Test : Bristol 1350

Test : Bristol 1350

La peste frappe Bristol en cet an de grâce 1350. Montez dans une charrette et tentez de sortir de la ville avant que les portes ne se referment sur les malades comme les personnes saines, et si vous attrapez la terrible maladie, cachez-le eux autres et … partagez vos bubons !

Bristol est un jeu à rôle caché. Le rôle oui, mais la fourberie, les accusations et les mensonges eux seront bien visibles ! Le jeu fait partie d’une gamme très intéressante de jeux très interactifs et avec des boites ressemblant à des anciens livres. C’est super joli, ça rend tellement bien en dehors de la ludothèque que même votre conjoint(e) pas très fan de la kallax au milieu du salon sera sous le charme de ces livres-jeux.

L’éditeur est Facade Games (Ils n’ont pas dû chercher longtemps le nom après avoir trouvé le concept), un éditeur américain qui finance les jeux via des campagnes Kickstarter. Pour l’auteur, Travis Hancock, il est l’heureux papa de toute la gamme des Facade Games, et aux pinceaux on trouve Holy Hancock et Sarah Keele qui n’ont officié que sur ces jeux.

On est donc sur un mini projet, mais les bons jeux trouvent toujours le moyen d’arriver jusqu’à nous, et cette fois c’est Lucky Duck Games qui se colle à la traduction.

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Alors, qu’est ce qui se cache dans ce Bristol du Moyen Age où débute une vague de peste ?

Dans la boite se trouvent 3 chariots de 3 places chacun, 9 pions, 6 dés, des cartes et un plateau en néoprène ce qui est bien pratique pour le rouler dans la boite et c’est toujours agréable un plateau en néoprène.

Avec ça vous allez pouvoir jouer et surtout vous déchirer de 1 à 9 joueurs pendant une petite demi-heure. Pour débuter, chacun choisit un personnage, mais surtout une couleur, et on tire les pions au hasard pour les placer de façon équitable dans les chariots. On peut déjà parler du nombre de participants pour une partie réussie : à moins de 6, je trouve que le jeu manque cruellement de relief, c’est au final un jeu d’ambiance, il faut du monde pour que la mayonnaise prenne et que l’ambiance monte. J’ajouterai qu’en revanche, de 6 à 9 joueurs, vous êtes avec un jeu qui tourne parfaitement, les tours sont rapides et, de toute façon, l’action faite par chacun est suivie par tous les autres avec commentaires, conseils et tentatives d’influence.

Les joueurs piochent chacun 2 cartes symptômes avec des valeurs de 1 à 3, fièvre, toux ou frissons au programme. Ces cartes doivent rester cachées elles définissent si vous êtes pesteux ou pas durant la partie ! Si la somme des 2 cartes que vous avez en main atteint ou dépasse 6 vous voilà contaminé !

Attendez… dépasser 6 ? Eh oui ! Une fois la mise en place faite et 2 cartes données à chaque joueur, on ajoute des cartes 4, les fameux bubons très à la mode à l’époque, au paquet. Désormais il sera possible de récupérer une carte 4 qui augmente drastiquement les chances d’être pesteux ! Mais reprenons le cours de la partie :

Une fois que tout le monde est en voiture, le jeu commence par le lancé des 6 dés représentant les 3 couleurs de chariot avec sur chaque face soit un rat soit une pomme. On a donc 3 rats (un de chaque couleur) et 3 pommes (même punition) sur les dés. À la fin de la manche chaque charrette va avancer d’autant de cases que le nombre des dés à sa couleur, il vaut mieux donc être dans le bon chariot pour espérer sortir de la ville ! Mais attention si à la fin d’une manche vous êtes dans un chariot dont 2 dés ou plus indique des rats il y a contamination. Les joueurs mettent leurs 2 cartes symptômes au centre de la table (face cachée bien entendu) et on ajoute une carte de la pioche, on mélange fermement et on redistribue 2 cartes à chacun. La carte restante est défaussée face cachée (restons discrets). Chacun prend alors connaissance de son nouveau « total » de symptômes et voit s’il est désormais condamné.

