L’édito du Labo #6 – L’âge d’or du jeu de société est révolu

L’édito du Labo #6 – L’âge d’or du jeu de société est révolu

Tout ce qui va suivre est une réflexion personnelle. C’est une opinion qui n’a pas d’autre l’ambition que d’énoncer mon ressenti et non une vérité absolue. Internet semble nous le faire oublier, nous avons le droit de ne pas être d’accord, d’avoir des idées, des perceptions, des convictions contraires sans s’envoyer des noms d’oiseaux sous forme de tweet ou d’autres choses.

J’ai le plus profond respect pour vous et si à la fin de votre lecture, vous n’êtes pas convaincu par ma prose mon respect restera le même. J’espère que vous ferez de même pour moi…

En tant que joueur, je pense avoir connu l’âge d’or du jeu de société. Une époque où on attendait la sortie annuelle des éditeurs que l’on aimait, où l’on pouvait jouer à tout ce qui sortait sans avoir ni l’argent, ni le temps libre d’un rentier millionnaire. Les auteurs étaient des explorateurs qui tentaient des choses, se foiraient souvent mais nous offraient parfois des petits bijoux d’originalité ludique. Les bons jeux étaient vraiment bons. Les jeux mauvais, vraiment mauvais mais tous étaient sincères. Les pires sorties n’étaient pas le produit d’un mesquin calcul financier ou d’un travail à la chaîne mais d’un aveuglement. Ce genre de jeu qui devait amuser son créateur et ses copains mais qui n’auraient jamais dû franchir le rubicon de l’édition.

Cette époque est révolue. De nos jours, les éditeurs se sont mis en tête (à tort ou à raison) que pour survivre il fallait produire. Il faut sortir du jeu pour exister sur les étagères des boutiques et les fils des influenceurs. Même si les étals débordent et les influenceurs sont débordés, incapables de gérer la masse de jeux créés par cette hyperproduction. Les éditeurs doivent gérer entre des temps de production de plus en plus serrés et des attentes des joueurs de plus en plus importantes.

Pour se démarquer, la plupart misent plus sur la forme que sur le fond. L’effet “Wahou!” est souvent privilégié aux longues phases de tests et aux peaufinages de règles.

De leur côté, les auteurs se sont professionnalisés. Ils se regroupent, s’organisent à la fois pour défendre leurs intérêts et pour profiter de l’émulation collective et perfectionner leurs protos. Et ça a l’air d’avoir augmenté la qualité de ses derniers. Les règles proposées aux éditeurs sont plus propres et les mécaniques moins cassées. Le revers de la médaille, c’est un manque d’innovation. Si on veut “faire carrière” dans la création de jeux, il faut publier un maximum de jeux. Et pour ça, les auteurs ont établi des stratégies en proposant des protos correspondant aux attentes des éditeurs. Ils ne créent plus pour eux ou pour des joueurs, ils produisent pour des éditeurs et leur vision du marché. Il faut rentrer dans des gammes, réfléchir en amont aux contraintes matérielles, se soumettre aux logiques de production. La conséquence, pour nous joueurs, c’est une offre de jeux qui s’uniformise. En suivant tous le modèle du jeu “qui marche”, tous les jeux finissent par se ressembler.

Je ne sais pas pour mes collègues mais, en ce qui me concerne, plus les années avancent et moins j’ai de coup de cœur. Des jeux qui m’épatent et m’impressionnent. Les boîtes restent de moins en moins longtemps sur mes étagères. Elles subissent un turnover cruel. Enfin… “Subissait” parce que je me suis lassé de cette valse incessante. Plus l’offre augmente, plus mes achats baissent. Plus s’accroît mon désir de me concentrer sur un petit panel de jeux assez originaux et bien foutus pour avoir envie de les épuiser jusqu’à la corde.

