Test : Sengoku

Test : Sengoku

Cette critique a été rédigée à l’aide d’un exemplaire fourni par l’éditeur.

Sengoku ou le charme des jeux asiatiques épurés et stratégiques. J’aime beaucoup jouer à ce type de jeu de temps en temps, ça change des jeux avec des boîtes remplies à rabord de matériel, de jeux avec des règles de 25 pages. Bref des jeux qui misent souvent sur le trop de tout pour en mettre plein la vue. Nos amis japonais m’étonnent régulièrement avec leur amour des jeux de plis pour lesquels ils arrivent à rivaliser d’ingéniosité. Ce que j’apprécie tout particulièrement c’est la recherche de l’épure au niveau des règles et du jeu. Sengoku en est un exemple parfait, avec un jeu simple, facile à aborder mais dont l’issue de la partie dépendra souvent de la stratégie que vous mettrez en place.

Quelques minutes de règles, et on joue !

A votre tour vous lancerez 3 dés (1 relance possible), vous en additionnez 2 pour déterminer dans quelle province vous placerez le nombre de troupes indiqué par l’autre dé. Simple, basique.

Quand tout le monde aura placé ses troupes, on résout chaque province en ordre croissant, et avec une mécanique de ruissellement ou effet domino qui chamboulera les équilibres ou déséquilibres créés lors du placement des troupes. Le vainqueur d’une province pourra placer 2 troupes de renforts dans une province adjacente où il est déjà présent.

Certaines provinces se verront donc fortement modifiées durant cette phase si plusieurs provinces sont résolues autour d’elles avant que n’arrive son tour. Anticiper ce ruissellement ne sera pas chose facile mais certainement indispensable pour anticiper la victoire.

Victoire qui s’obtient en comptabilisant les points obtenus par le gain d’une province, plus elle est résolue tard durant la dernière phase, plus elle vaut de points.

D’habitude je n’aborde pas les règles d’un jeu quand je vous en parle, car je pars du principe que les règles se trouvent assez facilement sur les internets, et des vidéo règles (plus ou moins bien faites) vous donnent un aperçu du jeu. J’essaie de me concentrer sur mon ressenti, sur ce que le jeu me fait vivre, ce qu’il me propose et pourquoi j’y rejouerai ou pas. Sengoku mérite cette petite introduction des règles car il ne déclenche pas de buzz ludique à ce que je vois. Et c’est bien dommage vous l’aurez compris 😉

Rapport poids/durée parfait ?

Critère cher à mes yeux, que propose Sengoku en termes de richesse, de profondeur, de règles et de sensations, par rapport à sa durée de jeu ? Et bien je pense qu’on est pas loin du perfect. En fonction du nombre de joueurs, nous sommes sur 20-30 minutes de jeu effectif. Les 2 phases de jeu distinctes symbolisent bien les 2 étapes d’une guerre qui se déroule devant vos yeux, la préparation et l’envoi des troupes, et la résolution et ses effets pour finalement déterminer le vainqueur.

La 1ère phase peut générer un peu d’AP (Analysis Paralysis) en fonction de vos joueurs et si vous avez des indécis dans votre groupe. Elle n’est pas la plus dynamique des 2 mais est essentielle à votre succès éventuel dans la 2ème. Le champ de bataille se transformera sous vos yeux, et influencera grandement vos prochains mouvements. C’est là où tout votre sens de la stratégie et de l’anticipation se révèlera ou pas … ^^ Chaque tour d’un joueur modifie l’équilibre d’une région, et par effet domino, du plateau entier. Un joueur tente un coup de bluff et va se placer sur une province éloignée, pas forcément intéressante de prime abord car ne valant « que » 3 points. Sauf que cette région sera résolue en 3ème position lors de la 2ème phase. Et cela peut avoir un impact bien plus important, car les renforts vont ruisseler sur une province adjacente. Province qui semblait promise à un autre joueur, mais l’arrivée de 2 renforts bouleverse la situation et change le vainqueur. Nouvel effet domino avec 2 renforts qui vont arriver dans une autre province adjacente, si le vainqueur y était déjà présent.

