Test: Harry Potter Bataille à Poudlard

Test: Harry Potter Bataille à Poudlard

Un deck-building coopératif pour les mordus de la licence Harry Potter.

C’est pour vous le moment de rentrer dans la peau d’un de vos Héros préférés et d’affronter les forces du mal. Vous aurez 7 années pour faire vos preuves et survivre aux divers obstacles qui se dresseront sur votre route. Chaque année apporte son lot de complications avec des méchants toujours plus nombreux. Heureusement, vous aurez accès à des sorts et des objets plus puissants. Formez une armée en recrutant des alliés dont les atouts sont non négligeables.

Harry Potter, Hogwarts Battle ou Bataille à Poudlard en français, est un jeu de Forrest-Pruzan Creative, Kami Mandell et Andrew Wolf. Il est joliment illustré par Joe Van Werering. Il est édité par USAopoly et distribué par Asmodée.

Le jeu est prévu pour 2 à 4 joueurs, à partir de 11 ans et pour une durée de 30 à 60 minutes.

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Le matériel :

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La boite est plutôt bien remplie avec un thermoformage bien pensé. Le matériel est de très bonne qualité avec notamment des plateaux joueurs et un plateau central réalisés dans un carton épais. J’aime l’ingéniosité du livret de règles avec les encoches prévues pour y ranger les règles additionnelles des jeux suivants. De même, ils ont prévu des intercalaires pour faciliter le rangement et le triage des cartes. L’installation pour les prochaines parties en est donc facilitée.

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A quoi ça ressemble ?

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Comment on joue ?

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Je vais commencer par vous parler de la mise en place. Le plateau est placé au centre de la table et chaque joueur récupère un plateau une fiche joueur ainsi qu’un pion Vie. Les pions Influence, Dégâts et les marqueurs Contrôle Ennemi sont posés à proximité du plateau central.

Après cela, il faut ouvrir la boite de jeu n°1 – laissez bien les autres dans la boite, elles seront ouvertes au fil de l’aventure. Vous allez alors pouvoir placer les cartes Lieu, les cartes Force du Mal et les cartes Ennemi. Vous révèlerez la première carte de ce dernier paquet face visible, ce sera l’ennemi actif. Par ailleurs, il faudra mélanger les cartes Poudlard pour constituer une pile face cachée. Les 6 premières cartes sont tirées et disposées face visible sur les emplacements dédiés du plateau central. Les joueurs récupèrent ensuite un deck de Héros de départ. Ce dernier comprend 10 cartes qui sont mélangées pour former une pioche (face cachée). Chaque joueur en tire 5 pour constituer sa main de départ.

La mise en place peut paraître longue mais il n’en est rien. Tout est instinctif et elle se fait en moins de 5 minutes. Voyons maintenant comment on joue. Les joueurs vont enchainer les tours de jeu jusqu’à ce que les conditions de fin de partie soit remplies.

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Chaque tour de jeu est divisé en 4 phases :

1/ Révéler et résoudre les évènements Force du Mal : vous allez tirer un nombre de cartes équivalent au chiffre mentionné sur la carte Lieu. Et croyez-moi, ça devient vite très dangereux car elles n’entrainent que des désastres. ^^

2/ Résoudre les capacités des ennemis : chaque ennemi arrive avec des pouvoirs qui lui sont spécifiques. Vous devez alors subir les dégâts infligés par chaque ennemi. Et ça peut aller très vite. Quand vous avez le choix entre deux actions, vous devez choisir celle qui vous impacte, à condition que cela soit possible évidemment.

3/ Jouer des cartes Poudlard et effectuer des actions de Héros : vous allez jouer des cartes Poudlard pour gagner des pions d’Influence et/ou des pions Dégâts. Certaines d’entre elles ont des effets particuliers que vous résoudrez en les jouant. Avec les pions récupérés, vous pouvez dépenser les pions Influence pour acquérir de nouvelles cartes qui iront, hors mention contraire, directement dans la défausse et/ou assigner les pions Dégâts aux Ennemis. Si vous vainquez un Ennemi en assignant autant de pions dégâts que son nombre de vie, alors vous gagnez immédiatement la récompense. La carte Ennemi est défaussée et ne sera remplacée qu’à la fin du tour.

4/ Terminer son tour : dans un premier temps, vous devez vous assurez que les Ennemis ne disposent pas du nombre requis de marqueurs Contrôle Ennemi dans le lieu. Si c’est le cas, les Ennemis ont pris le contrôle et vous devez alors défausser cette carte Lieu et révéler la suivante. Si c’était la dernière, vous avez malheureusement été vaincu par les Forces du Mal et il ne vous reste plus qu’à réessayer ! Dans un second temps, il faut remplacer les éventuels Ennemis vaincus par de nouveaux – ça serait trop facile sinon ! Ensuite on comble les espaces vides des cartes Poudlard. Les cartes jouées et encore en main sont défaussées – aucune carte ne peut être conservée pour le tour suivant. Vous ferez de même avec les pions Influence et Dégâts non utilisés. Enfin, vous reconstituez votre main de carte en piochant les 5 premières cartes de votre Pioche.

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La partie n’a que 2 issues possibles : soit vous gagnez en ayant anéanti tous les Ennemis – vous pourrez alors ouvrir pour votre prochaine partie la boite de jeu suivante, soit comme on l’a vu précédemment, vous perdez car les Ennemis ont pris le contrôle de tous les Lieux et vous devrez recommencer.

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Une précision importante, les Héros ne meurent pas. Quand ils n’ont plus de Vie, ils sont seulement étourdis. Dans ce cas, vous ne pourrez plus gagner ni perdre de Vie durant ce tour. Vous défausserez les pions Influence et Dégâts gagnés lors des tours des autres joueurs, ainsi que la moitié de vos cartes en main – arrondi au supérieur. Il faudra aussi ajouter un marqueur Contrôle Ennemi sur le Lieu de la Bataille en cours. Si c’était à votre tour, vous pouvez continuer de jouer les cartes qu’il vous reste en main. Une fois le tour du Héros actif terminé, vous remontez vos points de vie à 10.

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VERDICT

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Pour commencer, il est important de noter que je suis une fan inconditionnelle de la licence Harry Potter. C’est d’ailleurs le thème qui m’a attirée vers ce jeu puisque je n’avais pas regardé la mécanique avant d’y jouer. La thématique est là et on retrouve tous les personnages emblématiques ainsi que les sorts les plus connus. Je regrette toutefois qu’on ne soit pas plus immergé dans l’histoire des livres ou des films à chaque scénario.

Le matériel est beau et participe à la bonne expérience de jeu. Si les premiers scénario jeux sont d’une extrême simplicité, je fus agréablement surprise de voir que le jeu se durcit à partir du jeu n°4. Vaincre les forces du mal devient en effet plus difficile et il vous faudra parfois recommencer. La simplicité des règles le rend très accessible, même si on peut reprocher par moment un manque de clarté.

En revanche, je souligne l’ingéniosité de l’éditeur pour le rangement des règles additionnelles des différents jeux.

La part de chance est par contre importante et vous n’aurez aucun moyen de l’influencer. Par ailleurs, il n’y aucun moyen d’améliorer sa main en ayant la capacité ou la possibilité d’acquérir des cartes afin de sortir définitivement du jeu celles qui sont peu puissantes.

Autre remarque, je regrette l’indépendance des scénarios. En effet, il aurait été intéressant que l’expérience acquise soit conservée pour poursuivre les années à Poudlard, à l’instar des connaissances acquises par nos protagonistes. Là, à chaque année jeu, on recommence à zéro. Cette remarque est toutefois à nuancer sachant que le jeu cible essentiellement les familles pour qui cela ne sera pas du tout gênant. Quoiqu’il en soit, le plaisir de jeu est là, même pour les joueurs plus expérimentés.

En conclusion, ce jeu ravira tous les fans de la licence comme moi ou les joueurs novices. Les joueurs experts le trouveront en revanche trop léger.

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Disponible ici:

Prix constaté: 47 €

Interview-Test: The Loop

Interview-Test: The Loop

The LOOP, le futur du passé est de retour !

Interview “boucle temporelle”

Qui n’a jamais rêvé de voyager dans le temps ? De découvrir le futur par curiosité ou bien de revenir dans le passé pour changer des choses, la culture Geek est parsemée d’histoires et d’aventures temporelles.

Du célèbre romancier H.G.Wells avec « La machine à explorer le temps » (1895), en passant par « Le voyageur imprudent » de René Barjavel (1944), jusqu’à nos jours avec « 22.11.63 » du célèbre Stephen King (2011), les romanciers, à l’aide de machines complexes, de création d’une substance, ou par le biais d’une porte temporelle invisible, ont souvent su nous faire voyager à travers les plans et les époques.

Le cinéma n’est pas en reste avec l’excellent court métrage expérimental « La jetée » de Chris Marker (1962), qui a directement inspiré Terry Gilliam pour la réalisation du célèbre « L’Armée des douze singes » (1995), en passant par la série (interminable) des « Terminator », et des incontournables « Retour vers le futur ». Le voyage dans le temps est aussi prétexte à des comédies comme « Les Visiteurs » de Jean-Marie Poiré (1993) ou bien le délicieux « Un jour sans fin » de Harold Ramis (1993) où à la différence des autres, l’effet de boucle temporelle est au centre de l’histoire.

Dans le domaine du jeu de société, en attendant l’adaptation prochaine de Retour vers le futur (Back to the future : back in time ) et Groundhog Day : The Game prévus respectivement en 2020 et 2021 chez Funko Games , seul à mes yeux le jeu exigeant Anachrony , de David Turczi, sorti en 2017 chez Mindclash Games, réussit le défi de jouer avec les sauts temporels.

Présentation du jeu Anachrony pendant la campagne KS

Les sauts temporels et les boucles (Loop), il en sera question dans The Loop, car les joueurs vont devoir poursuivre et anéantir les projets excentriques du Professeur FOO, qui arpente les couloirs temporels avec sa terrible machine et ses nombreux clones, pour dominer le monde, que dis-je l’univers !

Et en parlant de machine, H.G.Wells peut être jaloux en découvrant le superbe matériel du jeu proposé par l’éditeur Catch Up Games !

Un plateau de jeu tout en couleur et en dégradés, des cartes d’objets tous plus improbables les uns que les autres, et une machine gérant le chaos en distribuant aléatoirement les cubes failles du jeu ! Rien que ça !

