Test : The Art Project

Test : The Art Project

Cette critique a été rédigée à l’aide d’une boite fournie par l’éditeur que nous remercions.

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Synopsis

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La Main Blanche, une organisation criminelle bien établie ne cesse de sévir.

Sa spécialité ?

Le vol d’œuvres d’art et culturelles.

Tableaux de maîtres, sculptures renommées, œuvres littéraires, musicales, cinématographiques ou reliques, rien ne leur échappe, ils cherchent à tout voler et à revendre aux plus offrants leur butin sur le marché noir.
C’est pourquoi, j’ai décidé de rassembler autour de moi une fine équipe sous une même bannière, cette équipe s’appelle l’Art Rescue Team et nous avons décidé de nous faire connaitre sous le nom de « the A.R.T project ».

Pour pouvoir rester dans l’anonymat, nous utilisons des noms de code tirés de ma passion pour les stratégies et les jeux à savoir les échecs.

En tant que roi, j’ai dû m’entourer de mes « pions » qui sont aussi mes collègues.

Vous retrouverez donc au sein de l’équipe la reine, le cavalier, le fou, la tour et le pion.

Aucune de ces appellations n’est vouée à être ronflante ou dégradante, nous sommes tous sur le même pied d’égalité et nous coopérons les uns avec les autres bien que nous venions de milieux différents, que nous n’ayons pas le même âge et que nos vécus diffèrent tous ; nous avons chacun nos spécialités, mais cela est pour le mieux, nous pouvons ainsi dialoguer ouvertement et échanger nos points de vue pour pouvoir déterminer quelle solution sera la plus efficace pour agir avant que les œuvres d’art du monde entier ne tombent sous la coupe de la Main Blanche.

C’est dans la multitude des conseillers qu’il y a réalisation après tout, donc plus il y a de cerveaux, plus élaborés seront les plans.

Nous sillonnerons le monde et nous arrêterons les agents de la Main Blanche avant qu’ils ne bloquent l’accès d’une ville ou qu’ils ne s’enfuient avec leur butin à notre nez et à notre barbe !

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Bon, c’est bien beau cette histoire, mais on veut en savoir plus sur le jeu !

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Et je vous comprends !

Mais je me devais de vous mettre dans l’ambiance car le travail d’illustrations fourni par Vincent Dutrait nous incite à plonger dans le jeu et sa thématique !

Déjà la boite fait penser à une affiche de film ancien, avec son grain et ses couleurs flashy tout en restant assez sombre pour montrer le côté sérieux de la chose.

Chacun ses goûts j’en conviens, mais comme très souvent avec M. Dutrait, je suis totalement sous le charme, le souci du détail sur les différentes cartes des pays que l’on va explorer est tout bonnement excellent, le jeu flatte la rétine sans l’égratigner, un sans-fautes pour moi !

Mécaniquement parlant, Florian Sireix et Benoit Turpin nous offrent un jeu coopératif qui sent le Pandemic mais en restant assez loin pour ne pas avoir l’impression de jouer à un clone !

Plus de contrôle de l’aléatoire, mais plus d’aléatoire quand-même (Oui je me contredis, je sais, mais je vais développer, vous me connaissez à force !) et une difficulté que je trouve plus abordable qu’un Pandemic, tout en laissant plus de marge de manœuvre pour les discussions entre les membres de la team !

Nous sommes face à un jeu aux règles simples et accessibles, à la difficulté variable et aux multiples cartes pour varier les plaisirs et changer légèrement le gameplay à chaque partie !

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Aléatoire ?

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Oui !

Voilà, c’est clair et annoncé, entre la pioche de cartes et les jets de dés pour les combats, nous sommes face à un jeu qui nous demande de nous adapter sans cesse, mais ne fuyez pas tout de suite, découvrez ce qui est fait pour contrebalancer l’aléatoire un minimum car les auteurs n’ont pas collé un jeu purement aléatoire sans contrôle !

La pioche de cartes nous propose d’avoir le choix entre deux cartes en mains et d’en jouer une sur ces deux, ce qui limite le côté punitif, même si, parfois, il vous faudra quand même choisir entre la peste et le choléra !

Mais ce qui est malin, c’est qu’au lieu de bêtement nous punir parce que l’ordre dans lequel sont sorties les cartes ne nous aide pas (comme dans un Pandémic quand on veut une carte d’une couleur et qu’une autre personne l’obtient alors que nous sommes à l’autre bout du plateau), dans the A.R.T Project nous allons décider de l’ordre du tour en dialoguant.

Il suffira de demander qui pourrait poser telle ou telle ressource parce que sinon nous allons perdre des cœurs (qui sont à la fois des points de vie et des jokers dans le jeu) et on jouera dans l’ordre de notre choix !

C’est intelligent, il y a un petit côté ordre du tour comme dans un jeu de rôle, rien n’est figé et le sens horaire très classique sur la plupart des jeux est donc absent.

C’est parfait pour bien coordonner nos mouvements, pour contrebalancer l’effet joueur alpha présent dans beaucoup de jeux coopératifs et pour éviter de perdre la partie parce que la première personne à jouer va devoir sacrifier tout ce qu’elle possède, ce qui nous mettra tous dans la panade !

Pour poursuivre avec l’aléatoire, les combats que nous allons choisir de résoudre (ou pas, ils ne sont pas obligatoires à la fin du tour) se font avec des jets de dés.

La frustration sera parfois à son comble quand il nous faut des 4 ou des 5 et qu’on ne fait que des 1… mais (!!!), grâce aux ressources du jeu nous pourrons augmenter notre puissance et/ou si cela ne suffit toujours pas, nous pourrons décider de nous séparer de certaines cartes pour relancer des dés.