Daimyos et variante

Vous pouvez si vous le souhaitez ajouter à ce jeu au final plutôt simple, les Daimyos, vos chefs de guerre. Ils auront un impact différent sur le champ de bataille, et surtout la possibilité de déclencher un effet supplémentaire, qui va rajouter un élément de « surprise » sur le champ de bataille pour les autres joueurs. Des cartes sont visibles au début de la partie, un joueur peut décider d’utiliser une carte et son pouvoir à son tour. Généralement, cela permet de déplacer des troupes amies ou ennemies d’une province à une autre, et donc de modifier les forces en présence. En fonction du moment où cela est déclenché, cela peut amener les joueurs à revoir leur stratégie, et se réadapter.

Un étage supplémentaire dans les règles, intéressant quand on connait le jeu ou quand on est joueur régulier. Je déconseille de l’ajouter pour les novices.

Elégance et épure au service du gameplay

C’est encore une fois un sentiment que je rencontre le plus souvent au contact de jeux asiatiques. Cette sensation que le surplus a été enlevé, que le jeu est pensé pour le joueur. Des règles lisibles, courtes et simples. Un gameplay basique en apparence (je lance des dés, je pose des troupes, fin de mon tour) mais profond et avec des conséquences. A l’heure où j’écris ces lignes, je reviens d’Essen où j’ai pu croiser quantité de jeux. Covenant de l’éditeur Devir me revient en tête avec un plateau surchargé, presque illisible, des règles à n’en plus finir, une sensation d’être perdu au milieu de l’océan devant ce « gros » jeu. Je n’ai pas aimé la partie que j’ai joué vous l’aurez compris. Et pourtant j’ai joué à de bien plus « gros » que celui-ci. Mais la façon de rédiger les règles, privilégier la lisibilité au lieu d’en mettre plein les yeux, épurer les règles et mécaniques, ça devrait être appliqué à tous les jeux avant de nous les proposer. Nous gagnerions un temps certain, et les jeux resteraient peut-être plus de quelques semaines en boutiques, mais c’est un autre sujet.

Jouez-y !

Sorti sous le nom de Rumble Nation en 2017, le jeu de Yogi Shinichi mérite qu’on s’y attarde. Rapide à expliquer et à jouer, profond et lisible, Sengoku vous permettra peut-être de faire jouer cet ami qui jouait beaucoup à Risk quand il était plus jeune et qui trouvait ça très bien ! Et bien en enlevant la lourdeur du gameplay, les brouettes de dés, la stratégie qui tombe par terre à cause de la poisse aux dés et le côté interminable du jeu, vous allez lui proposer d’incarner un chef de guerre à l’époque du Japon féodal, et en 20 à 30 minutes, vous verrez qui est le plus stratège d’entre vous !

La topographie change à chaque partie puisque vous placez les jetons de valeur des provinces au hasard. L’effet domino observé lors d’une partie sera complétement différent lors d’une autre. L’anticipation et l’observation du plateau avant de démarrer votre tour sera indispensable pour entrevoir la victoire.

Je retrouve les bonnes sensations que j’avais eu avec First Empires, un jeu de Eric B. Vogel sorti en 2022 et qui reléguait aussi Risk aux oubliettes. Sengoku et First Empires sont une alternative très crédible dans les jeux de conquête de territoire avec des gameplay simples, abordables et dynamiques. En plus proposés à des tarifs abordables, argument non négligeable.

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Prix constaté : 32 €

Test : Donjon – Les Apprentis Gardiens

Test : Donjon – Les Apprentis Gardiens

Cette critique a été rédigée à l’aide d’un exemplaire fourni par l’éditeur.

En 1998, quand Joann Sfar et Lewis Trondheim s’associèrent pour créer une BD parodique fortement inspirée de Donjon et dragon, je ne pense pas qu’ils imaginaient presque 30 ans plus tard avoir un tel univers à disposition avec des héros atypiques et des aventures délirantes. Grace à la création de 7 sous séries, la complicité d’autres dessinateurs invités, on est pas loin de 70 albums parus.

De plus quand on connait l’appétence de Sfar pour le jeu de rôle, il était naturel que naisse début des années 2000, un prolongement ludique de cet univers sous la forme d’un jeu de rôle accessible aux débutants : « Donjon Clefs en Mains ».

Il aura fallu 25 ans de plus, pour attendre un jeu de plateau venant enrichir cet univers foutraque !