Fort de sa popularité grandissante, le milieu du jeu de société est passé de l’artisanat parfois un peu foutraque à la logique industrielle. Ça a ses bons côtés, il y a moins de jeux complètement pétés et les conditions des auteurs semblent s’être améliorées. Malheureusement, on a aussi perdu des choses. L’originalité, la sincérité, l’authenticité. Des qualités difficiles à évaluer mais qui forgeait un rapport différent du joueur au jeu et à ses acteurs. Certains éditeurs se plaignent du clientélisme des joueurs actuels mais est-ce vraiment de leur faute ? N’est-ce pas juste un signe du temps ? Une époque qui se termine.

Test : Murder Party Pocket

Test : Murder Party Pocket

Deux options proposées par ce murder party de poche, en totale coopération pour jouer seul ou en duo et un murder party où tout le monde est suspect. Découvrirez-vous l’identité et le mobile qui se cachent derrière ce crime ?

Cette critique a été rédigée à l’aide de boites fournies par l’éditeur que nous remercions.


Le baisser de rideau

Deux en un.

Non, ce n’est pas une pub pour un quelconque shampoing ou autre produit ménager, mais c’est ce que propose la gamme des Murder Party Pocket.

Soit vous jouez en coopération (ce mode est prévu pour le solo ou jouer à deux, mais je ne vois pas ce qui empêche de jouer à plus que deux en coopération) comme n’importe quel autre jeu d’enquête de type Sherlock Holmes détective conseil, Crime Zoom, Unlock, Suspects, etc., soit vous jouerez en mode murder party.

Le choix est vôtre et la différence réside dans le fait qu’en mode murder party, le ou la coupable se cache parmi vous et vous devrez faire au mieux pour découvrir qui parmi vous a commis ce crime, donc il demandera de plus incarner votre personnage et d’être assez habile pour masquer votre forfait.

Au moment où je rédige ces lignes j’ai joué le jeu en duo coopératif, je n’ai pas encore joué en mode murder party, mais je le jouerais dans ce mode et j’éditerais cet article pour ajouter mon avis sur l’ambiance que propose cette version.

Cela peut sembler inutile de le jouer une seconde fois puisque je connais l’issue de l’enquête, mais oui, j’ai cette capacité impressionnante à très vite oublier des éléments de jeu, des évènements, les coupables et autre, donc je peux rejouer à un tel jeu quelques mois après et ne plus me souvenir de qui était qui et qui a fait quoi, pratique, mais parfois fatiguant, je ne vous le cache pas !

Bref, revenons au jeu et au mode coopératif.

1932, mais avec un smartphone

Oui, les évènements se passent en 1932, mais le jeu impose la présence d’une application pour pouvoir être joué, en coop comme en murder party.

Si cela vous rebute, sachez que l’appli est indispensable car c’est elle qui va rythmer le jeu, qui va faire intervenir l’inspecteur qui interroge les suspects et poser l’histoire.

D’ailleurs, déception à ce sujet, l’appli nous dit que nous allons pouvoir écouter le prologue, mais il n’y a aucune lecture, c’est à nous de lire l’écran à voix haute, dommage car d’après ce qu’on nous dit en lançant l’enquête, on s’attend à entendre la voix de l’inspecteur, mais l’application se contente de nous donner une petite musique d’ambiance, sans voix aucune.

Autre point négatif pour l’appli, le manque de précisions sur quand commencer à analyser les indices.

Car on nous guide sur la mise en place des cartes d’indices, on nous explique quand les retourner et quand les lire, donc en toute logique, dès qu’on commence à lire les indices, on commence notre réflexion.

Une fois qu’on a bien avancé, on poursuit sur l’application pour découvrir… que nous avons un minuteur pour la réflexion par rapport aux indices qui nous sont proposés…

Donc, malgré nous, nous « trichons » en prenant plus de réflexion que l’appli nous en laisse…

C’est anecdotique car nous avons plus de 10 minutes pour réfléchir et je doute qu’en duo nous ayons réellement besoin de 10 minutes…

Quoi que…

Parce que, finalement, c’est assez retors…

Le crime était bien ficelé

Les indices que nous avons à notre disposition, sont relativement discrets, il faudra avoir une bonne vue car, si nous avons une application, aucune des images n’est disponible au format numérique et il faudra très certainement avoir une loupe sous la main ou une excellente vue pour remarquer certains détails et prendre du temps pour tout bien analyser.