Comme Catch Up nous a habitués, ce jeu est avant tout une histoire, et même plutôt une aventure coopérative digne d’un épisode de la « Quatrième dimension » pour la tension du jeu et plutôt en mode Cartoon pour le choix de la direction artistique, un mélange déstabilisant, et terriblement efficace pour tout bon geek qui se respecte.

En effet, pendant tout le long du jeu, on se plaira, en attendant son tour, à retrouver les nombreuses références sur les cartes objets réalisées par l’excellent illustrateur Simon Caruso. La barre est maintenant très haute car le traitement graphique est tout bonnement excellent et l’on a envie après la partie de pouvoir se plonger dans les aventures de l’Agence contre le Docteur Foo dans un format BD en 30 tomes !

En plus de ce jeu dans le jeu, à la manière d’un « Inception », The LOOP propose une multitude déboussolante de modes de jeu ! Il y en a pour tout le monde avec 4 modes de jeu différents, chacun agrémenté de 3 niveaux de difficultés, et un mode solo pour couronner le tout ! Il ne va pas sans dire que si vous voulez faire le tour du jeu, cela vous demandera plusieurs voyages !

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The Loop est un jeu de Théo Rivière (Draftosaurus, Sea of Clouds, SOS Dinos) et Maxime Rambourg (Le truc le +, Arena : for the Gods, The Big Book of Madness), illustré par Simon Caruso (Yogi), pour 1 à 4 agents temporels d’au moins 12 ans de métier, pour des épisodes de 45 à 75 minutes, édité par Catch’Up Games (Paper Tales, Pharaon, Wild Space).

Et comme entre deux parties de The LOOP, j’ai un peu de temps devant et derrière moi, je vous propose de leur laisser la parole et attention de ne pas vous perdre dans les méandres du Temps !

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  • Présentez-vous, l’année derrière, à un an et quelques jours de la sortie de The LOOP.

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Simon : Bonjour, je m’appelle Simon. Je suis illustrateur et graphiste (dans le jeu de société entre autres), et je déteste le comique de répétition. Je suis actuellement en train de travailler sur un projet complètement « foo », j’ai hâte de vous montrer ça. Rendez-vous l’année prochaine !

Théo : Bonjour à tous, je suis Théo Rivière. Je partage mon temps entre la création de jeux et la Team Kaedama qu’on a monté il y a bientôt 1 an avec Antoine Bauza, Corentin Lebrat et Ludovic Maublanc. Là, on est en pleine préparation d’Essen alors c’est un peu la course 🙂

Maxime : L’année dernière j’étais auteur de jeu à plein temps, me consacrant principalement à la conception de « The Loop », et voyais arriver sur les étals l’extension tant attendue de « The Big Book of Madness ». Depuis mon bureau à Nancy.

A un an, j’étais bien au-dessus des courbes de croissance et sans doute déjà très en avance pour mon âge puisque je constatais que mon environnement était très sain et tout à fait adapté à une enfance heureuse et libre de créer.

A quelques jours de la sortie de « The Loop », je suis hyper impatient, légèrement stressé par l’attente des premiers retours et à la fois très excité par l’engouement que suscite l’aboutissement de ce gros projet sur lequel on s’est tous donné à fond et avec beaucoup de cœur. Plus que quelques dodos et on va enfin pouvoir faire jouer les gens !

(ndlr : Vous avez peut être remarqué que Maxime a interprété la question à sa manière et j’ai trouvé ça top !)

Sébastien : Comme d’habitude c’est l’effervescence d’Essen, ce pilier inamovible de l’année ludique, que rien ne pourra jamais ébranler et qui concentre tant d’enjeux pour l’international.

On a un bon accueil de Pharaon, qui vient de sortir en France en septembre. On va aussi entre autres commencer à « pitcher » The Loop à quelques partenaires et montrer les dernières avancées de Simon sur les illustrations à Théo et Max. Même si ça fait longtemps déjà qu’on y travaille avec Max et Théo, il y a encore pas mal de travail parce que c’est un très gros projet à notre échelle.

Sinon Essen c’est toujours fatiguant mais tellement cool.

Pas demain la veille que l’évènement sautera.

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  • Quand vous aviez entre 10 et 15 ans, les voyages dans le temps ça vous faisait rêver ou ça vous faisait flipper ? C’était quoi vos références à la science-fiction ?

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Théo : Entre 10 et 15 ans, j’ai beaucoup joué à Magic alors j’étais plus branché fantasy que science-fiction. Ma seule grande ref, c’était Star Wars. Mon amour pour la SF est arrivé avec le lycée et ma découverte d’auteurs comme Dan Simmons ou (et surtout) Philip K. Dick.

Sébastien : Ça ne m’effleurait pas trop l’esprit en fait. J’ai dû voir Retour Vers le Futur (attention, références cinéphiles obscures et pointues) dans ces eaux-là mais je dois dire que je n’ai jamais eu une culture SF bien dingote.

Vers 15 ans j’ai dû accrocher à Dune , parce que j’étais obsédé par le jeu de plateau (Je l’infligeais à mes potes tous les mercredi environ, entre deux sessions de Magic.).

Pour moi, Asimov devait être un joueur de foot, mais je sais toujours pas à quel poste il jouait.

Maxime : Entre 10 et 15 ans le voyage dans le temps me faisait clairement rêver. Déjà parce que : les dinosaures (l’argument principal), mais aussi parce que j’ai le souvenir d’être très sceptique sur ce qu’on me racontait en cours d’histoire et je me demandais comment les professeurs pouvaient affirmer autant de choses comme des vérités immuables alors que, honnêtement, on n’y était pas. Alors que si on pouvait se rendre sur place pour vérifier…

Les références c’est Terminator, Demolition Man, l’Armée des 12 singes, la machine à explorer le temps…

Le vidéo club de Maxime R.

Simon : Rêver, clairement. J’ai découvert Retour vers le Futur à 8 ou 9 ans, et j’ai toujours adoré ces histoires où on fait des zigzags dans le temps, et où il faut assumer les conséquences de ses actes. C’est flippant, mais ça fait rêver quand-même. Ado, mes autres références de voyage dans le temps, c’était Code Quantum, L’armée des 12 singes, Terminator, ou même certains épisodes de Red Dwarf qui étaient tournés à l’envers.

Les compagnons de Simon C.

  • Rencontre du 4ème type ! Comment se sont passées vos rencontres ? Un moment, un lieu, un évènement que vous retenez particulièrement de votre rencontre au sein de cette équipe de création ?

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Sébastien : J’ai rencontré Théo quand on a démarré Catch Up Games, en distribution avec Iello, vu qu’il travaillait là à ce moment-là.

Max, je crois qu’il était venu nous rencontrer sur leurs conseils justement, et à partir de là on a dû se croiser de plus en plus systématiquement sur les festivals, vu qu’on accrochait bien et qu’on a commencé à suivre un autre de ses projets, bien avant The LOOP.

Simon c’est sur les merveilleuses et éthyliques « Vendanges Ludiques » du pays roannais qu’on l’avait connu, autour d’une partie de Vorpals au moment où on bossait sur sa mue en Paper Tales (Je ne parle pas de Simon, lui a heureusement gardé sa peau de bébé.).

Simon : Septembre 2016, au salon des Vendanges Ludiques (Saint Vincent de Boisset, 42). En plus d’être sur place en tant que joueur et illustrateur, je filais un coup de main à l’organisation, et on a mangé tous ensemble le soir précédant le gros weekend. À table, on a parlé de tout et de rien, mais beaucoup de jeux quand-même.

Les tests du Dr FOO

Personnellement, quand je rencontre des gens, je m’intéresse bien plus à leur personnalité qu’à leur boulot, du coup j’ai jamais le réflexe de demander. Donc au final, j’ai mangé à côté de Seb sans me douter une seconde qu’il était éditeur chez Catch Up Games. On a déconné à bloc, on s’est tout de suite très bien entendus. Plus tard, pendant la soirée off, j’ai à peu près pigé son boulot quand il nous a sorti le proto de « Vorpals » (futur Paper Tales), dont je suis tout de suite tombé amoureux.

Ce n’est qu’en toute fin de weekend, en me disant au revoir, que Seb m’a demandé ce que je faisais dans la vie. Je lui ai répondu que j’étais illustrateur. Il m’a dit qu’il cherchait justement quelqu’un pour illustrer « Vorpals », et qu’une copine à lui était en train de faire des tests graphiques ; mais si jamais ça ne convenait pas, il voulait qu’on tente le coup ensemble.

J’étais partant à fond ! Bon, la copine en question était Christine Alcouffe (Comment veux-tu lutter !), et forcément elle a convaincu les Catch Up avec le travail incroyable qu’on lui connaît (Du coup, aucun regret.). Seb m’a alors dit que ce n’était que partie remise… et c’était pas des paroles en l’air !

Ma rencontre avec Théo était elle aussi totalement hasardeuse, je la raconte dans mon carnet d’illustrateur sur Tric Trac. Un jour il faudra demander à Christine de raconter notre rencontre, qui était très drôle aussi, mais ça n’a aucun rapport.

Maxime : Il y a eu plusieurs moments différents avec chacun des protagonistes. Mais si je dois piocher un de ces instants, c’est le festival de Strasbourg « Des Bretzel et des Jeux », où je montre le projet à Seb (Catch Up) et Théo (Rivière). Seb se montre intéressé et fait des retours pertinents (comme toujours 😉) et ensuite je me souviens qu’on parle pendant 4h de voyage en voiture avec Théo, uniquement de ce jeu-là et qu’on pose les bases de ce que « The Loop » deviendra vraiment les jours qui suivent.

Théo : J’ai rencontré Maxime dans un café-jeux, mais on était pas encore copains. Notre amitié est née quand on a commencé à travailler ensemble et qu’on a découvert qu’en plus d’être des moments efficaces, nos sessions de boulot étaient diablement agréables.

J’ai rencontré Simon sur un paquebot de croisière, mais je n’en dirais pas plus.

Enfin, j’ai rencontré les Catch Up quand je bossais pour IELLO (et que IELLO   distribuait Catch Up), je me souviens avoir aidé Seb à ranger ses kakemonos à la fin d’une journée pro… et c’était important.

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  • Revenons au moment où le jeu va être créé, où les idées arrivent, où le projet se dessine. Qui a fait quoi ? Est-ce que cela aurait pu tourner différemment ? S’arrêter brutalement ?

