Test : Harmonies

par | 17 Mai 2024 | Tests | 1 commentaire

Avec certains jeux, tu sais dès les premiers tours que celui-ci, tu vas le chérir très fort, et le ressortir dès que l’occasion se présentera. Il peut s’agir de la direction artistique qui te parle, du gameplay satisfaisant, ou de l’ambiance qui s’installe autour de la table. J’ai essayé Harmonies, qui s’appelait encore Tiny Landscapes, lors du Paris Est Ludique 2023, et j’en suis reparti avec la conviction qu’il rejoindrait ma ludothèque dès que possible. Un an après, j’ai la boite finale entre les mains, et je ne me suis pas trompé, je l’aime d’amour. En même temps, je ne me trompe jamais.

Le jeu de Libellud vient donc occuper une place de choix sur ma petite étagère de jeux de pose de tuile, au même titre qu’Akropolis ou Cascadia, et de feu Calico, éjecté brutalement de son emplacement un sombre soir de décembre. Une malheureuse histoire de fun complètement écrasé par les contraintes et l’aléatoire du tirage, je vous passe les détails. Nous sommes donc en terrain connu : à son tour, le joueur choisit un trio de jetons paysage et doit les poser sur son plateau personnel, en espérant réaliser des patterns intéressants et éviter de se pourrir les prochains tours à cause d’une rivière mal placée. Il faut dire que l’espace ici est limité et chaque emplacement vaut assez cher. Classiquement, la partie s’arrête lorsqu’il n’y a plus de jetons dans le sac ou que l’un des joueurs n’a plus que 2 cases vides sur son plateau. Les paysages constitués suivant des patterns bien précis rapportent des points, ainsi que les animaux qui sont venus habiter chez vous.

Viens à la maison y a le printemps qui chante

A l’instar de Cascadia, il y a en effet tout un tas de bestioles qui peuvent venir chercher le gîte et le couvert dans votre coin de verdure. Mais pour cela, il va falloir construire l’habitat idéal. C’est donc un peu plus compliqué que Cascadia où la tuile posée indique directement quel animal y placer, et c’est ce qui rend Harmonies aussi réjouissant. Une rivière commune propose ainsi plusieurs cartes animal, qui chacune vient avec plusieurs représentants de l’espèce sous forme de cubes, et le schéma suivant lequel il faudra agencer vos jetons pour pouvoir déplacer ces cubes de la carte à votre plateau. On peut être tenté de prendre autant de cartes que possible, mais il n’est pas possible d’en gérer plus de quatre simultanément et on ne peut en remplacer une qu’une fois complètement vidée de ses cubes. Il est donc impératif de lire correctement les cartes, et c’est là tout ce qui fait le sel du jeu.

On pourrait même parler de courbe de progression parce qu’on réalise, au fur et à mesure des parties, que la carte fournit plusieurs informations qui doivent orienter notre choix. La place occupée par le schéma, le jeton paysage qui accueille le cube Animal (jeton qui devient alors indisponible pour de prochains cubes), les autres jetons qu’il faut associer, l’impact que cela peut avoir sur le scoring final des paysages, tout cela est à prendre compte quand on essaye de compléter le plus de cartes possibles avec un espace limité et des jetons qui viennent polluer notre plateau. C’était d’ailleurs ce qui m’avais autant chiffonné sur Calico, qui était pourtant tout mignon avec ses petits chats, le fait d’être contraint par un cadre, alors qu’Akropolis ou Cascadia peuvent s’étendre à l’infini.

Et juste là, un petit coquelicot ! Ouais, ça va être bien…

Il y a donc un peu de frustration, forcément, mais cette fois-ci sans que cela freine l’envie de refaire une petite partie parce que là, c’est sûr, je vais arrêter de prendre des cartes qui nécessitent toutes de poser un cube dans un champ. Cela tient au gameplay et à la sensation de progression bien sûr, mais aussi à la direction artistique, magnifique, avec des cartes toutes uniques, et au matériel, et ses jolis et satisfaisants jetons paysage en bois qu’on réunit de manière harmonieuse, émerveillé de voir alors un biome se construire sous nos yeux. Je n’exagère pas, je n’exagère jamais d’ailleurs : comme les patterns des cartes animal font sens thématiquement (une maison entourée de champs accueillera des lézards, ça parait plutôt logique), et les patterns des forêts, rivières et montagnes également, le plateau en fin de partie présente toujours des paysages qu’on pourrait très bien être amenés à retrouver dans nos campagnes.

Evidemment, il y a une part d’aléatoire dans le tirage des jetons paysage, et certains auront la chance de leur côté tandis que d’autres devront composer avec des champs qui leur pourrissent une zone. Il est cependant possible d’apprendre à s’adapter à une infortune passagère, parce que les cartes animal permettent de marquer beaucoup de points, mais il est tout aussi intéressant de favoriser les chaines montagneuses ou les champs disséminés autour d’une habitation bordée par une rivière au long cours. On trouvera alors souvent un moyen de faire fructifier un trio de jetons imparfait.

…ça va être très bien même

Dès lors, une ambiance bucolique et sereine peut s’installer autour de la table, tandis que qu’Harmonies nous invite à poser des jetons tout choupis sur notre plateau personnel, pour accueillir des animaux tout aussi mignons, avec le sentiment de progresser et de comprendre petit à petit ce que le jeu attend de nous. Les parties s’enchainent très facilement dans ces conditions, et la rejouabilité ne fait pas défaut, avec la grande variété d’animaux présents dans la boite, et la possibilité de faire des départs légèrement asymétriques en ajoutant les cartes esprit de la nature, qui proposent de favoriser tel ou tel type de paysage (rivière, forêt, etc.) à condition d’installer sur son plateau le schéma apparaissant sur la carte.

Est-ce qu’il est vraiment nécessaire de rédiger l’une de mes fameuses conclusions, pleine d’esprit et d’affronts à la plus élémentaire des syntaxes ? Si vous êtes arrivés jusqu’ici, vous avez déjà compris tout le bien que je pensais de ce jeu, parce que vous êtes terriblement perspicace, et parce qu’aussi j’ai la pédagogie chevillée au corps. Pas besoin de s’étendre donc plus longtemps, allez plutôt faire l’acquisition d’une boite de cette pépite, et invitez vos amis, famille et inconnus croisés au rayon surgelés à partager un moment de félicité en plaçant d’adorables koalas et de malicieuses coccinelles.

Nldr : une erreur d’impression sur la carte esprit animal Cigogne, elle rapporte 6 et non 4 PV. Un coup de feutre indélébile et c’est réglé, ou sinon pour ceux que ça empêche de dormir, un formulaire SAV Asmodée et c’est réglé pour récupérer la carte ^^

Disponible ici :

Prix constaté : 32 €

Harmonies
Mécaniques : placement de tuiles, draft, pattern
Auteur : Johan Benvenuto
Illustrateur : Maëva da Silva
Editeur : Libellud
Nombre de Joueurs : 1 à 4 joueurs
Age : à partir de 10 ans
Durée : 30 - 45 minutes
Prix : 32 €

1 Commentaire

  1. Antoinette

    C’est exactement cela !
    Ici aussi on l’aime d’amour Harmonies.

    Réponse

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