Test solo : Heredity – le livre de Swan

Test solo : Heredity – le livre de Swan

« Heredity » est le premier jeu d’un nouvel éditeur, Darucat, du nom de son fondateur. Il est également le premier-né issu de la collaboration entre Jérôme Cance et Laurent Kobel, le tout superbement illustré par Tania Sánchez-Fortun, Aurelien Delauzun et Florian de Gesincourt.

Coopératif et narratif, ce jeu à campagne de cinq chapitres se joue de 1 à 4 survivants.

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Thierry l’ermite chez George Miller

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Et ils vivaient heureux. L’univers d’Heredity se situe en 2127, plusieurs décennies après que le monde est parti en sucette pour une raison que l’on ignore… À d’autres, bande de francs-maçons. Dans Heredity, vous incarnez une famille pensant évoluer dans un monde super mignon du fait d’un mode de vie en complète autarcie, coupé du monde extérieur. Cette famille verra son train de vie pacifique et paisible anéanti par un événement violent inattendu. Le but du jeu est d’évoluer sur une Map qui se dévoile en fonction de vos choix (qui nous rappellera ici le format d’un 7ᵉ continent ou d’un Cartaventura) et de survivre à ces derniers. À votre tour de jeu, vous devez choisir parmi quatre actions possibles. Vous avez le choix entre : observer, interagir avec un autre personnage (P.J ou P.N.J), effectuer une manipulation (saisir, crafter, foutre une mandale…) ou encore utiliser vos jolies gambettes (explorer, distribuer des kicks).

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Encore un jeu Point’N’Click !

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Pas faux… Mais pas que. Là où Heredity se détache mécaniquement d’autres jeux du genre, c’est par le concept de sa ligne du temps. En début de partie, lors de la mise en place, vous écarterez une carte, sobrement intitulée « Carte famille », à laquelle vous devrez associer (grâce à des icônes de chaînage) d’autres cartes Événement (possédant toutes un cartouche inférieur de couleur rouge) durant la partie. Comme dirait cette chère Axelle : À quoi ça sert ? Eh bien… À vous mettre la pression, dirais-je. De quelle manière ? De façon à ce que les cartes Événement que vous acquerrez pendant diverses actions viennent s’ajouter (toujours grâce au chaînage) à cette fameuse ligne du temps afin de former une rivière ponctuée d’événements. Quand ces évènements se déclenchent-ils ? Une fois la phase d’Action des personnages terminée, vous déplacerez un token sablier (lié à la Carte Famille en début de partie) de gauche à droite, pour déclencher les fameux événements (bande rouge) de chaque carte composant ladite TimeLine, jusqu’à revenir à la Carte Famille. Vous l’aurez compris, toute la tension réside dans cette mécanique puisque vous savez plus ou moins ce qui va vous tomber sur le museau.

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Une narration aux petits oignons

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C’est de toute beauté Franchement, je tiens à saluer le travail de l’équipe concernant le récit. L’immersion est pour ainsi dire remarquable. La plongée dans cet univers post-apocalyptique est palpitante, car chaque aventure ne vous laisse que peu de répit. Il faut le souligner, les moments où vous pourrez souffler seront rares et vos choix seront cruciaux et évidemment irréversibles. Ainsi, si dès le chapitre 1, vous vous attendez à une mise en bouche progressive et limpide, passez votre chemin, car l’introduction du jeu vous annonce clairement la couleur et vous aiguille assurément sur la direction souhaitée par les auteurs. Ici, nous sommes bien dans un jeu brutal et sans concession qui revendique clairement ses influences du genre. Aussi, si vous craignez un aspect trop cyclique de l’aventure, détrompez-vous, parce que malgré un faisceau narratif bien ancré, chaque chapitre se détache du précédent par son approche.