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Tout est là ! Être dans le chariot qui avance, ne pas choper le virus et espérer sortir vite de la ville, au moins plus vite que les autres.

Bien évidemment les joueurs agissent en effectuant 1 action à chaque manche. Ils peuvent piocher une carte remède proposant 2 actions parmi 6, il sera possible d’en effectuer une des deux (action gratuite) par la suite. Vous pouvez également relancer 2 dés de votre choix pour tenter d’obtenir des pommes à la couleur de votre chariot histoire d’avancer vite et sainement.

Sinon vous pouvez vous déplacer :

  • Dans votre chariot, si vous n’êtes pas à l’avant. Vous bousculez tout le monde pour vous retrouver à l’avant.
  • Vous pouvez sauter dans le chariot qui se trouve devant vous et ainsi espérer sortir de cette maudite ville. Si le chariot a une place libre, vous la prenez, sinon vous éjectez le pion à l’arrière de ce chariot qui montera à l’arrière du chariot que vous venez de quitter. Pas d’ami qui tienne quand il s’agit de sauver sa peau !
  • Enfin, vous pouvez éjecter quelqu’un de votre chariot. Son pion doit se trouver plus en arrière que vous dans le chariot. Le pion éjecté monte à l’arrière du chariot suivant. Et s’il est éjecté du dernier chariot ? Il est tout simplement éliminé ! Allant mourir dans une ruelle sombre. Mais attention, car le joueur révèle s’il était sain ou non, et si c’est le cas la personne qui l’a éjecté, prise de remords est alors éliminée également ! De quoi vous faire réfléchir avant de vous entretuer dans le dernier chariot.

Un gameplay simple et des actions rapides pour des tours également rapides même à plus de 6 ou 7 joueurs. De toute façon, vous allez surveiller les autres et ce qu’ils font à leur tour au cas où ils tentent de vous dépasser ou vous remplacer en sautant dans votre chariot. Les lancers de dés sont également très commentés avec moqueries, mauvaise foi et chougne au programme ! Bref, que du bonheur.

Quand un chariot sort de la ville, c’est (peut-être) la fin de la partie ! Ses occupants annoncent alors s’ils sont pesteux ou sains. Bien entendu, toute personne qui a été pesteuse à un moment de la partie le reste, même si en sortant le total de ses cartes ne fait pas 6. Je vous passe le couplet sur les tricheurs mais le livret de règles ne plaisante pas avec eux ! Un bannissement est prévu, c’est dire si l’affaire est sérieuse.

Donc 2 cas de figure dans le chariot :

  • Tout le monde est sain. Bravo, ces joueurs emportent la partie ! Les portes de la ville sont ensuite fermées et les joueurs des chariots suivants condamnés à une mort certaine, affreuse mais avec de jolis bubons !
  • Il y a au moins un pesteux dans le chariot : on crame tout ! Les sains, les pesteux, tout y passe ! Les joueurs de ce chariot sont donc éliminés. Et il ne reste qu’une seule manche pour qu’un autre chariot sorte de la ville. Ça va ruer dans les brancards pour les joueurs restants !

Dans le cas d’une ultime manche, si un autre chariot atteint la sortie, il subira le même test que le premier avec victoire ou flambée pour ses occupants.

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Donc deux moyens de gagner : une victoire éclatante et sans appel si vous êtes sain et que vous parvenez à sortir de Bristol.

Une victoire un peu piteuse si vous êtes pesteux et qu’aucun joueur sain ne parvient à atteindre la sortie, ou du moins sans brûler.

Bristol, c’est la fin de belles amitiés en quelques minutes ! C’est des « ohhhh », des « noooonnnn » et des « mais pourquoi ? » dignes des meilleurs films. Quand les joueurs en viennent à rappeler des liens de parenté, d’amitié ou encore « c’est moi qui ai les clefs de la voiture », c’est que l’on est en présence d’un jeu qui cartonne non ?