C’est Joachim Thôme (les tribus du vent, Wild Space, …) qui en est l’auteur et Sylex l’éditeur.

La DA est très fidèle à l’esprit de la Bande Dessinée et rien que la boite ressemble à un énorme album. Crocotame (L’artiste illustrateur d’Odin et de Luz pour ne citer que quelques exemples) a su parfaitement retranscrire l’atmosphère des albums avec un livret de règles et du matériel de toute beauté.

Les meeples en forme de monstres, les cartes reprenant les personnages récurrents et iconiques ainsi que les supports de jeu sont un plaisir pour les yeux et facilitent l’immersion.

Le jeu est beau (si on aime le style des deux auteurs) …et est ce qu’il est bon ?

Il faut d’abord se mettre dans un contexte propre à l’évaluation de ce jeu sous licence. Il s’adresse à un public familial (2 à 4 joueurs), ayant tout de même l’habitude de pratiquer le jeu de société.

On incarne un apprenti « Gardien » qui va en cas de succès remplacer le célèbre Hyacinthe de Cavallère.

Pour cela, rien de plus simple, des rumeurs faisant affluer des avides aventuriers, un bout de donjon en gestion et quelques monstres…

La mise en place est rapide. Une fois tiré au hasard des objectifs de fin de partie visibles sur le plateau bureau, on peut commencer (il y a possibilité d’ajouter d’autres objectifs plus compliqués afin de rendre les parties plus tendues)

En dehors de votre plateau joueur (votre donjon), il y a deux plateaux :

  • Un plateau « Terra Amata » où vous allez piocher des cartes menace, auberge, récupérer des monstres dans les marais, dans la forêt et sous certaines conditions dans les oubliettes
  • Un plateau « Pouvoirs » où vous allez récupérer des cartes pouvant vous apporter des avantages intéressants et parfois embêter vos adversaires

A votre tour, vous allez répéter 5 phases (dont 3 obligatoire) dans un ordre défini et cela jusqu’à épuisement des cartes menaces (qui varient selon le nombre de joueurs) :

  • Tirer une carte menace
  • Pouvoir du gardien (optionnel) que l’on obtient quand 5 monstres différents sont présents dans son bureau
  • Recrutement (prendre jusqu’à 2 monstres du même type) dans la forêt, le marais ou les oubliettes et les placer dans le donjon (A l’entrée où dans une pièce contenant un monstre identique)
  • Déplacement (en fonction du nombre de créatures que vous avez recruté, additionné à ceux identiques que vous avez déjà présents dans le Donjon. Vous obtenez alors autant de pas que leur total.)
  • Obtenir un pouvoir (Optionnel) : une fois vos déplacements effectués, vous pouvez envoyer une de vos créatures dans les oubliettes et activer le pouvoir de la pièce dans lequel il se trouve

Les tours s’enchainent rapidement sans réelle difficulté. Lors des premières parties, le livret de règles est indispensable compte tenu de l’iconographie abondante et du nombre de cartes. Une fois une ou deux parties faites, on peut largement jouer une partie en moins d’une heure.

Quand les cartes menace sont épuisées et que tout le monde a joué le même nombre de tours, on regarde l’atteinte des objectifs, on marque 7 points par salle contenant au moins 4 types de monstres et on perd autant de points de victoire pour chaque aventurier encore présent dans le donjon (on perd autant de points que le numéro de salle où il se trouve).

Disons-le tout de suite, à part le fait que je suis un fanboy de la BD, je suis resté un peu sur ma faim après plusieurs parties. Le jeu en lui-même n’est pas désagréable, il se joue vite et une fois que l’on a assimilé l’iconographie, on peut enchainer facilement les parties.

Ce qui me gêne le plus, c’est le fait que les tours se ressemblent et qu’il n’y a pas réellement d’effet « moteur » (A part pour le nombre de déplacements). Le jeu devient au final répétitif et une fois la découverte du jeu faite, il est difficile d’y trouver l’envie d’y revenir. J’ai fait jouer des joueurs correspondant à la cible et il y a eu un réel engouement en début de partie et au final pas l’envie dans enchainer une deuxième.