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Maxime : Il y aurait tellement de choses à dire… Il y a tant de moments où on se sent bloqué, où on doute de la direction qu’on prend, mais dans un cadre de travail aussi excellent, que ce soit avec Catch Up, Théo ou Simon, il y avait toujours quelqu’un pour redynamiser, relancer, pousser le projet. On a tous tenu ce rôle à un moment donné sur tel ou tel aspect du jeu, sur tel blocage. Tourner différemment c’est possible, mais c’est la première fois que je n’ai aucun regret sur un projet au moment de sa sortie et la sensation qu’on a tout testé, tout fait pour faire ce qu’on avait en tête. Pour moi, je ne vois pas comment ça aurait pu s’arrêter brutalement, sauf catastrophe, ça me semble impossible.

Théo : C’est toujours difficile de se souvenir parfaitement de qui a fait quoi pendant la création d’un jeu. Ce que je peux affirmer avec certitude, c’est que c’est Maxime qui est arrivé avec l’idée de base du jeu. Je ne pense pas que ça aurait pu tourner très différemment, surtout parce qu’on était à fond sur le prototype et qu’on allait tout faire pour qu’il fonctionne et qu’il trouve un éditeur.

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  • A quel moment et par quel processus anti gravitationnel vous prenez la décision de partir dans cette aventure et de signer le jeu ? 

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Sébastien : Max nous avait montré le jeu dans ses prémisses et on lui avait dit qu’on aimerait beaucoup voir ce que ça donne parce qu’il portait des éléments de promesse assez forts. Clem a pu y jouer avec Théo à l’occasion de Ludix et après avoir un peu creusé on s’est dit que c’était un projet sur lequel on aurait envie de s’investir.

Pour nous, au-delà de l’envie de travailler avec ces deux auteurs qu’on apprécie sur tous les plans, c’était d’autant plus excitant de s’engager sur un jeu coop (qu’on n’avait pas jusqu’ici) que celui-ci nous semblait avoir pas mal d’atouts pour se démarquer mécaniquement et dans son ton sur cette thématique.  

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  • Est-ce que le « Docteur Who » est-il intervenu à un moment donné dans votre processus de création ?

Le célèbre TARDIS …

Sébastien : Docteur WHO ?

Théo : Je vais m’attirer les foudres des fans, mais je n’ai jamais regardé un épisode de Docteur Who. Après, je crois que Maxime le connaît bien et qu’il lui a demandé plusieurs fois conseils dans le futur (ou dans le futur du passé, un truc dans l’genre).

Maxime : Je vais le croiser plusieurs fois dans le futur pour qu’il me donne les inspirations que j’ai eues sans le savoir au moment où j’ai commencé à me dire que le futur était déjà passé. Clairement il a tout fait, mais on ne le sait pas encore. Je crois que c’est ça, non ?

Simon : Docteur qui ? Connais pas, y a certaines références culturelles sur lesquelles j’ai du retard.

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  • The LOOP n’est-il pas une parabole spatiotemporelle de la création d’un jeu de société ? Plus globalement, quels sont selon vous les points communs entre travailler sur un jeu de société en équipe, et jouer à un jeu en coopération ? Dans le détail, quels ont été vos rôles dans ce projet ?

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Théo : C’est joli comme parallèle, j’aime bien cette idée. Globalement, Maxime et moi on a assumé le même rôle. Il n’y a pas eu de réel partage des tâches sur le game design. Il faut noter qu’on a été très accompagné par Sebastien sur le développement, notamment des différents modes de jeu et du mode solo.

Un peu comme dans un jeu coop on a tous utilisé nos pouvoirs spéciaux pour essayer d’en faire le meilleur jeu possible.

Simon : Travailler sur The LOOP était clairement un coop. En tant qu’illustrateur, j’ai toujours été plus ou moins dans la boucle (« loop », tu l’as) de beaucoup de discussions, même si ça ne concernait pas toujours le côté visuel du jeu.

Seb m’a beaucoup consulté sur certains aspects mécaniques et/ou thématiques, il n’a pas fait que me dire quoi dessiner, loin de là. De son côté, Théo m’a souvent fait des retours (toujours hyper enthousiastes) sur mes dessins, c’était encourageant (Maxime aussi, mais il est beaucoup moins actif sur les réseaux sociaux, c’était donc moins souvent).

J’ai vraiment eu l’impression de faire partie d’une équipe, c’était très chouette.

Sébastien : C’est sûr qu’on en aura dépensé de l’énergie tous ensemble, pour alimenter toutes les boucles de développement, sur ce projet au long cours. De mon point de vue « éditeur », j’ai vraiment vécu ce projet avec Théo, Maxime et Simon comme un travail d’équipe très étroit et fluide, où tout le monde a envie de se remettre en question pour proposer quelque chose de mieux.

C’est vraiment un feeling très agréable et motivant dans les moments de doute, rush ou stress important.  

Des crayonnés de plus en plus Foo

Maxime : Wouha, cette mise en abîme me pose autant de questions que les paradoxes du voyage temporel. Pour moi, on travaille toujours sur un jeu de société en équipe. Avec l’éditeur, avec l’illustrateur, c’est un boulot commun. Donc j’ai pas l’impression que l’aspect coopératif du jeu change les choses sur la façon de bosser, mais c’est clair que les nombreuses phases de test ont sans doute poussé les réflexions assez loin, parce qu’au final, on est des joueurs très différents sur le plan coopératif.

Je ne pense pas que chacun ait tenu un rôle bien défini sur le long terme. Catch Up a sans cesse pointé des « failles » dans les sensations de jeu, amenant des pistes à explorer. Théo et moi explorions ces pistes, les sculptant jusqu’à atteindre les « bonnes sensations », puis Seb redonnait un peu d’équilibre à la structure, puis on recommençait… en boucle… Quand Simon est arrivé, la mise en image collant parfaitement, même mieux, à l’esprit un peu barré qu’on avait, ça a clairement posé le thème plus précisément et amené beaucoup de narration.

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  • Si vous vous réveillez, tous les jours, le matin d’une même journée, qu’est-ce que vous changeriez dans votre façon de travailler sur ce projet ? Plus globalement, quelles ont été vos inspirations, vos contraintes, vos difficultés, votre fierté, sur ce jeu ?

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Simon : Déjà, je commencerais ma journée par changer la sonnerie de mon réveil (« I got you Babe », ça va bien deux minutes !). Niveau inspiration, j’essaye de toujours faire en sorte que ce soit inconscient. Par exemple, concernant le personnage de Robofinisseur 404, Théo était tellement content de la référence à Steven Universe !

Tiens, il manque des agents !

Sauf que moi j’avais vu seulement 2 épisodes, des mois auparavant, et j’avais pas du tout ça en tête au moment de la création du personnage. Peut-être que ça vient de là, j’en sais rien ! Je crois beaucoup à la digestion passive d’influences diverses, sans trop se forcer à chercher des trucs en particulier, et on verra bien ce qu’il ressort sur le papier. Mais il y a aussi des références tout à fait conscientes, et le « shotgun » de sniper renvoie clairement à celui du T-800.

Un gonfleur-friteuse-aspirateur ?

Mes contraintes ont été celles d’un illustrateur de jeu de société : savoir s’effacer derrière l’ergonomie, mais faire des trucs jolis quand-même. Ce qui a facilité les choses, c’est que j’étais également graphiste sur ce jeu, et donc je pouvais penser les dessins en fonction des graphismes, et vice et versa. Même si c’est un boulot énorme, c’est un sacré confort.

La principale difficulté aura été de faire un plateau hyper coloré, mais qui visuellement n’éclipse pas la tonne de matos qu’on pose dessus en cours de partie, elle aussi hyper colorée. Mais en proposant quand-même un univers aussi barré que percutant. Tout ça en espérant que les joueurs ne feront pas de crise d’épilepsie en jouant.

Tests plateau de jeu

Ma fierté sera justement d’avoir pu maîtriser absolument tous les dessins et graphismes que je propose dans The Loop. J’ai eu une liberté totale au niveau du style graphique, et j’ai été responsable de tous les détails d’ordre visuel. Donc si ça vous plaît, c’est ma faute. Et si ça vous plaît pas, c’est ma faute aussi 😉

Encore le Dr FOO en détail et en couleur

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  • Nous sommes dans le futur. Expliquez-nous The LOOP, ses qualités, ses défauts, et surtout, selon vous comment a-t-il pu dépasser en seulement quelques années le chiffre des ventes de CATANE dans le monde ? 

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Maxime : Il n’y pas de recette miracle, mais je dirais que c’est avant tout une histoire de rencontre, des gens qui nous tendent la main au bon moment. Je pense que réaliser les choses à la fois sérieusement, mais avec beaucoup de plaisir et d’humour, c’est ça le secret. Ou alors le super slip. Comment savoir ?

Le jeu a bien trop de qualités pour les citer toutes ici, mais il est beau, jeune, intelligent, dynamique et il sait s’adapter. Quant à ses défauts… trop perfectionniste je pense.

Sébastien : Bon, il faut dire que CATANE s’est un peu essoufflé vers 2030. Est-ce que les nouvelles contractions successives du nom en CAT, puis C ont fini par perdre des gens ?… Ah c’est pas le fond du sujet, pardon.

Tous les gens qui ont découvert le jeu de société lors du boom des année 2010-2020 ont voulu passer à des jeux plus complexes, parce que la complexité c’est « fun ». Ces gens ont été séduits par la singularité mécanique et thématique de The LOOP. Son panache de sortir le jour du re-confinement en France…(ndlr : le 30 octobre 2020) Son côté combo un peu fou: comment, en partant d’un système d’actions qui paraît aussi plein de contraintes, les joueurs arrivent à réaliser des coups d’éclat aussi insensés vers la fin de partie.

La force de ses modes 2 joueurs et solo a clairement été un atout au cours de cette décennie marquée par les re-confinements et re-déconfinements successifs. Le contenu riche du jeu, son challenge et sa rejouabilité ont également dû aider à en faire ce blockbuster indémodable des années 2020-2030 :-). 

Théo : Déjà, il faut savoir qu’on a été un peu surpris en 2031 quand le Docteur Foo s’est révélé être réellement réel et qu’il a essayé (encore une fois !) d’empêcher la sortie de la 10ème extension.