Parfois ça ne sera toujours pas suffisant et nous devrons nous résoudre à perdre le combat, mais avouons que transformer deux 1 en deux 6 est très jubilatoire !

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Pandemic like ?

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Là où le jeu a des similitudes avec Pandemic, c’est que nous allons devoir atteindre notre objectif avant un certain nombre de tours, que nous avons un certain nombre d’œuvres d’art à récupérer pour remporter la partie, que nous allons devoir limiter la prolifération d’agents dans les villes sous peine de voir le contrôle de ces villes nous échapper, ce qui nous fera aussi perdre la partie !

3 moyen de perdre la partie et un seul de l’emporter !

Il faudra faire des choix et des bons pour pouvoir l’emporter !

Mais dans le feeling, on est quand même très loin de Pandemic, on sent une filiation, mais le plaisir de jeu est très différent pour ne pas avoir l’impression de jouer au même jeu, ni même de faire doublon.

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Quid de la rejouabilité ?

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Si la rejouabilité de la pioche aide déjà beaucoup dans Pandémie, il faut avouer qu’il reste relativement figé si on n’ajoute pas d’extensions.

A part varier la difficulté, on fera peu ou prou toujours la même chose dans Pandemic (et pourtant j’adore Pandemic hein !).

Là où Florian et Benoit (Pardonnez-moi cette familiarité, c’est plus rapide d’écrire ainsi !) frappent fort et même très fort c’est en proposant 6 pays différents à visiter !

Mais ce ne sont pas simplement des pays qui sont là pour changer le look de la carte !

Chaque nouveau pays va offrir un challenge différent car les règles seront légèrement modifiées.

Déplacements dont les coûts changent, bonus quand on termine sur une case, bonus ou malus quand on récupère une œuvre d’art dans un lieu etc. etc., la variété est au cœur du jeu !

Si vous voulez jouer sur une carte et augmenter ou réduire la difficulté c’est aussi possible !

Modifiez simplement le nombre de cœurs avec lequel vous débutez la partie et c’est fait ! Le jeu sera plus compliqué ou plus simple !

Donc le jeu propose une rejouabilité importante, de la variété et des manières de penser et de jouer vraiment différentes d’un pays à l’autre, chapeau !

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Joueur alpha ?

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Comme je le disais tout à l’heure, cet effet joueur alpha est pas mal gommé, car sans communication précise et détaillée, jouer une carte sans concertation risque vite de faire échouer la partie.

De plus comme nous pouvons communiquer sur nos cartes sans pour autant avoir le droit de les montrer (donc à l’inverse de Pandemic où toutes les cartes sont visibles sur la table, le paradis de l’alpha), le côté alpha sera plus difficile à installer, même si ça n’est jamais totalement évitable dès lors qu’une communication est possible.

On peut tenter d’orienter les choix des autres, mais la décision leur reviendra au final.
Retenez que le jeu est vraiment fait pour le dialogue, d’ailleurs passé 3 personnes (Le jeu est jouable jusqu’à 6 pour rappel.), cette communication pour décider de l’ordre de jeu des cartes et de l’ordre de déplacement et de résolution des combats sera encore plus cruciale, une erreur de jugement et c’est une partie qui bascule irrémédiablement dans le chaos et la défaite quasi-assurée !

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Verdict personnel

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Comme toujours, cet avis n’engage que moi, mais je pense que vous allez vite comprendre si j’aime le jeu ou pas en vous disant que dès que nous l’avons reçu nous avons passé une semaine à jouer entre 2 et 3 parties par jour !

Le jeu nous a vraiment accrochés et j’ai vraiment adoré explorer les différents pays, les différentes variations de règles associées, ainsi que la fluidité des parties, la rapidité à poser le jeu, à jouer et à ranger le tout !

Mon avis se fait sur un nombre de parties compris entre 30 et 40 minimum (même si je ne les ai pas comptées dans le détail).

Je n’ai pas eu l’impression de me lasser, merci les différents pays et la variété de la pioche et des jets de dés.

Même si je sais que mon objectif ne varie jamais, la manière de le réaliser change toujours et c’est très frais.

Nous avons remporté au minimum une victoire sur 5 des 6 cartes et la dernière nous résiste encore, mais c’est un vrai challenge agréable à relever !
Pour le moment la difficulté standard nous suffit, c’est déjà assez difficile de gagner et ça se fait souvent sur le fil, à un jet de dés ou à un tour de la défaite !

Un énorme kiff pour moi et je place le jeu actuellement dans mon top 3 des découvertes de l’année !

Je l’aurais volontiers placé numéro 1 en coopération, mais je n’ai pas souvenir d’avoir joué d’autres nouveautés coopératives cette année (exception faite de Once Upon a Line, mais c’est un prototype, je ne le compte donc pas), donc je ne peux pas non plus mentir en disant qu’il est numéro 1 quand c’est le seul… Même si, de fait, il est numéro 1… Enfin bref, vous avez compris l’idée !

Au chapitre des regrets sur le jeu, je dirais que j’ai dû très vite sleever les cartes que j’ai trouvées fines et qui me semblaient un peu fragiles.

J’ai vu que les cartes pouvaient très vite se tordre si on mélangeait le jeu un peu vigoureusement et qu’une d’entre elles décidait de sortir du groupe.

Autre regret : j’aurais aimé avoir encore plus d’histoire dans le livre de règles pour la thématique.

Sinon pour moi, c’est vraiment un jeu excellent qui mérite qu’on s’y attarde si on aime la coopération !

Quelques mots sur le solo car le jeu dispose d’un mode solo intégré :

Je ferais un article dédié pour bien parler du solo, car, à ce jour, je n’ai que deux parties en solo au compteur, ce qui n’est pas assez pour donner un avis objectif sur le jeu.

