec un gameplay sérieux, celui où l’on réfléchit, un vrai jeu de société. Il est très accessible, on comprend vite ce qu’on fait, ce que l’on cherche à atteindre. Il en reste un jeu avec plateaux, tuiles, bonus, points de victoire… Un jeu, quoi ! Je ne le vois pas gagner à cause de ses deux concurrents qui me semblent bien plus correspondre à ce que j’attends de cette catégorie.

Perfect words : un jeu de mots, encore un. Et bien non ! Perfect Words est bien plus malin que ça et propose de créer la grille de mots qui sera dans un second temps utilisée par chaque joueur pour deviner des mots en commun avec les autres joueurs. C’est brillant et dès cette première phase, on se marre. Le jeu ne réinvente rien, mais ce qu’il fait, il le fait très bien. Je pense qu’on n’est pas près de voir un jeu de mots de ce niveau avant quelque temps et il a ringardisé pas mal de ceux déjà disponibles.

Lui aussi a ce côté instantané de la compréhension, du but recherché, qui amène n’importe qui autour de la table.

La compétition de cette catégorie sera rude, elle se jouera sur des détails et bien malin celui qui trouvera le tiercé dans l’ordre. Pour ma part, je propose :

  • 1. Trio
  • 2. Perfect Words
  • 3. Sur les traces de Darwin

Au petit jeu des pronostiques, voici donc les miens avec ce que j’ai pu analyser de chaque jeu, comment je les vois s’en tirer. N’étant pas dans la tête du jury, ça ne reste qu’un avis de ma part et de toute façon, la réponse tombera le 22 février !

Et vous pouvez retrouver l’ensemble de la sélection et bien d’autres jeux chez notre boutique partenaire

Test : Tea Time Crime

Test : Tea Time Crime

Cette critique a été rédigée à l’aide d’une boite fournie par l’éditeur que nous remercions.

Elémentaire mon cher Watson ?

Eh bien non !

Car voici le point négatif du jeu : la thématique.

Si le pitch vous branche, au final en jeu on va vite l’oublier, jamais je n’ai eu l’impression de placer des détectives pour arrêter des voleurs.

J’ai déplacé des tuiles de la manière la plus arrangeante pour marquer un max de points de victoire.

Car oui, pour gagner la partie, il n’est nullement question d’arrêter plus de voleurs, ou même la reine des voleurs, que les autres.

Il suffira de bien placer nos tuiles pour que les points de victoire pleuvent.

Il est même possible de gagner en ayant arrêté moins de voleurs que nos adversaires si nos tuiles sont bien placées et que l’on met rapidement fin à la partie.

N’espérez pas mener l’enquête, vous seriez forcément désappointé.

Une course, du draft, des dés, du fun

Voilà un résumé des mécaniques du jeu.

Je ne vais pas faire les règles, mais le jeu est simple : on lance des dés, on peut relancer tout ou partie des dés, on sélectionne tous les dés qui affichent la même valeur et les autres doivent faire avec ce qui reste (comprenez les dés qui n’ont pas été sélectionnés), on effectue une action ou on passe puis on passe à la personne suivante qui répète l’opération.

La fin de la partie survient quand 5 de nos détectives éclairent soit des voleurs ou des pièces de la maison.

On compte les points de victoire et on voit qui l’emporte.

C’est aussi simple que ça, avec quelques ajustements que je vous laisse découvrir en lisant les règles, mais c’est le point fort du jeu : on apprend vite les règles, on les explique très vite aussi et on joue très rapidement.

Les tours de jeu peuvent être très rapides selon que vous savez déjà ce que vous voulez faire ou au contraire, durer une éternité selon votre envie de réflexion et d’optimisation maximale.

Mais la majorité des tours en duo ou à 3 seront rapides.

A 4 ça pourra être plus long, malgré le fait qu’on puisse quand même jouer lorsque ce n’est pas notre tour car lorsque la personne qui est dite « active » fait son action principale avec les dés choisis, les personnes dites passives, vont pouvoir aussi faire une action avec les dés qui auront été laissés par la personne active.

Si tant est qu’il y ait des dés restants !

Car c’est là le point fort du jeu pour moi, cette interaction indirecte.

