La critique de Dicy Cards a été rédigée à l’aide d’un exemplaire fourni par l’éditeur.
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Hasard du calendrier ou simple mode du moment, mais 3 jeux partageant les mêmes mécaniques se retrouvent dans vos boutiques en cette fin d’année 2024. Bon pour l’un d’eux il s’agit d’une localisation d’un jeu de 2022 mais peu importe, ça permet de mettre en perspective les trois qui ont plusieurs points communs. Il y en a bien sûr d’autres, ça n’est pas une liste exhaustive, mais ça permet de parler des trois en même temps !
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Le principal point commun est la mécanique du jeu du Yahtzee ou yam’s. Cela combine :
le stop-ou-encore, c’est-à-dire que vous décidez de continuer à jouer ou de vous arrêter et de conserver ce que vous aurez obtenu. Attention à ne pas pousser trop loin votre chance (mécanique push your luck en anglais).
le lancer de dés dont le but est d’obtenir la combinaison recherchée pour valider un objectif. Une relance de trop vous fera peut-être perdre votre tour puisque vous n’obtiendrez rien avec la combinaison finale.
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L’un des twists communs à ces jeux est qu’il faut remplir les conditions de cartes qui changent d’une partie à l’autre ou durant la partie.
Vous lancez les dés, vous validez la condition de la carte en utilisant tout ou partie des dés, et après avoir relancé ou non en fonction dudit lancer (j’aime bien utiliser ce mot).
Mécaniques simples mais divertissantes et parfaitement calibrées pour des jeux familiaux et rapides.
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Pina Coladice
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Commençons par le meilleur des trois selon moi, ce Pina Coladice est un très bon jeu. Le twist est que chacun lance ses dés à son tour, mais les conditions à remplir sont visibles au centre de la table, et tout le monde joue dessus. Il vous faudra donc remplir les objectifs des cartes pour y mettre votre couleur, et gagner les points de victoire indiqués. Trois conditions de fin de partie, soit vous réussissez à remplir des cartes formant une ligne, colonne ou diagonale de 4 cartes et vous l’emportez, soit vous arrivez à 20 points au total, soit vous placez le dernier pion à votre couleur.
Vous venez donc embêter les autres en validant la carte qu’ils recherchaient pour l’emporter en ayant rempli une ligne de cartes. Et les autres font de même, du coup un minimum d’intérêt pendant le tour des autres car même si l’on reste passif, le côté jeu d’ambiance apparaît un peu. On suit avec un peu d’intérêt le tour de l’autre, en espérant qu’il n’obtienne pas le 6 qui lui manque, ou au contraire en pestant car il valide la carte visée.
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crédit photo : Iello
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Spots ou Encore !
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À l’inverse, et pour faire la transition avec le dernier point au-dessus, ce jeu vous fera décrocher pendant le tour des autres. On reste passif et spectateur, et je trouve ça dommageable.
On observera donc avec plus ou moins d’intérêt le joueur lancer ses dés, les placer sur les cartes à valider, compléter la carte complètement ou partiellement. Le premier joueur avec 6 cartes complétées l’emporte.
La mécanique de stop-ou-encore proposée dans les trois jeux qui nous intéressent aujourd’hui est présente un cran supplémentaire dans Spots que dans les deux autres. Vous lancez vos dés, vous les placez sur les cartes devant vous, et si les dés ne peuvent être placés et que vous n’avez plus de possibilité de relance, les dés viennent s’enterrer sous la niche (oui le thème est très présent ^^). Le total des dés sous la niche est supérieur à 7 et vous explosez. Tous les dés placés sur les cartes mais pas validées sont perdus, vous repartez de zéro. Assez frustrant pour les plus jeunes, poussez trop votre chance et vous le sentirez passer, en + de regarder jouer les autres quand ça n’est pas votre tour. Vous ne perdez donc pas juste un tour, tout ce que vous aviez précédemment placé et qui est en attente d’un dernier dé pour valider la carte est annulé.
