Test : A War of Whisper

Test : A War of Whisper

A War Of Whispers est resté longtemps sur ma pile de jeux à critiquer sans que je ne sache quoi en dire. Après une longue pause, j’ai décidé de le ressortir pour une partie de la dernière chance et j’ai enfin eu le déclic. AWOW n’est ni un bon ni un mauvais jeu. C’est l’ébauche d’un jeu qui aurait pu être excellent.

A War Of Whispers est le second jeu de Jeremy Stoltzfus, édité à l’origine par Starlight Games et localisé en France par Matagot. Il est écrit sur la boite qu’il est jouable de 2 à 4 mais ne révèle son intérêt qu’au nombre maximum de joueurs. Une partie s’achève en une grosse heure soit une durée très raisonnable pour l’expérience proposée. Il est illustré dans un style Sword & Sorcery par les très talentueux Tomasz Jedruszek et Dann May.

l

Le pouvoir derrière le trône

Avec ses cubes posés sur une mappemonde divisée en territoires, AWOW a tout l’air d’un jeu de conquête. Ce n’est pas vraiment le cas. Oui, il y aura bien des armées qui vont se combattre pour le contrôle de points-clefs (les villes indiquées sur le plateau) mais aucun de ses empires ne sera incarné par les joueurs.

Nous sommes des sociétés secrètes, sortes d’éminences grises qui vont miser sur la domination de certains empires sur les autres. Sorte de paris sportifs mais pour illuminatis.

Via un système de placement d’ouvrier plutôt bien trouvé, nous allons influencer l’empire de notre choix pour recruter ou déplacer des troupes de manière à les avantager ou, au contraire, les desservir. L’idée amusante de cette mécanique, c’est qu’on peut prendre un risque en tentant d’influencer fortement un empire mais notre action sera plus facilement parasitée par un autre joueur.

l

Game Of Thrones

Dans AWOW, nous savons dès le début quels empires vont nous rapporter le plus de points et lesquels ne nous rapportent rien ou, pire, nous en font perdre.

La partie va se jouer comme un gros Mastermind géopolitique. Il va falloir interpréter les actions de chaque joueur pour deviner ses chouchous et ses factions honnies et réagir en conséquence.

Même si ma paresse m’a dissuadé de le faire, j’ai eu très envie de prendre un calepin pour noter tous les coups de mes adversaires afin de compter précisément combien de points rapporterait telle action selon mes estimations.

l

L’enfer est pavé de bonnes idées de gameplay

L’idée est très originale (même si Croc avait déjà fait un jeu un peu dans ce goût-là* il y a bien longtemps dans une galaxie très lointaine). Malheureusement, le diable est dans les détails.

Les cartes action sont censées ajouter un peu d’imprévisibilité dans un jeu qui s’avérerait trop plan-plan sinon. Malheureusement, elles sont soit trop fortes, soit trop inutiles en fonction de la situation et, surtout, pas funs à jouer.

Plus grave encore, le jeu offre la possibilité de modifier ses factions préférées contre la révélation de ces dernières. Cette mécanique est là pour pallier un souci inhérent au jeu. Imaginez que vos trois adversaires maximisent leurs points en favorisant l’empire rouge mais que vous, par malchance, c’est le rouge vous fait perdre des points. A un contre trois, difficile de rivaliser même en jouant finement. Malheureusement, le correctif est maladroit. Il est nécessaire mais casse l’esprit du jeu. Il devient l’action obligatoire à faire pour les joueurs à la traîne en fin de partie mais ne les aidera pas forcément à gagner puisqu’elle les pénalise en cas d’égalité. Il y avait probablement mieux à faire pour corriger le tir…

l

Murmures pas mûrs

A War Of Whispers part d’une bonne idée mais pêche malheureusement dans son exécution. L’auteur semble avoir bien cerné les défauts de son jeu mais les rustines proposées, en plus d’être peu élégantes, peinent à les corriger. A tester à l’occasion si le test vous a rendu curieux. Par contre, le jeu manque trop de finitions pour vous le recommander à l’achat.

*L’Âge des Dieux (2004). Un jeu qui m’avait laissé un plutôt bon souvenir même si sur TricTrac (un refuge d’intégristes du kubenbois à l’époque) l’accueil avait été glacial.

Test : Microgame

Test : Microgame

Matagot nous localise une bien belle gamme de jeux, les Microgame qui sont édités par Button Shy Games sous ce format portefeuille. Il y a eu plusieurs campagnes KS de cet éditeur américain pour cette collection de micro jeux, à base de cartes, et qui tiennent dans un étui.