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Un monde parfait

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Pas que… Parlons maintenant de ce qui m’a gêné. Me concernant, la principale ombre au tableau s’applique au matériel. Je ne parle pas ici de la qualité des composants, mais bien de leur format. En effet, dès l’ouverture de la boîte, on se rend compte de la taille minuscule des tokens ; ce qui les rend pénibles à manipuler. Aussi, pourquoi avoir fait des cartes aussi grandes si le jeu peine à rentrer sur un playmat XL ? Je suis conscient que le problème a dû être relevé lors de playtests et travaillé de nombreuses fois, mais cela impacte de façon non négligeable l’expérience de jeu. Des cartes 70×70 n’auraient pas nui aux sensations de jeu selon moi. Sinon… Pour rebondir positivement, le premier-né de cette nouvelle maison d’édition est un coup de maître et fait du bien au paysage ludique français. Cocorico, on est fier. Par conséquent, j’ai adoré ce « Heredity »; la tension qui s’en dégage, la direction artistique irréprochable (Non mais cette boîte quoi.), l’immersion que nous procure la narration. Finalement, je n’ai pas vu le temps passer lors de ces dizaines d’heures de jeu, ce qui est de bon augure pour la suite.

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Heredity II

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Quoi de neuf Docteur ? Ne nous enflammons pas, mais un droïde espion m’aurait soufflé qu’une nouvelle campagne (dépendante du succès du premier opus) dans un autre univers hybride (Western-SF, paraît-il) serait déjà en développement pour une sortie prévue dans… Pas tout de suite. En revanche, ce qui est quasi certain, c’est qu’une extension préquel jouable avec les personnages de la boîte de base devrait voir le jour avant l’été 2024… Non sans pour me déplaire, car j’ai adoré incarner cette famille.

ndlr : nous avons eu quelques infos depuis la rédaction de cette critique, et la « suite » se précise bien sous forme d’une extension qui se déroulera avant le chapitre 1, ainsi qu’une probable 2ème boite se déroulant cette fois-ci dans un univers western fantastico-horrifique !

Critique rédigée par Julien.

Disponible ici :

Prix constaté : 44,90 €

Test Solo : Convoyeur très spatial

Test Solo : Convoyeur très spatial

Convoyeur très spatial (space shipped en shakespearien) fait partie de la gamme des micro games éditée par Matagot. des jeux au format porte-cartes et qui tiennent dans la poche, idéal dans l’avion ou dans le train.

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Dans ce jeu, nous incarnons un commerçant interplanétaire, et le but sera d’arriver à collecter 2 xénocristaux en achetant bon marché et en revendant plus cher des ressources, tout en améliorant son vaisseau et son équipage. Et ce avant votre ennemi juré ! C’est donc une course à la richesse qui s’annonce plutôt difficile et parsemée d’embûches.

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La mécanique reprend donc un système de “pick & delivery” (ramassage & livraison, in french) assez intelligent, donc on reparlera juste après la présentation de la mise en place.

Celle-ci demande d’utiliser toutes les cartes et d’aménager différentes zones :

  1. A gauche, votre vaisseau, équipage, équipement et mégacrédits
  2. A l’extrème droite, votre ennemi
  3. Sur la rangée haute du milieu, des ressources
  4. Sur la gauche de la rangée basse du milieu, 3 cartes rencontres
  5. Sur la droite de la rangée basse du milieu, 3 cartes Equipements (bouclier, vaisseau, équipage, etc)

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A noter que les cartes sont recto-verso et seront pivotées ou retourner selon leur emplacement, qui va évoluer à chaque tour.

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Un tour de jeu respecte les étapes suivantes : 

  • On résoud une rencontre orbitale (le haut de la carte de gauche des rencontres)
  • Puis une rencontre planétaire (le milieu de la carte du milieu des rencontres)
  • Vient ensuite la possibilité d’acheter ou vendre des ressources ou acheter des  équipements (et la carte située à droite des rencontres donne les prix d’achat / vente des ressources sur le marché)
  • Enfin : 
  • on bouge la carte de droite des rencontres à gauche des équipements
  • On déplace la carte de droite des équipements à gauche des ressources et on la pivote
  • Et finalement, on transfère la carte la plus à droite des ressources à gauche des rencontres et on la retourne. Attention, si un xénocristal est concerné par ce dernier déplacement, on pivote de 90° la carte ennemi

Les rencontres sont très souvent négatives et on perd souvent de l’argent ou on prend des dommages.

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Acheter / vendre des ressources est vital et le fait d’avoir 3 cartes rencontres permet de savoir quel est le prix actuel d’une ressource et son évolution pour les 2 prochains tours. On essaiera donc d’acheter des ressources à un prix bas pour les revendre plus cher un prochain tour (ici, par exemple, l’astéroïde et le liquifuel, qui sont respectivement à 2M et à 5M, vont passer à 3M et 6M au prochain tour. Le gain est faible mais c’est le seul moyen de gagner un peu de crédits). 