Mais de ce que j’en ai vu, il est conçu aussi pour nous en faire baver, plus qu’en multi, donc il faudra jouer finement.

En conclusion, si vous aimez la coopération sans effet alpha et que vous aimez les jeux assez rapides, mais tendus, the A.R.T Project est un bijou qui aura sa place dans votre ludothèque !

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Disponible ici :

Prix constaté :

Test : After Us

Test : After Us

Cette critique a été rédigée à l’aide d’une boîte fournie par l’éditeur que nous remercions. Au préalable, j’ai réalisé deux parties à 2 joueurs, une partie à 4 joueurs et une partie à 6 joueurs.

Dans quelques décennies, l’humanité a disparu – il ne nous reste donc plus beaucoup de temps. Dans ce monde post apocalyptique, les singes, probablement échappés des laboratoires, prennent peu à peu le contrôle des inventions laissées par les Hommes et deviennent de plus en plus évolués. Placés à la tête d’une tribu de tamarins-lions dorés, les joueurs recrutent des singes spécialisés avec pour objectif d’être le premier à atteindre 80 points de victoire.

Le principe du jeu

After us est un deckbuilding en simultané aux règles simples et faciles à expliquer. Au début de son tour, on pioche quatre cartes qui constituent notre Assemblée de singes, puis on cherche à les combiner en une ligne le plus efficacement possible afin de fermer les cartouches présents sur les cartes. On résout ensuite les cartouches fermés de toutes ses cartes, dans l’ordre de lecture, gagnant ainsi des ressources et éventuellement des points de victoire.

Puis les joueurs choisissent l’un de leurs jetons d’actions, résolvent son effet et recrutent éventuellement un singe face cachée du type correspondant en dépensant les ressources nécessaires. Chaque singe a une spécificité et demande un certain type de ressources. La carte nouvellement acquise est placée sur le dessus du deck est sera donc piochée immédiatement au prochain tour. Il est ensuite possible de dépenser deux ressources identiques pour copier l’effet du jeton d’un voisin, mais pas pour recruter.

On défausse enfin les cartes utilisées ce tour-ci et on recommence une nouvelle manche jusqu’à ce qu’un joueur atteigne 80 points de victoire et remporte la partie – ou le joueur qui est allé le plus loin sur la piste si plusieurs personnes atteignent 80 points lors de la même manche.

Un jeu en simultané pour des parties rapides

Le jeu a connu un immense succès au Festival international des jeux (FIJ) de Cannes et les tables n’ont pas désempli du week-end. Les quelques boîtes du jeu vendues en avant-première sont parties comme des petits pains. Le secret de cette réussite ? Un jeu facile à expliquer et des parties dynamiques puisque l’on joue en simultané 90% du temps de jeu. Du coup, un groupe de 6 joueurs met à peu près autant de temps qu’un duo pour boucler sa partie – j’ai compté cinq minutes de plus pour une table de 6 contre une table de 3.

Oui mais voilà, cet aspect du jeu, sa simultanéité, fait aussi que lorsque vous jouez avec une grande tablée comme ce fut mon cas au FIJ, vous n’avez absolument aucune idée de ce que font vos adversaires à l’autre bout de la table. Il nous est même parfois arrivé que des joueurs aient anticipé la phase d’arrivée de nouveaux singes, créant ainsi un décalage dans le timing. Sans parler de « contrôle » ici, dans un jeu qui est une course, votre seul point de repère se situe dans l’avancée des pions sur la piste des points de victoire, difficile de prévoir qui va l’emporter, surtout avec beaucoup de joueurs.

Zéro interaction

Autre élément : le jeu ne propose absolument aucune interaction, à part une éventuelle copie du jeton d’action de son voisin. On a souvent le sentiment de jouer seul dans son coin. Évidemment, cela permet au jeu de tenir ses promesses de durée de partie très réduite, quel que soit le nombre de joueurs, mais du coup on a un peu l’impression de jouer en solo à 6… C’est triste mais je n’ai pas trouvé le jeu « amusant » à 4 joueurs ou plus. Je pense qu’à 2 ou 3 joueurs, on peut davantage surveiller ce que font ses voisins et la stratégie qu’ils ont choisie. L’absence d’objectifs ou d’un quelconque élément de scoring intermédiaire renforce cette impression de jouer solo, et pourtant ce n’est d’habitude pas un problème pour moi.

Pas un problème car je suis friande de puzzle games, des jeux dans lesquels on joue plutôt seul dans son coin, avec pour principal adversaire soi-même et sa capacité à tirer le meilleur parti des cartes, ou des tuiles, que l’on a reçues. Dans ce genre de jeu, il est souvent nécessaire de se concentrer sur son propre plateau et donc de laisser un peu de côté ce que font les autres joueurs, du moins lors des premières parties.

Sauf que, dans After us, la réflexion reste pour moi assez limitée – ce qui est normal dans un sens car c’est un jeu d’accès au jeu de société moderne, pas un jeu expert, mais certains jeux considérés comme familiaux apportent parfois une profondeur supérieure. On doit réfléchir en début de manche lors de l’optimisation du positionnement des cartes afin de fermer ses cartouches et d’en tirer le meilleur profit, mais il y a quatre cartes, il n’y a pas des milliards de combinaisons possibles.

Très (trop ?) simple

Et enfin, dernière chose qui m’a un peu frustrée dans le jeu : l’acquisition des nouvelles cartes singes. Sur le principe, rien à redire, on récupère un type de singe dépendant des ressources que l’on dépense. Sauf qu’on pioche une carte face cachée, et que potentiellement cette carte n’ira pas avec notre stratégie, ou au contraire sur un gros coup de bol on peut récupérer des cartes qui donnent des points de victoire sans aucun coût associé, ce qui est un sacré avantage. Par exemple, si je récupère une carte qui me donne des points en fonction du nombre de tamarins-lions que j’ai dans ma ligne de cartes mais que ma stratégie était de virer ces singes de mon jeu avec des gorilles, je l’ai un peu mauvaise.