C’est avec 4 jeux que Matagot lance cette collection en français, Stew, Sprawlopolis, Avignon et Circle the Wagons. 4 jeux plutôt différents (même si Sprawlopolis et Circle the Wagons vont utiliser des mécaniques de placement proches) et qui, avec un paquet de cartes, vous promettent une ou des parties intéressantes et rapides.

Jeux de voyage par excellence, cette collection gagne aussi fièrement son badge « barable » pour des jeux idéaux en bars. Personnellement, j’en ai dorénavant toujours un dans mon sac, tellement ils sont faciles à sortir, à jouer, et surtout – car ce n’est pas souvent le cas dans ces jeux petits formats – ils sont intéressants à jouer et on va voir pourquoi !

l

l

l

Avignon : a Clash of Popes

Jeu pour 2 joueurs uniquement, Avignon a une simplicité et une efficacité étonnante. Vous devrez rallier à votre cause les personnages du jeu, afin d’assurer votre légitimité. Dans ce jeu de déplacement vous devrez ramener 3 cartes dans votre camp. Par un subtil mélange de capacités des personnages vous permettant d’éloigner ou rapprocher des cartes, vous ferez attention à essayer de piéger votre adversaire. Un peu comme le tire à la corde, où vous rapprocherez une carte, mais au tour d’après l’adversaire rapprochera la même ou bien une autre. Parfois vous tournerez en rond, aucun des joueurs ne voulant lâcher prise, et il faudra bien que l’un des 2 se décide à tenter quelque chose, au risque d’y laisser sa chemise. Pas vraiment le droit à l’erreur, ça se paye cash, la carte doit faire 3 mouvements depuis la rangée centrale pour arriver dans votre camp. Vous pouvez lui faire faire 2 mouvements de base à votre tour. En jouant bien les actions spécifiques de chacun des personnages, vous évoluerez sur le « plateau » comme aux dames ou aux échecs, avec beaucoup de stratégie. Ça va vous faire fumer les neurones si vous jouez contre un adversaire attentif.

l

l

l

Sprawlopolis

Lui c’est le casse-tête des 4, jouable de 1 à 4 joueurs. C’est un jeu coopératif dans lequel vous devrez tous ensemble construire votre ville en plaçant une carte après l’autre. Chaque carte est constituée de plusieurs quartiers de différentes couleurs. A vous de la placer en chevauchant ou couvrant d’autres quartiers, ou au minimum en se touchant par un bord avec une autre carte. Vous aurez 5 conditions de scoring pour la partie, sachant que certaines configurations vous apporteront des points, d’autres vous feront scorer en négatif. Attendez-vous à de l’analysis paralysis sur ce jeu, où vous vous arracherez les cheveux tous ensemble autour des cartes.

Alors, si on place comme ça, on sera bien pour cette condition, mais là ça fera 2 points négatifs. Attend, et si on le place comme ça ? Ah bah non c’est pire … ^^

A noter que le jeu contient 20 cartes qui sont des quartiers au recto, et des conditions de scoring au verso. Bref, une sacré rejouabilité pour 20 cartes, à moins que vous ayez déjà jeté ce jeu qui va en énerver plus d’un dès la 1ère partie ^^

l

l

l

Circle the wagons

Comme Strawlopolis, on retrouvera une mécanique déjà vue notamment dans les excellents Honshu ou Hokaido. Dans un placement de départ inspiré de Patchwork, vous allez sélectionner une carte et la placer dans votre zone, l’autre joueur récupérant les cartes situées entre la carte de départ désignée, et celle choisie (s’il en reste). Chacun va alors composer sa bourgade et connecter des zones afin de scorer le plus de points en fin de partie. 3 cartes tirées au hasard au début de la partie indiqueront les règles de scoring communes aux 2 joueurs. Le jeu est stratégique et les scoring communs vous obligeront à ne pas laisser passer certaines cartes sous peine de donner trop de points à l’adversaire. Mais en faisant ça, vous lui ferez peut-être récupérer plusieurs cartes pour sa bourgade. Vous voyez venir les dilemmes auxquels vous confrontera ce jeu ? 😉

Comme Sprawlopolis, chaque carte représente les zones sur son recto, et les conditions de scoring au verso, donc une belle rejouabilité. Circle the Wagons est prévu pour 2 joueurs.

l

l

l

Stew

C’est certainement le plus « fun » des 4. Les 3 autres vont plutôt vous faire réfléchir, et à part pour Sprawlopolis qui est coopératif et verra un peu d’échanges entre les joueurs, Circle et Avignon peuvent vous permettre d’entendre les mouches voler, mais surtout voir de la fumée sortir des oreilles des joueurs.