Et même avec une bonne vue, certaines infos doivent être déduites plus qu’elles ne sont flagrantes, c’est assez tordu et ça met les neurones à rude épreuve.

Je m’explique :

Nous étions persuadés d’avoir résolu l’affaire et au final, nous n’avions que partiellement raison.

C’est un point que j’ai beaucoup apprécié, certes il y a des détails qui nous ont échappé, que ce soit par manque d’attention, par effet de réflexion pas assez poussée (ou trop poussée dans la tête de l’équipe qui a écrit le scénario) ou à cause d’éléments relativement peu visibles sur les cartes, mais nous avons échoué à découvrir l’intégralité de l’histoire, là où d’autres jeux d’enquête et de ce type nous ont bien moins résisté.

Donc au final, mon avis est mitigé.

Côté enquête et difficulté de résolution, je suis très satisfait, car il n’est pas simple de découvrir le fin mot de l’histoire et il faut vraiment bien tout peser et analyser.

D’un autre côté l’appli obligatoire, qui manque de précision pour savoir quand faire les choses, sans oublier la question qui se pose sans cesse quand un jeu utilise une application : si on se procure le jeu dans 1 an ou 2, est-ce que l’application sera toujours disponible et fonctionnelle ?

Car, sans appli, impossible de résoudre l’enquête ni de connaitre la fin de l’histoire car elle n’est dévoilée qu’à la toute fin et il n’y a pas de version physique de l’épilogue.

J’espère que ça change dans le mode murder party et que l’appli est moins présente, mais j’ai de gros doutes à ce sujet.

Je reviendrai là-dessus quand j’aurai fait l’enquête à 6.

Et, si jamais vous lisez ces lignes après avoir résolu l’enquête, je suis preneur de votre avis sur la complexité de résolution que vous avez ressentie !

Péché mortel : plutôt ennui mortel

Pixie Games nous propose une nouvelle gamme de jeux d’enquêtes en format compact : Murder Party Pocket. Ces jeux ont la particularité de pouvoir être joués en mode enquête, pour 1 à 2 joueurs, ou en mode murder, pour 3 à 6 joueurs. Ils doivent être joués avec une application mobile gratuite. J’ai pour ma part joué l’enquête Péché Mortel en mode enquête, à deux joueurs. Je vais tenter de vous donner mon ressenti avec un minimum de spoilers.

Une application, mais pourquoi ?

Le jeu se présente dans un format extrêmement réduit, 26 cartes, et lorsque l’on allume l’application pour lancer la partie on comprend pourquoi : tout se joue sur le smartphone. Alors oui, il faut lire les quelques cartes au fur et à mesure de la partie et en discuter entre nous, mais globalement, toutes les avancées se font sur l’application. On se retrouve donc face à une application omniprésente avec énormément de lecture à faire sur écran, à voix haute, ce qui a le don de me sortir totalement de l’ambiance d’un jeu.

Je ne suis pas fan d’applications dans les jeux à la base, mais là en plus son seul intérêt est manifestement de réduire la taille de la boîte en y fourrant tout le texte, et donc de réduire le prix du jeu. Si encore on y trouvait des vidéos, des images, que le texte était récité, mais non, rien de tout cela. Ah si, il semble possible de jouer un élément du jeu en réalité virtuelle, mais ce n’est précisé à aucun moment avant de commencer la partie, donc impossible de prévoir le coup en ayant son matériel avec soi. Bref, cette partie-là est ratée pour moi.

Une enquête qui patine

Côté scénario, on est sur du classique : un meurtre a été commis et l’on doit le résoudre. Il y a six suspects sur lesquels on va apprendre des informations au cours de la partie. J’ai bien aimé que les personnages nous donnent des témoignages sur ce qu’ils avaient vu, donc des informations concernant les autres suspects ; malheureusement, des fois les indices sont en réalité des souvenirs, ce qui rend le système un peu bancal. Les images sont censées fournir des indices mais au final, seules une ou deux sont utiles.