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crédit photo : Iello
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Dicy Cards
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Il reprend beaucoup d’éléments des deux jeux précédents, et ajoute une petite touche d’interaction avec les éléments de chaque joueur. Certaines de vos cartes pourront avoir un effet qui se déclenche sur les cartes des voisins quand vous les réalisez.
Stop-ou-encore et relance de dés encore au programme, cette fois vous aurez les cartes à valider devant vous, et quand vous validez une carte, elle se gèle et n’est plus disponible à votre prochain tour. Vous souhaitez relancer des dés qui ne vous conviennent pas, vous devez geler une carte dispo devant vous. Toutes vos cartes gelées, vous devez passer pour les dégeler.
Le 1er mode de jeu gentillet est là pour présenter le jeu ou jouer avec des enfants. L’intérêt est le mode « interglaglacique » (oui encore un jeu à thème) qui élève l’interaction au niveau suffisant pour ne pas s’ennuyer à ce jeu. Bon c’est pas Byzance non plus vous allez le voir, Dicy Cards est certainement le plus abordable des trois jeux pour des enfants notamment, mais peut être le moins intéressant des trois pour le coup.
Sur les 12 cartes présentes par joueur, vous en choisirez 6 par manche, les autres joueurs prendront les mêmes. Seules deux cartes ont un effet négatif sur vos voisins (les obliger à geler l’une de leurs cartes quand vous validez cette carte), une carte a un effet positif (permettre aux voisins de dégeler une carte gelée), le reste n’est que du scoring pour vous. Chaque joueur joue son tour, valide et gèle une ou plusieurs cartes, puis marque les points correspondants. Le 1er à 100 l’emporte.
Je trouve qu’il manque quelque chose à ce jeu, c’est trop basique, et Eric B. Vogel avait commis First Empires il y a quelques temps, un jeu très agréable d’affrontement, qui dépoussière le Risk et met un bon coup de pied dans ce jeu qui sent la naphtaline. Je le recommande encore aujourd’hui, vous devriez le trouver d’occasion, en associations ou en promo, ou même neuf (36€ environ), il vaut le détour.
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crédit photos : Blue Orange
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Alors on fait quoi avec ça ?
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L’un des reproches à cette gamme de jeux est qu’ils sont limités à 4 joueurs. Un mode coopératif 6 joueurs à Pina Coladice, 3 contre 3 aurait été super à mon sens, et en aurait fait un must have de ce jeu lors d’apéros entre amis.
L’un des gros points positifs est leur positionnement tarifaire et éditorial. De petites boîtes, entre 15 et 22€ en magasin, c’est parfaitement calibré. Des jeux qui sortent facilement (15-20 minutes de jeu), s’emportent facilement, se jouent à l’apéro, en soirée (4 joueurs par contre dommage), et s’offrent facilement pour un petit cadeau.
Mon préféré reste Pina Coladice parce qu’en plus, il vous fait découvrir des recettes de cocktails, et Iello en a déjà mis à disposition plusieurs autres sur leur site. C’est pas grand-chose mais ça fait son effet je trouve, ça montre le travail de l’auteur et de l’éditeur un peu + que juste pour la sortie du jeu. Chaque cocktail implique une mise en place des cartes au centre du plateau, et donc augmente la variabilité du jeu.
Spots est sympa mais plus punitif donc à éviter peut-être avec des enfants, et justement Dicy Cards se prêterait plus à un public avec des jeunes, mais manque un peu de consistance pour prétendre à perdurer et lutter pour sa place en magasin sur le long terme je pense.
Cette critique a été rédigée à l’aide d’un exemplaire fourni par l’éditeur.