Comme tout jeu sous licence, Donjon est un jeu très « typé » qui va dans un premier temps attirer des fans de l’univers. Il est plaisant de retrouver par le biais des cartes les principaux personnages iconiques de la BD. Les règles sont simples et plaisantes à lire. Pour autant, je vous conseille si vous en avez la possibilité de le tester en famille afin de pouvoir savoir s’il correspond bien à vos attentes. 

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Prix constaté : 33 €

Test : Méandres

Test : Méandres

Critique réalisée à l’aide d’un prototype envoyé par l’éditeur Perte & Fracas.

Qui n’aime pas les cauchemars ?

Bah tout le monde en fait…durant notre sommeil, il faut avouer qu’on préfère rêver de la victoire que de se voir perdre à son jeu favori et se faire humilier parce que tout à coup nos vêtements ont disparu et que l’on déambule dans les rues à la recherche d’un couvercle de poubelle pour cacher notre intimité alors qu’un monstre de légende se paye notre tronche… (non ce n’est pas du vécu, j’invente, OK ?!)

Alors rassurez-vous (ou pas), la thématique de Méandres n’est là que pour mettre des illustrations sur des cartes et sur la boite et pour avoir des meeples monstrueux, sinon elle passera au second plan.

Donc ce côté cauchemar sera présent uniquement sur la boite et les cartes, le reste du temps, vous aurez surtout envie de conquérir du territoire, d’embêter vos adversaires et de tenter de bien choisir les « légendes » que vous allez recruter pour tordre les règles à votre avantage.

Des règles horribles ?

Pour une fois, je vais détailler un peu les règles car le jeu ne sera probablement pas encore disponible au moment où vous lirez ces lignes puisque j’ai reçu un prototype du jeu pour en parler avant sa mise en ligne sur une plateforme de financement participatif.

Donc les règles sont assez simples, vous aurez des grands meeples, appelés les seigneurs et de plus petits meeples, appelés des rejetons.

Votre but sera d’essaimer le plateau de jeu qui va évoluer au fil de la partie et qui va forcément changer d’une partie à l’autre puisqu’il faudra poser des tuiles à chaque tour.

Une fois toutes les tuiles placées sur l’aire de jeu, la partie prend fin, on procède au compte des points puis la victoire est attribuée à la personne qui en comptabilise le plus.

Le scoring final change un peu de ce qu’on voit habituellement, ce qui apporte une différence assez bienvenue.

Donc les règles sont simples, elles tiennent sur 2 pages d’un petit format.

Le jeu se joue de la manière suivante :

Au début de la partie vous avez une carte colorée qui représente votre « emprise » dans ce monde des cauchemars.

Elle est d’une couleur définie aléatoirement et vous sera utile pour essaimer le plateau.

Votre seigneur partira d’une tuile colorée, le jeu propose 4 couleurs, du bleu, du rose, du jaune et du gris.

A votre tour, vous sélectionnez une carte appelée « danse » dans une rivière de 4 cartes.

Vous devrez faire entre 3 et 4 déplacements sur des tuiles de différentes couleurs en partant d’une tuile adjacente à celle sur laquelle vous êtes posé.

Cette carte vous permettra de placer entre 1 et 4 rejetons une fois la danse terminée.

Pour le déplacement vous devrez respecter l’ordre des couleurs indiqué sur la carte danse choisie, il vous est possible de revenir sur vos pas, mais vous ne pourrez pas terminer votre déplacement sur la tuile de laquelle vous êtes parti.

Une fois ceci fait, si votre seigneur est sur une tuile qui est adjacente à une (ou plusieurs) tuile qui représente la couleur de votre « emprise » (la carte qui vous est remise en début de partie) vous pouvez y déposer un ou plusieurs rejetons.

Si, en chemin, vous êtes passés par une tuile contenant un seigneur adverse, vous déposerez aussi un rejeton sur sa tuile.

Quand vous avez terminé cela, vous prenez une tuile d’une autre couleur que celle sur laquelle votre seigneur se situe à ce moment-là et vous la placez où vous voulez sur la table, soit à côté d’une autre tuile, soit par-dessus si la tuile le permet.

Car les tuiles peuvent s’empiler et vous allez jouer sur plusieurs niveaux et ainsi la zone de jeu sera soit plus large, soit simplement plus haute.

Une fois ceci fait, vous remettez une carte danse pour remplacer celle que vous venez d’utiliser et c’est à la personne suivante de jouer.