Encore une fois, je comprends bien que résumer le choix à un type de ressources à dépenser ou à un effet recherché, cela rend le jeu plus accessible et ça le fluidifie. Mais pour moi, ça enlève une bonne partie du plaisir. Si, au contraire, l’acquisition se faisait par le biais d’une rivière, il serait possible de choisir une carte qui correspond mieux à notre stratégie ou de bloquer ses adversaires, ajoutant ainsi au passage un peu d’interaction.

Initiation rapide au deckbuilding

Vous l’aurez compris, je n’ai pas été très séduite par After us. Cela ne veut absolument pas dire que le jeu est mauvais, simplement qu’il ne correspond pas à mes envies. Je pense qu’il a le mérite de proposer une initiation au système de deckbuilding avec des règles simples, faciles à expliquer et à comprendre, et qu’il permet de jouer avec un grand nombre de joueurs en largement moins d’une heure, ce qui est rare.

Les trois objets disponibles à chaque partie renouvellent un peu l’expérience en offrant des possibilités différentes de dépenser ses jetons Énergie. Cependant, après quatre parties, j’ai l’impression d’avoir fait le tour du jeu et je suis un peu déçue par son manque de profondeur.

Un petit mot sur le matériel : les jetons ressources sont top, la boîte est conçue pour contenir les cartes sans utiliser de sachets en plastique. Les illustrations sont signées Vincent Dutrait, donc si vous aimez son style, vous ne serez pas déçus.

Disponible ici :

Prix constaté : 39,90 €

Test : Les Tribus du Vent

Test : Les Tribus du Vent

Imaginez un monde où l’humanité a engendré une pollution si toxique que la vie n’y a plus sa place, un monde où les survivants sont contraints de vivre à la cime d’arbres rescapés… C’est dans ce monde que nous emmène Joachim Thôme avec les pinceaux colorés de Vincent Dutrait, le tout édité par La Boite de Jeu

Un vent de fraicheur teintée de gravité a traversé ma ludothèque. Je vous emmène ?

Un éco-jeu ?

A l’heure où notre planète souffre, où les lendemains s’annoncent plutôt gris, et où chaque geste écologique compte, Les Tribus du Vent vous propose de survivre dans un monde post-apocalyptique d’un genre écolo-nature : il est trop tard, la Terre est submergée par une pollution mortelle. Seules quelques petites forêts ont résisté et l’humanité doit créer des villages à la cime des arbres pour survivre. Si le thème est d’actualité, le contenu de la boite aurait pu y faire honneur avec son carton, son bois et zéro plastique. Mais non, un bémol avec les porte-cartes… (du moins ça ressemble à du plastique) et des sachets zip… De plus, le jeu est fabriqué à l’autre bout du monde, dommage…

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Eco-magie et haute voltige

Vous l’aurez compris, Les Tribus du Vent vous oblige à regarder un futur pas si improbable où l’Homme se réfugie à la cime des arbres et se déplace en volant pour éviter la pollution. Mais nous sommes dans un jeu et vous incarnez un guide qui lutte contre la pollution grâce à la magie des éléments. Ces derniers vous permettront de récupérer de l’eau, faire pousser des forêts, déplacer vos voltigeurs pour construire des villages, ou enlever la pollution. Vous pourrez endosser le rôle de 5 guides différents avec leurs pouvoirs particuliers (à débloquer pendant la partie) : à vous de bien choisir votre plateau.

Bien sûr, vous ne pourrez rien faire pousser ni construire dans des zones polluées et vos cités pollueront parfois quelque peu leurs environs immédiats, alors ne négligez pas le nettoyage !

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Verdict

Oh la belle boite ! C’est vrai que l’illustration attire l’œil ; et puis, c’est Vincent Dutrait… Il n’en fallait pas plus au jeu pour me séduire. A cela s’ajoutent une thématique écolo intéressante et un matériel de toute beauté (à part les porte-cartes noirs…). En résumé, et en ajoutant la mécanique de pose de tuiles et (dé)placement d’ « ouvriers », j’étais totalement la cible.

Mais c’est qu’il fonctionne bien ce jeu ! Le temps de s’approprier les différentes icônes et sa fluidité est étonnante. Il faut réfléchir un minimum, mais comme chacun joue dans son coin, nul besoin d’attendre que le joueur précédent ait fini de jouer pour commencer à réfléchir à son tour… Tout en surveillant le verso des cartes de ses voisins. Pas d’interaction directe donc (Eh non, vous n’irez pas polluer les forêts de vos adversaires, ni détruire leurs villages !), mais de l’indirecte. Par exemple, si quelqu’un vous souffle sous le nez la tuile Forêt qui vous arrangerait pour remplir un objectif, cela peut énerver ; ou si un adversaire joue une carte d’une couleur et en pioche une d’une autre couleur, alors que vous comptiez dessus pour votre prochain coup…

Le cœur du jeu réside dans les cartes élément qu’il faudra jouer au bon moment et à bon escient avec des prérequis intéressants. De plus, le fait qu’il faille compter avec le verso des cartes de ses deux voisins apporte un peu de piment et d’originalité.

Le côté course est très prenant : il ne faut surtout pas laisser ses adversaires prendre trop d’avance sur la construction des villages (Le 1er à avoir construit ses 5 villages met fin à la partie.) et bien gérer sa dernière action de la partie (Eh oui, le joueur qui y met fin rejouera un tour, comme tous les autres, après la fin de la manche en cours.) pour qu’elle serve à quelque chose.

