Test : Navoria

Test : Navoria

Alors oui ça ressemble à Root. Tellement qu’on croirait une copie Wish. Là on est plus sur un hommage, mais à 2 doigts d’un plagiat. Du coup c’est kawaï, c’est « zoli » et ça attire l’œil. Arguments solides pour capter le chaland et se démarquer des X nouveautés par semaine qui affluent dans sa boutique de jeux. Après on va voir un peu ce qu’il a dans le ventre au-delà de son plumage. Et comme souvent, je vous livre dès le début ma conclusion, plutôt que vous faire lire tout ce texte si vous n’en avez pas envie. Et bien comme tout projet Kickstarter, le but est de vous en mettre plein la vue même si tout n’est pas utile. Niveau jeu, ça ronronne très fort, y’a pas vraiment de montée en puissance, le jeu est très très gentil avec vous, et ne vous brusquera pas. Est-ce un jeu désagréable ? Non pas du tout, mais faut que vous sachiez que le niveau de jeu n’est pas bien élevé c’est tout.

Niveau d’attente versus réalité

Parlons du gameplay justement, j’ai vu quelques retours sur le jeu qui parlaient d’un niveau de profondeur trop léger pour eux. Alors je pense que l’aspect visuel qui rappellera Root à de nombreux joueurs, la campagne KS avec un jeu qui se retrouve à 100€ sur la version deluxe ont conduit des joueurs à se fourvoyer un minimum sur le type de jeu qu’ils achetaient. Clairement Navoria est un jeu très léger. On est sur du familial puisqu’il faut le mettre dans une case, limite initié, mais limite basse. Le seul fait d’avoir déjà joué à un jeu ayant des effets se déclenchant à l’achat de la carte, en fin de manche, ou en fin de partie est suffisant pour ne pas être largué. Tout ce qui tourne autour est un peu de l’enrobage je trouve, notamment un plateau surdimensionné (et pas très lisible) par rapport à son impact dans le jeu. Sur la table, le jeu peut faire peur à un novice, ou même faire penser à un jeu expert auquel nous sommes habitués, un grand plateau, une rivière de cartes sur le côté, un plateau personnel. Tant de codes graphiques et visuels associés à un type de jeu auquel Navoria n’appartient pas.

Votre espace décisionnel sera limité à choisir une couleur de carte parmi les jetons que vous piocherez ou qui seront dispo sur le plateau. Au début 1 choix parmi 2, d’autant que chaque couleur est présente 3 fois, voire même si vous êtes vernis, 1 choix unique si tous les jetons sont de la même couleur (oui oui ça arrive).

Les badges popularisés notamment par Terraforming Mars sont présents et simplifiés et vous permettent de valider une course à l’objectif commune avec les autres joueurs.

Il y a 3 pistes « d’exploration » sur lesquelles avancer votre marqueur, la possibilité de construire des camps pour ne pas redémarrer du début de la piste lors de la remise à zéro de début de manche, et une prime à celui qui avance le plus loin. Rassurez-vous, presque tous les autres joueurs auront aussi un bonus. Le jeu est très gentil je vous l’ai déjà précisé.

Le « twist » malin et notable je trouve (il faut bien relever quelque chose) survient après la phase de pioche de jetons dans le sac et une fois que chacun a récupéré 4 cartes à ajouter devant lui. Il vous faudra ensuite à tour de rôle placer les jetons qui ont été mis de côté durant la 1ère phase et qui sont conservé sur le plateau. Là encore surviennent des bonus en pagaille, et preuve que le jeu est gentil gentil, même les jetons rebuts et délaissés par les joueurs lors de la 1ère phase sont utilisés par la suite, personne n’est laissé de côté !

Syndrome KS

J’en parle régulièrement, et la hausse des droits de douane US et son impact sur le marché du jeu va peut-être avoir son incidence aussi. Le fait de proposer un jeu fabriqué en Chine à moindre coût permet de proposer du matériel original, qui a « de la gueule » sur la table de jeu et sur les photos et vidéos créées pour vous faire envie. Figurines, ressource en 3D, playmat, token 1er joueur. Souvent ça déborde de matos et ça marche puisque les projets KS qui fonctionnent ont souvent ce point commun d’avoir du matériel deluxe, et des exclusivités, même si souvent, seul le jeu de base est joué et encore.

Du coup la version Kickstarter du jeu atteint les 100€ pour un jeu qui ne les vaut pas (jeu + extension + playmat + fdp – 45€ la version boutique). Pas en termes de tarif uniquement, mais plutôt en termes de rapport matériel/tarif/gameplay. Cette gamme de tarifs est souvent réservée aux jeux de figurines ou jeux dits experts. Avec Navoria, rien que le plateau central me fait poser la question de son utilité. Très grand, il monopolise la table et l’attention, alors que tout le sel du jeu se situe avec les cartes et un sac de jetons à piocher.  Un plateau 4 fois moins grand avec 3 pistes d’exploration sur lesquelles avancer, un tableau sur lequel poser les jetons choisis et prendre le bonus recouvert et le tour est joué. Oui mais c’est moins beau, cher monsieur. Guère utile, mais moins beau.

Est-ce que j’y rejoue ?

