Le Labo en Festival : Flip 2023 Parthenay

Le Labo en Festival : Flip 2023 Parthenay

Le Festival Ludique International de Parthenay c’est ce festival qui s’étend sur une dizaine de jours dans un village des Deux-Sèvres, en Nouvelle Aquitaine. Cela fait tout de même 37 ans que ça dure, et on espère que ça va continuer tellement ce concept original fait du bien, et est nécessaire pour prendre le temps de jouer sur un festival sur plusieurs jours !

l

Le FLIP de Kmylle Muzo

l

Sixième édition du FLIP pour moi et c’est toujours avec autant de plaisir que je reviens à Parthenay pour ce festival qui est certainement mon préféré. Comme d’habitude, je n’ai pas eu le temps de faire le tiers du quart des jeux que j’avais prévus, mais ça laisse l’occasion de faire de belles découvertes fortuites.

l

Côté nouveautés, j’ai pu jouer à Expéditions : Autour du monde chez Super Meeple, un jeu très accessible et opportuniste dans lequel vous devez être le premier à atteindre toutes vos destinations en essayant de ne pas faciliter le trajet de vos adversaires. Seul bémol : vous utilisez les trois mêmes lignes d’exploration. Interactif et roublard juste ce qu’il faut, plus vous êtes nombreux et meilleur il sera à mon avis.

Pas de stand Origames cette année mais j’ai quand-même pu mettre la main sur Écosystème : Forêt, un petit jeu malin de draft et de construction de tableau. Le jeu s’explique en quelques minutes, à chaque tour vous draftez une carte que vous ajoutez à votre tableau de 4 lignes par 5 colonnes, et vous marquez des points pour chaque type de carte en fonction des autres que vous avez dans votre tableau. L’objectif est de créer un écosystème cohérent tout en surveillant ses adversaires pour les majorités. Toutes les personnes à qui je l’ai fait essayer ont adoré, n’hésitez pas à y jeter un œil.

Enfin, Oasis : New Hope, un petit jeu de collection pas bien compliqué dans lequel vous devez atteindre l’oasis avant vos adversaires en récupérant des cartes et en les plaçant du 13 au 0 dans l’ordre. Quelques petites manières d’embêter ses adversaires en récupérant les cartes directement dans leur main plutôt que dans la pioche, des personnages à recruter pour corser le tout. Pas le jeu de l’année pour moi mais ça tourne bien.

Côté prototypes, découverte de Toutes voiles dehors ! de l’ami Thomas Planète, un jeu de pirates au magnifique matériel qui promet coups fourrés et grosse interactivité, financement participatif à venir l’an prochain normalement. J’ai aussi pu jouer à son Tunreg (nom provisoire) co-créé avec Luc Rémond, un jeu abstrait de course dans lequel vous devez être le premier à abreuver tous vos dromadaires en déplaçant les éléments du plateau à bon escient tout en bloquant vos adversaires. Encore une fois, le matériel est superbe et la mécanique fonctionne très bien.

Luc Rémond nous a aussi présenté Fruitoplay qui sortira chez Explor8, un jeu de plis style belote avec des retournements de situation à chaque manche. Je suis assez fan des jeux de plis et j’ai beaucoup aimé celui-ci, les possibilités tactiques sont beaucoup plus riches car on connaît à l’avance tous les plis qui vont être faits. En fin de manche, on multiplie les points de la famille de cartes qu’on a le plus par celle qu’on a le moins, il faut donc équilibrer ses plis et pas seulement les gagner ! Et enfin mon gros coup de cœur du festival, Village people, un jeu de draft de dés et de course aux points dans lequel vous devez être le premier à atteindre un certain nombre de points pour l’emporter. Pour cela, vous avancez sur des arbres technologiques selon le dé choisi et vous essayez de comboter au maximum. C’est très lisible, on comprend tout de suite comment ça fonctionne, il y a une petite sensation de roll and write à enchaîner les combos comme ça, bref, c’est ma came. Et quand on en parle encore une semaine après avec les copains qui l’ont essayé, c’est clairement bon signe ! Pour finir une petite partie de Sky team, son jeu pour deux qui sort chez Scorpion masqué cet automne et mon coup de cœur de Cannes, on s’est écrasés juste avant l’atterrissage mais je volais avec un noob qui faisait son baptême de l’air ^^.