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Joyeux bordel
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Si comme moi vous avez passé des nuits sur le jeu vidéo Worms dans votre adolescence, alors quand un jeu de société qui reprend cette licence débarque, ça m’intrigue. Bon clairement, je m’attends à rien, les adaptations de jeux vidéos ou licences en jeux sont très très inégales quand même, mais je peux quand même être déçu ^^
Sans attendre la fin de ma critique pour vous donner mon avis sur ce jeu, j’ai bien aimé ! C’est un joyeux bordel digne du jeu vidéo, pour le coup c’est raccord. A part la 1ère partie qui peut être un peu plus longue et c’est bien normal car il y a 2 ou 3 points à intégrer. Vu le type de jeu et le bordel inhérent, si ça durait 1h30 ça serait rédhibitoire. Par contre, c’est tout de même pas trop bas de plafond dans le sens où vous n’aurez pas juste à déplacer votre figurine, lancer un dé et basta. Non, ça va partir dans tous les sens, et surtout vous retomber sur le coin de la tronche.
Donc le but est de faire disparaitre à grand renforts d’explosions et d’utilisations d’armes létales les vers de vos ennemis. Si en plus, vous déclenchez des réactions en chaîne avec des explosions se propageant sur toute la map, et bah vous aurez compris le principe et récolterez l’admiration de vos collègues vers de terre. Admiration éternelle si en + votre lancer de grenade vous revient sur la tronche à cause du vent.
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Frustration et hasard
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Voilà comme ça tout est dit, mais si vous ne vous attendez pas à ça dans Worms c’est que vous n’avez jamais joué au jeu vidéo. L’adaptation est réussie sur ce point, dans le sens où vous pouviez essayer de prévoir votre attaque ou action dans le jeu vidéo, il y avait toujours un accroc à votre plan. La grenade qui rebondit sur la paroi et vous revient dans la tronche, la réaction en chaine qui vous isole complètement sur la map, etc … Bref, tout est fait pour que ça ne tourne pas rond. Et ben dans le jeu de plateau c’est le même principe, à grand renfort de dés et de vent qui font qu’il y a de grandes chances que ça tombe à côté. Ça manque tout de même un peu de fluidité sur la 1ère partie, pour un jeu de ce type. Les effets et termes employés demandent quelques aller-retours dans les règles, et quelques questions se posent pour la résolution d’effets qui se cumulent parfois quand tout explose en chaine.
Worms est donc ultra chaotique, wtf, aléatoire et impossible à anticiper. Un peu comme le jeu vidéo en fait.
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La rédaction des règles boudiu !
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Outre le format bien pénible du livret, le fait de devoir régulièrement tourner les pages pour trouver la bonne info est pénible. Les exemples c’est bien, mais quand on en abuse non. Il y a 3 tableaux utiles qui le sont moins quand on a 2 ou 3 parties dans les pattes, mais le fait de les mettre sur des pages différentes c’est pas vraiment malin, ou de ne pas les rappeler en dernière page en récap ou sur les aides de jeu. 1ère partie on a fait que tourner sans cesse les pages du livret à chaque interrogation.
Un jeu fun, chaotique et aussi foutraque que ça devrait avoir un livret de règles ou des aides de jeu au poil. J’accepte de devoir chercher des infos pour un jeu expert ou initié. Un party game ou un jeu chaotique, faut que ça pulse et que ça soit fluide.
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Et si tu connais pas Worms le jeu vidéo ?
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Clairement le jeu va beaucoup plus parler à quelqu’un qui a joué aux jeux vidéo. Sinon imagine quand même qu’on te présente un jeu où tu incarnes des vers de terre qui vont se balancer des grenades à la tronche pour faire tout exploser sur le plateau. Y’a des chances que ça en rebute plus d’un et ça se comprend.
Le jeu n’est pas non plus ce qu’on appelle un filler, cad un jeu que vous sortez rapidement, qui s’apprend et se joue rapidement, quand on a pas trop le temps ou entre 2 autres jeux. Avec la mise en place, l’explication s’il y a des nouveaux joueurs, et la durée de partie, il vous faut compter 1 heure en 1ère partie au mieux. A cela on rajoute un coût d’achat à 50€ minimum, je doute que le jeu soit prévu pour en vendre des palettes.