Vous pourrez acquérir des légendes qui vous aideront à modifier certaines règles en votre faveur, elles changeront peut-être aussi votre couleur d’emprise, ou au contraire elles vous laisseront le choix de conserver la même ou de la remplacer.

Pour le scoring final, il vous faudra être présent sur le plus de tuiles possible, si en plus les tuiles ont plusieurs étages et que vous avez 3 de vos rejetons dessus, c’est le jackpot !

De même un bonus sera accordé pour toute tuile grise occupée par vos rejetons, donc un combo de 3 rejetons sur plusieurs étages dont la tuile au sommet est de couleur grise et c’est l’assurance de marquer des gros points !

Surtout que placer un ou plusieurs rejetons sur des tuiles grises n’est pas aussi facile que pour les 3 autres couleurs, donc il faudra bien jouer !

Et si jamais vous avez réussi à isoler un rejeton et qu’aucun autre se trouve sur les tuiles adjacentes, c’est encore un bonus de points !

Ajoutez à ça un scoring qui se fait via votre carte d’emprise en fonction du nombre de fois où vous vous êtes arrêté sur une tuile qui ne contenait aucun rejeton vous avez un scoring sympa, original et qui demandera de bien optimiser ses déplacements.

Un jeu qui vire au cauchemar ?

Et bien non !

Au contraire, pour un jeu aux règles si simples, le scoring oblige à la réflexion, à regarder ce que font les autres pour ne pas leur laisser de bonnes opportunités, mais il faut aussi ne pas trop vous isoler pour éviter d’être bloqués et de devoir faire une danse de la dèche qui n’apporte que peu d’intérêt.

J’adore ce genre de jeu, on explique les règles en moins de 10 minutes, le jeu ne prend pas trop de place, mais il demande de bien réfléchir si on veut optimiser ses mouvements pour avoir le meilleur scoring possible.

Il demande de l’adaptation aussi parce qu’on peut se faire piquer les tuiles qu’on voulait et on peut recouvrir les tuiles qui intéressent les autres pour s’arranger soi-même.

Le jeu peu aussi totalement être joué en mode « no brain ».

On joue un peu à l’arrache, sans se soucier de l’autre pour juste se détendre un peu et ne pas être à fond dans la compétition, la tension sera moins présente et poser des rejetons ou des tuiles sans réfléchir est possible, mais je ne suis pas certain des sensations que cela peut procurer car j’aime me triturer les méninges et optimiser au mieux sur ce type de jeux (même si ça ne me réussit que rarement, il faut l’avouer…)

En résumé, Méandres est un jeu à la thématique atypique, même si elle ne se ressent pas au travers des mécaniques, mais c’est un jeu très plaisant pour la réflexion et qui a une jolie présence sur la table une fois la partie terminée, qui demandera de surveiller les autres donc qui est aussi interactif.

Si on ajoute à ça un prix très raisonnable, on a affaire à un vrai bon jeu qui donne envie de rejouer !

A priori, le jeu sera proposé à 24€ + 1 extension pendant la précommande à venir fin septembre 2025, puis 35€ environ à sa sortie en boutiques.

Test : Star Wars – La Bataille de Hoth

Test : Star Wars – La Bataille de Hoth

Cette critique a été rédigée à l’aide d’un exemplaire fourni par l’éditeur.

Duh duh duh DUN DA DUN, DUN DA DUN. Et voilà, emballé c’est pesé, vous pouvez aller chercher votre carte bleue. Je savais que cet article serait facile à écrire. Entre nous, y a franchement besoin d’en dire plus quand on parle de Battle of Hoth ? Comment ça, oui ? Mais vous êtes quel genre de geek sérieusement ? Y a Dark Vador et Han Solo, on peut balader des AT-AT et tirer sur des générateurs, ne vous attendez pas à ce que je vous fasse une analyse comparée des mérites du jeu face à ses concurrents et ses cousins sur les 5 dernières années. D’ailleurs je n’ai jamais joué à Mémoire 44, le jeu Seconde Guerre Mondiale dont Battle of Hoth reprend à peu près toutes les mécaniques, sauf que cette fois-ci on peut tirer sur des snowtroopers et qu’il y a Luke Skywalker dans le jeu. Eclair de lucidité soudain : il faut être honnête, je suis pile poil le public cible du jeu.