l

l

Le FLIP de Teaman

l

Après l’Alchimie du Jeu de Toulouse et Paris Est Ludique, le FLIP me semblait être le festival de trop. Une semaine plus tard, Parthenay a réussi à soigner mon ochlophobie* naissante. Comme il s’étale sur toute la ville, avec des animations diverses et dispersées, on perd ce sentiment oppressant que l’on ressent inévitablement sur les autres festivals. Allez d’ailleurs, pour ceux qui n’ont jamais eu la chance d’en arpenter les rues, je vous emmène faire un tour.

l

*Peur de la foule

Notre point de départ est la place des drapeaux, à l’ombre du Palais des Congrès. Vu du dessus, elle doit ressembler au camp d’une armée romaine en campagne. De larges allées qui traversent une forêt de barnums gris rehaussés aux couleurs du FLIP ou des éditeurs. Ici, on peut assister à des scènes qu’on retrouve dans n’importe quel festival. Sous les tentes créateurs, des auteurs en herbe expliquent avec fébrilité leurs prototypes à un public au visage impassible, le nez dans leur carnet, un badge pro autour du cou. Près des tables, un grand-père un peu perdu et ses petits-enfants croisent un groupe de passionnés au pas décidé, une liste de jeux à la main. Quatre personnes assisent autour d’une boite cherchent du regard un animateur qui pourrait les délivrer d’une fastidieuse lecture de règle.

Rien qu’ici on pourrait y rester plusieurs jours sans s’ennuyer tant il y a déjà des choses à voir. Découvrir les nouveautés des gros éditeurs, se laisser emporter par l’enthousiasme d’un nouvel acteur du monde ludique venu faire découvrir sa création, participer au trophée FLIP en notant les nominés, chercher la future pépite du monde ludique au milieu des protos présentés… Mais si on veut vraiment goûter au FLIP, il faut s’éloigner un peu.    

Il faut déambuler dans les rues pour tomber ici sur un plateau de Bagh Chal (un jeu traditionnel népalais) posé sur une petite table, là sur une partie de Papattes (sorte de pétanque 2.0). Ou s’arrêter dans un local commercial réaménagé par Bombyx, Studio H ou encore Gigamic. Ou encore, accorder à la marmaille un peu de temps au village enfant très bien aménagé pour tous les âges. Ma petite de 2 ans ne s’y est jamais ennuyé.

Il faut savoir se perdre aussi dans des coins plus excentrés comme la Chapelle, ses expositions notamment celles du jeu Ricochet qui permet d’y jouer à même les murs ou le Village Environnement où on peut découvrir de drôle de choses comme un parcours de billes sur moquette ou un Turbulences surdimensionné, ce Pick & Delivery au matériel magnifique.

Pour connaître toute la spécificité du FLIP, il faut aussi laisser son grand de 7 ans partir à la chasse aux Whoopy. Ces petites peluches totalement inutiles que l’on gagne en réussissant les défis proposés par les animateurs. Bravo à eux d’ailleurs ! Malgré les cernes qui poussent, ils restent au taquet jusqu’au dernier jour pour nous faire passer un bon moment

Je vais arrêter là ce qui ressemble de plus en plus à un flyer de l’office du tourisme de Parthenay et vous parlez un peu de ce qui vous intéresse vraiment, vous, l’esthète ludique. Les jeux.