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Sachez qu’il existe même une version Collector vendue à 120€ … oui oui ^^ Nouvelles armes, nouveaux terrains, plus de figurines, et jusqu’à 6 joueurs. Est-ce bien nécessaire ?? Le fan vous répondra certainement oui.
Avec la boîte de base c’est déjà de 2 à 4 joueurs, un bon paquet de cartes avec diverses armes, des barils, grenades et caisses de ravitaillement, et si vous voulez mettre quelques couleurs dessus, les figurines sont plutôt simples à peindre, et ça rend très chouette en jeu. Je vous montre ce que j’en ai fait avec mon modeste niveau de peinture :
Cette critique a été rédigée à l’aide d’un exemplaire fourni par l’éditeur.
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L’arrivée d’un premier enfant dans la famille, c’est toujours un grand bouleversement. Surtout quand vous êtes moi, et que l’enfant est une fille. C’est que je n’y connais pas grand-chose en monster trucks, en engins de chantier et en marques de cigare. Et la seule fois où je suis monté sur une Harley, elle était en bois avec la peinture qui s’écaillait et c’était au petit manège qui illumine la place du village de mon enfance. Je m’imaginais un tas de scénarios tous plus stressants les uns que les autres, et si elle me demandait de l’emmener voir du catch ou du football gaélique ? Ça existe vraiment, c’est un mélange de football, de rugby et de basket, on sent que les concepteurs carburaient à autre chose que l’eau claire. Mais je m’égare. Bref, j’angoissais réellement, je n’en dormais plus la nuit. Bon, coup de bol, son truc à elle, c’était plutôt les princesses Disney.
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Il en faut peu pour être heureux
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Elle était donc la cible parfaite pour Chronicles of Light, le nouveau Disney de chez Ravensburger. Un jeu coopératif, avec des princesses et autres héroïnes, joliment illustré façon low poly, et avec des dés à lancer pour vaincre les monstres ? N’en jetez plus, à peine avait-elle posé les yeux sur le matériel lors du festival Orléans Joue, que je savais que le jeu allait rejoindre notre ludothèque. Est-ce que le jeu allait être intéressant à jouer pour elle ou pour nous, y aurait-il de la rejouabilité, de la courbe de progression, c’était une autre histoire qui n’avait ici aucune espèce d’importance. Y a Vaiana et Belle, t’entends ? La puissance de la souris sous amphètes est vraiment une chose terrifiante.
Chronicles of Light vous permet donc de vous glisser dans la peau d’une héroïne Disney parmi quatre, et de faire équipe pour casser la gueule à un vortex qui n’arrête pas de mettre des ténèbres partout dans votre joli royaume féérique. Chaque personnage vient avec des actions standards mais également certaines qui lui seront propres, avec l’une qui se baladera en pirogue, l’autre en voiture de super-héros, et ainsi de suite. La différenciation ne s’arrête pas là, puisqu’on trouve également dans la boite un petit paquet de quêtes dédiées à chacune, et c’est grâce à ce système de quêtes que le jeu offre un peu de rejouabilité.
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Tout le monde veut devenir une cheffe
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Le principe est simple : pour débloquer la top action de sa princesse (qui elle reste toujours la même), et avoir également le droit de fracasser du vortex et remporter la victoire, il faudra auparavant terminer la quête qui nous aura été assignée, et qui consiste souvent à aller chercher un bidule à un point A pour le ramener à un point B. Ces deux points pouvant être assez éloignés l’un de l’autre suivant la configuration aléatoire du plateau, il faudra solliciter l’aide de ses compagnes de jeu pour faire le coursier dans les temps, le nombre de manches avant la défaite étant fixe. Et comme le vortex ne peut être vaincu qu’après avoir accompli les quêtes de tout le monde, il est compliqué de faire cavalier seul.