Attention toutefois : vous ne pouvez pas acheter plus de ressources que ne peut contenir votre vaisseau.

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Acheter un xénocristal est très cher, 20M crédits. Et lorsqu’un xénocristal arrive à la fin de la ligne, cela oblige à pivoter la carte “Ennemi”. Celle-ci démarrant à 4, on aura plusieurs tours devant nous pour qu’elle pivote de nouveau. Si elle est à 1, on glisse un xénocristal en-dessous de la carte “Ennemi”, et on retourne cette dernière. Il nous restera donc peu de tours avant que l’ennemi ne gagne.

Et il ne faudra pas non plus oublier d’améliorer son équipement afin de résister le plus longtemps possible, augmenter sa capacité de stockage, produire du mégacrédit ou éviter certaines rencontres.

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A gauche, nos “quartiers”, avec notre nombre de mégacrédits, notre vaisseau, équipage et équipement.

A droite, les équipements disponibles à l’achat.

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Mon opinion

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Je suis plutôt adepte des micro games, par la simplicité de leurs règles / mécaniques et le peu de place qu’ils prennent.

Néanmoins, ce Convoyeur très spatial est très / trop punitif. Sur la petite dizaine de parties jouées, je n’ai pas une seule fois réussi à gagner. Gagner des mégacrédits est très compliqué, surtout quand le destin s’acharne à vous mettre des bâtons dans les réacteurs pendant les rencontres.

De plus, la traduction est assez mal faite. J’ai dû aller consulter la règle en VO sur BGG pour comprendre certains points. Et franchement, pour des règles aussi courtes et simples, c’est vraiment un gros carton rouge à adresser à Matagot, car ce n’est pas le seul titre ces derniers temps à souffrir d’approximations, qui peuvent nuire à la compréhension des règles (et en plus dans un contexte où beaucoup de français ne comprennent pas ou peu l’anglais)…

Ceci dit, je vais persévérer car le thème m’intéresse, la mécanique est chouette, que le temps de mise en place est très court, et qu’en tant que joueur solo, perdre fait partie de l’apprentissage (coucou “This War of Mine”).

Mais sa difficulté va pousser plus d’une personne à le revendre ou lui faire prendre la poussière. Je lui préfère de loin “Au griffon fon fon”, de la même gamme, et autrement plus accessible.

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Disponible ici :

Prix constaté : 6,90 €

Test Solo : Eila et l’éclat de la montagne

Test Solo : Eila et l’éclat de la montagne

Cette critique a été rédigée à l’aide d’une boite fournie par l’éditeur que nous remercions.

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Eila la volonté de nous faire pleurer

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Ne vous fiez ni à l’innocence de la couverture ni à la légèreté de la direction artistique, car un récit tant chimérique qu’amer vous attend.

Eila et l’éclat de la montagne se situe dans un univers fantastique dans lequel une petite lapine toute mignonne passe la majeure partie de son temps à flâner auprès de son vieil ami aux ramures saillantes. Pourtant, le jour où elle aperçoit un éclat lumineux étinceler des montagnes, elle décide de quitter son doux cocon pour s’engager avec courage et ténacité dans un périple qui la mènera dans des contrées qui lui sont inconnues.

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Une mise en place infantile

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Chaque chapitre se déroule en 7 jours maximum chacun divisé en deux phases : Phase jour et Phase nuit. Chaque chapitre est matérialisé par un paquet de cartes et contient des Événements de base de couleurs différentes (rouges, bleus et jaunes).

Triées par couleur en début de chaque chapitre, elles sont ensuite disposées sur leurs emplacements.

La mise en place est rapide et intuitive puisqu’une fois le plateau central et le présentoir installés, il suffit de se laisser guider chapitre après chapitre.

Le plateau permet d’organiser les cartes en fonction de leurs types et de se créer sa propre histoire en fonction de nos choix, car Eila et l’éclat de la montagne est un jeu d’aventure narratif à campagne en six chapitres.