Le jeu procure un sentiment de satisfaction à chaque instant, puisque chaque action vous apportera des ressources, des points ou une avancée sur une piste exploration. Le jeu n’est pas mauvais en soi, mais il me laisse sur ma faim, même si je sais pertinemment que c’est un jeu familial. Il prend trop de place sur la table, va faire peur à des néophytes et surtout ne me donnera pas envie d’y revenir pour une potentielle courbe d’apprentissage du jeu qui me permettrait d’avoir un défi à relever. Même pour présenter les mécaniques de jeux à des nouveaux joueurs, j’aurai toujours d’autres options que Navoria. Des jeux plus épurés qui feront le même « travail » , peut-être moins « zolis » mais plus efficaces. J’ai fait une partie avec l’extension qui rajoute un type de ressource, un type de cartes sur la rivière, une asymétrie avec un pouvoir de personnage et des nouveaux objectifs communs à scorer manche par manche. Cela revient  à ajouter pour rajouter, et ne m’a pas convaincu. Si je veux rajouter de l’asymétrie, enrichir le gameplay, ou « complexifier » je propose un autre jeu, Navoria ne peut pas se transformer en jeu initié.

Test : Resafa

Test : Resafa

Cette critique a été rédigée à l’aide d’un exemplaire fourni par l’éditeur.

Suchy millésime 2025

Le Suchy annuel, vous commencez à être habitué, débarque donc dans nos contrées grâce à la localisation par Intrafin. Visuellement, plus on se rapproche, plus c’est daté. Une fois sur la table, je me demande si je ne me suis pas trompé de boite et j’ai remis Marco Polo sur la table, que j’avais ressorti il n’y a pas si longtemps.

Nouveau jeu donc, après Evacuation, Woodcraft, Messina 1347, Praga Caput Regni, son chef-d’œuvre Underwater Cities en 2018, Pulsar 2849 etc … Pas mal de jeux qui doivent vous sembler plus ou moins familiers si vous aimez les eurogames. Je n’ai pas joué à tous ses jeux, mais clairement, depuis Underwater, l’auteur semble courir après le jeu qui aura un tel impact. Underwater est toujours noté 8 sur 10 sur BGG le site de référence, avec plus de 21.000 notes quand même. Il est classé 47ème meilleur jeu toutes catégories confondues, ça se pose là tout de même !!

Dans Praga je trouvais la mécanique des roues des actions très intéressante, mais couplée à d’autres mécaniques moins élégantes à mon avis (avec la construction en escaliers de la muraille et de la cathédrale, et le déplacement dans la ville), il n’avait pas trouvé grâce à mes yeux. Evacuation m’avait intéressé de prime abord avec ce système de transfert des ressources et industries d’une planète en déclin vers une planète à construire. Très intéressant sur le papier, mais pas forcément exploitée de la meilleure manière, et surtout qui avait abouti à un jeu pas exempt de reproches.

Je ne pourrais pas reprocher à Suchy de proposer de combiner des mécaniques intéressantes sur le papier, mais le résultat final n’est malheureusement pas à la hauteur de mes espérances. On peut se dire que cet effort pour sortir un jeu au moins par an peut nuire au temps de développement qui aurait pu faire passer un jeu du statut ok game ou dispensable, à un euro solide qui ne sort pas de la ludothèque.

En tous les cas, sur le papier (ou plutôt sur le carton), Resafa semble sorti d’outre-tombe et tenter une résurrection. Alors a-t-on affaire à un nouvel assemblage digne de Frankenstein, ou à une réincarnation parfaite ? Pas de spoil de ma part, la création est bancale.

Thème et visuel

On est donc dans le désert pour produire des ressources, construire ses ateliers, transporter puis vendre et acheter des marchandises, et acheminer de l’eau. Je n’ai pas vraiment été transporté par le thème, et finalement je me suis retrouvé à avancer sur la piste de telle ou telle couleur, produire la ressource carrée, poser des tuiles pour faire correspondre des symboles, et jouer au dix de chute (ça on y reviendra plus tard ça vaut le détour).

Classique

Le jeu brille par son classicisme, ou son manque d’originalité, à vous de choisir. C’est un eurogame donc bien sûr, vous aurez de la production, de la gestion et de l’optimisation. Ça combotte, ça combine, on monte sur des pistes, on récupère des jetons ressources, et on dépense des pièces pour acheter des éléments de production.

L’ensemble qui est présenté (mécaniques, visuels et actions) peinent à me déclencher un quelconque enthousiasme. La partie se déroule de manière assez linéaire, même s’il y a une certaine montée en puissance logique dans ce type de jeu. La 1ère partie fut assez pénible, la faute à des règles pas forcément rédigées et/ou traduites de manière optimale, les exemples illustrés prenant heureusement le relais la plupart du temps.

La mécanique d’utilisation des cartes en choisissant la combinaison action/piste de couleur du bas ou du haut de la carte est maline. L’action que vous choisissez ne sera donc pas disponible de suite, même si ça dépend des manches. Manche paire, vous jouez une carte puis piochez une pour la rajouter à votre main, vous avez donc le choix entre 3 cartes à tous moments. Manche impaire, vous ne piochez plus, et n’avez donc que les 3 cartes en main au début de la manche à jouer. Pourquoi cette alternance dans le spectre de choix de cartes à disposition d’une manche à l’autre, je ne sais pas … C’est un peu plaqué là comme ça je trouve.

6 cartes au départ, la piste dorée vous permet d’obtenir des cartes améliorées, qui viennent remplacer une carte de départ. La piste blanche donne des actions principalement, les bleus des bonus permanents, généralement des réductions dans les coûts des actions, et les roses permettent de scorer en fin de partie. Impossible de tout faire, il vous faudra vous spécialiser pour obtenir les cartes les plus avancées dans chaque couleur.