Si vous non plus, vous n’avez jamais touché à la version vert kaki, le principe de base est très simple : il s’agit d’un duel où deux armées se font face le long d’un front commun, et chacun son tour, les deux joueurs jouent une carte de leur main qui leur permet d’activer certaines de leurs unités, qui peuvent alors se déplacer, et potentiellement attaquer. Les combats se résolvent en lançant des dés, sachant qu’il faut obtenir une face correspondant à l’unité ciblée pour pouvoir infliger des dégâts. Eliminer toutes les figurines d’une unité rapporte une médaille, le premier qui en totalise un certain nombre gagne, ou alors le scénario innove un peu en introduisant d’autres objectifs à remplir pour obtenir lesdites médailles. Il y a le hasard des dés, les contraintes des cartes qu’on a dans la main, on est loin du jeu hyper stratégique DE PRIME ABORD (reposez ces fourches, les fanatiques), mais ça marche très bien, les parties sont courtes, et le déséquilibre assumé, d’où le fait de jouer en aller-retour.

« Général, préparez vos troupes pour une attaque en surface »

Forcément, quand on rejoue des batailles historiques, on ne va pas s’amuser à refiler discrètement quelques F-16 aux Alliés histoire de leur faciliter le Débarquement. Il y a un cadre à respecter, et on retrouve cette contrainte dans le design des scénarios. Ici se trouve la première différence notable apportée par le jeu Star Wars : quand il s’agit de faire s’affronter des camps imaginaires sur une planète qui n’existe pas, dans une galaxie fort fort lointaine, il devient permis de proposer des affrontements plus équilibrés. Evidemment, les règles n’interdisent pas de jouer la revanche, arrêtez de poser des questions idiotes, on perd du temps franchement. Mais l’intérêt réside ici dans le fait d’enchainer les 18 scénarios (pas d’un seul coup, j’ai dit d’arrêter avec les questions stupides) au sein d’une campagne qui scénarise un peu l’ensemble, et qui attribue certains petits bonus de départ au vainqueur de la précédente escarmouche. Rien de très fou, une unité par-ci, un leader à utiliser plutôt qu’un autre par-là, mais ça donne tout de suite un aspect assez cinématique au jeu. Oui, on s’y croirait, et le fait de terminer par un scénario « épique », c’est-à-dire nécessitant deux boites du jeu pour pouvoir être déployé, ne gâche rien.

L’introduction des leaders relève de la même démarche, permettant d’associer un visage au camp qu’on incarne. On ne va pas se mentir, l’apparition de Vador ou de Luke est un passage obligé quand on crée un jeu Star Wars. Reste alors l’implémentation, toujours délicate quand le jeu consiste à éliminer les unités de l’adversaire. On ne va quand même pas tuer Leia ! Richard Borg et Adrien Martinot ont du coup choisi de ne pas les faire apparaitre sur le plateau, mais juste de les faire figurer avec trois cartes dédiées qu’on ajoute à son deck personnel au début de la partie. On peut regretter de ne pas pouvoir déplacer la figurine sur le plateau, mais il me semble que cela aurait posé quelques soucis en termes de game design et d’équilibrage. De la même façon, on pourrait reprocher un casting un peu pauvre côté Empire avec Jean-Michel et Jean-Jacques qui accompagnent le seigneur Vador, le fait est que les méchants manquent terriblement de tête d’affiche dans le film. Quant aux cartes elles-mêmes, elles permettent de réaliser des actions un peu plus élaborées, qui seront bien sûr ruinées par un lancer de dés malheureux.

image de gauche tirée du film Star Wars – La Guerre des Etoiles, crédits Lucasfilm Ltd.