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Une insolente simplicité

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Les cartes jaunes forment les événements dits imminents et sont placées dans le présentoir en guise de pioche. Chaque carte révélée devient active et rejoint l’emplacement « Présent » du plateau central. En fonction de la carte, plusieurs options sont alors possibles et une fois résolue (selon vos choix…), cette dernière rejoint l’emplacement « Passé » (défausse) pour être définitivement perdue ou l’emplacement « Futur ». Attention, car les cartes du Futur viennent garnir votre présentoir pour les jours suivants à la fin de la phase Nuit.

Dès que la dernière carte Événement du présentoir est résolue, la phase de Jour s’achève ; on effectue donc aussitôt la phase de Nuit (avancée du chapitre, vérification d’objectif, mélange de la pile Futur).

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Un chemin plein de surprises…

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Ce qui est chouette avec Eila et l’éclat de la montagne, c’est qu’il regorge d’une multitude d’idées qui le démarque d’autres propositions ludiques :

D’abord sur la contenance des chapitres. Comme mentionné plus haut, chacun d’entre eux vient avec ses cartes, mais également un prologue ainsi qu’une ou plusieurs fins alternatives (vos choix dictent celle que vous devez suivre) proposés sous forme de bandes dessinées. Au gré des aventures d’Eila, vous avez donc plaisir à feuilleter ces quelques pages qui, à l’approche de l’issue finale, vous paraissent bien moins oniriques qu’au début de l’aventure.

Ensuite, en plus d’orienter le récit, vous modelez votre deck en fonction de vos choix présents, ce qui vous engage pour le reste du chapitre. Garder une carte pour les événements à venir ou la perdre définitivement.

Dois-je récolter la nourriture qui m’est proposée et défausser la carte ?

Dois-je recevoir trois peurs maintenant, mais stocker cette carte dans le futur ?

Choisir une option punitive peut s’avérer être bénéfique le jour suivant afin d’accroître l’arborescence narrative du récit et vous offrir du loot et du soutien, que vous conserverez (sauf mention contraire) durant toute l’aventure.

C’est ça Eila et l’éclat de la montagne ; on se questionne sans cesse.

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…Aux apparences trompeuses

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Si de prime abord, la mécanique principale semble laisser croire à un schéma classique, nous sommes très vite dupés par l’ajout de mécanismes imbriqués dans le récit ; du deck-building, de l’exploration, du memory, de la gestion de ressources… Même si tous ne le servent pas.

D’un côté, Eila et l’éclat de la montagne ne ressemble à aucune autre proposition du marché ; c’est assurément un jeu unique possédant une forte identité. On ressent l’investissement et la volonté de l’auteur de nous faire une proposition nouvelle, et c’est saluable.

Néanmoins, j’ai ressenti une sensation d’inachevé, comme si toutes ces merveilleuses idées, qui auraient pu l’asseoir définitivement au Panthéon de jeux du genre (Sleeping gods, Tainted grail), manquaient de maturation.

En admettant que l’histoire ait raison de l’émotivité de bon nombre d’entre-nous, la narration n’aurait-elle pas mérité un traitement plus approfondi ?

Le concept d’associer la B-D comme transition est formidable, mais pourquoi ne pas avoir poussé le concept plus loin ?

Personnellement, j’aurais préféré plus de contenu, plus de planches, de bulles, quitte à le proposer au format numérique pour pallier le maigre contenu des cartes.

De plus, l’intégration de mécanismes différents selon les chapitres ne fonctionne pas tout le temps selon moi, notamment le memory qui m’a sorti un peu du jeu à un certain chapitre ainsi que le système de combat qui aurait mérité bien plus que de dépendre d’un simple jet de dé.

Enfin, j’ai trouvé le challenge peu relevé avec la difficulté de base.

Heureusement, le jeu propose des événements et objectifs avancés. Je préconise donc ce mode pour celles et ceux qui souhaitent corser leur aventure.

Par conséquent, Eila et l’éclat de la montagne est une jolie promesse ludique qui ravira les joueurs souhaitant s’évader un soir de semaine.

En revanche, je recommande de vivre l’aventure d’un seul tenant afin d’en extraire tout son potentiel, et même s’il s’agit d’un jeu solo, de par son récit, jouer en famille me semble être la configuration optimale.

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Julien.