Dix de Chute

Je me suis rarement autant étonné de la présence d’une zone de jeu sur un plateau. Elle est plaquée comme ça sur la droite du plateau, comme si elle s’excusait d’être là, essayant de justifier un tout petit peu sa présence. Il s’agit pour la petite histoire d’un réseau d’acheminement de l’eau, sur lequel on va poser des tuiles réseaux pour faire descendre des gouttes d’eau et les acheminer dans la ville. Normalement Dix de Chute ça vous parle, ce jeu dans lequel on fait tourner des engrenages qui vont modifier la descente de billes de couleurs. J’ai vite pensé à ça en voyant cette zone, puisque les joueurs vont choisir telle ou telle tuile réseau qui permettra à la fin des manches 2, 4 et 6, de faire descendre le cube/goutte d’eau en empruntant plusieurs chemins. Le joueur qui a déclenché la goutte décide du chemin emprunté, et va normalement essayer de vous en priver, et de faire passer la goutte par des tuiles qui ne vous appartiennent pas. J’ai trouvé ça très inélégant dans la résolution.

Pourquoi ?

Après 3 parties, j’ai vraiment le sentiment d’un jeu dispensable, qui ne fera pas date dans ma ludothèque, et qui ne figurera pas dans les jeux que je propose à mes joueurs. Difficile bien sûr de rentrer dans une ludothèque construite sur plusieurs années, les places sont chères puisque limitées, et je fais régulièrement un tri et sort les jeux qui ne sont pas joués. C’est souvent un bon critère.

Pourquoi donc ce jeu ? Je n’ai pas la réponse à cette question, je peux juste vous assurer qu’il ne remplacera pas Underwater Cities dans ma ludothèque, ni aucun autre jeu d’ailleurs. Evacuation avait le mérite de me proposer une originalité dans le plateau et cela suffisait pour m’y intéresser. Praga a certains arguments de son côté aussi. La proposition de Resafa me semble si datée et si peu originale, que je ne le vois que comme un jeu de plus, un parmi tant, et auquel je doute de rejouer un jour.

Notre boutique partenaire :

Prix constaté : 50 €

Test : D’Orge et de Blé

Test : D’Orge et de Blé

Dans la campagne coule une rivière et de chaque coté se sont installés 2 villages. Ces terres fertiles permettent la culture de nombreuses céréales dont boulangers et brasseurs locaux sont devenus des spécialistes.

Blé, seigle, houblon, orge et de l’eau. C’est avec ces ressources que vous allez, en 6 ans, produire les meilleurs pains et les meilleures bières.

Beer & Bread, qui nous arrive sous peu sous le nom : d’Orge et de Blé, est un jeu pour 2 joueurs exclusifs de Scott Almes à qui l’on doit énormément de jeux comme la série des Tiny Epics, Warp’s Edge, les Boomerang ou Almanac. Pour la VO c’est Deep Print Games et pour la version française qui ne va plus tarder c’est Gigamic ! Ajoutons qu’aux pinceaux on retrouve Michael Menzel (Rococo, Dominion, Andor …).

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Le jeu vous place donc à la tête d’un des deux villages avec pour mission de faire du pain et de la bière tout en équilibrant vos productions, votre score final étant le plus faible entre votre bière et votre pain.

Pour cela, en 6 manches vous allez tantôt drafter, tantôt gérer votre main pour arriver à vos fins.

Le jeu se compose de 3 années fertiles entrecoupées d’années sèches. Chacune ayant son gameplay, ce qui fait de Beer & Bread un jeu avec beaucoup d’ingrédients qui se marient très bien dans une petite boite.

Les années fertiles proposent plus de ressources disponibles récoltables dans les champs partagés par les deux villages. Les joueurs vont jouer à tour de rôle avant de passer leur main à l’adversaire.

Vous pouvez produire avec un twist bien malin, chaque carte que vous ajoutez à la production vous rapportera les ressources indiquées ainsi que les ressources sur les cartes déjà jouées pour de la production à cette manche. De plus, vous reprendrez ces cartes en main pendant la saison sèche suivante.

La production propose également un second twist qui me plait énormément : si vous produisez trop et que vous ne pouvez pas tout stocker dans vos 9 emplacements, vous allez proposer le surplus à votre adversaire qui pourra le stocker de son côté ou le défausser. Une interaction positive très agréable et si rare dans les jeux de face à face, un point très positif.

Vous pourrez également produire du pain ou de la bière dans la limite d’une carte dans votre boulangerie et une carte dans votre brasserie.

Vous pourrez enfin récupérez la ou les cartes de vos boulangerie et/ou brasserie en jouant une carte et en venant la placer sous votre côté du plateau de jeu. Désormais cette carte vous apporte un bonus sur une action future, une phase du jeu ou des points de victoire sous certaines conditions.

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Les années sèches fonctionnent avec les mêmes actions mais le gameplay est tout de même bien différent puisque chaque joueur conserve sa main. Une rivière de 3 cartes est alors activée et permet aux joueurs d’échanger une carte de leur main avec une de la rivière avant d’effectuer une action avec la carte récupérée.

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crédit photo : deep print games

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Tout ceci nous propose un jeu fluide avec pas mal de petits points, de phases différentes les unes des autres, ce qui est déjà très agréable. J’ajoute à nouveau cette interaction positive qui est pour moi une vraie réussite dans un jeu 2 joueurs où les derniers grands titres sont dans l’affrontement pur (Splendor Duel, Radlands, Mindbug, …). Avec Beer & Bread, le gameplay s’accorde au thème pour un jeu calme mais pas sans interaction pour autant. Vous pourrez toujours contredrafter ou vider la réserve d’une ressource sous les yeux de votre adversaire en ne lui laissant que les miettes.