J’ai particulièrement apprécié la modification ultra légère pour la configuration à 2 joueurs : les cartes Elément de notre 2nd voisin sont celles de la pioche et de la rivière. Simple et efficace.

Sinon, Les Tribus du Vent est tout aussi agréable à jouer à 4 (Il y a juste plus de monde à surveiller !), et je ne pense pas que cela soit différent à 3 ou 5.

Côté immersion, je me suis laissée aller à utiliser le vocabulaire thématique (« Je construis un village sur cette forêt et je pollue un peu ici et là. » ou « Trois de mes voltigeurs se déplacent vers cette forêt. »), ce qui est bien sympathique ! C’est tout de même mieux que d’envoyer ses pions jaunes pour mettre un village sur la tuile, non ? Cela n’aurait aucun sens dans ce jeu où l’emploi des termes adéquats coule de source.

La rejouabilité est assurée grâce aux plateaux Guide asymétriques, ainsi qu’aux suffisamment nombreuses cartes Elément, Village et Guide.

Conclusion

Un thème fort, des actions simples, des choix parfois difficiles : une petite perle de jeu entre familial et initié.

Test: Last Message

Test: Last Message

Les party games à base de déduction, dessin, coopération sont nombreux, et ce genre a souvent vu émerger de très bonnes idées en termes de mécaniques, de twist ou d’autres ajouts plus légers mais parfois très bien trouvés.

Avec Last Message, sur le papier je suis très tenté :

Un système de victime / criminel d’un côté de la table, la victime essayant de faire deviner l’identité du criminel aux autres joueurs de l’autre côté d’un paravent. Le criminel aura la charge, lui, de compliquer la tâche des enquêteurs, et de repousser l’échéance fatidique de sa découverte ! (rassurez-vous, nous ne sommes pas dans Esprits Criminels ou autres, ça va être sympa, vous verrez ^^).

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Tout ça à base de dessin, et c’est aussi là que ça va en gêner plus d’un. Bah oui, on s’acharne souvent à nous faire dessiner, mais combien de personnes sont réellement à l’aise avec un crayon, qui plus est afin de faire passer un message, donner des indices, décrire un lieu, un endroit etc… ??? Moi pas vraiment, j’avoue que c’est une épreuve à chaque fois.

Ajoutez à cela que la victime a 30 secondes à chaque tour pour dessiner ou écrire le plus d’indices possible sur l’identité du criminel, et me voilà en PLS quand vient mon tour de jouer.

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Ce jeu est l’œuvre de Juhwa Lee et Giung Kim, illustré par Stéphane Escapa, Vincent Dutrait, Gus Morais, Nathan Hackett. Il est édité par Iello.

Il est prévu pour 3 à 8 joueurs, à partir de 8 ans et pour une durée de 15 minutes environ. Clairement, et souvent pour ce type de jeu, il sera encore plus agréable à partir de 4 ou 5 joueurs selon moi, pour que les enquêteurs soient au moins 2 à échanger, et essayer de décrypter les infos qu’on leur donne. Seul à deviner c’est quand même moins fun.

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A quoi ça ressemble ?

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Vous m’excuserez, mes piètres talents de dessinateur m’obligent à utiliser les très belles photos de l’éditeur Iello pour vous montrer à quoi peut ressembler une partie de Last Message. J’ai eu peur qu’en vous montrant mes « créations » vous n’alliez pas plus loin dans la lecture de cet article, et je m’en voudrais de desservir le travail des auteurs et éditeurs à cause de mon « coup de crayon », comparable à celui de mon fils de 5 ans et demi. ^^

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Je pense, donc j’essuie.

Le twist vraiment intéressant de ce jeu se joue entre la victime et le criminel, qui, disposés du même côté du paravent, vont devoir donner un maximum d’indices pour l’un, et en « essuyer » les plus compromettants pour l’autre.

C’est une très bonne idée, et la victime se met inconsciemment la pression en dessinant ou écrivant ses indices, puisque le criminel aura toujours un œil par-dessus son épaule pour voir ce qui se prépare, et pouvoir effacer ce qui va pouvoir lui nuire. La victime devra donc s’armer d’ingéniosité.

Le criminel pourra effacer 5 cases parmi les 9 à la première manche, 4 à la deuxième, et ainsi de suite pendant 4 manches. Autant vous dire que les enquêteurs auront bien du mal à trouver le criminel, mais auront de + en + d’indices au fur et à mesure de la partie.

La victime devra être maligne et dessiner sur plusieurs cases, de sorte que même si l’une des cases est effacée, le message qu’elle souhaite faire passer aux enquêteurs soit en partie visible et identifiable. Autant vous dire que lors de vos premières parties, et votre 1er tour tout particulièrement, vous aurez l’impression de nager.

Alors imaginez ce que vont ressentir les enquêteurs en obtenant un tableau, avec 5 cases effacées sur les 9 au premier tour… Pas évident effectivement.

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4 illustrateurs plein d’avenir

Ce jeu a fait appel à 4 illustrateurs dont vous avez déjà sûrement croisé les œuvres.

Stephane Escapa est notamment l’illustrateur de Torpedo Dice, Super Fly, El Maestro !, Dr. Eureka, ou encore Gagne ton Papa. Gus Morais est un illustrateur brésilien spécialisé dans le « cherche et trouve » à la Où est Charlie (pour simplifier), Nathan Hackett est britannique et vous pouvez découvrir son travail ici. Enfin, et non des moindres, Vincent Dutrait est un habitué des jeux de société, et rien que pour ceux que nous avons chroniqué, la liste est longue, jugez plutôt : Lewis & Clark, L’île au Trésor, Raptor, Space Gate Odyssey, Solenia, et bien d’autres !