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Le jeu souffre de quelques problèmes. J’ai déjà évoqué le nombre de joueurs minimum, personnellement ce n’est pas vraiment un problème une fois que l’info est connue, mais bon, si vous le voulez pour jouer à 2, ça peut se révéler assez plat et fade.

Le matériel est bien chouette mais les pions sont si petits ! Leur manipulation requiert presque une pince à épiler ! Surtout quand on est maladroit avec des saucisses à la place des doigts.

Enfin les cartes de personnage où la couleur du pion est le vêtement du personnage avec des rappels minuscules dans les coins. Et la police en taille 4 n’est pas des plus pratique pour rappeler les actions possibles (piocher un remède, lancer deux dés ou bouger). Rien de rédhibitoire, juste des choses un peu inadaptées.

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Avec tout cela, Bristol vous promet de très bons moments de jeu avec pas mal de rigolade, et je l’ai par exemple adoré en famille où des non joueurs se sont pris rapidement au jeu et m’en reparlent après la partie. C’est fou comme quoi éjecter ses parents de son chariot peut jouer sur un héritage…

Vous l’aurez compris, une fois dans la bonne configuration, avec Bristol vous avez un moteur à rigolade et c’est ce que l’on cherche quand on est nombreux autour de la table.

Pour l’âge des joueurs, il faut pouvoir gérer cette frustration pour que la chougne ne devienne pas de la bouderie tout simplement.

Bristol, c’est un beau petit jeu par la taille et le design mais un grand jeu par le nombre de participants et les émotions qu’il vous apportera.

Alors, sortez les chariots et arrêtez de tousser, on repart pour un tour !

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L’avis de Laurent Lecomte :

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Un concept qui a tout pour me plaire (un jeu d’enfoirés avec « identités » cachées), une tablée idéale de potes (8 de mémoire) déjà chauffés à blanc et des attentes minimums, autant dire je partais très confiant quand je me suis lancé dans ma première partie de Bristol.

Et plouf le jeu…

Bristol est la preuve flagrante que la somme de bonnes (voire très bonnes) idées ne résulte pas nécessairement en un jeu intéressant. Il faut se rendre à l’évidence, aussi paradoxal que cela puisse paraître, Bristol n’est pas fun pour un sou. Et pourtant c’était la promesse, et dès lors, tout ce qu’on lui demandait. Ni plus ni moins !

La faute à quoi ? À première vue, il semble difficile d’identifier exactement pourquoi la sauce ne prend pas. Et pourtant c’est un peu comme le nez au milieu du visage. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit en fait d’une somme d’erreurs de design qui, prises individuellement, ne constituent pas un problème en soi mais dont la somme provoque l’implosion du gameplay et annihile tout élan de fun factor. Un peu comme en cuisine : même avec les meilleurs produits, certains accords ne fonctionnent tout simplement pas, à fortiori si ces derniers ne sont pas en plus un minimum maîtrisés. Concrètement, les leviers à la disposition des joueurs ne sont tout simplement pas à la hauteur du chaos engendré. Ceci enlève tout intérêt à un espace décisionnel déjà fort étriqué. En d’autres mots, on est témoin plutôt qu’acteur et ce, d’une série Z. Le plus triste est que la dimension shared incentives à géométrie variable (les chariots et leurs hôtes) qui aurait dû être le cœur du jeu et faire toute son originalité, se retrouve aux abonnés absents de par sa volatilité mal encadrée niveau règles. En résumé, on ne contrôle pas grand chose et pire, on s’en fout.

Et ça, c’est avant d’être contaminé. Après vous vous doutez bien que c’est encore bien pire. On passe alors d’un ennui poli et un minimum dissimulé à « je ne fais même plus semblant de m’intéresser à ce qui se passe hors de l’écran de mon smartphone ». Une fois pestiféré, on est supposé essayer de contaminer les autres joueurs afin que tout le monde perde et probablement se sentir moins seul. J’en ris encore. Et là, on ne peut que pointer l’hypocrisie des auteurs. « Player elimination », ça fait tache de nos jours dans une règle. Mais est-ce vraiment pire que de continuer à « jouer » en mode zombie sans motivation aucune ? Perso j’aime autant gérer un bot de Turczi…

Bref, rien ne va et à ce niveau tout est raccord. Bristol est en fait une mise en abîme de son propre thème. Prenez le premier chariot dispo et fuyez au risque de choper ce livre maudit !