Au final, Beer & Bread me plait énormément. Il est jouable à partir de 10 ans avec des effets à comprendre sur les manches à venir ou des scorings à anticiper.

Les parties passeront de 75/80 minutes sur vos premières parties à moins d’une heure une fois les cartes connues et les phases maîtrisées.

Je note également le tarif du jeu aux alentours de 28€ ! Un prix vraiment très intéressant à la vue du matériel proposé et de ce qu’offre le jeu en termes de mécaniques.

Personnellement, je l’ai récupéré quelques temps après Essen et depuis il revient régulièrement sur la table avec toujours autant de plaisir. Beer & Bread c’est personnellement un de mes jeux deux joueurs exclusifs préférés, je ne suis pas très client des oppositions directes et le jeu a su adapter l’opposition sans y mettre la frustration et la méchanceté possible que propose habituellement ce format de jeu.

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Disponible ici :

Prix constaté : 27,90 €

Test : Revive

Test : Revive

Sommaire de l’article :

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Le test par Romain B.

Le test par Jérémie McGrath.

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Le test par Romain B. :

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Ce festival Essen 2022 commence doucement à se tasser et le moins que l’on puisse dire c’est qu’aucun Ark Nova 2022 ne se détache.

Parmi les jeux découverts, Revive se détache dans mes grandes satisfactions, un jeu sans réelle nouveauté mais avec des modules à ajouter de partie en partie qui lui permettent de s’adapter aux profils des joueurs autour de la table et permettant d’approfondir le jeu à la demande.

Le jeu issu de la collaboration d’Helge Meissner, Eilif Svensson, Anna Wermlund et Kristian Amundsen Ostby, ça fait du monde et aux tableaux de chasse des différents participants on peut noter the Magnificent ou Santa Maria.

Aux pinceaux ils ne sont pas allés chercher bien loin avec les artistes de Magnificent ou Santa Maria avec Martin Mottet et Gjermund Bohne.

Et pour compléter la fiche technique, on trouve en éditeur original Aporta Games et la version française arrive sous la bannière de Matagot.

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Ce que l’on remarque en premier, c’est le matériel du jeu.

C’est grand, sûrement trop. Il faudra prévoir de la place sur la table avec un plateau central conséquent, des plateaux joueurs également grands et des éléments complémentaires comme les plateaux des différents peuples, les ressources et les machines. Tout cela en met plein les yeux, le graphisme est fort joli mais c’est chargé ! Des détails peuvent échapper aux joueurs comme le rappel des villes ou des trous d’eau au dos des tuiles.

Tout ce matériel est de bonne qualité avec du double couche pour les plateaux joueurs, j’ai tout de même ajouté des « patins » sous les plateaux joueurs pour glisser les cartes plus simplement.

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On a donc un beau jeu avec « une belle présence sur la table » nous dirait Cyril Lignac. Mais le gameplay est-il à la hauteur ?

Revive nous place dans la peau des derniers humains, 5000 ans après un cataclysme. Je n’en dirai pas plus, même la description BGG tient en 2 phrases, le thème est totalement absent du jeu.

Bon… ça ne part pas gagnant cette affaire, mais regardons un peu plus loin. Le gameplay se résume sur la carte d’aide de jeu de chaque joueur qui est vraiment bien faite. A votre tour vous pouvez enchainer 2 actions parmi 5 avec 2 actions de préparation en jouant une carte ou en activant le levier de votre plateau personnel et 3 actions principales pour explorer, reconstruire et peupler ce désert de glace.

Pour tout cela, vous disposez de 3 ressources, des engrenages, des livres et de la nourriture. Ajoutons une ressource joker et vous voilà prêt.

Jouer une carte, c’est déjà tout un monde ! Vous pouvez la jouer pour sa partie haute ou sa partie basse, pour cela vous disposez de 4 emplacements sur votre plateau, 2 en haut et 2 en bas. Chaque emplacement pouvant également accueillir des modules pour améliorer l’action de la carte jouée si la couleur des modules et de la carte est la même.

Bref, quelle carte jouer, où la jouer, à quel moment, voilà de quoi vous faire réfléchir.

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L’action que vous propose votre levier est bien plus basique, vous permettant d’obtenir une ressource au choix. Cette action est la première à être modifiée en mode avancé. Elle vous permettra désormais de récupérer les bonus du haut d’une carte jouée par un adversaire, des bonus pour vous et pour l’autre joueur ; la carte est immédiatement remise avec les cartes en hibernation, il la récupérera plus rapidement et l’espace est de nouveau disponible pour y rejouer une carte.

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Avec ces deux actions vous allez récupérer des ressources pour jouer sur le plateau central.

Vous pourrez explorer une des tuiles de glace, vous permettant de gagner quelques points de victoire et surtout de récupérer une carte pour améliorer votre deck de base. Cette partie deckbuilding est très intéressante, les nouvelles cartes permettant de créer des combos très intéressantes.

Explorer permet en retournant la tuile de rendre disponible de nouvelles villes en ruines, des points d’eau et des montées technologiques.

Pour profiter de ces nouveaux lieux, ce sont les actions de peuplement et de construction qui entrent en compte.

Avec le peuplement vous allez placer un meeple de votre plateau personnel dans une ville du plateau central. Cela vous permet de déverrouiller une technologie de votre plateau personnel. Les plateaux peuple sont asymétriques avec de grosses différences, ils ont très intéressants à jouer avec, encore une fois, des choix compliqués à la clef sur quelle technologie de votre plateau débloquer et à quel moment le faire.