Blague, à part, j’espère que The Loop arrivera à toucher son public, on a mis beaucoup de cœur et d’énergie à l’ouvrage (Je n’ai jamais autant joué à un de mes protos.) et on espère que ça rend le jeu assez unique. Dans tous les cas, je pense que sa force est qu’on l’a affiné jusque dans ses plus petits détails et qu’on a fait très peu de concessions, notamment dans son univers, qu’on a gardé décalé jusqu’au bout.

Si je devais pragmatiquement parler d’une faiblesse, je pense que si vous avez un joueur alpha dans votre groupe de jeu et que ça vous énerve… The Loop n’arrangera pas spécialement la situation.

Simon : Là où ça a vraiment été formidable, c’est quand les ventes de The Loop ont dépassé celles du Monopoly (toutes versions confondues). C’est à ce moment-là qu’on a eu les moyens de se payer une machine à voyager dans le temps pour pouvoir répondre à cette interview.

Le rêve de Simon C.

  • Nous sommes en Octobre 2010. Quels sont vos attentes, que ce soit dans le milieu du jeu ou de la vie ?

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Sébastien : En 2010, ça fait 2-3 ans que j’ai quitté ma Lorraine pour vivre à Lyon. Que je me suis replongé à corps perdu dans les jeux de société comme une épiphanie, retrouvant la forme de convivialité que je regrettais de plus en plus de perdre dans l’évolution du jeu vidéo (à cette période-là en tout cas).

A côté de ça, je m’ennuie déjà dans mon travail, comme d’habituuuudeeee. Envie de m’investir davantage dans le jeu. Ça doit être vers cette période, ou pas si longtemps plus tard, que j’ai l’occasion d’intégrer la rédaction de Plato Magazine, dans lequel j’écrirai avec plaisir presque jusqu’à la création de Catch Up Games.

Simon : Octobre 2010 ? Côté vie, mon projet le plus excitant est d’aider ma copine à fabriquer son costume d’Halloween de mariée zombie enceinte. Côté boulot, c’est encore le début, mais y’a plus qu’à. Côté jeu, avec Madame on fait la connaissance d’une nouvelle boutique qui vient d’ouvrir en ville, et on se rend compte qu’il y a une vie après le Timeline et le Jungle Speed : Dixit, Les Aventuriers du Rail, Bang,…

Mais bientôt notre vie de couple sera comblée : on est sur le point de découvrir 7 Wonders. La vie ne sera plus jamais pareille.

Maxime : En 2010, je suis gérant d’un café jeux « La Feinte de l’Ours » à Nancy, cocréé avec le grand et sublime Gabriel Durnerin et je continue à réaliser des prototypes une bonne partie de la nuit quand je rentre du boulot.

J’attends du milieu du jeu qu’il me surprenne avec des choses qu’on n’avait pas encore vues, et de la vie qu’elle ne me surprenne pas trop avec des choses que je connais bien et que je peux approfondir. Ou l’inverse, je me souviens plus.

Théo : Je vais encore passer pour le jeunot de service, mais en 2010, je suis tranquillement en deuxième année de fac. Je découvre à peine le jeu de société moderne et je joue surtout à Magic.

Mes attentes sont assez simples, faire top 8 du tournoi win-a-box de dimanche et continuer à découvrir de chouettes jeux.

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  • Votre futur ludique pour l’année dernière de 2021, c’était quoi à venir ?

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Maxime : J’avais une bonne demi-douzaine de projets qui devraient sortir en 2017-2018 et qui étaient certainement encore à venir dans le futur. En ajoutant ceux que j’ai ajoutés depuis que je me consacre pleinement à la création, je crois que mon futur ludique est une boucle temporelle, j’attends que les éditeurs travaillent… 😉

Théo : 2020 a été une année bien « cheloue » et donc mon planning de sorties a été bouleversé. Je ne fais plus confiance à cette temporalité et je ne peux plus parler des sorties futures avec certitude. J’suis assez certain qu’il y en aura en 2021, j’espère qu’elles seront nombreuses et plaisantes, mais on verra bien.

Simon : Je suis actuellement en train de travailler sur deux ou trois jeux, j’ai hâte de vous montrer ça. Rendez-vous l’année prochaine !

Sébastien : L’année dernière de 2021 c’est 2020, ou c’est 2021? Même si l’année 2020 est bien entamée (dans tous les sens du terme), on a encore l’extension de Wild Space à paraître en fin d’année.

Pas mal de projets dans les tuyaux pour 2021 et après, dont notamment Sobek Duel de Bruno Cathala et Sébastien Pauchon, une refonte pour 2 joueurs du Sobek paru initialement chez Gameworks.

La Garde des Runes (le titre pourrait bien encore changer), un jeu de bag building de Frédéric Guérard.

L’extension de Pharaon, sur laquelle on a pris un peu de retard en cette année 2020 dont il faut taire le nom de l’épidémie… Bref, beaucoup de projets et de travail, à notre échelle.

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  • Et sinon quand est-ce que l’on se voit pour jouer ensemble ? 

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Simon : Quand tu veux ! Qu’est-ce que tu bois ? Tout ce que tu voudras sauf de la root beer. Parce que là où on va, on a pas besoin de root.

Maxime : C’est dommage, hier j’étais dispo de 16h à 18h. Sinon, semaine prochaine quand tu veux je m’organise et j’accueille à toute heure.

Sébastien : Qu’est-ce qui nous en empêcherait?

Théo : La semaine prochaine j’ai JDR avec Gary Gygax puis tennis de table avec Marie Curie. La semaine dernière c’est définitivement le mieux pour moi.

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  • Présentez-vous à la date d’aujourd’hui ? (La boucle est bouclée !) et surtout avez-vous retrouvé les 3 clins d’œil geek de cette interview ? 

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Théo : Bonjour à tous, je suis Théo Rivière. Je partage mon temps entre la création de jeux et la Team Kaedama qu’on a monté y’a bientôt 2 ans avec Antoine Bauza, Corentin Lebrat et Ludovic Maublanc. Là, on est pas du tout en pleine préparation d’Essen parce que tout est annulé mais c’est quand même bien la course 🙂

Pour les clins d’œil, voyez avec le Docteur Foo, c’est lui qui fait tout ce qui est monocle et autre fioriture oculaire.

Maxime : Bonjour, je suis Maxime Rambourg, vous m’avez certainement vu dans des jeux tel que « Le Truc le + », « Arena : For the Gods » ou encore « Big Book of Madness ». J’aime l’odeur du gingembre frais, le handball, le squash et les animaux. Je suis auteur de jeux et j’habite à Nancy.

Les 3 clins d’œil geek sont : Dark, Futurama et La petite maison dans la prairie ! J’ai bon ?

Sébastien : Je vais un peu glisser de registre (Ce sera mon petit « Ciao Pantin » à moi.), mais à l’heure-même où j’écris, le re-confinement vient d’être annoncé pour le jour-même de la sortie de The LOOP (vendredi 30 octobre…), et je ne te cache pas qu’à cet instant où on n’a pas encore pu voyager dans le futur, on n’en mène pas très large.

Même si on a confiance en les atouts intrinsèques du jeu, ça reste plus que flippant dans un contexte où les « un peu gros joueurs », auxquels The LOOP s’adresse en priorité, passent vite aux prochaines nouveautés si une dynamique positive n’a pas pu très vite s’installer. Ce genre de « facétie », aussi lourde et exceptionnelle, de calendrier peut enterrer un jeu (et les mois / années de travail qu’il représente). 

Pour les clins d’œil répétés je les ai bien vus. Je trouvais ça un peu « creepy » au début, puis je me suis dit que ça devait être une poussière coincée.

Simon : Bonjour, je m’appelle Simon. Je suis illustrateur et graphiste (dans le jeu de société entre autres), et je déteste le comique de répétition.

Concernant les clins d’œil, si tu parles de films genre Rencontre du 3ème type, Dr Who, ou encore Un jour sans fin, j’ai bien cherché, mais j’ai rien trouvé. Par contre, toutes ces histoires de boucle me font penser à la série Russian Doll (Netflix), que je recommande vivement.

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VERDICT

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The Loop est donc un jeu coopératif, et ceux qui me connaissent savent bien que ce n’est pas du tout mais pas du tout mon genre de jeu préféré, loin de là même !

Alors, quand je décide de m’attarder sur un jeu coopératif, je pars dès le départ avec des à priori et des peurs, ce qui en général ne facilite pas l’expérience de jeu.

Et donc ici, j’avais peur du sempiternel « effet leader » (quand un joueur plus expérimenté ou plus affuté, décide à la place des autres), du degré de défis que propose le jeu (Rien de pire que de marcher sur un jeu ou bien d’être confronté à des challenges trop difficiles pour son niveau de jeu.), et enfin de mon degré d’amusement (La base d’un jeu non ?).

Force est de constater que j’ai été bluffé, à beaucoup de niveaux par The Loop !

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Tout d’abord parlons de ma peur de l’effet Leader. Ici chaque joueur a son personnage, avec son deck de cartes et son pouvoir personnel, et bien que le matériel soit individuel, les joueurs auront le temps de prévoir leur coup à l’avance ou du moins en s’adaptant aux coups des autres. On s’applique à construire un plan de jeu tous ensemble en se fixant régulièrement des objectifs généraux (les tuiles sabotages en premier lieu), et chacun va devoir utiliser ses propres armes pour y parvenir.

Ici l’effet leader n’est pas gommé, mais je l’ai trouvé plus facile à accepter, du fait que comme « l’Agence Tout Risque », on va chacun avancer ses arguments pour construire une stratégie de groupe, ensuite selon les effets aléatoires arrivant, comme les failles temporelles et les clones, le joueur principal aura tout loisir de jouer ses cartes en prenant en compte ou non les conseils de ses coéquipiers.

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Abordons maintenant le « niveau » de jeu de The Loop. On a vraiment affaire à un jeu d’une rejouabilité énorme, et doté de niveaux de difficulté très nombreux et variés : il y en a pour tous les goûts, tous les niveaux, et l’accompagnement du joueur dans l’évolution de la difficulté proposée est vraiment une chouette idée. Pour venir à bout du Dr Foo dans tous les modes de jeu, il va falloir vous accrocher sévère, c’est un fait !

4 modes de jeu, Sabotage, Sayan Supa Clones, Centrifugeuses LASER et Ultramachina, avec 3 niveaux de difficulté dans chaque mode ! Et le mode solo en sus, accrochez-vous , on vous a prévenus !