Avec cette mécanique de carte cachée que vont poser les joueurs soit dans la marmite, soit sur les animaux affamés, vous devrez crier « Stew » quand vous penserez que la marmite contient 12 en valeur cumulée des cartes. Bien sûr, certaines voient leur valeur augmenter plus elles sont nombreuses, d’autres viennent diminuer le total, etc… Par exemple, l’ail vaut 6 points s’il est seul ; sinon il y en a trop et ne vaut plus qu’1 ! Enfin les animaux affamés viendront se servir dans la marmite s’ils ne sont pas nourris avant. Faites donc attention à ne pas déclencher la fin de manche trop vite, car c’est les autres qui remporteront les points ! Le premier à 5 l’emporte !

C’est le jeu qui fonctionnera le plus en bar ou en terrasse et qui va mettre le plus d’ambiance dans vos parties ! il se joue de 2 à 4 joueurs.

l

l

l

Petit mais costaud

Alors, ce qui est clair, c’est que si je suis à la maison je ne les sors plus ces Microgame. Je conçois vraiment cette gamme de jeux comme les jeux parfaits à trimballer partout où vous allez, en voyage, en terrasse, à garder dans la boite à gants, dans le sac à main, sac à dos, bref vos compagnons de route. Pour le prix de 7€ en moyenne, c’est un super achat je trouve. Pour des débutants, je conseillerai plutôt Stew ou Avignon, les 2 autres ayant le « défaut » d’avoir beaucoup d’informations à visualiser sur « juste » quelques cartes. Ce sont des jeux qui prennent peu de place, Sprawlopolis et Circle the Wagons étant ceux qui mériteraient peut-être des cartes d’un format un peu plus grand, mais bon, encore une fois c’est l’idéal en voyage ou dans le sac ! Et puis, même Honshu a le même format de cartes 😉

Ce qui est certainement dommage, c’est que l’étui est si petit, et l’éditeur n’ayant pas mis de lien vers une vidéo ou leur site sur le display présentant les produits en boutiques, que même si les jeux sont très corrects, et méritent l’attention des joueurs, je ne suis pas sûr que cela rencontre un succès. Les ludicaires devront déjà connaître les 4 jeux afin de vous les présenter, et surtout avoir le temps de le faire !

l

Nous faisons partie du programme d’affiliation mis en place par Philibert sur leur site. Cela signifie que si un jeu que nous avons chroniqué vous plaît, et que vous l’achetez en cliquant sur le lien Philibert que nous proposons en bas de chaque article, nous percevrons une modeste contribution nous permettant de nous acheter d’autres jeux, pour pouvoir les chroniquer et vous donner notre avis. C’est une forme de soutien, et nous vous en remercions par avance! C’est grâce à vous que nous pouvons continuer à abreuver ce modeste blog avec toujours + de contenu.

l

Disponible ici :

Stew

Sprawlopolis

Circle the Wagons

Avignon

Prix constaté : 7 €

Test : Bullet

Test : Bullet

Bullet est un puzzle game dans un univers japonais très séduisant. Si la direction artistique ne plaira pas à tout le monde, il est certain qu’elle ne vous laissera pas indifférent pour autant. Le but du jeu est d’être la dernière héroïne en jeu (mode compétitif) ou bien de vaincre une héroïne sous sa forme « boss » (mode coopératif). Pour cela, vous avez à votre disposition des bullets que vous devez placer selon des règles précises sur votre plateau personnel. Votre mission est alors de reproduire les patterns de votre personnage afin d’« attaquer vos adversaires ». Toute la complexité provient du nombre de points d’action limité à chaque manche, vous obligeant à analyser au mieux les différentes options qui s’offrent à vous. Un combat passionnant dont l’intensité ne fera que croitre au fil des manches pour obtenir un K.O final, mais de qui ?

Bullet est un jeu issu d’un financement participatif sur Kickstarter et intégralement financé le 18 juin 2020. Il a été imaginé par Joshua Van Laningham. Il est joliment illustré par Collateral Damage Studios, Sebastian Koziner, Usanekorin et Davy Wagnarok. Il est édité et distribué par Level 99 Games. La VF est prévue chez Matagot pour Novembre 2022.