Cette action de peuplement vous permet aussi de poser un meeple sur un des coins du plateau central une fois que les tuiles s’y trouvant deviennent accessibles pour activer un scoring. A vous de planifier vos explorations pour des bonus à court terme tout en visant un scoring de fin de partie.

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L’autre action est la construction qui vous propose de placer une maison depuis votre plateau.

Les espaces sont chers sur le plateau central, ne laissez pas trainer un espace où la pose d’une de vos maisons serait intéressante, les autres ne vous feront pas de cadeaux !

Les maisons vous permettent de gagner des avancées technologiques selon les hexagones adjacents.

Vous disposez de 2 types de maisons, les avancées coûtant plus cher mais elles doublent les bonus.

Avec ces avancées, retour sur votre plateau personnel où vous allez avancer sur les pistes technologiques correspondantes, cela vous permettra de débloquer des machines et de récupérer des reliques alien.

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Les machines ! Votre plateau personnel présente un étrange maillage de 3 pistes, une pour chaque technologie. Avancer sur ces pistes vous permet de débloquer des machines ou des bonus. Les fameuses machines vous offrent des actions ou des bonus que vous pouvez activer quand vous le voulez pendant votre tour pour un peu d’énergie. Mais cette énergie se fait rare, il faudra tout faire pour en récupérer et ainsi profiter encore plus de vos machines.

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A votre tour vous pouvez donc effectuer 2 actions parmi celle-ci ou hiberner. L’hibernation vous permet de décharger vos emplacements de cartes, d’en piocher de nouvelles et de recharger vos énergies. On n’oubliera pas la piste d’hibernation qui offre des bons bonus et avec tout cela vous voilà prêt à repartir au front !

L’hibernation n’est pas une action par défaut ou une simple phase de nettoyage, il faut bien choisir quand l’effectuer, elle permet de progresser dans le jeu, on n’y est pas passif.

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Avec tout cela, à vous de mettre en place votre stratégie, de vous placer aux meilleurs endroits, de récupérer les meilleures cartes, bref de gagner !

Et pour cela il vous faudra accumuler les points en cours de partie et surtout faire scorer au maximum la carte que vous aurez en début de partie.

Cette carte vous ouvre 3 scorings que vous pourrez faire augmenter en récupérant des artefacts alien et ces mêmes artefacts une fois tous récupérés déclenchent la fin de partie.

Cette fin de partie peut donc arriver de manière un peu abrupte surtout sur vos premières parties d’autant plus que le joueur déclenchant la fin de partie ne rejoue pas ! encore une question de timing à anticiper et appréhender.

Avec tout cela, vous avez un bel aperçu de revive mais pour qu’il soit complet je me dois de vous parler des modules.

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Le jeu contient un deck de cartes que vous allez lire après chaque partie. Il vous propose d’ajouter de nouvelles options pour étoffer le jeu, que votre levier apporte de l’interaction en activant la carte d’un autre joueur, du draft des cartes de départ, deux nouveaux peuples ou la possibilité de jouer avec le verso de votre plateau peuple, des versos très intéressants avec des actions impactant directement le plateau central.

Je ne vous en dis pas plus, pas plus de dilvugachage !

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Et avec tout ceci, que penser de Revive ?

Eh bien, beaucoup de bien ! Revive est un jeu expert mais pour autant il reste accessible. Il y aura toujours quelque chose à faire à votre tour sans pour autant que vos choix soient une évidence ou streamlined, le jeu propose pas mal d’opportunités offertes par vos adversaires.

Eh oui, cet opportunisme peut provoquer la fameuse analysis paralysis, mais, là encore, rien qui ne traine en longueur, juste une petite réflexion du style « hey mais tu m’offres telle possibilité ».

La partie ne dure pas trop longtemps avec en moyenne 30 minutes par joueur, on est sur un temps de jeu tout à fait correct pour cette gamme de jeu. La fin de partie un peu abrupte pourra perturber les joueurs à la découverte du jeu. Les concepteurs connaissent l’amer problème puisqu’ils proposent eux-mêmes dans les règles d’ajouter des reliques aliens (celles pour 4 joueurs dans une partie à 3) pour rallonger le jeu.

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Un léger retour sur la taille physique du jeu, c’est très grand ! Tous les plateaux sont grands, il y a des piles de matériel partout, bref ça prend beaucoup de place sur la table. Pensez donc à prévoir grand au moment de l’installer. Ah et cherchez une petite pompe pour attraper les tuiles du plateau central si vous avez des saucisses au bout des mains comme moi ! Toutes ces tuiles collées les unes aux autres c’est terrible quand même, le maladroit en moi est désespéré.

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Sur le gameplay le jeu propose beaucoup de choses : de la gestion de ressources, de l’exploration des bonus asymétriques, du « deckbuilding » (mais de loin) avec des combos de cartes assez folles à jouer, bref il y en a pour tout le monde ! Ajoutons un plateau personnel quasi hypnotique avec ses pistes technologiques et un plateau central fort compétitif et la recette est alléchante.

En plus la mayonnaise prend bien, le jeu est très agréable, il est même satisfaisant, on est content de ce que l’on a réalisé une fois la partie terminée.

Un bémol sur le peuple des livres qui dispose d’un bonus bien trop puissant par rapport aux autres avec une ressource (les livres) utilisable en joker. C’est tout simplement trop.

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Et c’est sur ce point que je vais vous (re)parler des modules, de ce mode histoire avec ses ajouts au gameplay de partie en partie. Pour moi le jeu « de base » est fait pour une partie d’initiation/découverte. Mais passez vite au minimum aux plateaux peuples côté lune par la suite pour équilibrer tout ceci ou retirez ce peuple des livres qui, pour moi, ne peut pas être joué par un joueur qui connait le jeu.