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Disponible ici :

Prix constaté : 24,90 €

Test : Flamecraft

Test : Flamecraft

Une petite bourgade paisible, des échoppes pour tout bon aventurier, de la magie… et des dragons !

Mais des dragons trop choupinous !

Bienvenue dans Flamecraft, le jeu familial de Manny Vega qui, suite à un Kickstarter réussi, s’est vu localisé par Lucky Duck Games. Un jeu qui plaira à toute la famille de l’ouverture de la boite à sa fermeture après la partie.

Le plaisir à l’ouverture de la boite donc et même avant avec cette couverture de toute beauté sur fond blanc qui me rappelle L’Ile des Chats (avec une écriture bien plus jolie). À l’ouverture, nouvelle surprise avec ce plateau central en néoprène s’il vous plait. Tous les visuels sont hyper léchés, magnifiques et embarquent tout le monde dans le jeu.

Pour le reste du matériel, là encore, on retrouve des visuels chatoyants et travaillés. Il est à noter que le jeu dispose d’une version deluxe avec pièces en métal, figurines de dragons et ressources en bois et des inserts pour faire rêver un peu plus les joueurs collectionneurs.

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Et avec tout ce matériel qui donne envie, le gameplay est-il à la hauteur ?

Flamecraft dispose d’un gameplay simple, fluide et efficace. On notera l’aide de jeu qui est une des meilleures que j’aie vues. Vous allez collectionner 7 ressources différentes dont une joker (les pièces d’or) et avec ces ressources enchanter les boutiques.

A votre tour, vous allez donc activer une boutique et, soit en récupérer les ressources et y placer un dragon artisan, ou enchanter cette même boutique avec les ressources récupérées précédemment.

Un jeu de gestion de ressources, mais surtout de rapidité. Ne laissez pas traîner un sort qui vous intéresse ou une position dans une boutique, vous vous les ferez chiper. Flamecraft c’est aussi un jeu de course qui peut aller très vite alors jouez vite, non pas lors de vos tours vous faites bien ce que vous voulez) mais vite sur la réalisation de vos objectifs à court terme pendant la partie.

Un joli jeu, qui se joue vite et simplement pour un public familial. Flamecraft me fait penser à L’Ile des Chats. Un gameplay fluide, une pointe de stratégie de fin de partie et un bien joli jeu sur la table. J’ai le même ressenti en fin de partie également, on est satisfait de ce qui s’est passé et de ce que l’on a réalisé.

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Flamecraft propose une fin de partie dépendante des joueurs en vidant une pioche de dragons ou d’enchantements. Une petite mécanique qui apporte une fraîcheur au jeu dans la catégorie où il se classe.

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Je parle jeux familiaux depuis le début et je trouve que ces dernières années cette catégorie évolue également. On a vu apparaître lors du dernier festival de Cannes la catégorie « initié », pour détacher plus clairement les jeux familiaux des experts, mais au final l’évolution récente me fait penser que :

  • histoire que ce soit dit : la catégorie expert doit se diviser (au moins) en deux, on ne peut plus voir un Grand Austria Hotel, tout excellent qu’il soit, se retrouver classé avec Trickerion.
  • les jeux familiaux aussi mériteraient des sous catégories comme les jeux découvertes, pour initier des joueurs n’ayant connu que les jeux de leur enfance avec en général une mécanique centrale sans fioriture.
  • et donc des jeux pour les familles qui aiment jouer sans pour autant passer le cap de la catégorie « initié ». Flamecraft se trouve là, dans ces jeux résolument tournés pour faire jouer petits et grands ensemble quand on se lasse des Aventuriers du Rail sans pour autant se lancer dans un Oltrée ou un Living Forest.

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Configuration

Revenons à nos dragons, on dispose d’un jeu fort joli, pour réunir la famille et passer un super moment, mais à combien y joue-t-on ?