Nous avons aussi relevé des incohérences scénaristiques durant notre partie, peut-être dues à une mauvaise traduction. Il y avait également de nombreuses fautes d’orthographe, ce qui est très désagréable sur un jeu racontant une histoire. Au final, il était possible de déduire l’identité du coupable rien qu’en lisant les cartes de profil des suspects, donc dans les cinq premières minutes du jeu…

En bref, nous n’avons pas trouvé le jeu très intéressant dans sa version enquête, peut-être est-il meilleur lorsqu’il est joué comme une murder ? En tout cas, nous n’y retournerons pas, dans le genre jeu d’enquête minimaliste à base de cartes, on fait beaucoup mieux !

Test : Apiary

Test : Apiary

Le Stonemaier nouveau est arrivé ! Cette année, l’animal à l’honneur est l’abeille. Le jeu est designé par Connie Vogelmann, c’est son premier projet, son second fera grand bruit également, son petit nom ? Wyrmspan.

Le jeu nous arrive en français par Matagot. Il est prévu pour 1 à 5 joueurs avec une durée de partie de 25 min par joueur.

En termes de gameplay, Apiary propose de la pose d’ouvriers sans blocage. Si un emplacement est occupé par une abeille, vous la poussez sur le plateau de son propriétaire en augmentant sa valeur de 1. Si une abeille doit passer à une forme de 5, elle va entrer en hibernation, ce qui rythme la partie : quand les chambres d’hibernation sont pleines, la partie prend fin, enfin !

Un « bête » placement d’ouvrier. Apiary se joue en pilote automatique. On cherche des ressources ? Ça se passe par là. Augmenter mon plateau personnel avec des tuiles de stockage, d’amélioration ou de bonus ? Par là-bas.

Le jeu fonctionne ainsi, on enchaine les poses d’ouvriers pour optimiser ses points sur les tuiles de scoring que l’on récupère.

Rapidement, j’ai eu le sentiment qu’Apiary n’est pas un jeu expert, un jeu initié me semble une meilleure définition. J’y ai trouvé les choix nombreux, mais avec la même finalité : peu importe l’enchaînement des actions, on arrive au but recherché de façon plus ou moins optimisée. 

Le jeu reste plaisant pendant la partie, les actions sont satisfaisantes, on peut comboter avec les cartes qui proposent de nombreuses options permettant de contourner les règles et de booster les actions. Le revers de la médaille sera le temps d’attente de la fin du tour précédent, surtout en cas de pioche de carte. Il n’y a que peu de texte, mais cela peut tout de même retarder le tour et prolonger l’attente. 

Cette mécanique à base de cartes à pouvoir n’est pas ma préférée, de plus, la pioche à l’aveugle est trop chaotique là où les tuiles proposent un marché (3 tuiles de chaque). Encore un aspect qu’un jeu expert ne peut pas avoir.

Le choix d’une action n’a pas assez d’importance, assez de tension. Je pensais que le choix de l’emplacement d’action serait bien plus primordial, se placer pour être éjecté et accéder plus rapidement aux ouvriers de force 4 (force maximale). Mais avec tous les moyens de contourner cette restriction entre les cartes, les planètes et les tuiles, le choix de l’action est secondaire.

Un petit mot sur la piste des faveurs de la reine, piste pour rattraper la perte de ressources, elle sert aussi de compensation sur les actions que l’on propose aux autres. Je la trouve totalement sous-exploitée, une simple piste qui donne des points de victoire en fin de partie, c’est maigre.

On va alors enchaîner les actions pour se charger en ressources, les transformer et construire de quoi scorer au maximum et on recommence. C’est vite redondant, peut-être pas dès la première partie où le temps de découvrir les actions, les possibilités et le gameplay masqueront ce cercle des actions, mais après quelques parties, le jeu est redondant, on repart pour un tour, on regarde les tuiles de score disponibles, les tuiles de bonus pour accélérer le mouvement et on pose des abeilles en espérant y arriver le plus vite tout comme le fait que la partie ne s’éternise pas non plus. 