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Disponible ici :

Prix constaté : 41 €

Ÿossef Farhi, auteur de jeux solos

Ÿossef Farhi, auteur de jeux solos

Dans le secteur du jeu solo francophone, il y a un homme qui, petit à petit depuis fin 2019, a creusé son trou et forgé une communauté grandissante et fidèle, bien que ces titres ne soient accessibles que par le biais de campagnes participatives sur Kickstarter.

Chaque titre est une réussite, avec des mécaniques souvent différentes. Nous accueillons donc aujourd’hui Ÿossef Fahri, à la tête d’Alone Editions, afin de connaître un peu mieux l’homme qui se cache derrières des titres comme The Road, Black Hole ou encore le dernier en date, Berserkers (qui a fait l’objet d’une critique sur notre blog disponible ici).

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1 – Bonjour Ÿossef, première question : une petite présentation ?

Bonjour, je m’appelle Yossef FARHI, j’ai 35 ans et je suis auteur de jeux de société depuis 4 ans. Je me concentre essentiellement sur la création de jeux solos, car je suis avant tout un grand joueur de jeux solos.

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2 – Quelle est ta recette pour nous triturer les méninges à chaque fois ?

Je suis un fan de casse-tête en tout genre. En partant de cette idée, je conçois le plus souvent mes jeux comme des casse-têtes à résoudre. J’aime me torturer l’esprit pour trouver des solutions. Et de la même manière que le joueur fait chauffer ses neurones lorsqu’il joue aux jeux Alone Editions, je chauffe les miens lorsque j’imagine de nouvelles créations. Aujourd’hui je peux dire que j’éprouve autant de plaisir à jouer qu’à créer.

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3 – Tu nous surprends toujours par ta faculté à produire des jeux solos excellents et immersifs. C’est un peu redondant avec la question précédente, néanmoins je pense qu’on est nombreux à vouloir savoir quel est ton secret !

L’envie d’aller plus loin se développe réellement avec les premières réussites, même s’il faut passer par des échecs avant cela. Et je remercie la communauté des joueurs qui ont renforcé mon envie et ma volonté de me dépasser et de surpasser la charge de travail que cela représente. De plus, il n’y a rien de plus gratifiant que les retours enjoués et satisfaits que je reçois à la sortie d’un nouveau jeu. C’est un peu ça ma dopamine et aujourd’hui je m’en sers comme moteur d’une certaine manière.

Enfin, j’ai un esprit créatif assez productif et qui souhaite inlassablement développer de nouvelles idées. Ce n’est pas contrôlé, j’ai vraiment l’impression d’être né pour ça. Finalement les joueurs me remercient, mais c’est à moi de les remercier, car une création n’est complète que lorsqu’elle est partagée.

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4 – Et sinon, dans la vie quotidienne, quel est ton métier ?

J’ai plusieurs compétences liées à mes études Audiovisuel. Je suis auteur, réalisateur et monteur vidéo. À l’heure actuelle j’enseigne le cinéma via des cours d’analyse filmique et de scénario.

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son espace de travail (très épuré !)

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5 – Comment arrives-tu à gérer tout ça de front ?

Pas de temps mort ! J’exploite chaque heure de ma journée pour y placer quelque chose à faire. Il est très rare de me voir assis sur un fauteuil à regarder par la fenêtre, alors que j’en ai très envie. Je me dis que je le ferai lorsque je serai satisfait de ma productivité. Mon cerveau reste focus sur mes créations et mon quotidien H24. Je me sens même frustré lorsque j’ai l’impression de ne pas avoir bien exploité ma journée avant de me coucher. En parlant du coucher… je dors tard, même très tard.

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6 – Contrairement à un certain nombre de projets faisant l’objet de campagne participative, comment arrives-tu à tenir les délais ?

C’est une question d’organisation qui se joue au gramme près !

Je viens du milieu du cinéma et donc du tournage. Et dans ce milieu on sait qu’un film se fait durant la préparation, le reste n’est pratiquement que du plaisir. Dans le milieu du financement participatif, c’est un peu la même chose. J’essaye donc de présenter des projets les plus aboutis possibles, afin de ne pas avoir à faire grand-chose après la campagne.

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 7 – Pour terminer, un mot à dire aux joueurs solos qui nous lisent en ce moment ? 

Vive les jeux solos  !!