Le jeu est prévu pour 1 à 4 joueurs, à partir de 12 ans et pour une durée d’environ 15 minutes.  

l

Le matériel :

l

J’avais pris sur Kickstarter la version Deluxe du jeu – c’est celle avec les pions en bois. Je dois dire que je ne regrette pas du tout, car je trouve que cela participe grandement à l’expérience de jeu. Les pions en bois sont sublimes. En revanche, concernant les différents plateaux, j’aurais aimé qu’ils soient plus épais. Le carton est assez fin et est de ce fait facilement déformable. Rien de dramatique si on est un minimum précautionneux avec ses jeux. Les cartes, elles, sont de plutôt bonne qualité. De manière générale, je suis plutôt satisfaite de la qualité du matériel.

l

A quoi ça ressemble ?

l

l

Comment on joue ?

l

Je vais ici vous parler du mode de jeu le plus classique, c’est-à-dire le mode « Free-For-All ». Le but du jeu est d’être la dernière héroïne encore en vie à la fin du tour. C’est le mode conseillé pour débuter et se familiariser avec le jeu. Pour une expérience encore plus calme, vous pouvez même jouer sans le timer de 3 minutes. C’est d’ailleurs ce que les auteurs vous recommandent de faire pour votre première partie. Un petit ajout très agréable est la possibilité de trouver des musiques spécialement faites pour le jeu en guise de timer sur le site de Level 99 Games en passant par Spotify. Je vous laisse ici le lien de l’album dédié.

Pour commencer, mettez tous les palets, les fameux « bullets » dans le grand sac blanc. La piste d’intensité est placée au centre de la table et le marqueur d’intensité est positionné sur l’espace vide le plus à gauche. Les tuiles pouvoir sont mélangées et forment une pile face cachée. Il faut en révéler un nombre égal au nombre de joueurs.

Chaque joueur choisit son héroïne avec le paquet de cartes correspondant, ainsi que le plateau « incoming area » spécifique à l’héroïne et un plateau « current area ». Le marqueur de points d’action est placé sur la case la plus haute de la piste de points d’action. Les joueurs mélangent leur deck de cartes spécifiques pour créer leur pioche et constituer leur main de cartes. La mise en place des joueurs est à présent presque terminée.  Il ne reste plus pour chacun des joueurs qu’à piocher 10 bullets dans le sac blanc et les mettre dans son sac noir.

l

La partie se déroule en plusieurs tours divisés chacun en 3 phases :

  • 1/ Option Phase ou phase d’action : durant cette phase, tous les joueurs jouent simultanément.  Le but est de placer sur votre plateau personnel l’ensemble des bullets qui se trouvent dans votre sac. Vous piochez donc un à un les bullets du sac pour les placer sur le plateau selon les règles de pose. La couleur indique la colonne dans laquelle le palet va être placé et le numéro correspond à l’endroit où il sera placé dans cette colonne. Mais attention ! Dès que vous ne pouvez pas placer un bullet, il est envoyé dans la « hitbox » et il vous blesse immédiatement. Quand vous perdez votre dernière vie, la partie s’arrête pour vous. L’objectif est donc d’être la dernière héroïne en jeu pour gagner la partie. Evidemment, afin de pouvoir vous prévenir d’éventuels dommages, d’autres actions sont possibles durant cette phase. Vous pouvez utiliser les actions spécifiques de votre plateau personnage. Vous pouvez en faire autant que vous voulez, à condition d’avoir les points d’action nécessaires. Vous pouvez également utiliser vos patterns si, au préalable, vous avez réussi à reproduire le schéma du pattern. C’est grâce à cela que vous allez enlever les bullets de votre plateau. Et vu qu’il s’agit tout de même d’un jeu compétitif, les bullets que vous avez retirés sont directement mis devant le plateau de votre adversaire de gauche. Les bullets ainsi récupérés s’ajouteront à ceux de la prochaine manche.  
  • 2/ End Phase ou phase de fin de tour : une fois la phase d’actions terminée ou le timer écoulé, chaque héroïne récupère une tuile pouvoir et la place sur son plateau. Vous pourrez vous en servir dès le tour suivant. Ensuite, chaque joueur doit reconstituer sa main de cartes. Pour finir, vous allez à nouveau remplir votre sac noir d’un nombre de bullets équivalent à l’intensité de la piste d’intensité.
  • 3/ Cleanup Phase ou phase de nettoyage : c’est le moment de remettre de nouvelles tuiles pouvoir et de replacer votre marqueur de points d’action sur le plus haut numéro. N’oubliez pas non plus à ce moment d’augmenter le niveau d’intensité. Plus la partie dure et plus la difficulté augmente. Et enfin, vous allez placer dans votre sac noir tous les bullets que vos adversaires vous ont envoyés. Et ça peut faire beaucoup de bullets à force ^^

l

Les tours vont ainsi s’enchainer jusqu’à ce qu’une des conditions de victoire soit atteinte :

  • Il ne reste qu’une seule héroïne en jeu qui est alors désignée grande gagnante ^^
  • Il n’y a plus de bullets dans le sac blanc et tout le monde a perdu

On vient donc de voir comment on joue au mode classique. Il existe toutefois 3 autres modes de jeu vous permettant de vous affronter à 4 joueurs en constituant des équipes de 2 joueurs, ou de jouer en coopératif pour vous mesurez à un boss ou encore de jouer en solo !