Et le plus important, l’amusement, le plaisir de jeu, comment on kiffe ou pas !

Là est le point central de ce jeu, car je n’arrive pas à m’arrêter sur une conclusion bien nette. On va dire qu’il y a des hauts et des bas pour moi dans ce jeu. Alors bien sûr c’est très personnel et je conçois que les amoureux des jeux coopératifs vont assurément trouver leur compte et prendre leur pied avec The Loop, assurément !

Pour moi c’est donc un bilan mitigé. Le jeu nous plonge dans un univers excellent, immersif, avec des illustrations ultra chouettes, mais je n’arrive pas y rester tout le long du jeu. Pourtant, tout est réuni, le matériel 3D, les cartes artefacts, les actions, tout est là, mais je reste trop fixé sur les objectifs comme une marotte tenace et donc j’ai du mal à me plonger corps et âme dans le cœur du jeu, ce qui me fait sûrement rater un élément d’appréciation.

La qualité du jeu est aussi dans son équilibre, le côté mathématique de la chose, ce que l’on ne voit pas, mais que l’on ressent pendant la partie. En effet, la gestion de la difficulté est pesée au gramme prêt et on a presque l’impression que le jeu s’adapte aux joueurs. Je le place bien au-dessus d’un Ghost Stories (ou maintenant Last Bastion), car la sensation de frustration est vraiment bien dosée et quand on perd on a vraiment envie d’y revenir sans que cela ne se traduise par du simple masochisme ludique.

Et pourtant j’ai vraiment apprécié également la gestion du hasard avec le tirage de cartes qui gère l’époque de Foo, les clones qui « poppent » ici ou là et parfois ça pique, et la répartition des cubes faille temporelle, que sème la magnifique invention 3D qui est la machine infernale du Docteur ! Ca fait le travail, c’est la première phase du tour, et on est attrapé par le suspense comme dans un bon vieux Hitchcock !

Pour un premier jeu coopératif, Catch’Up tape bien fort avec un jeu magnifique, thématique, avec un vrai univers, et qui va plaire, j’en suis persuadé, à un panel de joueurs très large, tant selon le mode choisi et la difficulté, le défi sera bien différent.

Mitigé donc, mais je me plais quand-même à traverser les époques, et les difficultés que le Dr Foo nous met dans les pattes, à croire donc que si j’en redemande c’est que le jeu me touche quelque part.

Cela doit être le côté « deck building », léger mais présent, associé au fait de découvrir toujours des artefacts différents et inconnus, partie après partie.

Et sûrement aussi le fait de devoir élaborer une stratégie de fonds, les grosses lignes en tout cas, qui me rappelle les moments dans la fameuse auberge du Chien Qui Rote, où héros de jeux de rôle comme Agents Temporels pourraient se rencontrer autour d’un gerboise glacée ou d’un lait de chèvre tiède afin de décider ensemble comment préparer le plan du siècle, lequel bien souvent ne se déroulera jamais comme prévu !

5 agents réunis pour sauver le monde !

Je tiens à remercier chaleureusement les auteurs, Maxime, pour avoir répondu à côté d’une question et j’ai adoré, Théo, pour son sens de la belle phrase, Simon, pour son talent « cartoonesque » exceptionnel, et les éditeurs Clément, pour son ouverture d’esprit, et Sébastien, pour son esprit tout court (et aussi en privé pour les boites de Rixton envoyées de Lyon) et pour nous avoir donné accès au jeu.

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Disponible ici:

Prix constaté: 39€

Interview-Test: Au Creux de ta Main

Interview-Test: Au Creux de ta Main

AU CREUX DE TA MAIN

Une poésie ludique hors du temps

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Un jeu c’est avant tout une histoire, des sensations, et des souvenirs.

Dans Au creux de ta main, tout cela est réuni pour vous faire vivre des moments hors du temps. Une sorte de magie émane de cette boite, comme se rappeler d’un moment de notre jeunesse, en sentant une odeur particulière, ou bien en entendant un bruit évocateur…

Ici, il sera question de sensations liées au toucher, un effleurement, une petite pression, un frôlement…

A l’aide d’objets de divers formes et matières, vous devrez faire deviner une carte particulière à vos coéquipiers, en sachant que l’équipe adverse viendra vous mettre des bâtons dans les roues en ajoutant des cartes pour parasiter votre choix.

Point de contact entre les joueurs, seuls les objets seront au contact de votre main, dedans, dessus, dessous.

Il vous faudra donc de la douceur, du tact, de l’imagination, pour créer assez de sensations et découvrir le plus de cartes !

Les illustrations sont à la fois adorables, naïves, nostalgiques, vous y trouverez tantôt des illustrations photographiques, parfois des objets d’une vie, toujours reliés à un moment de la vie du grand-père, car il s’agit bien d’un jeu sur l’histoire d’une vie, où certains passages vous parleront plus que d’autres.

Ce jeu est tellement riche que je vais laisser les protagonistes de cette belle histoire vous en parlez directement. Pour tout vous raconter, vous allez rencontrer Timothée Decroix, l’auteur du jeu, une partie des artistes qui ont illustré le jeu, Gaël Lannurien, Sabrina Miramon, et Pauline Détraz, et Benoit de La Boite de Jeu, l’éditeur.

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Parlez-moi un peu de vous : qui êtes-vous ? Avez-vous commis d’autres « méfaits ludiques » avant ce jeu ?

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Pauline : Eh bien je suis illustratrice et motion designer depuis 2008, j’ai intégré le milieu ludique moderne il y a environ 5 ou 6 ans en ayant illustré « 10 minutes to kill » pour la boîte de jeu avec qui je travaille encore régulièrement. J’ai également illustré Medieval Pong chez Ravensburger ou encore Dicycle Race pour Banana Smile.

Sabrina : Bonjour, je suis Sabrina, illustratrice. Et, oui, j’ai commis de nombreux « méfaits » 🙂

Gaël : Bonjour, je m’appelle Gaël Lannurien et j’ai participé à une vingtaine de jeu en tant qu’illustrateur (Cardlines animaux, When I dream, Times stories, Ginkgopolis, Timeline…).

Timothée : Je me suis lancé dans la création ludique il y a quelques années. “Au creux de ta main” est mon premier jeu publié. J’ai aussi présenté des prototypes au protolab de Cannes ou à des concours de proto.  A part ça, mes méfaits se résument à discuter jeu sur Twitter (@Gob_Karas) ou ailleurs et à être cité comme tippeur sur les podcasts ludiques.

Benoit : Je m’appelle Benoit, je suis éditeur de jeux de société et auteur. Sur Au creux de ta main, notre travail, à Grégory (mon collègue) et à moi a été de travailler à partir du prototype de Timothée (l’auteur) et de lui trouver un cadre (un thème) et de le développer avec lui. Avant ça, j’avais fait plusieurs jeux en tant qu’auteur (Invazions, 10′ to kill, et les campagnes de It’s a Wonderful World avec Frédéric) et pas mal d’autres en tant qu’éditeur (Outlive, Clash of Rage, Ilos, Cerbère, etc … ).

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Quelles sont les spécificités de ce jeu selon vous ?

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Benoit : Au Creux de ta main propose une expérience assez unique où l’on doit transmettre une image / un visuel par la sensation du toucher. Le changement de sens est très intéressant et il faut avoir recours à son imagination pour transmettre un mouvement, une texture, un détail sans dessiner toute la carte. Le jeu a aussi pour lui d’avoir une cohérence, il raconte la vie d’un personnage. Ce ne sont pas des cartes oniriques, mais chaque carte, remise dans l’ordre, retrace la vie de Léon.

Timothée : Avec “Au creux de ta main”, j’avais l’ambition de procurer des sensations de jeu vraiment différentes et l’espoir que le jeu saurait procurer des émotions. Le jeu de société est généralement un média relativement froid. J’aime ce côté presque mathématique qui est présent dans beaucoup de jeux, mais je pense que le média Jeu de société peut largement le dépasser pour offrir une palette bien plus large. Ce jeu est ma contribution pour essayer d’élargir un peu l’horizon du média en apportant une dimension autre.

L’originalité principale est bien sûr la mécanique centrale de « mime tactile » et la sensation inhabituelle que ressent le joueur ayant les yeux fermés. Plus largement, le recours au toucher pour autre chose que de la reconnaissance tactile est à ma connaissance inédit.

Un autre aspect original est le fait que l’ensemble des cartes raconte une histoire. On avait 100 cartes à disposition, et j’avais envie qu’on les utilise pour raconter une histoire ; une vie en l’occurrence. Avec La Boîte de jeu, on était d’accord sur ce point dès le début et je les remercie de m’avoir laissé le champ relativement libre et de m’avoir fait confiance pour préparer les briefings pour les illustrateurs. C’était une coopération vraiment réussie !

Sabrina : Personnellement je trouve ce jeu très original, autant par le sujet que par la manière de jouer.

Pauline : Ce que je trouve très intéressant avec le concept de ce jeu, c’est l’innovation de l’expérience sociale. Ce jeu explore une zone de tabou social puisque le toucher et un sens profondément codifié. Or dans le jeu on touche sans toucher, car les interactions entre joueurs se font à l’aide d’objets. On réagit donc à la position, au mouvement, à la pression, à la matière que l’on ressent sur sa paume. Et c’est très astucieux car ça balaye tout sentiment d’inconfort qu’on pourrait ressentir face au tactile.

J’ai testé ma première partie au salon du jeu de Cannes 2020, j’étais avec mon meilleur ami et on a joué avec deux inconnus qui ont bien voulu nous rejoindre. Pour moi le jeu était encore plus intéressant car le fait de ne pas connaitre nos adversaires nous forçait à être encore plus réfléchis dans nos « mimes tactiles ».

Gaël : C’est l’utilisation du sens du  » toucher ».

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Comment est née l’idée de ce jeu ? Dites-moi tous vos secrets, pas de cachoteries !

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Timothée : L’idée du jeu est née du constat que le jeu de société n’est généralement pas un média qui permet d’éprouver des émotions autres que la frustration ou le plaisir de la victoire. Je me suis demandé comment procurer des émotions différentes…  Je me suis dit que jouer sur la proximité physique entre les joueurs et le sens du toucher pourrait amener quelque chose de nouveau.