Les jeux Stonemaier sont asymétriques. Ils manquent également de développement, ce qui rend certaines parties bancales ; le meilleur exemple reste Tapestry qui vient à peine de se voir affublé de peuples « équilibrés ». 

Dans Apiary, nous sont proposés 20 peuples avec leurs ressources de départ différentes et leurs bonus. Je n’ai pas remarqué d’énorme différence entre les quelques peuples que j’ai joués, certains n’étant jamais choisis, je reste dubitatif sur l’équilibrage.

Côté matériel, je suis également déçu. Une grosse abeille et quelques dés de couleur à la forme de l’insecte, c’est tout. Le reste est quelconque, voire décevant pour les plateaux joueurs qui me rappellent ceux du tout premier Terraforming Mars. Des joueurs ont également été gênés par la cire et le miel, qui sont 2 ressources en bois doré, mais qu’ils trouvaient proches. En tout cas, les ressources en bois sont correctes, le reste « normal ». Pour un jeu à 70 €, j’en attendais plus.

Au final, Apiary me laisse un goût amer. J’arrivais sur un jeu premium et expert, je termine avec une boite quelconque et un gameplay initié. Jeu hypé, jeu en danger, vous me direz, peut-être même si je n’en attendais pas tant.

Le jeu reste agréable durant la partie, mais rapidement, on va tourner en rond. Heureusement, la partie ne s’éternise pas.

Certains diront que c’est un jeu de la pile de jeu, clairement oui, je ne pense pas qu’il restera longtemps dans ma mémoire de ludiste. 

Dommage, le thème semblait dénoter une recherche ou une proposition de la part de l’éditeur et surtout, je redoute l’arrivée du fameux Wyrmspan dans quelque temps.

Disponible ici :

Prix constaté : 63 €

Test : Cascadia extension Paysages

Test : Cascadia extension Paysages

Cette critique a été rédigée à l’aide d’une boite fournie par l’éditeur que nous remercions.

Île était une seconde fois.

Cascadia est un jeu où l’on doit construire un biome à l’aide de tuiles et le peupler avec des animaux adaptés, si vous ne connaissez pas le jeu de base, je vous invite à consulter l’article que nous avons rédigé ici :

Pour résumer, Cascadia est un excellent jeu accessible, aux règles simples et au temps de jeu contenu, tout en apportant une certaine dose de réflexion, teintée de hasard à gérer.

Quand j’ai su qu’une extension devait voir le jour, avec de nouveaux objectifs et des ajouts de gameplay, j’étais vivement intrigué de voir ce que l’équipe de conception avait bien pu nous concocter !

C’est donc avec une certaine impatience et une pointe d’excitation que j’ai commencé la lecture des règles et à jouer.

Premières impressions sur la lecture des règles : pourquoi ?

Pourquoi avoir ajouté des règles pour jouer à 5 et 6 ?

Je vous le dis tout de suite, pour moi, c’est un non-sens absolu.

Le jeu peut être longuet si on essaie vraiment de tout calculer et optimiser (Longuet pour un jeu de cette trempe j’entends.).

Donc ajouter des personnes autour de la table ne me semble pas une bonne idée, malgré l’ajout d’un mode « départ rapide » qui est censé écouter la durée du jeu, preuve que de base le jeu n’était pas conçu pour tant de personnes.

J’ai donc totalement fait l’impasse dessus, pour moi à partir de 5 personnes je préfère sortir un party game, hormis pour Nemesis, Western Legends, Fief et autres « gros » jeux où l’ambiance sera excellente puisque les jeux sont thématiques et immersifs car les durées de parties sont longues quand on demande à 5 ou 6 personnes de réfléchir, donc si le jeu est thématique et immersif, ça ira.

Cascadia n’est ni thématique, ni immersif, donc il était parfait en l’état à 4 maximum et j’ai clairement fait un blocage sur le fait d’ajouter 2 personnes autour de la table.

Des paysages, de nouveaux horizons !

La vraie nouveauté qui m’a intéressé est donc ce que l’on appelle les paysages, qui est le nom même de l’extension, preuve supplémentaire, s’il en était besoin, que c’est l’ajout principal de cette boite.