l

l

VERDICT : Un grand oui

l

l

Pour faire simple, j’ai adoré ce jeu. Les règles sont très simples et les parties rapides – et pourtant j’ai presque joué toutes mes parties sans le timer. J’aime ce casse-tête pour pouvoir réaliser nos patterns afin d’éliminer un maximum de bullets à chaque manche pour éviter la défaite le désastre lors de la manche suivante. Et avec certains personnages, ce casse-tête s’intensifie puisque vous ne voudrez surtout pas avantager vos adversaires. On peut lui reprocher un manque d’interaction puisque celle-ci n’est présente que de manière indirecte à travers les bullets éliminés qui seront transmis à un adversaire. Cela n’est toutefois pas gênant pour moi puisqu’il s’agit avant tout d’un combat avec soi-même pour se dépasser et montrer sa supériorité ^^

En revanche, en ce qui concerne la rejouabilité, vous aurez de quoi faire. Tout d’abord, cela vient des héroïnes qui, grâce à leur spécificité, apporte une dynamique très différente sur la manière de jouer individuellement du fait de leur pattern et pouvoir unique, mais aussi en fonction des autres héroïnes en jeu qui vont significativement avoir un impact sur vos choix. D’autre part, les différents modes de jeu n’y seront clairement pas pour rien. Le mode en équipe est vraiment intéressant et apporte une certaine originalité car cette façon de jouer est peu commune. Il y en aura ainsi pour tous les goûts avec du compétitif, du compétitif en équipes et du collaboratif avec l’affrontement des boss. Ce dernier mode est d’ailleurs très intéressant et la difficulté bien ajustée.

l

Pour ceux qui aiment jouer en solo comme moi, vous aurez deux modes de jeu possible en solitaire : la bataille de boss, mais aussi le « score attack » où vous devez résister durant un maximum de manches avant d’être K.O. Dans ce dernier cas, vous serez alors votre propre adversaire puisque chaque bullet que vous retirez de votre plateau personnel se retourne contre vous en faisant augmenter l’intensité.  

Avant de conclure, je voulais souligner le matériel de cette version Deluxe avec les pions en bois qui subliment le jeu et son expérience ludique.

Vous l’aurez compris, ce jeu est pour moi une vraie belle découverte et j’ai d’ailleurs acquis sans aucune hésitation l’extension de ce jeu offrant notamment de nouvelles héroïnes.  

Test : Orléans

Test : Orléans

Un classique. Orléans est un classique. Un jeu qu’il faut au moins essayer une fois, dont la mécanique est citée en exemple, un précurseur dans sa catégorie.

Orléans est un jeu de bag building pour 2 à 4 joueurs, à partir de 12 ans, et pour une durée supérieure à 1 heure, de Reiner Stockhausen (Altiplano, Ligretto), illustré par Klemens Franz (Altiplano, Masters of Renaissance, Llama Land, Agricola, Glasgow…) disponible actuellement en version française avec Matagot.

Le bag building est une mécanique avec un sac dans lequel vos jetons vous permettent d’effectuer différentes actions en vue d’en obtenir de nouveaux, d’en débloquer des plus puissants, tout cela dans le but de suivre une stratégie tout en essayant de maitriser le hasard de la pioche dans votre sac.

Une mécanique très proche du deckbuilding où ce sera un paquet de cartes que vous allez améliorer. Orléans exploite à merveille cette mécanique dans un thème médiéval où les joueurs incarnent des marchands dans la région… orléanaise.

Pour les jetons, le jeu propose des villageois, nobles, chevaliers et autres érudits qui vous permettront de développer leur guilde et d’amasser les richesses de cette région.

Pour cela, il vous faudra jouer également avec les probabilités et les renforcer en votre faveur selon vos envies en augmentant les jetons d’un type dans votre sac puisque vous y piochez au hasard. La gestion de ce hasard est une mécanique indirecte au sens où il vous faudra quelques parties pour mieux ressentir vos besoins et comment alimenter votre pioche. Conserver un équilibre pour « doser » le niveau de chaque type de villageois est tout un art pour ne pas manquer de ce dont vous avez besoin sans pour autant charger plus que de raison votre sac.

l

Orléans propose également pas mal d’interaction par le nombre limité de chaque villageois récupérable, par des pistes avec des bonus pour les joueurs qui s’y spécialisent en premier, ou encore un plateau central où la pose de guilde est limitée à une par joueur.