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Merci Ÿossef du temps que tu nous as accordé. Maintenant nous nous tournons avec attention vers son prochain projet, dont la campagne participative débutera le 07 décembre 2023 : Way of the Samouraï Roll and Write.

Lien vers la campagne :

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Interview réalisée par JB Couval aka « Monsieur Serra ».

Test solo : Loco Momo

Test solo : Loco Momo

Le test est réalisé à partir d’une boite fournie par mon compte bancaire, que je remercie.

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Ah la nature, les petits oiseaux qui gazouillent, le bruit du vent dans les arbres, la bonne odeur de sous-bois…

Oui, mais non, même si c’est, sur le papier, la proposition de Loco Momo de vous emmener dans les bois pour photographier des animaux, le thème va vite passer à la trappe, comme pour Azul au final puisqu’ils partagent des brins d’ADN.

Pour débuter, sachez que ce test est basé uniquement sur le mode solo du jeu, il ne sera pas question du mode multi, que je n’ai pas encore joué au moment de la rédaction de ces lignes, mais vous trouverez l’avis de Romain, Teaman et Ludo ici.

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Je me suis laissé tenter par ce jeu dont j’entendais beaucoup de bien et surtout, la proposition d’un Azul en solo, sans avoir à trouver une option fan made me tentait.

Le but de ce test est de savoir si le jeu est bon en solo (d’après moi, car bon pour moi ne signifie pas bon pour tout le monde) et aussi de savoir si l’achat vaut le coup pour n’y jouer qu’en solo, si jamais vous êtes adepte du solo pur et dur sans jamais le proposer à votre entourage !

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Promenons-nous dans les bois

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Je reviens là-dessus, le thème qu’on nous propose est une balade en forêt, armé de notre fidèle appareil photo et nous allons essayer de compléter une sorte de tableau de chasse de la photographie pour accumuler le plus de points de victoire à la fin des 6 manches que dure le jeu.

Malheureusement, si l’idée de base est bonne, la réalisation pour ce type de jeu de draft est, comme souvent, bancale pour l’immersion.

A part la manière de scorer en faisant des lignes horizontales ou verticales avec des tuiles de la même couleur, rien dans le jeu ne va me faire me souvenir que je suis censé être un photographe qui se balade en forêt pour immortaliser certaines espèces…
Ce ne sont pas non plus les illustrations qui vont m’y aider…

Si mignonnes soient-elles, la patte artistique choisie nous plonge dans un univers enfantin et mignon, mais pas dans celui de la balade en forêt paisible et réaliste.

D’ailleurs, les félins seront appelés des chats tant ils ressemblent à de gros chats plutôt qu’à ce qu’ils sont censés représenter (des guépards il me semble de mémoire, mais j’ai vite oublié, c’est dire si le thème est absent.)

De plus, aucune logique dans le fait de photographier à la chaine toujours les mêmes animaux en variant juste la couleur du fond, cela ne sert en rien le thème…

Donc, à l’instar d’Azul, on oubliera le thème pour se concentrer sur la mécanique.

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Mécanique bien huilée, ou sable dans les engrenages ?

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Forcément la comparaison avec Azul va se faire, le premier opus de la saga est vraiment une référence pour moi du jeu qui s’apprend vite, se joue relativement rapidement et laisse une rejouabilité énorme avec son hasard de pioche des tuiles. 

Et on va retrouver ce sentiment dans Loco Momo.

A une petite différence près : là où le scoring d’Azul est assez clair et simple à comprendre, celui de Loco Momo va demander un peu d’adaptation car on va scorer différemment sur chacune des lignes et en fonction des couleurs des tuiles, il faudra donc un temps d’apprentissage pour le scoring et pour la manière de récupérer des tuiles.

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Car les animaux illustrés ne sont pas là que pour la décoration, ils ont une fonction bien spécifique.

Certes il y a un rappel sur le plateau où les tuiles sont disposées, mais les illustrations des animaux sur le plateau principal étant légèrement différentes de celles des tuiles, ça peut nous perdre au départ.

Alors, pas de panique, après 2 parties on connait les déplacements des animaux et leur fonctionnement et ça roule tout seul.