Si vous connaissez déjà la saga des « futés » dans la catégorie des Roll&Write vous êtes déjà familiarisé avec le concept.

Parfois, il sera possible de laisser aux personnes « passives » des dés qui ne leur seront pas utiles, voire aucun dé tout court et les obliger à passer !

Donc l’interaction indirecte est présente et on ne passera pas uniquement le nez sur notre plateau, on va tenter d’embêter un peu les autres, ce qui apporte une bonne dose de fun !

De la même manière, quand un lancer unique sera très favorable, la mauvaise foi et les tacles verbaux feront l’ambiance autour de la table !

Alors, on garde ou pas ?

Eh bien oui, moi j’ai envie de le garder !

Ce n’est certes pas un jeu qui rentrera dans mon top des meilleurs jeux de tous les temps, mais il est fun, rapide, agréable et en duo je l’adore !

C’est ultra nerveux, ça va vite et on se taquine mutuellement.

Il faut aussi prendre le jeu pour ce qu’il est : une course !

Il est possible de tenter d’optimiser pour atteindre le meilleur score, car je pense qu’il existe une combinaison de placements qui assurent un score maximal qui ne sera jamais plus haut.

Un score maximal limite je dirais, nous nous sommes amusés à essayer de faire le meilleur placement (sans jouer bien entendu, en plaçant les tuiles à la manière d’un puzzle).

Donc le jeu peut être « cassé » pour avoir un score maximal et s’assurer de la victoire.

Dans les faits, c’est un placement qui va demander de la chance sur les jets de dés, les choix des déplacements et la révélation des voleurs et de leur reine.

Trop de conditions pour que ce soit vraiment réalisable en partie, car il suffira parfois de mettre très rapidement fin à la partie pour que la meilleure des stratégies soit reléguée au rang de défaite.

Jouez-le en mode blitzkrieg et avec un peu de jugeote, la victoire sera à vous.

C’est ce que j’aime dans ce jeu, les parties en duo peuvent être extrêmement rapides.

Au-delà de deux, ça sera forcément plus long, mais prendre vos adversaires de vitesse sera souvent la clé s’ils tentent d’optimiser !

Test : Path of Civilization

Test : Path of Civilization

Cette critique a été rédigée à l’aide d’une boite fournie par l’éditeur que nous remercions.

Path of Civilization offre une expérience captivante qui marie habilement la stratégie, la diplomatie et la gestion des ressources. Dès les premiers instants, les joueurs sont plongés dans un monde riche en possibilités, où chaque choix compte et façonne l’essor ou la chute de leur civilisation. Le plateau de jeu magnifiquement illustré évoque une immersion immédiate, tandis que les mécaniques bien conçues offrent un équilibre délicat entre la compétition acharnée et la coopération nécessaire. Path of Civilization se distingue vraiment comme un joyau ludique, offrant une aventure stratégique inoubliable pour les amateurs de jeux de société. Oh ça va hein ! Les illustrations de Path of Civilization ont bien été réalisée à l’aide d’une IA, pourquoi ne pas demander à ChatGPT d’écrire l’article ? Bah en fait parce qu’au-delà de cette polémique (qui a toute sa place), le jeu propose aussi un vrai gameplay et une vraie expérience ludique. Alors, ça serait dommage de ne pas l’évoquer.

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Après la lecture de la critique, si le jeu vous intéresse, notre partenaire boutique Golden Meeple vous le propose avec un code de remise de 10% valable du 09/02/2024 au 16/02/2024.

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/imagine prompt: un jeu de civilisation aux règles simples et aux choix douloureux