J’ai pu jouer à pas mal de choses cette année malgré la présence de ma progéniture et en ressortant mon carnet de notes (oui, j’ai carnet. Je suis un professionnel.) je m’aperçois que j’ai testé beaucoup de jeux estampillés Gigamic. Il faut dire qu’ils sont venus en force cette année avec un barnum, deux locaux en dur et la place Saunere rien que pour eux.

l

Liste des jeux :

After Us

A La Folie

Cosy Casa

Le Clan des Loups

Le Grand Prix de Belcastel

Evergreen

Himiki

Happy Bee

J’emme

Marrakech

Morris le Dodo

Tsuro

l

l

After Us

Je sais qu’il a ses détracteurs mais en ce qui me concerne j’apprécie toujours la patte de Vincent Dutrait. Et cette couv’, cette promesse de jouer dans un post-apo façon Planète des Singes m’a tout de suite attiré. Malheureusement, mon enthousiasme a vite été refroidi.

Florian Siriex a, semble-t-il, recyclé la mécanique de Zoo Run, un de ses jeux pour enfants. Il va falloir combiner nos cartes ensemble afin d’en tirer les meilleurs bénéfices en termes de ressources et de points de victoire. A chaque tour, on pourra acheter une nouvelle carte pour renforcer son deck et avancer sur la piste de score jusqu’aux 80 points salvateurs et la victoire finale. En action, le jeu se révèle décevant. La mécanique principale de demi-cartes à combiner n’est jamais utilisée de façon surprenante. La boucle de gameplay est terriblement répétitive : Chaque tour, on résout dans son coin toujours le même petit casse-tête pas bien difficile et pas bien passionnant. Le thème, lui, n’est qu’un joli écrin très superficiel.

Pour moi, After Us n’a pas tenu sa promesse ludique mais si vous souhaitez lire un avis plus détaillé et nuancé, je vous invite à lire le test de Kmylle, notre laborantine simiesque de choc !

l

A La Folie

D’habitude je n’aime pas trop les jeux Bioviva. J’admire la démarche écologique mais je ne suis clairement pas la cible. Pourtant, j’ai bien aimé A La Folie. Un jeu à la Compatibility dans lequel il va falloir deviner comment les autres joueurs ont classé différentes activités sur une échelle qui va de “A la Folie” à “Pas du tout”. Le jeu a en plus le bon goût d’être un coopératif. Il s’épargne du coup un système de score que personne n’aurait utilisé de toute façon.

Un bon petit jeu “d’empathie” simple et plutôt bien pensé.

l

Le Clan des Loups

Encore un Gigamic. Un jeu de conquête de territoire et de majorité où l’on joue une bande de loups. En gros, on va traverser le plateau pour recruter des loups solitaires, chasser, se faire des antres et faire pipi partout. C’est pas révolutionnaire mais plutôt sympa. L’interaction est forte puisqu’on peut voler des loups à son adversaire mais plutôt bien équilibré. Je n’ai jamais trouvé ça frustrant.

Un jeu à surveiller si on aime bien le genre.

l

Cosy Casa

C’est fou comme les jeux nous amènent à faire des choses que l’on déteste faire dans la vraie vie. Dans Cosy Casa, on doit ranger divers objets, livres, jeux de société, trophées, chats (!) dans notre kallax. Il y a bien sûr des contraintes et des objectifs de pose qui vont gentillement faire appel à notre intellect pour marquer le plus de points de victoire possible. Rien d’innovant mais un petit jeu familial plutôt agréable. Etrangement, le seul aspect rébarbatif du jeu est de devoir mettre le bazar (la mise en place du plateau central, à faire en début et en milieu de partie) avant de pouvoir ranger.

l

Evergreen

Hjalmar Hach, l’auteur d’Evergreen, semble un poil monomaniaque. Après, nous avoir proposé de faire pousser les arbres d’une forêt dans Photosynthesis (sorti chez Blue Orange) voilà qu’il nous propose de recommencer mais cette fois-ci à l’échelle d’une planète ! Certes Photosynthesis avait une esthétique plus marquante avec ses arbres en trois dimensions, mécaniquement, il ne m’avait pas laissé un souvenir impérissable. Evergreen, lui, reste très beau et me semble bien plus abouti que son aîné. Par contre, il s’adresse à un public plus averti.