Donc le concept est relativement simple : on ajoute de nouveaux objectifs à atteindre pendant la partie, pour marquer plus de points de victoire et augmenter un peu la réflexion.

Sur le papier c’est excellent !

Dans les faits, c’est déjà moins intéressant…

Pourquoi ?

Parce que déjà, la mise en place du jeu est rallongée, ce qui n’est pas dramatique en soi, mais il faut mélanger 6 paquets de cartes supplémentaires, poser 6 variétés de tokens différents sur la table et chercher parmi de nouveaux objectifs spécifiques à cette extension pour les animaux.

Donc rajoutez quelques minutes de plus sur la mise en place et sur le rangement.

Ce ne serait que ça, ça passerait encore, mais après quelques parties, j’ai vu le gros défaut de cette extension, certes, les paysages apportent plus de réflexion, mais justement, ajouter trop de réflexion dans un jeu qui se veut rapide et assez nerveux, fait que le jeu en devient trop long et encore plus soumis à l’aléatoire.

Je m’explique :

Avant je devais faire avec l’aléatoire des jetons et tuiles qui sortaient et je devais tout faire pour économiser mes pommes de pin qui me servaient à tenter de mitiger un peu cet aléatoire.

Maintenant, comme j’ai des objectifs qui sont récupérables en cours de partie, je dois augmenter mon temps de réflexion pour savoir lequel choisir, comment l’optimiser et surtout, si la rivière de jetons et de tuiles n’est pas de mon côté un objectif pourra être totalement échoué ou inutilisable si la partie avait bien commencé et qu’elle se termine mal.

De plus, pour pouvoir récupérer un de ces objectifs, on va devoir poser un jeton sur une tuile, qui nous bloquera définitivement cette tuile pour y placer un jeton faune par la suite.

Ce qui réduit drastiquement les options possibles, rendant l’aléatoire de la pioche encore plus punitif…

Et je n’ai pas plus de pommes de pin à ma disposition pour tenter de mitiger ledit hasard…

Coucher de soleil et baisser de rideau.

Alors, au final cette extension, bonne ou mauvaise ?

Ça dépendra des points de vue et des goûts, j’ai lu vraiment tous les opposés.

Pour certaines personnes, ça ajoute de la stratégie, de la réflexion et c’est top, jamais plus elles ne joueront sans.

Pour d’autres, l’extension alourdit inutilement un jeu qui faisait son boulot à merveille de base.

Je vous avoue faire partie de la seconde équipe.

Pour moi, cette extension paysage est comme l’extension « champs de gloire » du jeu Pillards de la Mer du Nord, ça apporte de bonnes idées, mais ça alourdit inutilement le jeu.

Le temps de réflexion augmenté, la mise en place plus longue, le blocage des tuiles à cause des jetons paysage font que le jeu perd tout ce qui faisait son charme : un jeu accessible, rapide et jouable avec le plus grand nombre.

Là, on se retrouve avec un temps de réflexion pour les objectifs de milieu de partie et de fin de partie qui fait plus penser à Wingspan qu’à Cascadia.

Et, franchement, pour une durée de jeu similaire au final, je préfère jouer à Wingspan qu’à Cascadia avec son extension.

Autre point négatif pour moi : la taille de la boite !

Identique à celle du jeu de base, aussi grosse et volumineuse, alors que tout rendre dans la boite de base sans aucun souci, comme illustré ici :

Et le scoring !

Forcément, de nouveaux objectifs impliquent de nouveaux scorings, donc on prend aussi plus de temps pour compter les points en fin de partie…

Pour moi, le seul vrai intérêt de cette extension est de proposer de nouveaux objectifs faune pour varier les parties…

Est-ce que ça justifie l’investissement ?

Je ne pense pas…

Je vais m’auto modérer malgré tout.

Si le jeu était sorti directement avec les mécaniques de l’extension, je pense que ça aurait été un bon jeu qui m’aurait peut-être plu.