Bag building, interaction, optimisation… on commence à comprendre en quoi Orléans est un bon jeu ; mais un classique n’est pas bon, il est au-dessus, alors regardons ce que le jeu peut nous proposer de plus.

l

Peu de temps mort. La principale phase de chaque manche sera pour chaque joueur de choisir quelles actions il va activer. Cette phase se jouant en simultané, on n’a pas l’impression d’attendre les autres joueurs. Et une fois nos actions choisies elles sont jouées dans l’ordre du tour et c’est uniquement à ce moment que l’on peut attendre un joueur sur ses choix. Un point très positif du jeu !

La rejouabilité est-elle au rendez-vous ? Orléans propose des tuiles évènement qui modifieront chaque manche. Mais le jeu reste très dépendant des choix des joueurs et ce sont donc les autres joueurs qui feront la partie. Les premiers tours sont d’ailleurs assez scriptés.

C’est le point faible du jeu, il en fallait bien un. La rejouabilité est bonne mais pas exceptionnelle, vous commencerez souvent vos parties de la même manière, ce qui peut jouer contre l’envie de rejouer après plusieurs parties.

l

On va donc regarder du côté des extensions. Les deux extensions proposent effectivement de bien belles choses.

Invasion vous propose un ennemi commun à tous les joueurs pour un mode coopératif, un mode spécialement prévu pour deux joueurs et un module pour ajouter de la rejouabilité brute. Ajoutons du solo et c’est déjà une belle extension pour relancer le jeu.

Commerce et intrigues est plus basique avec du matériel plus basique pour augmenter cette rejouabilité du jeu.

l

Mais alors en quoi Orléans est-il incontournable ? Il faut chercher tout simplement du côté de sa longévité. Le jeu est sorti en 2014, ce qui, dans le milieu ludique, correspond à peu près à la période du thème. Avec sa mécanique novatrice, le jeu a marqué les joueurs à sa sortie, en témoignent les nombreux prix qu’il a remporté depuis sa sortie.

Ce qui en fait également un classique est le peu de jeux avec cette mécanique et chaque nouveauté est immédiatement comparée à Orléans.

Personnellement, Orléans est un jeu qui ne quittera pas ma ludothèque. Par sa mécanique il permet d’initier des joueurs aux jeux experts. Le jeu est très plaisant à jouer et, de partie en partie, on voit son évolution personnelle et son apprentissage des mécaniques. Une belle courbe de progression en somme.

Avec Orléans, les jeunes joueurs dès 10 ans pourront s’essayer à la création de guilde, et pour ce qui est des configurations, il fonctionne très bien de 2 joueurs à 5 de par sa phase de réflexion simultanée.

l

Un jeu bien agréable qui nécessite une des deux extensions pour se renouveler après « quelques » parties (plus de 20 personnellement). J’ai de plus en plus tendance à éviter au maximum les extensions, je ne les réserve qu’aux jeux qui plaisent, ont fait leurs preuves et sont joués de nombreuses fois. Pour Orléans, j’ai pris Commerce et Intrigue qui me suffit amplement pour renouveler les parties. Avec tout cela, il ressort régulièrement, que ce soit entre joueurs de jeux plus complexes ou avec la famille pour les amener doucement vers le monde des jeux expert.

Commerce et Intrigues

Au final oui, Orléans est un classique, de ces jeux à essayer une fois, une mécanique particulière qu’il est intéressant de découvrir !

l

Nous faisons partie du programme d’affiliation mis en place par Philibert sur leur site. Cela signifie que si un jeu que nous avons chroniqué vous plaît, et que vous l’achetez en cliquant sur le lien Philibert que nous proposons en bas de chaque article, nous percevrons une modeste contribution nous permettant de nous acheter d’autres jeux, pour pouvoir les chroniquer et vous donner notre avis. C’est une forme de soutien, et nous vous en remercions par avance! C’est grâce à vous que nous pouvons continuer à abreuver ce modeste blog avec toujours + de contenu.

l

Disponible ici :

Prix constaté : 50€

Test : Beyond The Sun

Test : Beyond The Sun

Les joueurs experts ont pour habitude de suivre le diamant d’or. Un prix dédié aux jeux experts par des passionnés et pour 2021, devant Bonfire et Praga que l’on peut déjà apprécier en français, il y a Beyond the Sun, BtS pour les intimes, le nouveau phénomène ludique avec autant de réussite que le groupe de musique ?

Le jeu de Dennis K. Chan, illustré par Franz Vohwinkel (Puerto Rico, Targui, Exit, El Dorado, 6 Qui Prend, Tsuro …) et est édité chez Rio Grande games et la VF arrive chez Matagot.

Pour le coté graphique, ne vous fiez pas au couvercle de la boite… on est clairement plus proche d’un prototype que d’un jeu édité, mais bon les mécaniques doivent rattraper tout ça non ?

l

A quoi ça ressemble ?

l

l

Le matériel :

l

Beyond the Sun dispose à la fois d’un matériel de très bonne qualité mais aussi de visuels et d’un graphisme tout simplement absent.