Il en résulte pour ce jeu Last Message 6 scènes de crime bien différentes, très détaillées, et dans des univers différents. Jugez plutôt :

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Last Message in a Bottle

Avec un jeu se déroulant en 2 phases distinctes, la 1ère concernant la victime et le criminel, la seconde les enquêteurs, les participants passeront de joueur actif, à joueur passif, et c’est parfois long, surtout pour la victime et le criminel. Leur phase pour donner les indices et les effacer dure en principe 30 secondes, mais les enquêteurs vont ensuite s’approprier les indices et commencer leur travail d’enquête. Pendant ce temps, la victime et le criminel vont les observer, rire de les voir galérer, … et attendre leur nouveau tour. J’ai trouvé ça un peu gênant de ne se trouver que spectateur et cela a contribué un peu à sortir du jeu les 2 joueurs incarnant la victime et le criminel à chaque fois.

Enfin, il est parfois pénible pour les enquêteurs de s’arracher les cheveux à essayer de décoder les indices effacés partiellement par le criminel, et parfois complètement indéchiffrables si la victime dessine comme Picasso, ou comme un enfant de 3 ans. Ça peut frustrer, et cette sensation de ne parfois rien comprendre au jeu n’est pas des plus agréables.

Mais pour tout cela, c’est plutôt les joueurs à mettre en cause que le jeu en lui-même, alors assurez-vous de connaître vos joueurs avant de leur proposer ! 😉

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Nous faisons partie du programme d’affiliation mis en place par Philibert sur leur site. Cela signifie que si un jeu que nous avons chroniqué vous plaît, et que vous l’achetez en cliquant sur le lien Philibert que nous proposons en bas de chaque article, nous percevrons une modeste contribution nous permettant de nous acheter d’autres jeux, pour pouvoir les chroniquer et vous donner notre avis. C’est une forme de soutien, et nous vous en remercions par avance! C’est grâce à vous que nous pouvons continuer à abreuver ce modeste blog avec toujours + de contenu.

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Disponible ici :

Prix constaté : 20€

Interview-Test: L’île au Trésor extension L’île de la revanche

Interview-Test: L’île au Trésor extension L’île de la revanche

L’extension est toujours de Marc Paquien, illustrée par Vincent Dutrait mais aussi par Misty Beee et Fabrice Weiss. Elle est toujours éditée par Matagot.

Prévu pour 2 à 5 pirates à partir de 10 ans, pour des parties de 45 minutes.

Retrouvez à la fin de cet article l’interview de Marc Paquien qui nous livrera quelques infos sur l’Ile au Trésor et qui nous donne aussi quelques exclues !

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Le matériel :

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Une nouvelle carte double face sur laquelle on peut toujours écrire, les couleurs ont été revues, ce qui permet que les nouveaux feutres soient bien lisibles, des nouveaux indices quartiers pour la nouvelle carte ainsi que pour l’ancienne, de nouveaux indices et de nouveaux jetons bluff ou vérité, le tout de la même qualité que le jeu original, donc je n’ai pas de défauts à signaler.

D’ailleurs on notera qu’il y a un nouveau jeu de jetons bluff/vérité pour éviter qu’une éventuelle différence de teinte ne permette de savoir quel jeton a été placé, malin !

Il y a même une seconde figurine pour Johnny qui sera utile à un moment particulier…

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A quoi ça ressemble ?

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Comment on joue ?

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Je ne reviendrai pas sur la mécanique du jeu de base puisqu’elle est inchangée, si jamais vous voulez en savoir plus, n’hésitez pas à consulter l’article dédié au jeu principal ici.

Alors quelles sont les nouveautés ?

Eh bien, Johnny le malheureux dans ses pérégrinations de capitaine pirate mal aimé se retrouve sur une ile où il enterre de nouveau son trésor, mais cette fois la marine lui met le grappin dessus et l’enferme.

Ni une ni deux, ses anciens fidèles pirates sautent sur l’occasion de s’emparer à nouveau du trésor de ce pauvre Silver.

Mais cette fois-ci Johnny a été plus malin, il est plus rusé et ne se laissera pas souffler son trésor sans réagir.

En effet, il connait parfaitement cette ile et il y est tellement connu qu’il pourrait bien avoir des complices !

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L’extension contient deux nouveaux modules, que vous pouvez jouer indépendamment l’un de l’autre ou ensemble.

Il y a aussi une version revue de l’ile principale avec moins de couleur pour plus de lisibilité.

Le premier est une nouvelle carte, l’ile de la revanche donc, magnifiquement détaillée par Misty Beee, son travail est juste hallucinant ! Et le second module s’intitule « Les ruses de Silver ». Il permettra à tous les Johnny malheureux de se faire voler leur trésor d’augmenter leurs chances de réussite !

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Je détaille les deux modules :

La nouvelle carte va modifier la manière dont les pirates pourront se déplacer et faire des recherches ! Le jeu prend maintenant en compte la hauteur à laquelle le trésor peut être caché ! Ce qui se traduit par le fait que, dans les zones contenant un ou plusieurs arbres, vous ne pourrez pas effectuer de grande recherche, uniquement des petites recherches et ce, en toutes circonstances !

Cela va légèrement compliquer la tâche des pirates puisque l’ile est quand-même beaucoup fournie en végétation.

Notez qu’une petite erreur s’est glissée sur la feuille imprimée dans la première édition de l’extension, certaines zones avec des arbres ne sont pas répertoriées, donc prenez en compte le fait qu’il faut bien prendre en compte toute zone contenant un arbre !

Et ensuite, comme l’ile est plus petite que la première et qu’elle est plus civilisée, il est désormais interdit de galoper dans les villes et les bâtiments !

Ce qui va se traduire par une interdiction de commencer, traverser ou terminer son déplacement dans une ville ou un bâtiment, grand galop inclus !