l

Le Grand Prix de Belcastel

Je n’avais pas encore eu l’occasion de jouer à la version enfant des Charlatans de Belcastel. Maintenant que c’est fait, je comprends l’engouement qu’il a suscité. GPB est une merveilleuse initiation au bag building à partir de 6 ans. Une course très sympa avec quelques défauts. Le jeu est un peu long pour les plus jeunes et il arrive qu’on doive passer plusieurs tours d’affilée.

l

Happy Bee

Un petit jeu de cartes très très malin de deux vétérans du monde ludique, Rambourg et Rivière. Il y a un système de majorité qui rappelle un peu, en termes de sensations, des jeux comme Crossing. Il faut essayer de deviner ce que vont jouer les autres joueurs pour ne pas se retrouver minoritaire ou, comble de la frustration, à égalité puisque dans ce cas personne ne gagne rien.

On ajoute à ça une mécanique qui remplace la pioche : A chaque tour, on récupère les cartes qu’on a joué au tour précédent et on passe le reste de notre main à notre voisin de gauche (façon 7 Wonders).

C’est intelligent, ça marche bien et très accessible. Un jeu de qualité qui se marie bien avec une bonne tasse de thé.

l

Himiki

Himiki est un jeu abstrait, superbement édité, dans lequel on déplace des dés pour se retrouver sur la bonne face au bon moment. Malheureusement, je suis complètement hermétique à la logique de ce jeu. Non, pas qu’il soit mauvais. Ah moins que si. En fait, je n’en ai aucune idée. Tout ce que je peux vous dire c’est que j’ai joué à Himiki. Ma compétence ludique s’arrête là.

l

Marrakech

Gigamic, encore, réédite le très bon Marrakech. A ne pas confondre avec le Feld qui avait remporté le Diamant d’or. Nous sommes ici sur un jeu pour enfant, une sorte de Monopoly modernisé dans lequel il va faire atterrir nos adversaires sur nos tapis sans tomber sur les leurs. Le jeu, qui jouait déjà la carte du swag avec ses tapis en tissus, reste fringant malgré son âge. Pour cette nouvelle édition, exit la couverture de Marie Cardouat que j’aime beaucoup mais dont le style ne correspondait pas vraiment au jeu. Le plateau a été refait et les tapis sont de retour avec de nouveau coloris.

Rien à faire, j’ai toujours une tendresse particulière pour les créations de Dominique Ehrhard (même si je ne sais jamais où mettre ses “h”). Essayez-le, au moins pour votre culture ludique.

l

Morris le Dodo

Pourquoi ?

Blue Orange nous propose un jeu 3+ très joliment édité. Le matériel est chiadé, coloré et rigolo. Le jeu, lui, est sans aucun intérêt. Alors qu’il existe des alternatives de jeux pour cet âge dans lequel j’arrive à prendre du plaisir, pourquoi je prendrais mon temps et mon argent pour cette grosse boîte. Du coup, je me pose cette question : Pourquoi l’avoir édité ?

l

J’emme

En termes de jeu de société, Lansay semble être resté dans les années 90. Le plateau, le matériel, tout a trente ans de retard. Dommage parce que le jeu, un abstrait rappelant un peu le Go avec de la pose de pions et de la prise par encadrement, est plutôt plaisant. Pas assez pour le rendre mémorable, malheureusement.

l

Tsuro

Je me souviens de Tsuro. Je l’avais déjà croisé ce jeu, il a quinze ans. Sa boite, ses illustrations, son matériel, m’avait marqué mais pour une raison que ma mémoire a effacé je n’avais pas eu l’occasion d’y jouer. Erreur corrigée !

Le jeu de Tom McMurchie prend le principe du labyrinthe et l’inverse totalement. Ici, il ne faut pas déchiffrer le dédale mais le créer. Il ne faut pas en sortir mais tout faire pour y rester. Ce twist fait de Tsuro une sorte d’OVNI ludique. Plus important, ça marche ! Ce n’est pas vraiment un jeu d’ambiance mais il en possède beaucoup de caractéristiques. Ca se joue vite, nombreux (jusqu’à 8), sans se prendre la tête. Oui, c’est très hasardeux mais il y a des rebondissements et l’envie d’y revenir. Je ne demande rien d’autre.  