Le jeu fonctionne très bien à 2, 3 ou 4. L’interaction est indirecte par la course sur les emplacements et les enchantements.

A 5, je suis plus partagé, les joueurs peuvent avoir tendance à réfléchir un peu trop, ce qui rallonge le temps de jeu, surtout si l’enchantement que vous visiez vient de vous passer sous le nez. Donc un peu long à 5 mais après quelques parties, le temps de jeu deviendra tout à fait normal.

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Et les joueurs plus aguerris ne vont-ils pas se lasser ?

La courbe d’apprentissage vous permettant de vous améliorer à chaque partie est plutôt faible, le jeu se prenant facilement en main, il se maitrise rapidement. Pour autant, la rejouabilité est vraiment bonne, chaque partie ne sera pas la même de par son rythme et les opportunités que vous rencontrerez. Les joueurs plus aguerris ne s’ennuieront donc pas, le jeu reste très plaisant pour une partie de « fin d’après midi », vous pourrez même la terminer en moins d’une heure.

Vous l’aurez compris, Flamecraft m’a beaucoup plu. A la maison, il a toute sa place, tout comme L’Ile des Chats. Des jeux pour jouer tous ensemble, pas trop longtemps, et où chacun trouvera son plaisir de jeu quel que soit son niveau. Ajoutons à cela des visuels dans l’air du temps, un matériel rehaussé par ce plateau en néoprène et l’on obtient un bel objet ludique !

Un jeu qui réunira petits et grands autour de la table de par son thème et sa simplicité.

Avec les fêtes de fin d’année qui approchent, Flamecraft va plaire et on risque bien de le voir un peu partout, c’est mon petit pari de cette fin d’année ludique.

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Disponible ici :

Prix constaté : 31,90

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Version Deluxe

Disponible ici :

Prix constaté : 80,95 €

Test : Block and Key

Test : Block and Key

Ce jeu m’avait attiré lors de la campagne Kickstarter en 2021 par l’originalité de sa proposition ludique. Bon je vous spoile un peu pour ceux qui auraient la flemme de lire tout l’article, on est sur des objectifs à valider en alignant des formes et couleurs, et un jeu abstrait, donc Block and Key ne va pas réinventer la roue non plus. Par contre, niveau matériel et travail d’édition, il a de quoi se défendre. Comme vous le verrez sur les images, à la différence d’un Patchwork ou l’Ile des Chats par exemple, Block and Key va utiliser des formes à la Tetris, ou polyominos, mais point de carton basique en 2D ici, on est sur des blocs en argile et en 3D. Et cerise sur le gâteau, le plateau de jeu, c’est la boîte, et ça c’est plaisant, même si on se demande toujours la durée de vie de ladite boite ^^

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Question de perspective

Black and Key va donc vous proposer de compléter des objectifs en alignant les pièces pour reproduire la forme demandée. Là où le jeu apporte son originalité – mais qui n’est pas sans obstacles, on le verra plus tard – c’est que vous devrez réaliser votre objectif de votre point de vue, ou plutôt de votre ligne de vue. C’est là où les pièces en 3D posées par un joueur vont apparaitre devant lui, mais également impacter les autres, d’une façon différente. Ce que j’ai trouvé intéressant c’est que la boite servant de plateau de jeu, implique que les joueurs se placent chacun d’un côté, afin que chacun ait une perspective différente. Personne ne verra la même chose qu’un autre joueur, et c’est très malin je trouve.

Pour les règles, certains font ça très bien, jetez un œil ici :

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Une bonne idée ludique suffit-elle pour faire un bon jeu ?

Black and Key apporte un vent frais et c’est déjà pas mal vu la surproduction actuelle, mais je parle de surproduction plutôt côté multiplication des sorties et moins dans le renouvellement des idées. Cette idée de perspective propre à chaque joueur et de blocs en 3D, pour finir par des objectifs à valider en 2D est un apport intéressant aux jeux du genre, mais n’est pas exempt de défauts. On a quand même une nette impression de ne pas gérer grand chose dans ce jeu. Si vous jouez à 4 joueurs, 3 joueurs pourront placer un bloc sur le plateau, et modifier considérablement votre ligne de vue avant que vous ne jouiez. Vous pensiez pouvoir valider votre objectif à votre prochain tour en plaçant ce dernier bloc nécessaire ? Comme on dit, « try again ».