Eh oui chers/chères pirates, vous allez devoir être plus malins dans vos déplacements et vos recherches !

Une erreur s’est aussi glissée dans les indices d’altitude, les versions corrigées seront disponibles en SAV auprès de Matagot.

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Et donc le second module, lui, va aider Long John !

Au début de la partie tous les pirates se mettent d’accord sur la difficulté de la partie souhaitée pour Johnny. Si vous voulez qu’il en bave autant que sur l’ile principale, vous ne lui accorderez aucun point de ruse. Si vous voulez qu’il ait une partie normale vous lui accorderez 1 point de ruse. Si vous voulez qu’il est une partie plus facile, vous lui en accorderez 2. Et si vous voulez que ce soit vraiment facile pour lui, 3 points lui seront accordés.

Les cartes ruse sont reconnaissables au crâne qui est sur leur dos, il y a deux types de cartes, des cartes de valeur 1 et des cartes de valeur 2.


D’ailleurs, encore une petite erreur dans la règle du jeu : Johnny doit piocher 3 cartes de valeur 1 et 2 cartes de valeur 2 au lieu d’une seule comme noté dans la règle.

Ces cartes vont pouvoir être jouées quand Johnny en aura envie en respectant une date limite inscrite en bas à gauche pour certaines. Il peut les jouer à tout moment, en interrompant le/la pirate s’il le souhaite !

Et c’est là aussi le cœur de cette extension !

Savoir quand jouer une ruse pour ne pas donner trop d’indices et pour mieux induire en erreur.

Certaines sont vraiment excellentes, je pense que ma préférée est de donner un jeton traitre dans un coffre après une recherche.

Les pirates savent qu’il y a désormais un traitre dans leur rang, mais ils ne savent pas qui et quel est le rôle du traitre ?

Induire les autres pirates en erreur et aider Long John à trouver son trésor, la victoire sera donc partagée entre Long John et le/la pirate qui aura été soudoyé(e) !!!

Je ne vous fais pas la liste complète, mais c’est vraiment excellent et ça renouvelle les parties en plus de permettre peut-être à Johnny de mieux protéger son trésor et donc de l’emporter plus souvent !

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VERDICT

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Si vous avez lu l’article sur le jeu de base vous savez que j’étais déjà acquis à ce jeu !

L’asymétrie c’est mon kiff ! Les pirates, j’adore ! Le bluff, ma passion ! L’entourloupe ? Le mode de jeu préféré de mon groupe régulier de joueurs.

Donc l’Ile de la Revanche ne fait pas exception !

La nouvelle ile est magnifique (Misty Beee a vraiment fourni un travail phénoménal avec tous les arbres faits un par un à la main !!!) le redesign de l’ile principale est efficace, il gagne en lisibilité et en efficacité !

Les deux modules qui sont compatibles entre eux ou le module des ruses de Silver qui est compatible avec l’ile principale fait que vous pourrez varier les plaisirs, les nouveaux indices adaptés à la nouvelle ile, les rebondissements et les nouvelles restrictions de l’ile de la revanche font que cette extension apporte un souffle nouveau au jeu, permet d’équilibrer les parties pour ceux qui trouvaient que Johnny ne gagnait quasiment jamais.

Bref, si vous avez aimé l’Ile au Trésor, vous adorerez l’Ile de la Revanche !

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Pour finir, voici l’interview de Marc, l’auteur du jeu

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Bonjour Marc et merci d’avoir accepté de te prêter à cette interview.

  • Pour nos lecteurs qui ne te connaissent peut-être pas en détails, tu pourrais nous faire une petite présentation s’il te plait ?

Je suis né à la campagne, dans la Drôme que j’adore. J’ai pas mal bourlingué en France et même au Danemark pendant ma jeunesse. J’ai commencé à jouer au Collège à des « jeux d’aventures », un peu comme des livres dont vous êtes le héros que j’inventais. Puis au lycée, on empruntait les jeux du frère d’un copain : par exemple Illuminati, un jeu Descartes à peine plus jeune que moi. Plus tard, je suis tombé sous le charme de jeux comme Santiago, Hansa Teutonica ou encore Cyclades. J’ai eu la chance de rencontrer Cédric Millet et Bruno Cathala qui m’ont, chacun à leur manière, permis de devenir auteur de jeu. Vous connaissez la suite avec Yamataï et L’île au trésor. 

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Aujourd’hui nous parlons de l’extension « Capitaine Silver : l’Ile de la Revanche » pour ton jeu l’Ile au Trésor, édité par Matagot.

La première question qui me vient (et elle est probablement bête) c’est :

  • Pourquoi avoir choisi ce thème des pirates et plus particulièrement l’univers de Stevenson ?

Le concept de départ du jeu était de localiser un élément planqué quelque part sur le plateau. La suite est logique : que cache-t-on ? Un trésor. Qui cache un trésor ? Les pirates. Quelle est la plus belle référence du genre à mes yeux ? L’île au trésor. C’est vraiment le classique du genre, celui qui a posé les bases de la piraterie. Matagot a eu la même réflexion en même temps : le jour où j’ai appelé le boss de Matagot pour proposer l’Ile au Trésor, il allait faire la même chose !

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  • Qu’est-ce qui t’a motivé à créer cette extension ?

En premier je pense que c’est l’envie d’explorer (car c’est vraiment la sensation que j’ai en jouant au jeu) une nouvelle île. Ça a donné le module 1, l’Ile de la Revanche dont on va reparler.

Ensuite j’avais envie de répondre aux envies des joueurs que je pouvais lire sur le net. J’ai vu beaucoup de compliments qui font chaud au cœur. Mais les joueurs demandaient parfois, à raison je pense, que les feutres se voient mieux. Des joueurs trouvaient aussi parfois que c’était trop dur pour Silver. On a répondu à tout ça avec l’extension.