Le Labo en Festival : Flip 2022 Parthenay

Le Labo en Festival : Flip 2022 Parthenay

Oh qu’il est doux le claquement boisé des passe-trappes et autres billards hollandais ! Qu’ils tintent joyeusement les grelots des bouffons distribuant des whoopies aux petits et grands ! En un mot comme en cent, qu’il est bon de retrouver le FLIP !

Après deux ans de disette, me revoilà au festival ludique international de Parthenay. Le plus important festival de jeu de France. En durée d’abord puisqu’il s’étale sur pas moins de onze jours. En fréquentation ensuite, il accueille quand-même autour de 180 000 joueurs chaque année.

On ne va pas se mentir, le FLIP reste mon évènement ludique préféré en raison de l’ambiance folle de cette ville qui se met au diapason du jeu. Une animation ludique peut vous attendre à chaque coin de rue et, malgré sa taille, il réussit à réunir aussi bien le joueur, le badaud et la famille dans une ambiance conviviale. 

Cette année, je suis parti avec, dans mes bagages, ma femme et mes deux enfants pour découvrir les nouvelles sorties jeux pour les plus jeunes. Il me tarde de vous faire part de mes bonnes et de mes mauvaises surprises !

l

Déjà sur les étals

l

Pas Vu Pas Pris

Ma plus grande déception restera Pas Vu, Pas Pris, qui aurait plutôt dû s’appeler Mal Pensé, Mal Fichu. C’est dommage, l’idée de cacher ses figurines du regard des autres joueurs était sympa, mais, au final, l’exécution est ratée. On a vraiment l’impression de jouer à un proto non abouti. Au final, on subit le jeu sans vraiment que l’expérience ludique ne décolle.

Verdict : Manque un peu plus qu’un coup de polish /20

l

Les dragons aux 100 flammes

Quand Smart Games, l’éditeur connu pour ses casse-têtes, se lance dans du jeu compétitif, ben ça ressemble à… des casse-têtes. Sous ses aspects fantasy très très plaqués, il y a du placement de tétraminos plus complexe qu’il en a l’air… Peut-être trop d’ailleurs pour le public visé. 

Verdict : Bon casse-tête compétitif /20

l

L’odyssée des grenouilles

Encore un jeu compétitif de chez Smart Games. L’Odyssée des Grenouilles est une jolie revisite des dames chinoises avec des parties plus courtes (heureusement !) et plus d’interactivité. Si ses règles de base sont parfaites pour les plus jeunes, le jeu se révèle vraiment dans sa version avancée.

Verdict : Croa croa de joie/20

l

Le jeu des petits jardiniers

Habituellement, je n’attends pas grand-chose de l’éditeur Nathan, n’étant pas féru de leurs jeux ostensiblement pédagogiques, mais je dois avouer que Le Jeu des Petits Jardiniers tient la route. La thématique est bien présente avec son petit potager et ses plantes qu’on fait pousser mais mécaniquement il y a des choses qui sont clairement datées. S’il se base sur des combinaisons de cartes, des attaques et des contres qui rappellent beaucoup l’excellent Piou Piou chez Djeco, la mise en place est pénible et le jeu un tantinet trop long. J’ai aussi peur que le matos ne tienne pas la durée entre les mains si délicates de notre progéniture.

Verdict : Piou Piou en moins bien /20

l

Explorons la jungle

L’idée de base est intéressante, elle reprend le principe du cherche et trouve pour en faire un jeu de société. Après tout, ça a bien réussi à Micro Macro Crime City. Explorons la jungle a voulu en faire un jeu de rapidité et c’est beaucoup moins convaincant. Tous les joueurs ont entre les mains un paquet de cartes représentant une jungle tout ce qu’il y a de plus fouillis. Entre eux, deux cartes objectifs : un végétal à retrouver et un animal à éviter. Le but du jeu étant de mettre de côté le plus vite possible les cartes correspondant aux objectifs. Si la plante est plutôt facile à repérer, l’animal est souvent bien caché et c’est là que ça se corse. Les enfants de l’âge visé (6 ans) sont grandement désavantagés par rapport aux adultes. Ils ne s’amuseront pas longtemps à perdre en boucle à moins que l’adulte ne ralentisse la cadence. Et là, c’est lui qui ne s’amusera plus. 