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Comme son nom l’indique, Path of Civilization nous invite à choisir la voie d’une civilisation antique, entre Industrie et Spiritualité, entre Militaire et Culture, bref à faire les choix qui façonneront son évolution et son identité, à travers 9 manches qui s’étalent de la préhistoire à Elon Musk. Oui, pas besoin d’aller plus loin que l’autre cintré, on ne fera jamais mieux. Vous n’irez pas explorer un vaste monde, et tout l’aspect développement (de la population, des infrastructures) se résume à acheter une carte ou à avancer d’un cran ou deux sur une piste. C’était attendu : il y a tant de paramètres à gérer dans un jeu de civilisation, qui est sensé retracer la naissance et l’ascension d’un peuple à travers les âges, que les auteurs se retrouvent souvent à choisir entre deux possibilités. Ils peuvent effectivement concevoir une énorme usine à gaz qui permet de tout faire, et dont les parties durent une journée entière, ou alors se concentrer sur un pan bien spécifique du gameplay en occultant ou simplifiant à l’extrême les autres aspects du jeu de civilisation. Bon bah là c’est plutôt clair, Fabien Gridel a beaucoup élagué, tout en gardant cependant ce qui fait le sel de ce genre ludique : faire de notre civilisation notre chose, et prendre tout un paquet de décisions très impactantes et très cornéliennes.

Et ça commence dès le début : les joueurs ont au départ 5 technologies en main, et doivent en choisir une à écarter pour le reste de la partie. Puis, avec les 4 restantes, ils doivent déterminer lesquelles ils utiliseront pour leur partie droite et lesquelles pour leur partie gauche, chacune fournissant des ressources différentes pour les étapes suivantes de la manche. Vient alors le temps de gagner puis de dépenser les ressources en question, en progressant sur la piste militaire ou celle religieuse, ou en achetant un leader, une merveille ou encore une nouvelle technologie. Rebelote lors des manches suivantes, avec en ligne de mire des scorings intermédiaires alternés avec des concours de qui c’est qui a la plus grosse. L’explication tient en 10 minutes, mais il ne faut pas se laisser endormir par l’apparente simplicité du gameplay. Le jeu prend un malin plaisir à vous torturer en demandant en permanence de faire des choix.

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Alors, César ? Tu tires ou tu pointes ?

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Des choix, encore des choix, toujours des choix : quel côté utiliser pour les cartes technologies ? Quel leader acheter, quelle merveille construire, quelle technologie acquérir pour la manche suivante ? En effet, on ne peut acheter qu’une seule carte de chaque type lors d’une manche, et le jeu ne laisse pas trop la possibilité de temporiser, avec des points à gagner à la fin de chaque manche à condition d’avoir rempli les conditions nécessaires. Aucune décision n’est anodine, et on voit rapidement des poignées de cheveux virevolter dans un grand feu d’artifice capillaire autour de la table, c’est très joli. Path of Civilisation est une succession de dilemmes, et on sombre régulièrement dans la dépression en pensant à tous ces avantages auxquels on doit renoncer, le cœur lourd.

Heureusement, l’intégralité des phases d’une manche se passent en simultané, le temps d’attente à contempler les uns et les autres mourir intérieurement est du coup pratiquement inexistant. On peut donc entièrement se consacrer à notre propre déliquescence ! Et dans le cas où plusieurs joueurs souhaiteraient prendre la même carte, un système de priorité simple et efficace permet de déterminer qui a la préséance selon qu’il s’agit de d’acquérir une carte Culturelle, Scientifique ou encore Industrie. Tout cela est indiqué sur des plateaux joueurs très bien conçus, ainsi que tout un tas d’autres rappels, et il n’est presque pas nécessaire de revenir au livret de règles en cours de partie. Path of Civilization est très efficace dans tout ce qu’il entreprend, et, oui, ça fait déjà deux fois que j’utilise le qualificatif, ce n’est pas une IA qui ferait ça. Bref, on se retrouve avec un jeu à base de cartes et de choix, avec une prise en main immédiate et un casse-tête qui l’est tout autant, dans un contexte fantasmo-historique. Je sais ce que vous vous dites, parce que clairement, vous n’êtes pas le crayon le plus affuté du tiroir : tiens, ça me rappelle quelque chose.