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  • J’adore le nouveau style graphique de l’extension ainsi que la nouvelle vision de la carte de l’ile au trésor, pourquoi avoir retravaillé la carte d’origine et avoir modifié le style graphique ?

La 1ère carte est sublime, mais elle a peut-être un peu contribué à la difficulté de lecture des feutres. L’idée est de proposer la même carte, mais dans un style moins contrasté, et de laisser le choix aux joueurs.

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  • La carte de l’Ile de la Revanche est superbement illustrée par Misty Beee, comment t’est venue l’idée de faire appel à une cartographe de métier ?

C’est Matagot qui a proposé cet artiste. Quand je suis allé voir son travail, je suis immédiatement tombé sous le charme. C’était une évidence. De plus, Misty est vraiment capable de s’adapter aux besoins de chaque projet. La carte répond parfaitement à toutes nos demandes : lisible, très détaillée, un peu plus colorée que ses réalisations habituelles. Encore un grand merci et bravo à Misty Beee.

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Revenons au jeu :

  • Comment l’idée de créer un jeu asymétrique t’est-elle venue ?

Dans le concept de base du jeu, j’avais obligatoirement un joueur qui est en quelque sorte maître du jeu. C’est celui qui connaît l’emplacement du trésor. Très tôt dans le design, j’ai voulu que ce joueur ne soit pas seulement passif, et qu’il soit dans la compétition comme les autres. C’est d’ailleurs comme ça qu’est venu le système d’indices obligatoires, rythmés par l’avancement de la partie. La partie évasion est arrivée beaucoup plus tard. C’était tellement cool de voir Silver surgir sur le plateau.

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  • J’ai beaucoup lu que certains joueurs trouvaient que sur l’Ile au Trésor Long John était presque trop facile à battre, c’est pour cela que tu as rajouté un module permettant à Long John d’avoir des cartes ruse et d’avoir de plus gros avantages ?

Oui, comme dit plus tôt, le niveau de difficulté pour Silver est variable d’un groupe à l’autre. Il était impossible, comme dans pas mal de jeux coopératifs, de doser une difficulté qui convienne à tous. Les cartes ruses permettent à la fois de raconter de toutes nouvelles histoires, de découvrir de nouveaux éléments de gameplay. Elles ne dénaturent pas le jeu de base, au contraire. Mais surtout, elles permettent à chaque groupe de trouver son propre équilibre entre Silver et les pirates.

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  • Pourquoi avoir rajouté de nouvelles contraintes sur l’ile de la revanche, comme l’impossibilité de faire des grandes recherches dans les arbres ou de ne pas pouvoir faire de grands galops dans les villes ?

Cette ile est plus zoomée, et j’ai eu envie que l’expérience soit encore plus liée au décor. L’histoire qu’on raconte est plus forte, et les éléments de décor sont encore plus à prendre en compte pour élaborer sa stratégie en tant que Silver.

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  • Tu travailles encore sur d’autres projets liés à l’ile au trésor ?

Je travaille sur une 2ème extension, oui ! Evidement encore un nouvel endroit à fouiller en 1er module. Et le 2nd module devrait être plus axée sur les pirates et leur pouvoir, et un 5ème pirate pour jouer à 6. As-tu déjà remarqué le personnage à la capuche, sur le côté supérieur de la boite de base ? Il attend son heure. 😊

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  • Tu travailles sur d’autres jeux ?

Oui ! Je te donne 2 méga scoops là !

D’abord PACHACAMAC, un jeu de cartes survitaminé qui va paraître en mars 2021 chez LumberJacks Studio. C’est un jeu pour 2 à 7 joueurs, expliqué en 2 minutes et joué en 5. Crises de rires et de nerfs garanties. On réalise un rite solaire Aztèque à un rythme effréné. La mécanique est très innovante puisqu’elle permet un jeu de rapidité sans risque de se casser une phalange, et avec quand même des choix stratégiques possibles et une courbe de progression. Il y de l’interaction à la fois directe et globale : le rythme de la partie peut être accéléré ou plus posé selon ce que font les joueurs. Un projet que je travaille depuis très longtemps. Cette longue maturation était toutefois nécessaire pour arriver à ce jeu, comme une évidence. L’édition est au top, avec toujours un grand soin et de petites surprises, à la LumberJacks quoi ! J’ai tellement hâte !!!

Ensuite une nouvelle grosse boite Matagot, en 2021 aussi. PETER PAN. On reprend le concept du plateau à dessiner de l’Ile au Trésor pour un public plus familial. Les règles sont plus simples, et les parties plus courtes. C’est un jeu complètement coopératif, avec un thème onirique très fort et qui fait la part belle à la narration. La mécanique principale est basée sur le « chaud froid » du cache-cache. Il y a un système d’évènements qui se cumulent de partie en partie, ce qui donne aussi un aspect Legacy / Campagne. Les illustrations sont de Jérémie Fleury, et ça claque très fort ! Je n’ai pas encore le droit de les partager mais c’est à tomber. Pour finir de vous donner envie, il y aura de belles surprises niveau matériel. 😉 En fait, j’ai tellement hâte aussi !!!

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  • Un petit conseil pour les joueurs de l’Ile au Trésor ?

Oui : Une analyse détaillée n’est pas toujours utile. On peut essayer d’avoir une vision globale, sur les indices qui se recoupent ou pas, pour déduire des probabilités de mensonge et de localisation. En d’autres termes, se fier aussi à son instinct ! En ce qui me concerne, c’est comme ça que je prends le plus de plaisir au jeu.

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Merci beaucoup pour tes réponses et je vous souhaite un bel avenir à Long John et toi !

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