Verdict : Mélange des genres raté /20

l

Sonic Super Team

J’ai tendance à me méfier des jeux à licence mais Sonic Super Team est une bonne surprise. C’est un petit jeu de course sans réelle prétention dans lequel on joue à deux joueurs ou à quatre en équipes (j’imagine qu’il y a une règle pour trois joueurs mais je ne l’ai pas testée). Les cartes qui font avancer les coureurs de chaque équipe sont mélangées, ce qui fait qu’on peut, à notre tour, déplacer ceux de notre allié ou de nos adversaires. A nous de jouer nos cartes aux bons moments pour les faire tomber sur des piques ou rater leurs loopings. Si c’est du déjà-vu niveau mécanique, le résultat est plaisant et colle formidablement bien à l’univers et à l’esprit des jeux vidéo sur Megadrive. Il y en a eu d’autres ? Vous êtes sûr ?

Verdict : La thématique fait beaucoup mais bonne surprise quand même /100 (Rings)

l

C’est Mon Fort !

Dominique Ehrhard est un auteur que j’aime bien. J’ai presque envie d’écrire que je “l’aimais bien” tant il s’est fait discret ces dernières années. Pourtant Condottiere, Boomerang et surtout Marrakech (On va en reparler) sont des jeux qui m’ont beaucoup marqué. Du coup, quel plaisir de tomber sur l’un de ces jeux, certes pas tout récent (il date de 2015) et présenté comme un bestseller.

C’est Mon Fort ! est un petit jeu de mémoire fort malin que j’ai trouvé très plaisant. Pourtant, du haut de ses six ans (l’âge minimum recommandé) mon grand garçon y a été totalement hermétique et je comprends pourquoi. S’il est mécaniquement très bien pensé, C’est Mon Fort ! est très aride en termes de narration. Il ne raconte pas grand-chose. Typiquement, un jeu fait pour plaire aux parents mais qui oublie qu’il s’adresse à des enfants.

Verdict : Y’a de l’idée mais pas assez de jeu /20

l

Farm & Furious

Farm & Furious est un jeu de course pour 7+ dans lequel on joue tous une carte simultanément et notre avancée va dépendre des cartes jouées par les autres joueurs. On a certes déjà vu ça dans d’autres jeux, mais le vrai avantage du jeu est son minimalisme. Ça se comprend vite, se joue vite sur un coin de table et tout rentre dans une petite boite qu’on peut emmener partout. En termes d’expérience de jeu, c’est nerveux, y’a du bluff, des râleries, des rires tellement que ça peut se jouer à l’apéro avec des potes assez ouverts d’esprit pour ne pas s’arrêter à la boîte. Tout ça pour 11 euros. Que demande le peuple ?

Verdict : Mon petit coup de cœur du FLIP /20

l

Patatrap Quest

Dans le jeu pour enfant, les époux Marie et Wilfried Fort sont les rois du game. Et c’est mérité, presque tous les jeux qu’ils touchent se transforment en or. Ce n’est pas le cas de Patatrap Quest. Ce jeu de parcours et de mémoire mise tout sur son matériel au point d’en oublier l’essentiel. Oui, c’est rigolo la première fois que notre pion soulève une tuile du plateau. Oui, la thématique fantasy fonctionne plutôt bien. Mais on s’ennuiiiiiiiiiiiiiiiie. Un jeu, même enfant, ça ne peut pas n’être que du tape-à-l’oeil. Il faut des mécaniques derrière.