Il y a une part non négligeable d’opportunisme et de chance à ce jeu, et le plus observateur pourra l’emporter, mais il faudra aussi certainement compter sur l’aide involontaire des autres qui vous faciliteront ou non la tâche. Très clairement, au bout de quelques parties, je n’ai plus envie d’y revenir, il y a trop d’éléments incontrôlables pour moi.

les cartes objectifs à valider

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2D, 3D, dans quelle dimension j’erre ?

La 1ère partie que vous jouerez servira à vous impressionner avec ce matériel, ce plateau-boite, et ces blocs 3D. Par contre nombreux seront ceux aussi qui s’y perdront un peu dans les dimensions, et pas question de science-fiction ici. Les règles de pose ne sont pas des plus limpides pour tous les joueurs, et quand on vous demande de valider des objectifs visibles en ligne droite devant vous, mais en posant des blocs avec des contraintes de placements en 3D, les retours à la règle et les questions seront logiques. Il y a toujours des cas particuliers de pose, dont ces nouvelles contraintes ne facilitent pas la résolution immédiate. Heureusement ça va mieux en pratiquant, mais ça n’est pas donné non plus à tout le monde de réfléchir en 3D.

https://luckyduckgames.com/fr/games/315-block-and-key

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Objet ludique

Block and Key fera toujours son effet sur la table et c’est son point fort. Entre 37 et 40€ l’objet ludique à vous de voir s’il les mérite. Clairement d’autres jeux comme L’Ile des Chats ou Azul par exemple seront plus profonds en termes de gameplay et de stratégie. L’opportunisme et le hasard de Block and Key me gênent personnellement, mais je sais que ça peut plaire. Pas de prise de tête, pas d’optimisation à outrance, pas besoin de rester concentré durant les tours des autres, et de bons moments à partager quand la perspective de l’un lui permet de valider un objectif. Les parties sont rapides, le matériel est de très bonne qualité (à voir l’état de la boite dans 6 mois pour se faire un avis définitif sur ce point), et la proposition ludique est suffisamment intéressante pour y jeter un œil.

https://luckyduckgames.com/fr/games/315-block-and-key
Test : Overboss

Test : Overboss

Overboss fit l’objet d’une campagne Kickstarter en 2020 et me tapa dans l’œil à ce moment-là. C’est l’auteur et l’éditeur qui a commis Boss Monster et que j’avais grandement apprécié pour son univers en pixel art, et surtout son parti pris d’incarner, non pas les gentils des jeux vidéo, mais bien les méchants ! Gnark Gnark. Dans Boss Monster, avec des cartes, on devait construire un donjon le plus difficile possible afin que les aventuriers téméraires s’y cassent les dents. Design jeu vidéo années 80, hommage aux classiques du genre, bref tout pour me plaire. Dorénavant il faudra construire son monde, avec des tuiles représentant divers paysages aussi accueillants que les châteaux d’un comte vampire, des marais, des camps d’orcs, des cavernes et autres joyeusetés. Ajoutez à cela les petits habitants à placer de la manière la plus efficace possible sur ces tuiles, et mon « hype-o-meter » était à cette époque au plafond. Je l’ai reçu, j’y ai joué, il a trainé sur une étagère, puis je l’ai ressorti ces dernières semaines.

Bon, c’est un jeu où on dispose des tuiles de la manière qui rapportera le plus de points à la fin de la partie. Voilà voilà.

Overboss est l’œuvre de Aaron MesburneKevin Russ, illustré par Darren Calvert et édité par Brotherwise Games, et maintenant localisé par Lucky Duck Games.