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Un dernier point concernant le tarif du jeu. Commençons par une évidence : je ne connais pas tous les tenants et aboutissants de la production de Revive et, nous l’avons tous constaté, les prix augmentent fortement depuis quelques temps.

Revive est proposé à 80€ dans la plupart des boutiques, un tarif qui donnait accès à des Kickstarter deluxe il y a une éternité, avant le Covid tout simplement. Désormais ces mêmes jeux tournent plutôt à 120€ et encore je ne vous parle pas taxes et frais de port.

Mais bon 80€ c’est un tarif qui est arrivé « vite » là où je commençais seulement à me dire « ouais 65/70€ c’est justifié ». Du coup j’ai eu du mal à sortir mes deniers pour m’offrir Revive, je vous rassure, je ne regrette absolument pas mon achat. Je ne peux que conseiller de le jouer avant de craquer histoire d’être sûr avant de plonger.

Avec tout ceci, j’espère vous avoir permis d’y voir plus clair et de mieux savoir si ce Revive est un jeu qui pourrait vous plaire.

Dans Revive à vous de sauver votre tribu et faire renaître l’espoir… un jeu d’anticipation ?

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Le test par Jérémie McGrath :

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Je ne reviendrai pas sur les aspects mécaniques abordés par Romain, je vais me concentrer sur deux choses :

Les sensations de jeu et le mode solo.

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Commençons par les sensations autour du jeu :

Quand j’ai ouvert la boite, j’ai été conquis par le matériel. J’adore les jeux qui débordent de matos et là, on peut le dire, j’ai été servi.

Mais, comme l’a dit Romain, on se rend compte très vite que ce matériel est très volumineux, le plateau replié prend toute la taille de la boite, les plateaux personnels aussi (à une vache près, c’est pas une science exacte) et il faut rajouter le plateau faction et les cartes autour de notre plateau ainsi que les différents tokens qui vont être utilisés en jeu, plus la rivière de cartes.

Je joue sur une table de 120×140 et jouer à 4 dessus remplit totalement l’espace disponible et le plateau central peut se retrouver loin de certaines personnes en fonction de la configuration assise et du placement de chaque personne.

Donc c’est une chose à savoir, le jeu est beau, le matos pléthorique, mais le tout prend une place folle !

Le temps pour la mise en place est assez conséquent aussi puisqu’il va falloir placer 34 tuiles sur le plateau, entre les tuiles de départ, les tuiles de scoring final et celles pour l’exploration.

Il faudra aussi placer les jetons sur nos plateaux personnels, placer les machines, les modules, les loot box et les cartes.

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Donc on est sur une mise en place d’environ 10 minutes si on a bien organisé nos sachets (au moment où j’écris ces mots, mon imprimante 3D tourne pour terminer l’insert pour faciliter la mise en place et bien organiser le rangement.)

Petit bémol sur les cartes, j’ai du sleever rapidement mes cartes après avoir abîmé le dos d’une carte au premier mélange.

Je ne sais pas si c’est moi qui ai fait une mauvaise manipulation ou si ce sont les cartes qui sont fragiles, mais j’ai préféré prévenir que guérir.

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Passons maintenant aux sensations en jeu :

Là je vais être clair tout de suite : je suis totalement acquis à la cause de ce jeu ! Dès la première partie, j’ai pris un kiff monstrueux à imaginer les possibilités qu’offre le jeu !

Pourquoi imaginer ?

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Tout simplement parce que j’ai vu que des combos allaient pouvoir être réalisés, qu’il va falloir bien gérer le timing des phases d’hibernation, de prendre les cartes ou d’explorer et de construire au bon moment pour éviter de laisser de trop gros avantages aux autres et aussi de bien regarder quels artefacts ils choisissent pour tenter de limiter les points qu’ils pourront marquer en optimisant les nôtres.

De plus, le jeu proposant de faire plusieurs parties pour intégrer toutes les règles, la première partie sans options supplémentaires permet seulement d’imaginer les possibilités offertes par le jeu.

Une fois tous les modules intégrés au jeu, il prend encore une autre dimension, plus d’interactions indirectes et directes, plus de course pour se bloquer et plus de tensions, des combos possibles en cascade et un plaisir toujours renouvelé !

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N’ayant personne pour jouer avec moi pendant quelques jours, c’est tout logiquement que j’ai enchainé 5 parties en 3 jours en solo !

Le solo, parlons-en !

Une partie dure environ 30 à 40 minutes, c’est donc rapide et on peut se permettre d’en enchainer deux sans soucis, pour peu qu’on ait du temps bien entendu !

Les règles du solo ne sont pas très différentes du multi, pas d’Automa à vaincre, juste un score minimal à atteindre avec une jauge en fonction du score pour mesurer notre réussite, à la manière d’un jeu de la saga « Futé » ou de Fleet the Dice Game.

Mais la comparaison s’arrête là, on n’est pas dans un Roll&Write, mais bien dans un jeu au goût d’eurogame prononcé.

Il va falloir faire au mieux car nous n’avons que 20 actions pour faire le meilleur score possible, il va falloir faire vite et bien !

Sachant que nous sommes obligés, lors d’un tour, de jouer une carte et que le fait de jouer une carte va nous consommer l’une de ces 20 actions (actions que nous suivons via un cube placé sur la piste à gauche du plateau personnel, dès que le cube placé dessus sors de cette piste, c’est la fin et on compte les points) et que la phase d’hibernation va nous en consommer 2, il faudra vraiment tout optimiser si nous voulons faire un super score !