Verdict : Du matos et c’est tout /20

l

Avant-premières

Les festivals, c’est aussi l’occasion de jeter un œil sur ce que nous préparent les éditeurs pour l’avenir. Et visiblement l’avenir de matériel qui fait wahouuuuu ! quand on le déballe. Car les enfants sont des petits adultes, ils aiment le cliquant, le bling bling : « Quoi des cartes et des dés ? J’en ai déjà des dizaines de jeux comme ça à la maison ! Je veux qu’on me vende du rêve, de des jeux originaux avec des tambours, des pistes à billes et pourquoi pas des poteaux électriques ! ».

l

Mysterium Kids

Un plateau, des cartes et un tambourin. On doit, chacun notre tour, faire deviner une carte parmi cinq propositions mais uniquement en faisant du bruit. Tout est permis tant qu’on utilise le fameux instrument : taper, gratter, frotter, effleurer. Un jeu très boccarien dans l’esprit. Normal, vu que c’est entre autres Antonin Boccara à la création (avec Yves Hirschfeld). A la première partie on s’est vraiment marré mais j’ai peur que le jeu s’épuise très vite.

(Ne vous fiez pas à la photo. Le visuel est amené à changer)

l

Sur le fil 

Je vous ai déjà parlé de l’obsession actuelle des éditeurs pour le matos qui fait wahou ? Sur le fil, c’est tout à fait ça. Il s’agit d’un petit jeu d’adresse et d’un peu de réflexion avec objectif qui n’a pas l’ambition de renouveler le monde ludique, mais une fois la boîte ouverte et les poteaux télégraphiques installés, c’est vrai qu’il fait son petit effet. Idem pour sa direction artistique qui rappelle de façon totalement fortuite (évidemment) les protagonistes d’Angry Birds, le célèbre jeu mobile. Reste à savoir si, mécaniquement, le jeu sera assez plaisant pour nous amuser plus d’une ou deux parties…

 l

La Colline aux Feux Follets

S’il y a un jeu pour enfant qu’il faut retenir de ma petite sélection c’est celui-là. Répondant au doux nom de Zauberberg dans la langue d’Uwe Rosenberg, il a reçu le Kinderspiel des Jahres (jeu de l’année allemand) de cette année et, honnêtement, ce n’est pas démérité. Ce coopératif basé sur le principe du pachinko est une vraie réussite. J’arrive pas à m’expliquer le plaisir qu’il a à regarder une boule dégringoler une pente avec l’espoir qu’elle aille où l’on voulait, mais ça marche ! C’est incroyable comme adultes comme enfants se retrouvent devant ce jeu original au matériel qui rappelle les meilleurs éditeurs germaniques, Drei Magier Spiele en tête.

l

Marrakech nouvelle édition 

Un dernier mot pour vous dire que Marrakech, l’excellent jeu de Dominique Ehrhard (On en parlait plus haut.) revient sous une nouvelle mouture. Oui, oui, encore, mais, pardonnez-moi, il le mérite. Ils n’ont pas touché au tapis en tissu, déjà de très bonne facture mais ont remplacé la couverture de Marie Cardouat, les jetons dirhams (la monnaie marocaine) et le plateau. C’est joli, plus moderne, et ça vous permettra de redécouvrir ce classique du jeu enfant.

Ah, vous ne connaissez pas ? Et bien pour résumer, il faut poser ses tapis sans tomber sur ceux de ses adversaires sous peine de leur devoir de l’argent. Comme le Monopoly mais sans les longueurs, les côtés capitalistes malsains et avec du hasard bien mieux dosé. Comme Monopoly, mais en bien, quoi.

l

l

Conclusion


Dans tous les jeux que j’ai pu essayer, il y a du bon et du moins bon, mais, en dehors de la Colline aux Feux Follets, rien ne sort réellement du lot. Même le très bon Farm & Furious a un air de déjà-vu. Quant à cette tendance très kickstarterienne du matériel qui en met plein la vue, je vous rappellerai que, pour le jeu comme pour le beaujolais, l’important n’est pas dans le flacon mais dans l’ivresse. Pas sûr que cette métaphore soit très appropriée à des jeux enfants, mais vous avez compris l’idée.