Voilà pour l’idée d’origine, qui se résumait à trois mots sur un carnet. Ensuite, j’ai laissé traîner cela un bon moment, en y repensant régulièrement. Puis il a fallu en faire un proto à quelques semaines de Cannes 2019, car j’avais pitché l’idée à un éditeur donc il fallait avoir quelque chose à montrer. Heureusement, le jeu a très vite bien fonctionné et n’a pas demandé des centaines d’itérations avant d’être suffisamment développé pour être montré.

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Expliquez-moi votre rencontre, (auteur et éditeur, et illustrateurs avec l’éditeur)

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Pauline : J’avais déjà travaillé avec l’équipe de la Boite de Jeu pour 10 min to kill, Grumpf, l’édition collector de Outlive. Sur ce projet j’ai travaillé directement avec Gregory Oliver (auteur de Outlive) qui a rejoint l’équipe et que je connaissais déjà d’avant. Super collaboration, Greg est toujours positif et très pro.

Sabrina : J’ai été contactée par mail me demandant si j’étais intéressée par le projet et mes disponibilités… je n’ai malheureusement pas eu la chance de rencontrer de visu les autres personnes impliquées.

Gaël : Par mail 😉

Benoit : Nous avons rencontré Timothée au Festival International des jeux de Cannes en 2019 pour un autre prototype et il nous a proposé ce jeu-là en nous disant « J’ai aussi un party game ». Je n’avais pas voulu le regarder parce que le terme party game ne correspondait pas à nos recherches. Mais Greg a insisté et on a testé « Au creux de ta main ». Ça a été le coup de cœur immédiat et il nous est apparu qu’il fallait faire ce jeu !

Timothée : J’étais en contact avec La Boîte de jeu pour un autre prototype (un jeu de stratégie, type construction de moteur de production) que je leur avais présenté en 2018 à Cannes et on avait un rendez-vous pour réétudier ce jeu lors du festival de Cannes 2019. Il y avait Benoit et Gregory au rendez-vous. C’était la première fois que je rencontrais Gregory, que je ne connaissais que de nom en tant qu’auteur d’”Outlive”. Le courant est très bien passé ! Heureusement, parce qu’il a été chef de projet sur “Au creux de ta main” et que je suis un auteur “impliqué” (peut-être un peu trop !).

À ce rendez-vous, j’avais donc sous le bras le proto “Au creux de ta main” qui ne semblait pas rentrer dans leur gamme. Mais comme on avait encore un peu de temps, et que le proto avait été particulièrement bien accueilli au off et par les autres éditeurs à qui je l’avais montré, je le leur ai montré aussi “au cas où”. Ils ont été immédiatement emballés. J’avais déjà promis mon proto à un autre éditeur, donc je leur ai envoyé la règle et la liste des objets par mail. Quelques jours plus tard, ils m’ont renvoyé une proposition de contrat, qui s’accompagnait – chose rare – d’une description précise de leur vision éditoriale pour le projet.

J’ai beaucoup apprécié l’approche proposée et la direction qu’ils souhaitaient donner au projet. On a signé pour “Au creux de ta main” très rapidement après le festival et je suis allé passer quelques jours dans leurs locaux pour fixer les grandes lignes du projet et avancer au maximum. C’est là que j’ai rencontré les derniers membres de l’équipe. J’ai beaucoup aimé l’atmosphère familiale (les locaux sont dans une annexe à la maison de Benoît), c’était vraiment une chouette manière de débuter le projet et de belles rencontres.

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Le jeu a-t-il toujours eu pour thématique la vie d’un grand-père ? Des anecdotes croustillantes sur ce sujet ?

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Benoit : Non, au départ, le jeu n’avait pas de thème spécifique. C’était le concept de faire deviner des images à l’aide du toucher qui était au cœur du jeu. On jouait avec des cartes de Dixit ou de Mysterium, etc… C’est bien plus tard que le thème est arrivé. Nous avons réfléchi à donner une cohérence au jeu et à le séparer de ce qui existait comme « type » d’univers pour des jeux de ce type (souvent des univers très oniriques).

Timothée : Au tout départ, quand le jeu n’était qu’un vague concept dans mon esprit, j’avais plutôt l’idée d’une rencontre amoureuse ayant lieu dans un rêve : un joueur guidant l’autre dans un rêve à travers différents lieux jusqu’à celui où ils pourront se retrouver. Au réveil, le dormeur devait retrouver le chemin emprunté et son guide.

Ensuite, quand j’ai développé le premier proto, j’ai pris ce que j’avais sous la main, des cartes de Dixit et Mysterium, et j’ai surtout essayé d’avoir quelque chose qui fonctionnait bien mécaniquement. Le proto que j’ai montré à La Boîte de jeu à Cannes était donc assez abstrait.

La question du thème s’est posée quand on a signé le contrat. J’avais envie que l’ensemble des cartes racontent une histoire. On avait 100 cartes, on pouvait vraiment raconter quelque chose. Je trouvais que l’expérience de jeu pouvait s’apparenter à un voyage par les rêves, et j’avais pensé à un thème autour des projections astrales, relatant le parcours initiatique d’un shaman.

Quelques semaines après Cannes 2019, me voilà chez La Boîte de jeu pour quelques jours afin d’avancer au maximum et se mettre d’accord sur les grandes lignes à donner au projet, dont le thème. Je présente mon idée de raconter une histoire avec l’ensemble des cartes, ils sont d’accord. Cependant, mon idée de shaman ne les emballe pas. Ils veulent éviter les accusations d’appropriation culturelle notamment et aimeraient un thème plus fédérateur.

On réfléchit beaucoup et je crois que c’est Gregory qui propose l’idée que tous ces objets soient ceux de la boîte à souvenirs d’un grand-père sortie du grenier. C’est une évidence et on sait immédiatement que c’est la bonne solution. On garde ainsi l’idée de raconter une vie à travers les cartes. Logiquement, les cartes représentent des souvenirs physiques de la vie du Grand-père, trouvés dans la boîte : photos, dessins, objets, etc.

J’apprécie vraiment le fait qu’on ait un thème à la fois original et très positif, qui pose une ambiance parfaite pour le jeu et qui, j’espère, parlera aux joueurs.

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Quelles sont les contraintes et les avantages dans les illustrations de ce jeu que vous avez pu rencontrer ?

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Gaël : La principale difficulté était le fait qu’il n’y avait pas qu’un seul point d’attention sur les cartes, les illustration devaient comporter plusieurs scènes en une seule image… Et aussi les types de souvenirs étaient parfois très différents mais devaient garder un lien, faire partie du même univers… (une photo en noir et blanc, une carte au trésor, un dessin « style aquarelle », une affiche de salle de bowling…). La création des différents persos m’a pris pas mal de temps aussi.

Pauline : Les contraintes ont pour moi été des avantages : je devais switcher entre les styles graphiques pour passer d’un ambiance années 80, à du réalisme, ou à une affiche rétro… Et c’est pile ce que j’adore faire ! Le travail de recherches graphiques est hyper motivant et inspirant.

Sabrina : Pas vraiment de contraintes ou avantages, à la limite je dirais que quelques illustrations étaient assez inhabituelles à réaliser mais très rigolotes!

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Comment s’est passé le processus de développement particulièrement autour du matériel du jeu ?

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Timothée : Concernant les objets utilisés pour le “mime tactile”, quand j’ai fait mon proto initial, j’ai pris ce que j’ai trouvé chez moi, en essayant d’avoir une bonne variété de formes et textures. Je ne sais plus exactement ce qu’il y avait, mais au moins une éponge, un bouchon en liège, un lacet, un jeton de poker, un bout de tissu (oserais-je avouer qu’il s’agissait d’un bout de caleçon ? Propre, je vous (r)assure !), un cochon en plastique, une petite fleur en plastique, etc… Drôle de proto !

Au fur et à mesure, on a discuté du set d’objets, en essayant d’avoir une bonne variété, tout en ayant des objets qui résistent au temps et soient bien sûr manufacturables et accessibles niveau prix. On a testé pas mal de choses. Quelques exemples rigolos :  On cherchait à avoir des matières/textures les plus différentes possible. Trouver quelque chose de visqueux ou gluant semblait mission impossible si on voulait un objet qui ne soit pas immonde après quelques parties. J’ai longtemps joué avec une long truc gluant élastique (qui pouvait s’étirer jusqu’à plusieurs mètres !). C’était drôle, mais tout à fait inadapté. Je suis ravi qu’on ait pu mettre la fléchette à ventouse, qui offre un peu cet aspect gluant tout en étant assez polyvalente.

J’ai aussi testé une puce sauteuse (comme on en avait dans les cours d’école). C’était pas mal pour la forme, mais la partie était souvent interrompue par un bruyant saut de puce. On a noté le nombre de fois où chaque objet était utilisé pour écarter les objets qui n’étaient pas assez polyvalents. Il fallait aussi s’assurer que les cartes étaient équilibrées à ce niveau et ajuster en parallèle les éléments à faire figurer sur les cartes pour éviter que certains objets ne soient utilisés beaucoup plus souvent que d’autres.

Je laisse La Boîte de jeu développer sur les contraintes de production et les liens avec le fabricant.

Benoit : Grégory et Timothée ont fait un très gros travail pour trouver des objets faciles à fabriquer et qui permettent de bien faire ressentir les cartes. C’est un travail très important fait par Timothée pour que les illustrations des cartes (les cadrages, les thèmes) soient « mimables » et proposent plusieurs axes possibles avec les objets disponibles. 

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Travailler à autant sur un jeu ça vous est déjà arrivé ? C’était comment de bosser avec tous les autres ? Lâchez-vous ils ne sont pas là !

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Benoit : Finalement, ça n’a pas tellement changé d’un travail plus classique Auteur / Editeur / Illustrateur. Ici, la différence est seulement le fait qu’il y ait 4 illustrateurs. Mais finalement, c’était super chouette (expression années 80 !) et le développement de « Au Creux de ta Main » a été une super expérience.

Sabrina : Non, c’est la première fois que j’illustre un jeu avec autant d’artistes talentueux! Mais ce n’était pas tant une collaboration étant donné que nous étions chacun assignés à certaines cartes.

Pauline : Pour moi ça n’a rien changé puisque je n’avais que Greg pour interlocuteur. Il a juste fallu que ma palette soit en accord avec les cartes réalisées par les autres illustrateurs.