La sélection d’actions a d’ailleurs été pensée dans ce sens : à chaque manche les joueuses peuvent réaliser au total 6 actions seulement, il faudra donc décider ensemble qui aura droit d’agir, même si une cheffe est là pour trancher, rôle qui tourne à chaque début de manche. Bien sûr, le jeu semble fait pour trigger les joueurs alpha, mais il faut se rappeler que c’est un jeu pour enfant, et que si tu cherches systématiquement à expliquer à ta gamine ce qu’elle doit faire ou comment elle doit le faire, tu risques de passer complètement à côté de l’intérêt du jeu, en plus de probablement la dégoûter de rejouer un jour avec maman ou papa. Ici plus qu’ailleurs, comme dans Andor Junior par exemple, il est important de ne pas tenter d’imposer son point de vue aux autres et de se contenter d’encadrer vaguement les actions des chers bambins. Ceci dit, le jeu n’est pas si facile, avec des événements qui se déclenchent à chaque début de manche, et qui amènent de nouveaux ennemis sur le plateau, qui bloqueront le passage à nos courageuses demoiselles.
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Nul n’est parfait
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On est du coup en permanence en train de chercher le bon dosage entre laisser Vaiana et Princesse Morgane faire n’importe quoi parce que la gestion des priorités est quand même l’une des choses les plus difficiles à appréhender, à tout âge d’ailleurs, et tenter de faire gagner la petite troupe, parce que c’est quand même plus rigolo quand le Bien triomphe du Mal. C’est d’ailleurs là mon principal regret, alors que le jeu présente bien, avec un matériel très honnête, des règles simples à comprendre et un univers qui plaira évidemment énormément. Chronicles of Light a finalement le cul entre deux chaises, et à laisser trop de liberté aux joueuses, il les empêche de réellement progresser. Comment comprendre où on a pêché, quand la sélection d’action est aussi permissive et le jeu aussi ouvert ? Si je reprends l’exemple d’Andor Junior, qui offre aussi un challenge coopératif où chaque joueur peut réaliser un certain nombre d’actions par manche, les menaces sont plus facilement identifiables (les petits monstres qui progressent jusqu’au château, le dragon qui avance sur sa piste), et la répartition des responsabilités (toi tu vas buter du gnome, toi tu vas chercher les fleurs, etc.) plus aisée à appréhender.
Mais je parle avec le point de vue d’une grande personne. Un enfant sera toujours ravi de relancer une partie, pour incarner une héroïne Disney, déplacer sa figurine le long des routes et lancer des dés chatoyants. Les quêtes fournies avec le jeu, si elles sont plutôt basiques, permettent aux participantes de se raconter une histoire, et la super action déblocable rajoute à la dramaturgie de la partie. Les méchants n’ont qu’à bien se tenir, on a maintenant une catapulte ! Charge aux parents de guider sans forcer les plus jeunes pour obtenir une issue heureuse. Ou de les laisser se planter en beauté, l’apprentissage de la défaite, ça fait aussi partie de l’éducation.
Une nouvelle visite des parents à la maison ? Ok c’est l’occasion de dénicher un nouveau petit jeu qui pourrait leur plaire. Il faut comprendre que j’ai un profil de joueurs assez particulier, et qui sait ce qu’il ne veut pas. J’arrive dorénavant à ne pas totalement me planter dans le choix des jeux que je leur propose, mais c’est pas toujours évident non plus. Pour mes parents, ma femme et des amis, les jeux sont joués à l’apéro ou après le repas, et doivent être rapides à jouer et à expliquer, pouvoir être joués en famille avec les enfants, et ne pas nécessiter de se faire de nœud au cerveau pour le comprendre et y jouer. Donc ce qui marche bien c’est les petits jeux qui ne nécessitent pas forcément de s’occuper de ce que les autres joueurs font à leur tour, et avoir 1 ou 2 actions à faire à son propre tour, et c’est bouclé.