C’est tout simplement 80 dés ! des petits dés certes, mais maniables et bien agréables. On y ajoute cartes, plateaux personnels « double couche » (c’est léger mais bien pratique) et le reste du matériel classique et de bonne qualité.

De l’autre coté de la balance, nous avons le graphisme. Ami joueur amateur du tout récent Bitoku, de Feudum ou autre Tokaido et compagnie, vous allez être très déçu ! BtS est blanc. Tout blanc. Oui c’est super pratique pour la lecture du jeu mais bon, jouer sur un vrai tableur Excel c’est pas si simple, voire même rédhibitoire pour certains. Au moins vous ne pourrez pas dire qu’on ne vous a pas prévenu !

Mais pour compenser tout cela, qu’en est-il du gameplay ?

l

Comment on joue ?

l

BtS est le premier jeu de Dennis K. Chan et, franchement, pour un premier jeu, le monsieur met la barre bien haut !

La mécanique est simple : à votre tour, déplacez votre pion sur un espace d’action disponible et si c’est une technologie de niveau avancé, vous devez l’avoir recherchée avant (nous y reviendrons).

La deuxième partie de votre tour de jeu est au choix parmi 3 possibilités :

  • une production de minerai, la seule ressource du jeu,
  • une production de personnel,
  • des échanges de ressources.

Voila. Pas de fioritures, du basique, mais pas d’inquiétude, il y a de nombreux points très malins qui rendent le jeu assez incroyable.

l

Commençons par la fin de votre tour et la production de population. Votre plateau personnel fonctionne avec vos dés qui sont des stocks de caisses rangées en colonnes et que vous pourrez « produire » si la piste de disque en dessous est libre.

En effet, sous les dés, vous disposez de deux pistes de disques. Ces disques, il vous faut les retirer en les plaçant sur les planètes que vous allez occuper ou coloniser, ou en haut de votre plateau en développant vos technologies.

Une fois libre c’est assez simple : la piste découverte est un tapis roulant et si vous avez des dés au dessus, un dé est alors produit ! Pas simple à expliquer, mais au final c’est malin, c’est fluide et simple à prendre en main !

Pour la production de minerai, vous produisez autant de minerai que d’icônes découvertes en retirant les disques de cette piste de production.

La première moitié de votre tour désormais !

Vous devez changer d’emplacement mais pas obligatoirement d’action ! Si une action a plusieurs emplacements et qu’un autre est disponible, vous pouvez vous y placer et donc rejouer l’action.

Pour ce qui est des actions, le jeu se découpe en 2 grandes voies stratégiques :

  • les technologies avec un arbre reposant sur 4 niveaux,
  • la voie lactée et ses planètes à occuper en vue de les coloniser.

l

Le plateau spatial vous demandera de transformer votre population en pilotes de vaisseau de force 1, 2, 3 ou 4 pour prendre le contrôle de planètes et de spatio-ports. C’est tout simplement le joueur avec la plus grande force qui aura le contrôle. Cela lui permet de placer un disque sur le lieu occupé.

Si, par la suite, vous parvenez à coloniser ce lieu, vous pourrez placer un second disque dessus.

Ce plateau spatial est basique mais il s’y passe pas mal de choses ! Occuper certaines cartes permet de déclencher des effets et c’est la partie du jeu avec la plus grande interaction. C’est également cette partie du plateau qui rendra vos parties à deux joueurs un peu molles. A 3 joueurs, bienvenue dans un excellent jeu ! Et à 4… là c’est la catastrophe. C’est trop brouillon et totalement chaotique. Nous en reparlerons dans la conclusion.

l

L’arbre technologique… Oh la la c’est tout bon ! 4 technologies de base qui seront les mêmes à chaque partie mais ensuite… des technologies de niveau 2 puis 3 dans 4 optiques, de la plus pacifique à la plus belliqueuse, et des technologies de niveau 4 redoutables et qui apportent beaucoup de points pour le scoring final.

Et en plus, cet arbre technologique, c’est vous qui le développez, c’est vous qui choisissez son orientation, vous décidez ! Avec 16 technologies de niveau 2 et autant de niveau 3, la rejouabilité du jeu est juste astronomique ! Les combos, les interactions, les développements possibles… Vous allez pouvoir jouer encore et encore pour tout essayer. C’est clairement l’énorme point fort du jeu, cet arbre technologique est excellent.

l

Le timing de la partie est également dépendant des joueurs avec des objectifs communs. Une fois qu’un certain nombre de jetons ont été placés sur les cartes d’objectif, la partie prend fin. Encore une fois, voilà un moyen d’allonger un peu plus la durée de vie du jeu, tout comme l’atmosphère de chaque partie. Jouer technologie à chaque partie si les objectifs sont clairement portés sur la colonisation ne sera clairement pas payant, vous l’aurez compris, et il faudra vous adapter au jeu, tout comme à vos adversaires à chaque partie.