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Ton univers impitoyable

Eh oui, parce qu’un univers alléchant n’est souvent pas gage de réussite et d’intérêt. Autant Boss Monster justifie cela. C’est un jeu de cartes, boite de taille correcte, mise en place rapide, explication et durée de partie cohérentes. Et les beaux atours que représente cet univers jeu vidéo et pixel art rajoutent une couche de bonheur durant une partie de ce jeu pour tout fan de cet univers. Ça n’en fait pas un jeu exceptionnel, ça se saurait si juste rajouter un univers cool et chatoyant suffisait à sublimer un jeu. Cela permettra à un jeu moyen d’être agréable pour un joueur convaincu par l’enrobage, mais ça ne masquera pas tous les défauts du jeu loin s’en faut.

Concernant Overboss, le soufflé retombe à plat. Oui les illustrations sont top (pour ceux qui aiment). Oui le matériel est très cohérent et de bonne qualité. Oui il y a des inserts. Passé ces ajouts cosmétiques, vous posez 12 ou 16 tuiles avec leurs tokens, et vous partez pour 10 minutes de salade de points pour un jeu censé être tout simple. On va en reparler mais j’ai rarement vu des scorings aussi lourds à comptabiliser pour un jeu de ce « niveau ». Entendez par là « familial », rien de bien compliqué dans ses mécaniques.

J’ai un vrai sentiment de tout ça pour ça en fin de partie, et le côté fan service ne me suffit pas pour ce jeu. D’autant que je vais passer 10 minutes supplémentaires à trier mes petits tokens qui sont en vrac dans un sac à la fin de la partie, et toutes les tuiles mélangées que je dois désormais trier par type… C’est un peu lourd.

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« Conquer the world… in this puzzly map-building game »

La phrase d’accroche de BGG résume à la fois le jeu (c’est bien) car c’est un « puzzly map-building game », mais donne aussi beaucoup de faux espoirs (c’est moins bien). En effet quand on parle de jeu au thème plaqué, Overboss lève fièrement la main ! Point de conquête du monde des méchants, pas vraiment de « conquer the world !!!! ». Ça manque quand même cruellement de panache, Boss Monster permettait au moins de faire venir les aventuriers dans le donjon créé, dans l’espoir qu’ils n’arrivent pas au bout ^^ Là on va se limiter à placer des tuiles, les petits monstres dessus, et comptabiliser tout ça.

Surtout, les possibilités sont extrêmement limitées puisque cela se limite à sélectionner une tuile et le token monstre situé en dessous sur le marché, et le placer. Chaque type de tuile ayant sa propre façon de scorer, son placement sur votre « monde » devra être un peu réfléchi. Le token monstre devra être placé sur cette tuile, sauf si vous en avez une autre avec un emplacement vide, ce qui n’est pas le cas à chaque fois. Un portail vous permettra de changer l’emplacement d’un token durant la partie, encore faut-il en avoir. Bref vous aurez de temps à autre la possibilité de réorganiser un tantinet cela, mais la majorité de vos actions seront de prendre une tuile un token, et de les placer.

Vous me direz que, dans ce type de jeu, il n’y a pas 12.000 possibilités d’actions généralement, mais cela est aussi à mettre en relation avec la pénibilité du scoring et des 10 façons de scorer des points sur un plateau de 4×3, ou 4×4 (recto-verso). Tout ça pour ça.

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Mode solo et mode avancé

A noter la présence d’un mode solo qui change du « beat your own score », et vous propose un mode campagne avec des prérequis à valider pour avancer. Par exemple, construire un groupe de 4 tuiles désert, dont 1 avec 1 token monstre placé dessus de la même icône. Plusieurs niveaux à faire pour avancer dans cette campagne, c’est un vrai + en termes de rejouabilité pour les fans de mode solo.

Pour le mode avancé, les joueurs reçoivent une carte Boss avec un « pouvoir » qu’ils peuvent déclencher dans une manche. Enfin, on peut aussi rajouter une rivière de 4 cartes actions qu’un joueur peut activer s’il remplit la condition, généralement de construire des tuiles de même type dans la forme demandée (2 côte à côte, ou un carré de 4 par exemple). Dans ce cas là il peut déclencher l’action qui peut aller détruire une tuile chez un adversaire, ou même échanger 2 tuiles du même plateau, ou de 2 plateaux différents ! Rien de tel pour rajouter du chaos ! Au moins c’est dans le thème 😉

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Z’êtes fans ou pas ?