Gaël : Pour « When I dream » il y avait 20 illustrateurs différents. C’est une petite équipe ici finalement 😉

Timothée : C’est surtout pour Gregory (le chef de projet à La Boîte de jeu) que ça a dû être un gros défi. Il devait gérer un auteur dont c’est le premier jeu publié et 4 illustrateurs ! … en plus des autres acteurs. Chapeau Greg, c’était un gros projet et tu l’as parfaitement mené !

Je le remercie sincèrement ainsi que toute l’équipe de La Boîte de jeu car ils m’ont impliqué au maximum à toutes les étapes (y compris le choix des illustrateurs, d’ailleurs), et on a pu discuter tous les points qui le nécessitaient. Or, malheureusement pour Gregory, j’ai un avis sur tout et je le défends. La Boîte de jeu a vraiment su m’écouter, et me convaincre que j’avais tort quand c’était le cas. Merci les gars !

Je n’ai eu aucun contact direct avec les illustrateurs mais j’ai pré-rédigé les 100 briefings pour l’illustration des cartes, tout en attribuant généralement les briefs à l’un ou l’autre des illustrateurs en fonction de leur style. On a essayé de leur proposer à chacun des choses suffisamment variées pour que leur travail soit intéressant.

J’envoyais mes briefs à Gregory au fur et à mesure, il les adaptait si besoin et les donnait aux illustrateurs. Je recevais les illustrations et j’avais la possibilité de donner mon avis.

C’est une incroyable satisfaction de voir ses idées concrétisées et complétées par des illustrateurs aussi talentueux ! Je profite de cette occasion pour les remercier tous très sincèrement pour leur immense travail et d’avoir su donner vie à Léon et à sa famille.

Le jeu repose largement sur les illustrations et j’en suis entièrement satisfait !

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Vos prochains projets ludiques (ou non ludiques), c’est quoi ?

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Timothée : Mon prochain jeu à sortir sera dans un tout autre genre. C’est un jeu de stratégie familial aux règles très épurées mais qui offre un vrai intérêt pour les joueurs avertis. C’est à la fois un jeu de placement, un jeu de placement de tuiles et un jeu de construction de moteur de production. Le proto s’appelle pour le moment “Projet SOLAR”, et pourrait sortir dès 2021.J’ai aussi plusieurs protos à des stades plus ou moins avancés. L’un d’entre eux, “Range ta chambre”, a pas mal tourné et toujours reçu un bon accueil. Malheureusement, il demande un matériel assez compliqué à produire à des prix raisonnables. Si un éditeur a envie de se lancer dans le challenge, qu’il n’hésite pas !

Sabrina : J’ai quelques jeux dont la sortie est imminente, je travaille actuellement sur d’autres jeux prévus pour 2021. Si j’ai le temps entre chaque projet, j’essaye de faire des choses plus personnelles.

Pauline : Trois projets en préparation mais ce n’est pas encore l’heure des annonces officielles alors chut !

Gaël : Je travaille avec les belges de Repos Prod sur leur prochain jeu, et je travaille pas mal aussi pour Timeline, les versions étrangères spécifiques pour chaque pays (Brésil ,Espagne ,Chili, Pays Bas…).

Benoit : D’ici la fin d’année devrait sortir l’extension Corruption & Ascension pour It’s a Wonderful World, la première extension de Cerbère (les trésors de l’enfer). Ensuite nous travaillons bien sûr sur la finalisation de Daimyo, la Renaissance de l’Empire. Enfin, pour 2021, nous travaillons sur des stand alone avec la mécanique de It’s a Wonderful World ainsi qu’à d’autres jeux à venir sur Kickstarter !

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On se voit bientôt autour d’un jeu ? ^^

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Pauline : Ok mais qui paye l’apéro ? Je ramène les pistaches.

Benoit : Avec plaisir Ludo !

Gaël : Avec plaisir!

Sabrina : Avec plaisir! 🙂

Timothée : Espérons que l’évolution de la situation sanitaire le permettra ! J’habite Berne, en Suisse, donc le plus simple, c’est sans doute de se donner rendez-vous à un festival. Je vais chaque année à Cannes et un ou deux autres Festivals. Si vous m’y croisez, n’hésitez pas à m’aborder. Je suis le type mal habillé avec une grosse touffe de cheveux et un sac plein de protos. Mais si ! Celui qui est encore là à la fermeture du OFF tous les soirs.

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De la sensualité, de l’intelligence, de la douceur, de la subtilité, rarement un jeu ne m’avait fait autant voyager, autant rêver que ce soit au niveau des sensations ressenties qu’au niveau de l’originalité et de l’aspect sensoriel développé proposé ici.

Laissez-vous embarquer dans la vie de ce vieil homme, tout en vous concentrant sur vos sens premiers, vos ressentis et vos sensations, vous en sortirez forcément différent, peut-être même bonifié comme le bon vin avec les années….

Je tiens à remercier sincèrement toute l’équipe qui a travaillé sur ce jeu : Benoit pour son amour des jeux bien faits, Greg, Timothée, pour sa créativité sensorielle, Sabrina, Gaël et Pauline pour leur amour des formes et des couleurs qui ont rendu ce jeu si poétique.

Test: Knock Knock Dungeon

Test: Knock Knock Dungeon

Article rédigé par Romain B.

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Vous avez 5 minutes ? Oui ? Alors on peut se faire un donjon !

Dans Knock Knock Dungeon, Anthony Perone (Dive, Forms) vous propose de visiter un donjon composé de cartes en 6 minutes maximum. Le jeu est illustré par Pierre Waltch et édité chez Blue Orange.

Le jeu est coopératif et prévu pour de 1 à 6 joueurs, à partir de 7 ans et pour une durée de 6 minutes (oui c’est précis mais comme c’est un sablier qui indique la durée de partie … bah on ne peut pas se tromper !). 

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Pour terminer la présentation je tiens à préciser que l’auteur est un ami rencontré à Cannes en 2017 autour du proto de ce Knock Knock. Un jeu qui avait bien buzzé sur la croisette et m’avait permis de rencontrer le personnage d’Anthony, un auteur à suivre.

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Le matériel:

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Une toute petite boite, 63 cartes, quelques jetons et un sablier. Le matériel est minimal et c’est bien pratique pour le promener avec soi un peu partout. Les cartes sont au format 44 x 68, ce qui ne les rend pas des plus pratiques à manipuler mais… Oui, il y a un mais, vu que vous allez les étaler sur la table, vous les trouverez bien vite pratiques d’être à ce format.

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Un matériel tout riquiqui pour un jeu petit pimousse ! Petit… mais costaud !

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A quoi ça ressemble ?

Comment on joue ?

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Le jeu dure donc au maximum 6 minutes. Mais que va-t-on faire pendant ce laps de temps ? On va piller un donjon mais sans se faire repérer.

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La mécanique de jeu est très simple, chaque carte a, sur chaque coin, un chiffre de 0 à 4. La somme des coins des cartes salles vides vaut 5, ces salles sont les plus communes du jeu. Vous pourrez croiser des salles joker avec un 0 dans chaque coin et des salles avec des monstres avec une valeur de plus de 5.

A son tour de jeu, un joueur joue une carte de sa main sur un coin d’une carte déjà en jeu. La carte jouée ne peut recouvrir qu’un seul coin d’une carte mais peut recouvrir 2 coins de 2 cartes différentes.

Une fois la carte jouée, on vérifie que la carte qu’elle recouvre ne dépasse pas 5 par la somme de ses coins. Si c’est le cas, vous venez de déclencher l’alarme dans le donjon et votre partie est terminée !

Si la valeur est donc de 5 ou moins, le joueur pioche une carte et c’est au joueur suivant de jouer.

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Parlons maintenant des cartes monstres.

Elles ont une valeur supérieure à 5, ce qui devrait déclencher la fin de la partie. Heureusement, une fois qu’une carte monstre est jouée, vous placez dessus un nombre de jetons sabliers indiqués sur la carte. Tant qu’il reste des jetons, rien n’est perdu, mais les joueurs doivent jouer sur les coins du monstre pour le faire passer sous ou à 5 avant que les jetons sabliers soient épuisés.l

 

Et la dernière carte la carte avec un 0 dans chaque coin ne sera pas si simple à jouer ! En effet, à chaque fois que vous en posez une, retournez le petit jeton vert ou rouge. Ce jeton vous autorise à communiquer ou pas, il vous faudra donc jouer intelligemment ces cartes joker.

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Il faudra donc jouer vite et sans faire trop d’erreurs pour réussir à affronter le chevalier noir ! Pour pimenter vos parties, vous pouvez également essayer d’enchainer le plus grand nombre de coffres  sur des cartes. Réaliser la plus grande suite possible vous prendra quelques parties !

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Et pour enrichir le jeu, 4 niveaux de difficulté sont ajoutables au jeu de base. Ils ajoutent chacun quelques cartes mais, avec le dernier niveau, il vous faudra une sacrée maîtrise pour venir à bout du donjon ! Quand vous terminez un niveau, vous pouvez récupérer un des 4 jetons joker, à savoir une boule de feu, un rayon gelé, un orbe ou une fiole de poison.

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Le mode solo

Il fonctionne de la même manière avec 6 cartes en main de départ mais attention ! À chaque fois que vous jouerez une carte joker (un 0 dans chaque coin), la pénalité est assez conséquente puisque vous ne piochez pas de nouvelle carte !

Une mécanique à bien prendre en compte qui complexifie pas mal vos affaires ! Jouer les cartes dès que vous les récupérez pour ne plus s’en soucier mais votre main va rapidement se retrouver à 4 cartes, voire même 3, ce qui devient rapidement catastrophique, ou les garder en « cartes mortes » ou joker de la dernière chance et en espérant les jouer contre le chevalier.

Le défi est très sympathique et la course aux coffres devient plus simple et donc bien plus agréable à jouer ce qui vous promet de bons moment de réflexion avec le sablier qui défile.

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Les jetons temps sont à mon avis l’élément en trop dans le jeu, leur manipulation est de trop et nuit au plaisir de jeu. Ils sont là pour ceux qui veulent jouer avec mais je ne saurai que conseiller de jouer sans.

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VERDICT

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Knock knock dungeon est un super petit jeu, dans la gamme des Palm Island, Vendredi ou Punto. Un jeu que l’on emmène facilement avec soi, qui fera toujours plaisir à faire découvrir ou à rejouer. Le thème est très bien ficelé avec ces monstres que l’on surprend dans des moments gênants et cette alarme à ne pas activer.