Les règles précisent que certaines factions auront plus de mal en solo que d’autres, ça peut aussi être un challenge pour nous d’identifier les factions « plus faibles » et de tenter de faire un score de plus en plus élevé !

Quoi qu’il en soit, en solo, les 20 actions on ne les sent pas passer et on a la pression !

Heureusement que les autres actions comme activer le switch, explorer, bâtir, peupler, ne sont pas comptées comme des actions !

On va donc jouer une carte et ensuite effectuer les actions que l’on veut, jusqu’à ce que l’on soit obligé de jouer une seconde carte ou d’hiberner et ainsi de suite.

C’est diablement efficace parce qu’à mesure qu’on voit le cube progresser sur la piste, on se dit qu’on ne pourra jamais rien bâtir de fiable pour scorer.

Tout dans l’optimisation, que je vous dis !

Donc, arrivé en milieu de partie, si le moteur est bien rodé, des combos vont se déclencher et les actions vont pleuvoir ainsi que les ressources et sur la fin de partie les choses s’accélèrent drastiquement !

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Ma conclusion :

J’arrive maintenant à intégrer presque toute les variantes quand j’explique le jeu pour la première fois car elles ne sont pas si compliquées à intégrer, même si les plus néophytes seront perdus au départ avec le draft, donc j’ai tendance à le laisser de côté pour une première partie, mais le reste se joue assez aisément quand on a affaire à des personnes habituées aux jeux dits experts.

Et, à chaque fois, il en ressort la même finalité pour ceux qui y jouent : « On en refait une quand ? Je veux faire mieux et découvrir les autres factions. ».

Carton plein ici, le jeu n’est pas révolutionnaire, mais ses qualités graphiques, son matos, ses combos et mécaniques assez simples à intégrer en font un succès et le jeu est plus simple à jouer qu’il n’y parait à l’explication des règles.

Avec un solo qui ne diffère que très peu du multi et des règles qui ne sont, de fait, pas compliquées à retenir en solo, je ne peux que le recommander aussi aux solistes ou à toute personne voulant découvrir les joies du jeu en solo (pour peu qu’elle soit habituée à ce type de jeux en multi).

On réfléchit, on optimise et, pour les allergiques à la planification totale, le hasard des cartes disponibles à l’achat, des machines, des modules et des récompenses de loot box apporte la possibilité de garder des chances de victoire là où un Carnegie ou un Projet Gaia (pour ne citer qu’eux) feront que les vétérans vont clairement rouler sur les néophytes.

Ici, tout le monde peut avoir sa chance s’il gère bien sa faction et fait les bons choix.

Les amateurs de contrôle total y verront du chaos, mais relatif, on est quand même loin d’un jeu de dés très célèbre sans aucun contrôle du résultat, ici le hasard est présent mais peu pénalisant !

Bref, un jeu que j’adore et qui ressortira très régulièrement parce que Revive, c’est pas du tout neuf, mais c’est toujours du plaisir une fois en jeu !

Disponible ici :

Prix constaté : 67,90 €

Test : Living Forest

Test : Living Forest

Quand un jeu se retrouve à remporter 2 grands prix ludiques à quelques mois d’écart, et que ces prix sont ce qui se fait de plus « représentatif » ou tout du moins visible, cela apporte forcément un éclairage supplémentaire sur un jeu. La question de savoir si un prix ludique garantit un succès commercial mérite d’être posée, mais ça n’est pas totalement le sujet ici, puisqu’on va s’intéresser au jeu en lui-même (et la réponse est certainement oui).

Même si j’essaie de me tenir au courant de l’actualité ludique avec les réseaux sociaux, mes amis, ma boutique etc., il n’est tout simplement pas possible de jouer à tout. J’achète la plupart de mes jeux (oui, oui, je vous assure) et cela représente un budget qu’il faut maitriser (même si c’est dur, comme pour toute passion ^^). Du coup j’étais passé à côté de Living Forest.

La curiosité ayant pris le dessus, j’ai acheté la boite à ma boutique et j’ai joué à Living Forest, le jeu qui a remporté l’As d’Or et le Spiel 2022. Il est l’œuvre de Aske Christiansen (1er jeu pour cet auteur, pour un coup d’essai c’est un coup de maître), illustré par Apolline Etienne, édité par Ludonaute.

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Histoire de couches

Ce que j’ai retenu après la lecture des règles et ma 1ère partie de Living Forest, c’est que ce jeu emprunte à diverses mécaniques, mais toujours en restant sur la 1ère couche.

Vous aurez une main de cartes que vous pourrez améliorer en achetant des cartes dans la rivière. Deckbuilding.

Vous aurez à jouer des cartes de votre main, et choisir de vous arrêter quand vous le souhaitez afin de ne pas avoir 3 symboles négatifs visibles. Stop-ou-Encore. 

Vous aurez à acquérir et placer sur votre plateau principal des tuiles qui vous donneront des ressources. Collection.

Sur le plateau central vous pourrez déplacer votre personnage, et en fonction de l’endroit où vous vous arrêterez, vous récolterez un bonus ou exécuterez une action. Déplacement.

Mais vous n’aurez pas grand-chose de plus concernant ces mécaniques puisque ce jeu s’adresse surtout à un public familial, ou initié comme les prix qu’il a remportés. Si vous ne jouez qu’aux Aventuriers du rail, et à , vous sentirez que ce jeu est tout de même plus complexe et profond que ces derniers. Après ça reste très léger pour du joueur habitué, il faut bien le dire.