Clairement, il est à réserver aux fans de retro gaming selon moi. Dans le genre de jeux qui vous propose de construire en mode puzzle ou casse-tête, Overboss n’est clairement pas au niveau d’un Cascadia (chez Lucky Duck Games aussi d’ailleurs) par exemple, ou d’un Calico du même auteur (chez LDG aussi, et après faut aimer les chats). Dans les 3 jeux, le thème est de toute façon assez plaqué, donc si on parle de mécaniques, de ressenti de jeu, de fluidité, Overboss est à la traine. Il brille par son matériel pléthorique, sa boite surdimensionnée, sa mise en place et surtout son rangement interminable, et son comptage de points sans fin. Cascadia est loin de me transporter dans son thème, par contre et malgré ses points faibles que détaille Jérémie dans sa critique, il procure de bien meilleures sensations en jeu, et c’est bien ce qui compte.

Donc si vous ne rêvez pas de rétro gaming à chaque nuit, si un mode solo avec une « campagne » ne vous fait pas tendre l’oreille, vous pouvez continuer à jouer avec les petits chats de Calico, ou la nature de Cascadia.

Test : Bestioles en Guerre

Test : Bestioles en Guerre

Ni vu ni connu … ou presque

Si vous connaissez Air, Land and Sea, vous ne serez pas dépaysé car il s’agit ici d’une rethématisation version cartoon. Ce sont donc des bestioles qui se disputent des emplacements stratégiques dans une guerre dont on ne sait que très peu de choses rien… Mais là n’est pas le propos.

Bestioles en Guerre est l’œuvre de Jon Perry, illustré par Derek Laufman et distribué en France par Lucky Duck Games. Il est prévu pour 2 joueurs, à partir de 10 ans et pour une durée d’environ 20 minutes.

J’ai apprécié le jeu et je vais vous dire pourquoi.

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Ça cartonn(e) !

A chacun son style préféré mais j’ai aimé le thème cartoon, moins sérieux que celui de son aîné (qui ne m’avait jamais attirée, donc auquel je n’ai jamais joué). Le matériel est de bonne facture, et la taille de la boite parfaitement adaptée au transport dans une (grosse) poche. On s’installe, on sort le jeu et c’est parti pour la baston !

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Schotten machin ou Smash truc ?

Le tir à la corde, ça vous parle ? Moi, j’aime bien ce type de jeu où chaque joueur tente de s’approprier les cartes placées au centre de la table via un système de majorités.

Vous connaissez peut-être Schotten Totten, Smash Up ou Twelve Heroes ; le principe est sensiblement le même, avec à chaque fois un twist qui fait la différence (ou pas ! 😉).

La particularité de Bestioles en Guerre, outre le fait qu’on ne récupère pas les cartes centrales, c’est qu’un joueur puisse se retirer du combat pour minimiser les pertes. C’est très malin et il ne suffira pas de jouer ses cartes tactiques de la meilleure manière qui soit… Il faudra aussi savoir s’arrêter.

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Verdict

Ne cherchez pas l’immersion mais l’interaction est là, et heureusement ! Pas un simple jeu de majorités donc, mais la possibilité d’aller embêter l’adversaire.

La rejouabilité me semble présente par les « pouvoirs » des différentes cartes et leur ordre d’arrivée dans votre main, autant que par la rotation des théâtres d’opérations (ça, je vous laisse le découvrir !) et le fait de pouvoir s’avouer vaincu (Perdre une bataille pour gagner la guerre…) avant d’être écrasé par l’adversaire.

Un petit jeu bien « sympathique » pour 2 joueurs : format réduit, pas besoin d’une grande table, on le sort n’importe où et on joue !

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Disponible ici :

Prix constaté : 10,90 €