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7000 Wonders, forcément ça prend de la place

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Immanquablement, le jeu fait penser à un 7 Wonders ou un It’s a Wonderful World, mais sans toutefois la composante draft, et contre-draft, qui rendent ces deux jeux légèrement plus interactifs. Mais ce que PoC perd d’un côté, il le gagne de l’autre avec une profondeur autrement plus marquée. Les axes de scoring sont beaucoup plus différenciés que dans ses deux aînés, leur variabilité est également bien plus importante avec une grosse combinatoire créant des déroulements de partie sensiblement distincts, les mécaniques en jeu sont plus variées, et demandent de jongler avec plus de paramètres, comme la population notamment, qui cape le nombre de ressources que vous pouvez gagner. La boucle de gameplay et de réflexion est en conséquence plus riche, et se déroule en des étapes bien séparées. Tout tend vers le même objectif, mais vous devez répondre à des questions réellement disjointes à chaque fois.

Le jeu est aussi BEAUCOUP plus imposant. La boite, dans un premier temps, mais aussi la place qu’il prend sur la table. Comme vous pouvez le voir sur les photos, Path of Civilization aime prendre ses aises, conséquence logique de la modularité de sa configuration de départ. Quand on se fait fort de proposer quelques milliers de combinaisons différentes en guise de setup, cela passe forcément par l’utilisation de différents éléments que l’on associe lors de la mise en place, par exemple ici les cartes de fin de manche que l’on dispose verticalement sur des petits supports pour plus de visibilité. Si vous rajoutez à ça la volonté tout à fait honorable de rendre les différents aspects du jeu le plus lisible possible, on se retrouve à devoir installer les différentes rivières de cartes, les 2 pistes militaire et religieuse, les scorings de fin de manche, plus les plateaux individuels, j’espère que vous avez une grande table et celle du voisin. Le prix s’en ressent du coup, et pique un peu pour un jeu avec des mécaniques plutôt simples et des illustrations créées à l’aide d’une IA. Le fait de devoir coller soi-même ses autocollants sur les meeples et les boites de rangement des cartes technologies n’aide pas à faire passer la pilule, bien au contraire.

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Je vous ai dit que c’était efficace comme jeu ?

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Ceci dit, ces mécaniques sont efficaces, oui c’est la troisième fois, et qu’est-ce que vous allez faire ? Force est de constater qu’il n’y a rien à jeter ! Le jeu est au final très plaisant, on comprend rapidement ce que l’on doit faire, mais il y a malgré tout une belle courbe de progression avant de réellement maitriser. Le fait de proposer en permanence des chemins de scorings différents permet de plus d’éviter l’impression de devoir toujours faire la même chose d’une partie à l’autre, ou d’identifier rapidement des stratégies plus puissantes que d’autres. Mais je n’irai pas non plus vous presser de sortir la carte bleue parce que d’une, ça vous en touchera une sans bouger l’autre, de deux, il coute le double des jeux auquel il sera forcément et malheureusement comparé. A réserver donc aux joueurs adeptes de ce type de gameplay, et qui n’ont pas pris de résolution idiote pour 2024, du style d’être raisonnable avec leur loisir préféré.

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Disponible ici :

Prix constaté : 77 €

Test : A la recherche des espèces disparues

Test : A la recherche des espèces disparues

Ce jeu est le 2ème d’une série qui a commencé avec « A la recherche de la planète X » auquel je n’ai, bien entendu, pas joué ^^ Il s’agit des 2 mêmes auteurs, qui ont souhaité reprendre leur concept.

Il s’agit donc comme son prédécesseur d’un jeu de déduction et de logique, avec une application très présente. Cette fois-ci le thème est la nature, et la recherche d’espèces animales disparues en se basant sur le travail de l’organisation Re :wild qui compile une liste de ces espèces.

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L’appli dans le jds : un mal nécessaire ou un outil pas si utile ?

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Clairement je suis loin de sauter au plafond quand je vois qu’une appli est nécessaire ou indispensable au déroulement d’un jds. Quand je joue à un jeu, je veux aussi couper des écrans sur lesquels je travaille toute la journée au niveau pro, et que j’utilise déjà beaucoup dans mon temps perso. Donc je suis toujours réfractaire à utiliser une appli, surtout dans les jeux pour enfants (poke Gloutons Mignons).

Je vois bien l’apport que les applis ont dans des jeux narratifs du genre Destinies ou le Voyage en terre du milieu. Si l’objectif est de simplifier la génération des rencontres, des emplacements des monstres, de la gestion de l’aventure et réduire les manipulations ou retours à la règle pour savoir si dans tel cas, X ou Y monstres « pop » sur tel ou tel emplacement, dans ce cas-là, pourquoi pas. Du moment que l’appli reste « discrète » et ne nécessite pas d’avoir l’œil dessus à tout moment de la partie.