Donc les Skyjo, Hit, Lucky Numbers, Trio sont certainement les boîtes les plus jouées de ma ludothèque, et c’est très bien comme ça puisque ça plait. Mais j’aime toujours découvrir et faire découvrir, d’où le passage à ma boutique locale avant une visite de mes parents, ou d’amis pour un repas.
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L’important c’est les valeurs
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Et oui, comme le dit Perceval dans Kaamelott, c’est les valeurs qui comptent à Flowers, mais pas que. C’est ce twist de comptage de points à la fin qui fait tout le sel de ce petit jeu, et qui nous demande de le décomposer en 2 étapes quand on y joue.
Donc l’important c’est les valeurs, à savoir que si vous posez un 3 devant vous, il faudra à la fin de la partie qu’il soit adjacent à exactement deux autres cartes de valeur 3 pour compter dans le scoring (donc trois cartes 3 au total, et pas plus). Sinon il sera un point négatif, et viendra réduire la zone de couleur à laquelle il appartenait. Car le 2ᵉ effet kiss cool c’est que ne seront comptabilisées que les zones d’une même couleur qui sont constituées de 5 cartes valides adjacentes minimum.
Donc les valeurs, puis les couleurs ! Simple et efficace.
Il s’agit aussi du premier jeu d’un nouvel éditeur dans le paysage ludique français. Pour un coup d’essai c’est donc un coup de maître, puisque leur jeu figure régulièrement dans les top ventes, la version BGA digitale cumule presque 400.000 parties. On ne peut que leur souhaiter que leur jeu survive à la déferlante des jeux en boutique, et y garde sa place.
L’auteur Paul-Henri Argiot n’en est pas à son coup d’essai puisqu’il a notamment créé Perfect Words, un jeu de mots donc on m’a dit le plus grand bien. Il faudra que j’y joue à l’occasion. Le Laborantin Teaman l’avait apprécié, et vous pourrez lire son analyse ici.
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Franche réussite
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Avec 2 contraintes à respecter, Flowers est parfaitement calibré pour gagner sa place dans cette catégorie de jeux rapides à jouer et à expliquer, et pouvant plaire à beaucoup de monde. C’est très malin de jouer la carte pour sa valeur et sa couleur, et de réussir (ou pas) à scorer en fin de partie. Je déplore juste la taille des cartes qui n’est pas la plus préhensible, et surtout pas la plus simple à mélanger.
Au-delà de ça, pour 14€ environ c’est un jeu que je proposerai régulièrement. Il a permis l’autre soir de terminer la soirée jeu après un Raising Robots et de repartir sur un petit jeu rapide et malin. Un filler tout indiqué, quelques neurones à réveiller à votre tour de jeu, savoir s’adapter en fonction des cartes dispo à la pioche, et 15-20 minutes après tout ça, espérer n’avoir pas trop de malus, compter ses points, et comparer aux autres. Simple, basique.
La déferlante Wingspan s’est bien passée pour l’éditeur, le jeu a connu trois extensions et une boite de rangement pour contenir tout ça, ainsi qu’une version 2 joueurs. Le jeu est encore joué à ce jour, jouit d’une belle cote de popularité auprès des joueurs et est très bien classé sur BGA.
Pourquoi donc s’arrêter là du coup ? ^^
Sauf que plus on sort d’extensions, moins les joueurs achètent. Du coup faut trouver autre chose.
On a eu récemment la sortie de la V2 de Dune Imperium, est-ce qu’on n’aurait pas la V2 de Wingspan ?
Voici donc Wyrmspan.
Maintenant qu’on a pris un peu de recul, que les moults vidéos et posts insta vous vantant Wyrmspan comme le jeu de l’année se sont un peu calmées, et sont surtout passées à un autre jeu, je vais développer la question que je me suis posée lors de l’achat ou non de ce jeu, à savoir « Wingspan versus Wyrmspan ».