Le scoring final est une salade de points avec ceux des objectifs, des planètes colonisées, des lieux contrôlés, des technologies maîtrisées et par le développement de votre plateau personnel.

l

l

VERDICT

l

l

Alors, Beyond the Sun est il le jeu expert tant attendu depuis quelques temps ? Le jeu qui mettra tous les amateurs de gros jeux d’accord ?

Pour couper court à tout suspense… pas vraiment.

Beyond the Sun est une très belle machine en termes de mécanique, mais son graphisme bloquera clairement certains joueurs.

l

Son vrai point faible est en réalité dans son gameplay : BtS est un jeu pour 3 joueurs. 3 joueurs et rien d’autre au final.

A deux joueurs, le jeu n’est pas si mal mais il manque de tension. Cela plaira certainement à certains, c’est une affaire de gout comme on dit.

A quatre joueurs, le jeu devient un pur chaos. Sur les pistes technologiques, la concurrence sera permanente et présente partout. Dur de développer sa stratégie avec d’autres joueurs qui vont venir vous bousculer sur la technologie que vous avez développée et surtout sur les technologies de niveau supérieur que vous aimeriez placer par la suite.

C’est surtout sur le plateau spatial que le jeu à 4 devient trop chaotique. Il est quasi impossible de conserver une planète deux tours de suite. C’est pourtant ce qui vous permet de coloniser cette planète puisque vous pouvez coloniser une planète occupée.

C’est le temps de jeu qui va alors pécher avec des parties qui vont s’éterniser, ce qui retire pas mal de plaisir à l’expérience de jeu.

Ça nous fait pas mal d’arguments contre, non ? Et pourtant Beyond est un jeu bluffant ! Sa simplicité de gameplay, sa forte interaction, le plaisir de développement de son plateau comme sur l’arbre technologique allument cette petite flamme. La petite flamme des grands jeux !

Avec Beyond on ne s’ennuie pas, on surveille ce que font les autres et donc le temps d’attente entre vos tours n’est pas subi ! le fait que les joueurs déclenchent la fin de partie est aussi un élément très agréable. On est en général satisfait de ce que l’on a créé et développé.

l

On a donc un grand jeu qui mérite clairement son diamant d’or, mais ce dans une configuration principalement.

On en vient à la réflexion suivante : les jeux ont-ils tous une configuration clairement au dessus des autres ?

Brass est un monstre à 4 joueurs, là où il se ramollit rapidement quand on retire du monde autour de la table.

Serait-il envisageable d’avoir des jeux avec une configuration de joueurs unique ? Les jeux à deux joueurs le proposent. Souvent des jeux d’affrontement et personne ne semble y trouver à redire.

Pourquoi pas proposer ce BtS en 3 joueurs uniquement sur la boite ? En proposant des variantes 2 et 4 joueurs dans les règles, mais en assumant clairement que l’équilibrage est prévu pour 3.

Ne soyons pas naïfs, les raisons économiques sont bien trop nombreuses, se priver du 2-4 joueurs semble impossible si un jeu veut rencontrer le succès (économique).

Pour l’âge des joueurs, on est ici clairement dans un jeu expert, avec stratégie à long terme et interaction forte. Les ludistes en herbe de 12 ans pourront tenter l’expérience, sinon c’est à partir de 14 ans que l’on pourra tenter le voyage au-delà du soleil.

l

Avec ce Beyond the Sun, à vous les étoiles, l’infini et même au-delà ! un jeu expert qui se démarque et qui vous en mettra des étoiles plein la tête à défaut des yeux. Personnellement c’est un vrai coup de cœur même si la concurrence n’est pas folle (sur les 10 premiers mois de 2021) !

l

Nous faisons partie du programme d’affiliation mis en place par Philibert sur leur site. Cela signifie que si un jeu que nous avons chroniqué vous plaît, et que vous l’achetez en cliquant sur le lien Philibert que nous proposons en bas de chaque article, nous percevrons une modeste contribution nous permettant de nous acheter d’autres jeux, pour pouvoir les chroniquer et vous donner notre avis. C’est une forme de soutien, et nous vous en remercions par avance! C’est grâce à vous que nous pouvons continuer à abreuver ce modeste blog avec toujours + de contenu.

l

Disponible ici :

Prix constaté : 85 € (à confirmer)