Dans ce jeu qui nous intéresse aujourd’hui, l’appli donne réponse aux actions que nous effectuons. Elle donne des indices à reporter sur son carnet d’observations. Je vais donc utiliser mon pion explorateur pour faire telle ou telle action, sur telle case. Je vais rechercher une espèce. Je déplace mon pion sur l’île, et je déplace aussi mon pion autour du plateau pour comptabiliser les « temps » que me coute telle ou telle action. Enfin, sur mon appli, j’indique que je fais telle action, sur telle case, en cherchant telle espèce, et la réponse à ma recherche apparait. 3 clics et c’est réglé.

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Déduction et règles logiques

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Les jeux d’enquêtes ne sont pas ma tasse de thé. J’ai souvent du mal à rentrer dedans. Ou alors la mécanique qui vous fait passer d’une carte du jeu à une autre en sélectionnant un numéro sur l’action ou le lieu de la carte que vous souhaitez faire/visiter ne me satisfait pas, comme dans la série Unlock. J’avais bien apprécié Detective qui me semblait mettre au placard les jeux d’enquêtes classiques, en nous propulsant dans l’enquête 2.0 avec l’utilisation d’un site web et une base de données créée pour l’occasion. Avec son matériel, la recherche sur le net et sur la base de données dédiée faisait que ce jeu était ce qui se rapprochait le plus de l’idée que je me faisais d’un travail d’enquête comme on peut le voir dans une série TV. Donc une vraie immersion grâce au matériel et aux supports mis en place à l’occasion.

Mais je classerai plutôt ce jeu « A la recherche de » dans un style se rapprochant des jeux de logiques, et on peut parler récemment d’Archeologic et Turing Machine dans l’idée. Pour trouver l’espèce disparue, vous devrez résoudre un « puzzle » en fonction de contraintes de placements des différentes espèces.

Par exemple un crapaud se situera sur l’île à côté de 2 cases vides. Un couscous sera à 1 ou 2 cases d’1 autre couscous sur la carte. En vous déplaçant, vous aurez des infos sur les cases que vous explorez, et pourrez recouper ces infos avec les règles logiques de placement des espèces. Jusqu’à obtenir une cartographie suffisante de l’île pour y trouver l’espèce disparue.

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AP paradise island

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Attention, avec ce jeu qui mettra vos méninges à contribution, ça peut AP sévère ! Comprenez que vous aurez besoin par moments de réfléchir plus ou moins longuement pour assembler les bouts de puzzle récupérés lors de votre aventure.  Parfois vous aurez un indice qui va faire tilt et illuminer votre recherche, par contre, parfois vous aurez aussi besoin de tout reprendre, changer de perspective, vérifier à nouveau vos déductions précédentes (je conseille fortement l’utilisation de crayon papier et gomme pour ce jeu ^^). Et du coup, la partie peut sacrément ralentir et durer, si plusieurs joueurs rencontrent cette phase de réflexion en même temps. Cela est situationnel et dépend aussi des joueurs, tout ça surtout pour vous prévenir que ça n’est pas un jeu familial de puzzle game simpliste. Je le déconseille même à un public familial. Il faut aimer passer 1h30 à faire chauffer les neurones.

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Les points de victoire, est-ce bien nécessaire ?

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Le système de comptage de points n’est pas le plus limpide, et surtout pas le plus utile selon moi. Le but de ce jeu est de trouver l’espèce disparue après 60 – 90 minutes de recherches, de déplacements sur une île, et de mise en relations de logiques de pose. Est-ce bien important de savoir qui arrive 3ème ou 4ème à ce jeu ? Si tu n’as pas trouvé l’espèce disparue tu as perdu point barre. Si vous êtes plusieurs à la trouver au même tour, bravo à vous. Si vous souhaitez comparer votre niveau et établir votre classement sur une partie à 4 joueurs, jouez à autre chose, un vrai jeu compétitif par exemple.