Donc en fonction de vos habitudes de jeu et de mémorisation, il faudra entre 1 et 2 parties je pense pour mémoriser les déplacements de chaque animal et la façon de scorer prendra peut-être une partie de plus pour tout bien assimiler sans tout revérifier (même si un rappel malin est fait sur notre plateau personnel.)

Donc oui, la mécanique est bien huilée et le jeu s’apprend vite et se joue tout aussi vite.

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Azul sous acide ?

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Avez-vous déjà essayé de faire une partie d’Azul en duo en moins de 15 minutes ?

Moi oui et c’était très fun.

Pourquoi parler de duo dans un test en solo ?

Parce que les parties de Loco Momo me rappellent cette partie mémorable d’Azul en 15 minutes en duo, ça fusait de tous les côtés et c’était fun de remplir notre plateau si vite.

Avec son aléatoire de pioche et le choix rapide des tuiles d’un simple coup d’œil, une partie de Loco Momo ne durera vraiment pas longtemps, 10-15 minutes max en solo et parfois moins tant certains choix sont évidents.

Il sera donc possible de faire plusieurs parties d’affilée ou simplement de poser le jeu pour une partie rapidement puis de le ranger car l’autre point fort du jeu est son minimalisme et la vitesse à laquelle on peut jouer.

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Pour résumer :

  1. J’ouvre la boite.
  2. Je sors le plateau central, mon plateau perso et le sac de tuiles.
  3. Je pioche les tuiles dans le sac pour remplir le plateau central.
  4. Je place le marqueur de manche sur la première case du plateau central
  5. Je joue.

Ça prend moins d’une minute pour faire toute ces étapes et c’est encore plus rapide à ranger.

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Ok, mais le plaisir de jeu ?

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Il est présent, rassurez-vous !

Avec sa rapidité, sa fluidité et sa rejouabilité, on a envie de sortir le jeu et d’y rejouer !

Par contre, son hasard et les déplacements des animaux pourront être source de frustration quand rien ne va…

Il y aura des tours où l’on pourra récupérer 5 tuiles d’un coup et d’autres ou on va peiner à en avoir 2 ou 3 si le tirage ne nous est pas favorable.

Donc en solo aucune chance de voir un miracle se produire s’il nous faut certaines tuiles et qu’elles ne veulent pas sortir, là où un Cascadia par exemple permettra de modifier des tuiles en les retirant, Loco Momo impose de faire ce qu’on peut avec ce qu’on a sans rien modifier !

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Alors, pour du solo uniquement, on achète ou pas ?

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Je suis assez mitigé.

J’ai apprécié ce que j’ai joué, j’ai joué 10 parties en deux jours avant de réaliser cet article, preuve que le jeu m’a quand même plu puisque je ne me suis pas forcé à les jouer.

C’est rapide, fluide et sympa.

Mais le jeu étant un « simple » puzzle, il faut juste tenter de faire le meilleur score possible à chaque partie.

Les deux modules présents dans la boite de la VF ne sont pas exploitables en solo, donc une partie de notre jeu nous sera inutile pour du pur solo.

Ma mitigation vient du fait que j’ai apprécié mes 10 parties en solo et que j’ai envie de le faire essayer à d’autres personnes et y jouer à plusieurs, mais j’ai aussi l’impression qu’après 10 parties solo, j’ai vu tout ce que le jeu proposait et que je ne suis plus aussi motivé après avoir laissé le jeu de côté pendant 2 semaines à le ressortir souvent.

Je ne dis pas que je ne le ressortirai pas de temps à autre, mais pour une durée de jeu un poil plus longue (et une mise en place et un rangement plus long aussi) je préfèrerai me tourner vers un autre jeu comme Castles of Mad King Ludwig (dont vous trouverez le test en solo ici :  ) ou encore Cascadia et éventuellement, dans un style très différent mais avec un plaisir de jeu toujours intact après plusieurs années, Très Futé, s’il n’est question que de plaisir de jeu et de temps de jeu.

Avec ces éléments, à vous de décider s’il est fait pour vous en solo pur ou s’il aura plus sa place en mixte, mais pour moi, je sais que ce n’est pas un jeu que je pourrai sortir toutes les semaines pour une ou plusieurs parties en solo.

Par contre, de temps en temps, pour faire 2-3 parties de suite, je pense qu’il sera sympa de le conserver !

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Disponible ici :

Prix constaté : 22,50 €