Mais malheureusement, la complexité apportée par l’extension fait qu’il sort pour moi de la catégorie dans laquelle il avait débutée.

Et pour le solo ?

Je voulais faire un article dédié au mode solo, mais mon avis est strictement identique à celui que j’ai déposé ici, puisqu’il ne varie pas du mode original, pour moi, en solo, le jeu perd son attrait et son intérêt, je n’ai même pas envie de détailler plus, je ne joue plus en solo avec l’extension, je préfère le jeu d’origine qui était excellent et qui n’avait pas besoin d’être alourdi.

Disponible ici :

Prix constaté : 30 €

Test : Rebel Princess

Test : Rebel Princess

La vie de château n’est pas au programme de nos princesses. Tirées des plus grands contes, les Alice, Mulan ou encore Scheherazade ne sont pas là pour faire de la figuration et surtout, leur but est de garder leur indépendance. La princesse fatale et rebelle, quoi de mieux pour attirer les prétendants ?

Le jeu de Daniel Byrne, Gerardo Guerrero, Kevin Pelaez et Tirso Virgos, illustré par Alfredo Caceres et édité chez Zombi Paella sera prochainement localisé par Gigamic qui nous annonce également la localisation d’Aurum.

Dans Rebel Princess, la mécanique centrale nous vient de la dame de pique (Windows 98, si tu nous entends).

Sur les 4 couleurs qui composent le jeu, une couleur est à éviter : les Princes. Chaque carte est une nouvelle demande en mariage et donc un point. Vous l’aurez compris, le but du jeu est de ne pas avoir de points.

Dans la dame de pique, ce sont les cartes cœur qui vous rapportent des points et… la dame de pique. Ici, c’est le 8 vert qui est la carte à éviter avec ses 5 points. Du point de vue thème, c’est la grenouille (ou le prince charmant qui se cache dedans).

Plutôt simple, mais attention, le jeu ne s’arrête pas là. Chaque joueur aura une carte de Princesse avec un pouvoir utilisable une fois par manche. De quoi ajouter du chaos dans la partie et, ne vous inquiétez pas, il va y en avoir. Le parti pris est clairement du côté du fun et de l’ambiance, avec un pouvoir permettant de lancer un pli en piochant une carte au hasard de la main du joueur, par exemple.

crédit photos : https://zombipaella.com/

Le jeu prend donc le virage vers le fun avec pas mal de chaos et il ne s’arrête pas en si bon chemin, il assume totalement avec une règle additionnelle à chaque manche.

Pas de divulgachage mais je vous l’assure : elles sont dingues !

Le jeu devient un pot-pourri de mécaniques, de sensations d’avoir vu telle ou telle règle ailleurs, bref, il amène ces émotions que j’affectionne tant.

Le tout dans un joyeux bordel où gagner ou perdre reste certes le but, mais avec tant de fun et de rigolade que ça passerait presque au second plan.

Rebel Princess est un jeu de plis et d’ambiance, on comprend donc aisément que la configuration à 3 joueurs tombera à plat. Jouez-y à 4, 5 ou 6 pour y ajouter de plus en plus de chaos. Et pour les joueurs, prévenez-les en amont, ici on rigole.

Sur le matériel, les illustrations sont agréables et la boite peut contenir tout le jeu sleevé, mais tout n’est pas parfait et les cartes de règles additionnelles n’ont pas de texte. Vous devrez donc retourner dans le livret de règles pour savoir quelle règle est active pour la manche. Ce n’est pas le plus pratique.

Au final, ce Rebel Princess est une très bonne pioche, un jeu qui met l’ambiance. Personnellement, si le groupe est de 5 ou 6 joueurs, il est sûr qu’on le sorte à un moment de la soirée. Le jeu est simple dans ses explications, on comprend bien vite que tout peut être chamboulé par les princesses ou les règles additionnelles et la partie se déroule en 5 manches, donc entre 20 et 30 minutes.

D’habitude, je fais des reviews de jeux quasi introuvables et c’est donc une super nouvelle que sa localisation par Gigamic. Pour une fois, le jeu est excellent et bientôt disponible !