Du coup, cela me gêne aussi d’avoir parmi les cartes du village des effets d’obtention de PV en fin de partie. Ces cartes n’ont aucun intérêt par rapport aux cartes réduisant les coûts des actions en termes de temps (qui sont vraiment pétées amha). Mon but est d’être le premier à découvrir l’espèce disparue, j’ai besoin d’une carte me permettant d’avancer moins vite sur la piste du temps pour rejouer plus souvent que mes adversaires, pas gagner des PV à la fin puisque j’espère être le 1er à la trouver. Bref, ça n’est que mon avis, mais, dans ce jeu, il ne devrait y avoir qu’un ou plusieurs vainqueurs s’ils trouvent en même temps, le reste est illusoire et n’apporte pas grand-chose.

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Trad, formulation et nœud au cerveau

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Le reproche que je peux faire au jeu est un wording pas toujours très clair. Comprenez qu’il vous faudra parfois relire l’indice ou le résultat de la recherche obtenu plusieurs fois afin de l’interpréter correctement (ce que je vous souhaite). L’adjacence, la distance, la contrainte de pose, les points cardinaux, les zones apparemment vides, etc. Tous ces termes liés entre eux ne sont pas toujours très clairs, surtout quand un indice cumule 2 contraintes. La feuille de note est alors bien utile pour y revenir et défaire le nœud au cerveau qui s’y est formé.

J’ai aussi repéré quelques petites erreurs de trad sur l’appli qui implique un retour à la règle pour comprendre l’indice donné, mais dans l’ensemble, l’appli est quand même très qualitative et intuitive. Quand on voit les soucis qu’a connus l’appli du Secret de mon Père (aussi édité par Renegade et Origames), on peut s’estimer heureux pour le moment.

Les possibilités d’erreurs dans ses déductions à cause de cette formulation pas toujours claire peuvent impacter votre partie, surtout lors de la première partie de ce jeu. Après vous y êtes plus familier.

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Un jeu de déduction sur un plateau

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Pour changer des jeux d’enquêtes type Unlock, A la recherche des espèces disparues insiste sur votre compétence déductive, pour un jeu qui peut sembler tout de même un peu mécanique. Perso ça me plait bien, mais ne vous attendez pas à être embarqué dans une aventure narrative, l’essentiel se fait chacun dans son coin, en assemblant les bouts de puzzle, et vous demandant de résoudre l’énigme plus vite que les autres. L’habillage avec le plateau, les déplacements, le matériel chatoyant apporte un vernis agréable au jeu, mais le fond reste une déduction à effectuer avec de plus en plus d’indices qui vous sont révélés au fur et à mesure de la partie.

L’interaction est à surveiller dans un esprit compétitif, les actions des autres peuvent vous donner des indices importants, surtout à la fin, lorsqu’un joueur tourne autour d’une zone pour affiner sa déduction (espèce disparue et 2 zones adjacentes). Mais ça reste un peu secondaire je pense.

Enfin, le paramétrage de la partie avec l’application au moment de la mise en place est très malin, puisqu’il permet aussi d’équilibrer la partie en fonction du nombre d’indices qui vous sera délivré avant d’attaquer votre exploration. Et comme cela est paramétrable en fonction des joueurs, un joueur expérimenté pourra commencer avec 3 indices, un joueur moins à l’aise, plus jeune ou plus ou moins ce que vous voulez, pourra commencer la même partie avec 6, 9 ou 12 indices. De quoi lisser les niveaux, ou se créer un petit avantage, ou encore chercher la difficulté. C’est assez rare je trouve dans les jeux, et bien sûr son implémentation est facilitée avec la présence d’une appli qui peut permettre de paramétrer chaque profil de joueur.

Bref j’ai trouvé la proposition bien amenée, et agréable à jouer. On a ce sentiment positif lorsqu’on arrive à résoudre le puzzle, mais aussi d’incompréhension ou de frustration lorsqu’un autre joueur termine alors qu’on a aucune idée de l’emplacement de l’espèce disparue, et encore moins de ce qui l’entoure ^^ La partie peut tout de même sembler un peu longue en fonction des joueurs autour de votre table.

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Prix constaté :