Le grand frère est sorti en 2019 déjà, et affiche à ce jour une note de 8 sur 10 sur le site anglophone BGG, et est classé 32ᵉ du classement des meilleurs jeux sur ce site, gage tout de même que ce jeu a marqué notre monde ludique de son empreinte.
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Des différences, mais seulement quand on rentre dans le détail
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Wyrm est une ré implémentation de Wingspan, à savoir que les points communs sont nombreux. Les mécaniques, le déroulé et le but restent à peu de choses près les mêmes entre les deux jeux.
On note une principale différence dans la façon d’amener des dragons sur votre plateau, par rapport aux oiseaux dans Wing. Cela se fait dorénavant en 2 étapes, avec d’abord l’excavation d’une caverne, qui rend disponible un emplacement pour accueillir ensuite une carte dragon qui viendra la recouvrir. Cela modifie légèrement le timing puisqu’il faut garder à l’esprit d’avoir des cavernes dispo avant de se lancer dans la récupération des ressources nécessaires à la pose d’un dragon. Les cartes cavernes ont aussi un effet qui se déclenche à la pose (gain de ressources, cartes ou pièce action).
Six pièces action sont dispo par manche pour jouer vos actions, mais ces pièces peuvent se récupérer par d’autres moyens, et elles servent surtout de surcoût lors de certaines actions (2ᵉ exploration sur une caverne), ou lors de la pose de certains « gros » dragons. Un delta va pouvoir potentiellement se creuser lors d’une manche par rapport aux autres joueurs qui effectueront quelques actions de plus.
La guilde draconique est selon moi le meilleur ajout du jeu, avec une piste circulaire sur laquelle on progresse, qui nous donne des ressources bienvenues, et surtout nous offre le choix de placer un de ses cubes dans un emplacement unique (comprendre que les autres joueurs arrivant après vous ne pourront obtenir) qui vous donnera des ressources, des cartes, une excavation gratuite, etc … ou encore des points de victoire en fin de partie. Attention donc aux autres joueurs qui pourront vous rafler les emplacements qui vous intéressent. Une mécanique de course pour Wyrm qui n’est pas présente dans Wing.
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Promenade bucolique et encyclopédie des volatiles
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Wing, c’est finalement aussi et surtout plein d’infos sur les animaux. Il y a du texte sur chaque carte, beaucoup d’infos dignes d’une encyclopédie. Taille, habitat, nom latin etc … Lors des premières parties, je me suis dit que ce n’était pas commun, et un sacré travail de documentation pour proposer toute cette masse d’informations aux joueurs. Surtout qu’au niveau de l’édition, la carte est forcément chargée, mais les infos principales sont identifiables rapidement et la masse d’infos ne nuit pas trop au jeu. Avec les extensions amenées depuis la sortie du jeu, j’étais surpris et amusé de voir des commentaires sur les réseaux demandant une extension sur tel ou tel continent car les oiseaux étaient intéressants. On est donc au-delà du jeu, et il devient un support culturel pour répondre à la curiosité des joueurs. Tout ça sur les piafs je le rappelle ^^
Wyrm, pour le coup, part dans la fantasy et les dragons. Difficile pour le coup d’avoir ce côté encyclopédie qui est donc mis de côté au bénéfice de clins d’œil, d’easter eggs et de refs plus ou moins assumées aux dragons de la culture populaire. On va toujours avoir ce côté « le jeu est trop beau, les dragons sont mignons », et c’est pas faux.
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Gestion du hasard
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Un point que je ne regrette pas dans Wyrm par rapport à Wing, c’est cet effet sur des cartes qui permettait de piocher, et si la taille de l’oiseau est inférieure ou supérieure à telle valeur, la carte est stockée et deviendra un point à la fin. Je trouvais que c’était trop souvent présent, et surtout complètement hasardeux pour pas grand-chose. Ce genre de méca ou de petit effet de cartes est rajouté parfois pour donner une fausse sensation de profondeur dans ce que le jeu propose. Dans Wyrm c’est encore présent, mais beaucoup moins à ce que j’ai ressenti, et c’est tant mieux.