En résumé, c’est un super filler, ce jeu que l’on sort pour s’échauffer et rigoler avant d’attaquer un plus gros jeu.

Vous pourrez y jouer en famille sans problème, il suffit de savoir compter jusqu’à 16 (le plus gros monstre) et savoir faire des soustractions. Le sablier pouvant être mis de côté pour apprendre aux plus jeunes.

Le plaisir d’avoir les cartes sur toute la table en fin de partie est un de ces petits plus qui me font énormément apprécier le jeu. Personnellement, j’y vois la carte du donjon avec les tours et les oubliettes, oui je suis le seul je pense mais ça me plait à chaque fois !

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Je ne pouvais pas écrire cet article sans parler du prototype découvert au off de Cannes il y a déjà maintenant 3 ans ! Ce soir-là, je me retrouve devant un gars tout sourire et couvert de tatouages qui m’explique qu’il a eut l’idée du jeu en dormant… Ok…. Eh bien testons ! Et là, de suite, le jeu nous prend. C’est simple et fluide, le sablier nous pousse aux fesses et on s’engueule tout en se marrant et au final on gagne. L’auteur nous demande ce que l’on en a pensé et notre réponse fuse « on va y rejouer de suite en fait ».

Depuis, Anthony, l’auteur est devenu un ami qui crée des jeux un peu fous comme lui mais avec toujours cette part de rêve qui les rend uniques.

Et voir ce jeu sortir c’est mieux comprendre le travail d’un auteur, la patience et l’abnégation pour arriver au produit final qui est une belle réussite.

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Nous faisons partie du programme d’affiliation mis en place par Philibert sur leur site. Cela signifie que si un jeu que nous avons chroniqué vous plaît, et que vous l’achetez en cliquant sur le lien Philibert que nous proposons en bas de chaque article, nous percevrons une modeste contribution nous permettant de nous acheter d’autres jeux, pour pouvoir les chroniquer et vous donner notre avis. C’est une forme de soutien, et nous vous en remercions par avance! C’est grâce à vous que nous pouvons continuer à abreuver ce modeste blog avec toujours + de contenu.

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Disponible ici :

Prix constaté:

 

 

Test: DC Comics Deckbuilding Crisis

Test: DC Comics Deckbuilding Crisis

Article rédigé par Jérémie McGrath.

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DC Comics Deckbuilding Game Crisis est une extension développée par Matt Hyra, illustré par Matt Hyra & Ben Stoll.

C’est une extension pour 1 à 5 joueurs éditée par Cryptozoic Entertainment et distribuée par Don’t Panic Games.

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Le matériel :

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Je ne m’étendrai pas dessus, ce sont des cartes, elles sont identiques à celles du jeu de base et on ne fera pas la différence entre les cartes Crisis et celles du jeu de base, bravo pour avoir maintenu le même colori et la même épaisseur !

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A quoi ça ressemble ?

Comment on joue ?

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Crisis apporte deux choses très agréables à cet excellent jeu qu’est DC Deckbuilding :

  1. Le solo (Pour moi c’est carrément le meilleur élément !)
  2. La coopération

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Nous reparlerons du solo en fin d’article, comme toujours.

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Donc comment fonctionne cette extension ?

Et je précise tout de suite que oui c’est bien une extension, donc ne l’achetez pas seule sans avoir au moins une boite de base du jeu (soit la boite de base, soit Teen Titans par exemple pour les boites dispos en VF actuellement).

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Elle fonctionne tout simplement !

Les super héros font toujours face à des super vilains, les mêmes que dans le jeu standard, à ceci près qu’ils sont bien plus virulents, mais que surtout chaque super vilain ne sera pas vaincu si facilement que dans le mode affrontement !

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Car si l’extension s’appelle « Crisis », c’est pour une bonne raison !

Chaque super vilain aura une crise à résoudre !

Une crise ?

Kéçéssé ?

Eh bien, une crise c’est une demande bien particulière, un peu comme un plan machiavélique qu’il faut résoudre en urgence avant que les super vilains ne puissent être vaincus !

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Petite précision qui aura une énorme importance :

Pour résoudre une crise il ne faudra pas qu’il y ait de « vilain(e) » dans la rivière de cartes, ce qui peut être problématique par moments !

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Ces crises sont toutes différentes, elles sont toutes plus ou moins pénibles à résoudre et ont toutes la fâcheuse tendance à vous faire soupirer quand elles sont révélées !

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Mais rassurez-vous !

C’est du bonheur au final quand vous en triomphez !

Vous avez vraiment l’impression d’avoir déjoué un complot tellement certaines d’entre elles sont particulièrement difficiles à résoudre !

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Car oui, cette extension va vous coller la pression !

Vous vouliez être un super héros ou une super héroïne ?

Il va falloir assumer et transpirer un peu dans votre costume moulant !

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Concrètement, comment se passe une résolution de crise et un triomphe sur le super vilain en cours ?

  • Vérifiez qu’il n’y a plus de vilain(e) dans la rivière.
  • Résolvez, si possible bien entendu, la crise en remplissant les critères.
  • Si tous les héros/héroïnes ont résolu la crise, défaussez-là.
  • Le super vilain est « attaquable » lors de ce tour.

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Si vous avez assez de puissance, vous pouvez l’attaquer et le défausser !

Eh oui, on est une bande de joyeux copains/copines qui collaborons contre le mal, impossible ici de recruter un super vilain dans votre équipe contrairement au jeu standard.

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Un seul héros/héroïne peut vaincre le super méchant, pas moyen d’associer notre puissance pour le vaincre, un peu dommage dans un jeu coopératif, mais en même temps ça rajoute du piment au jeu !

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Petite précision, une fois la crise résolue, pas besoin de retirer les vilain(e)s potentiels qui auraient pu rejoindre la rivière entre la résolution de la crise et la défaite du super vilain, ouf, une pression inutile en moins !

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Après avoir vaincu le super vilain, le héros ou l’héroïne termine son tour en reconstituant sa main et on suit le schéma suivant :

  • Révélation de la nouvelle crise et application de son effet (Attention, certaines ont un effet permanent, donc, tant qu’elles sont en jeu, l’effet s’applique et ça peut piquer croyez-moi !)
  • Révélation du super vilain suivant et résolution de son attaque.

Les attaques de super vilains peuvent être contrées en jouant une carte « défense »… ou pas !

Certains vilains ont des attaques inévitables !

Bonne chance !

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Donc, comment on gagne ou perd la partie ?

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On va la gagner en venant à bout de toutes les crises et de tous les super vilains.

Et on la perdra si on épuise le tas de cartes avant d’avoir pu résoudre toutes les crises et vaincu tous les vilains.

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Car on ne reconstitue jamais la rivière comme dans le jeu de base !

Ici une seule carte rejoindra la rivière à la fin du tour de l’un des héros/héroïnes présent autour de la table !

Donc si Jean-Machin a décidé d’acheter les 5 cartes présentes, ses comparses autour de la table risquent de tirer la tronche quand ils vont voir qu’ils n’ont plus qu’une carte potentiellement achetable !

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Donc il faudra bien communiquer pour répartir les achats !

Et du coup le deck commun qui se vide lentement mais sûrement vous rappelle qu’il est impossible de temporiser en n’achetant aucune carte !

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Et le mode solo dans tout ça ?

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Bon alors je vais être clair tout de suite, le mode solo n’a pas grand-chose de différent des règles standards, quelques modifications pour les effets de certaines crises ou de certains super vilains, mais sinon le jeu fonctionne comme en multi !

Donc hormis le fait que vous serez seul(e) à affronter beaucoup de crises et de super vilains, rien de bien compliqué à apprendre comme règles additionnelles !

Un gain de temps pour les solistes !

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VERDICT

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Si vous avez lu mon article sur la boite de base, vous savez déjà que je suis fan de ce jeu de deckbuilding !

Alors, est-ce que Crisis apporte un vrai plus ?

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Eh bien, je n’irai pas par 4 chemins : OUI !

Voilà c’est dit !

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Merci de m’avoir lu !

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Comment ça c’est trop léger ?

Ah…

Bon ok, mais alors je tente de faire court !

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J’ai aimé le fait de jouer en coopération ou en solo sans règles complexes qui alourdiraient le jeu de base !

J’ai aimé les nouveaux super héros/super héroïnes qui sont certes les mêmes que dans la boîte de base, mais adaptés pour le mode coopération !

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Il y a des cartes à rajouter dans le deck commun qui permettront d’avoir aussi des capacités plus optimisées pour résoudre les crises, donc c’est excellent !

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Et cerise sur le gâteau :

La difficulté du jeu est modulable !

Donc, si vous trouvez le jeu trop simple, vous pourrez le rendre plus difficile en retirant un certain nombre de cartes du deck commun (Coucou le deck qui s’épuise encore plus vite du coup !).

Vous pourrez aussi décider de ne pas prendre les super héros Crisis et de piocher dans les héros des autres boites/extensions que vous avez déjà !

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Et d’autres encore !

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La tension et le plaisir de résoudre les crises est vraiment au top, on est désespérés puis la main qu’il nous fallait pour sauver l’équipe arrive et on est contents et satisfaits de notre petite victoire avant de sombrer de nouveau en résolvant la nouvelle crise et en voyant le combo crise/super vilain qui va nous pourrir la vie !

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Le point négatif du jeu ?

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Je n’en vois aucun, mais je sais qu’il y a un point que je dois mentionner pour être totalement objectif et réaliste :

Le jeu dans sa configuration de base est long, très long.

Pour certains peut-être même qu’il sera trop long.

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Pour moi ce n’est pas un souci, j’adore tellement le jeu que je pourrais y passer 3H (Rassurez-vous, il ne dure pas 3H, la partie la plus plus longue que nous ayons jouée est de 1H30 à 2H en fonction de la difficulté de certaines crises !).

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En solo, c’est un régal pour moi, je me lance des challenges, je teste avec des héros de différentes boites de base ou des crossover (Je parlerai des crossover la prochaine fois, promis.) et je ressens toujours cette même tension qu’en multi-joueurs !

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Si vous aimez DC Comics Deckbuilding et que vous voulez jouer un peu ensemble plutôt que les uns contre les autres, ou avec un solo bien solide, alors Crisis est fait pour vous !

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Disponible ici: philibert

Prix constaté: 25€