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L’incommensurable légèreté

Là où Living Forest reste intéressant, c’est que malgré cette « simplicité » dans les mécaniques proposées, il n’en est pas du tout dénué d’intérêt. Je comprends l’attribution des prix pour un jeu qui coche toutes les cases à destination de ce public. A part le fait de devoir compter presque sans arrêt les ressources dont nous disposons pour ce tour (et cela devient parfois long quand vous avez 10 cartes devant vous, votre plateau individuel avec les icônes sur les tuiles), l’ensemble est léger et c’est bien agréable. Les illustrations et la qualité du matériel participent à cette homogénéité et ce thème bien présents. On se fiche assez vite de savoir que le méchant s’appelle Onirim, et que nous sommes des esprits, etc. Il n’empêche que, visuellement, le jeu dégage une belle atmosphère et le matériel agréable à manipuler et diversifié est un vrai plus, et un beau travail d’édition de Ludonaute.

On touche donc la surface de plusieurs mécaniques de jeu, mais elles sont bien imbriquées entre elles. Acheter une carte va me donner les ressources indiquées sur cette carte quand je la jouerai, il n’y aura pas d’effets de combos dévastateurs ni d’enchainements en boucle. Cependant cette carte va aussi potentiellement vous donner un symbole qui permet d’obtenir la victoire. Il y a 3 façons de l’emporter, et non 1 seule comme c’est généralement le cas pour ce calibre de jeux. Pour avoir les 12 symboles fleurs nécessaires, vous pouvez les avoir sur les cartes jouées, sur les tuiles achetées, et sur votre tuile bonus que vous aurez peut-être volée à un adversaire en déplaçant votre personnage sur le plateau central. Plusieurs choses à surveiller donc.

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Pas non plus exempt de défauts

La lisibilité immédiate des ressources disponibles n’est pas optimale. C’est le double effet kiss cool du point positif qui fait que vous avez plusieurs éléments à prendre en compte dans ce jeu. Les symboles sont présents à plusieurs endroits, vous venez de le lire au paragraphe précédent. Cela devient malheureusement un point négatif à ce moment-là… Contradictoire vous avez dit ?

Disons qu’un compteur permettant de suivre les ressources, ou même (et surtout) de suivre en temps réel les 3 pistes de victoire possibles serait un sacré plus pour la lisibilité, et l’anticipation. Sur BGG, un tel document est disponible en photo, mais cela aurait été appréciable de l’avoir dans la boite de base, tant la tension de fin de partie culmine lorsque l’un ou souvent plusieurs joueurs sont à 2 doigts de l’emporter.

Notons que la boîte est déjà bien fournie en matériel, et que l’absence de tracker était peut-être un souci éditorial ou de fabrication, mais comme je suis joueur et pas éditeur, je dis ce qui aurait bien été utile selon moi.

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Enfin, et c’est ce que j’ai observé sur plusieurs parties, la fin de jeu se déclenche lorsqu’un joueur a atteint 13 sur l’une des 3 pistes de victoire. Le problème est que les autres joueurs vont (normalement) vérifier cela comme le lait sur le feu, et que lorsque l’un des joueurs y est, les autres joueurs auront logiquement la possibilité de l’en empêcher. Je m’explique : les joueurs révèlent leurs cartes simultanément au début du tour. Avant de commencer les actions, on peut déjà faire un état des lieux sur les symboles présents, notamment pour les fleurs sur les cartes. Du coup, il arrive fréquemment que les autres joueurs fassent leur possible pour empêcher le joueur d’obtenir le ou les symboles manquants. Par exemple en éteignant les feux avant lui pour l’empêcher d’avoir les jetons feu si c’est possible. Ou en le dépassant sur le plateau central afin de lui voler le jeton bonus nécessaire.

Cela a eu pour effet de rallonger assez artificiellement les parties je trouve, car cela permettait presque à chaque fois à autre joueur d’atteindre aussi l’une des 3 pistes de victoire, pendant le ou les tours supplémentaires. Du coup la victoire se décide à l’addition des scores des 3 pistes, et cela manque un peu de panache je trouve.

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Un bien beau résultat tout de même

Pourtant ce Living Forest est très agréable et il mélange efficacement plusieurs (1ères couches de) mécaniques bien connues des jeux de société, et qui pourraient donner envie aux joueurs de les découvrir plus en profondeur et plus développées dans d’autres jeux. A part avec cette fin de partie qui s’éternise un peu parfois, le ressenti en jeu est très bon, il y a du rythme et chaque joueur effectue 1 ou 2 actions à son tour, ce qui est suffisant pour ne pas endormir les autres joueurs qui attendent leur tour. Bien sûr, vous pouvez avoir des joueurs très lents dans vos connaissances et à votre table, mais dans Living Forest, cela ne doit pas ralentir le jeu à chaque tour de manière insupportable, sinon changez de joueurs.

C’est suffisamment développé pour ne pas vous laisser uniquement le choix entre A ou B à votre tour, 3 pistes de victoire possibles vous permet de mettre en place une « stratégie » ou tout du moins d’en changer si la partie ne s’oriente pas comme vous le souhaitez. Vous n’êtes pas limité et enfermé dans un cadre que vous pose et impose le jeu, sans pour autant avoir la profondeur d’un jeu dit expert, mais là n’est pas le but et c’est très bien comme cela.

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Enfin, pour être complet, une extension intitulée Kodama pointe le bout de son nez, et est annoncée pour 2023.

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Disponible ici :

Prix constaté : 29€