Deuxième point soumis au hasard, c’est la tour en forme de maison à oiseau en carton dans laquelle on jetait les dés nourriture pour savoir ce qui était disponible pour les joueurs. Il vous est forcément arrivé, si vous y avez déjà joué de ne pas trouver la ou les ressources dont vous avez besoin à ce moment-là. Pour le coup dans Wyrm, ça n’est plus présent, puisque vous choisissez la ressource quand vous en gagnez une (sauf autour de la roue, mais quand vous déclenchez les gains de ressources sur votre plateau oui). Et c’est bien mieux je trouve puisqu’on est dans un jeu d’optimisation et d’effets de cartes à déclencher. Sans aller jusqu’à en faire un jeu de gestion expert, rien n’est plus frustrant de ne pas pouvoir déclencher vos effets préparés à l’avance par manque d’une ressource que le hasard des dés n’a pas rendu disponible à votre tour.
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Une différence de rythme
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Wyrm a cet avantage d’être plus rythmé à mon sens, et les tours s’enchainent plus vite. Certainement encore une histoire de ressenti, mais pas que. Le jeu est plus épuré que son glorieux aîné. Moins d’effets facilement oubliables durant la partie, j’ai nommé les « une fois par manche » de couleur rose de Wing. Je parle en connaissance de cause vous vous en doutez, ça m’est arrivé d’oublier ^^
Les actions me semblent plus rapides à résoudre, avec des joueurs équivalents. Je n’intègre pas le paramètre d’analyse paralysis AP qui fait qu’un joueur passera trois minutes à choisir quelle carte prendre, ça sera sensiblement la même chose avec Wing ou Wyrm.
Les pièces actions permettent de mieux gérer ses tours je trouve, et de profiter de cette montée en puissance de la construction de votre tableau. À l’inverse, Wing réduit le nombre de vos actions plus on avance dans la partie. Wyrm n’en est pas forcément plus long, mais plus agréable dans le déroulé avec une montée en puissance classique durant la partie (sauf si vous avez fait nimp et rien ne combotte, ça arrive).
Moins de cartes en mains, moins d’effets à rallonge. Après si vous n’avez pas accroché au 1ᵉʳ jeu, je ne vois pas pourquoi celui-là changerait la donne. On n’est pas devant une révolution ludique, et il n’y a pas 15 ans entre les 2 jeux, donc les mécaniques n’ont pas sensiblement évolué entre temps.
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Il ne peut en rester qu’un
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Bon vous l’aurez certainement compris à la lecture des différents points abordés, j’ai revendu Wyngspan, pour ne garder que Wyrmspan. Déjà je n’avais que la boite de base, donc pas de regret après avoir investi une somme conséquente avec jeu de base et extensions. S’en séparer est plus simple dans ce cas-là je trouve. Ensuite Wingspan s’était fait progressivement oublier et relégué toujours plus bas dans la pile par rapport aux jeux sortis depuis. Et surtout que je le trouve assez pénible à jouer avec des nouveaux joueurs, la 1ère partie étant un peu fastidieuse à mon sens. Wyrmspan vient gommer ce défaut de longueur de démarrage justement avec toutes ces différences et ces apports, et surtout cette sensation d’une version épurée. Moins de texte certes amusant au départ mais finalement accessoire quand on s’attache au gameplay, moins de hasard de ressources, moins d’effets hasardeux de pioche, + de rythme et de dynamisme.
Il fonctionne très bien aussi à deux joueurs, alors que Wingpan a vu une version 2 joueurs être éditée depuis. En même temps c’est pas un gage en soi, puisque la mode des versions 2 joueurs est comme un rouleau compresseur actuellement, même quand le jeu fonctionne déjà très bien à 2 (coucou Res Arcana).