« Capitaine, les chances de détruire un AT-AT sont approximativement de 1 sur 5468 » « Tu sais, moi et les probabilités… »

C’est vrai qu’en 2025, proposer un jeu qui se résout au lancer de dés non mitigeable, c’est un peu dommage. Andromeda’s Edge, que j’évoquais dans mon précédent article, propose par exemple un système plutôt malin de résolution des affrontements. Attention, ce n’est pas non plus la foire à l’aléatoire : le nombre de dés est influencé par la distance entre l’attaquant et sa cible, certains éléments de terrain apportent des malus ou des bonus, il y a malgré tout un ensemble de paramètres à prendre en compte pour augmenter ses chances. Cette recherche d’optimisation et les contraintes imposées par les cartes en main, qui limitent la liste des unités que le joueur peut activer à son tour, forment un cadre de jeu simple à appréhender, et à s’approprier, et les joueurs ont vite fait de tenter des manœuvres avec leurs petites troupes. Certes, s’acharner sans succès à dégommer un blindé de l’Empire pendant trois tours peut être très frustrant, mais heureusement les parties ne sont pas très longues : au pire le supplice s’arrête rapidement, au mieux ça fait de chouettes anecdotes à conserver et raconter plus tard.

image de gauche tirée du film Star Wars – La Guerre des Etoiles, crédits Lucasfilm Ltd.

Alors que je partais avec un a priori pas hyper emballé (j’ai un a priori plutôt difficile à contenter, ce gros snob), mes parties m’ont carrément plu. Ce n’est pas si étonnant après tout : avec Battle of Hoth, Days ne vise pas forcément les fanatiques de Mémoire 44, qui ne trouveront rien de particulièrement original dans la boite, et au contraire pourront se sentir à l’étroit sur des cartes plus petites que dans le jeu originel. Pour tous les autres, et évidemment les fans de Star Wars en premier lieu, le système de jeu est particulièrement adapté à la proposition, avec suffisamment de liberté et de flexibilité pour avoir l’impression de mettre en place sa stratégie, tout en gardant des règles simples qui en font un jeu sortable rapidement et fréquemment. On pourrait craindre que la rejouabilité soit alors un facteur limitant, il n’y a après tout « que » 18 scénarios dans la boite, mais le créateur de cartes est déjà en place, et on peut tout à fait imaginer que si le jeu se vend bien, Days sortira par la suite d’autres boites et adaptera d’autres batailles, avec d’autres leaders et d’autres unités, à défaut de développer des extensions. Parce qu’il faut bien se l’avouer, et ça sera là mon principal reproche, tout ça manque singulièrement de Wookees.

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Prix constaté : 45 €

Test : Andromeda’s Edge

Test : Andromeda’s Edge

Cette critique a été rédigée à l’aide d’un exemplaire fourni par l’éditeur.

Au Labo des Jeux, nous cherchons constamment à rester à la pointe de la technologie journalistique. Podcasts, compte Instagram, bientôt vous aurez droit aux réels créés à l’aide d’une IA, dans lesquels une boite de jeu s’animera devant vos yeux ébahis et s’auto-dissèquera au cours d’un Open The Box fascinant et inquiétant. Avec une bande son digne d’un film d’Aronofsky. Ça va être tellement bien. En attendant, et si vous le voulez bien, je tente aujourd’hui une nouvelle expérience : écrire un article qui soit le plus fidèle possible à la substantifique moelle du jeu. Et comme on va parler d’Andromeda’s Edge de Lucky Duck Games, autant vous dire que tout cela ne va avoir ni queue ni tête, avec des paragraphes qui vont partir dans tous les sens, et une sensation de fouilli généralisé. Mais à la fin, on se sera quand même bien amusé. Allez, c’est parti.

Histoire de ne pas complètement perdre le lecteur dès le début, on va entamer cet article de la façon la plus logique qu’il soit, comme on commence une partie : en mettant le jeu sur la table. Andromeda’s Edge est assez intimidant de prime abord. Toutes ces couleurs très flashy, la vingtaine de peuples différents à jouer, la place de dingue qu’il prend dans la pièce avec son plateau modulaire à base de planètes, de nébuleuses et de lieux civilisés, ses pistes de techno, ses plateaux joueurs, ses vaisseaux spatiaux, ses pirates, y en a beaucoup, je vous le mets quand même. Mais ne vous laissez pas impressionner par tout le whizz et le shabang, il va surtout s’agir de monter sur 5 pistes de scoring, ou plutôt de choisir sur lesquelles monter.

Bon évidemment, il ne s’agit pas non plus de jouer aux petits chevaux, donc il va falloir un peu réfléchir et optimiser, surtout qu’il s’agit d’une course, la partie s’arrêtant quand l’un des joueurs atteint un nombre de points fixé à l’avance. Ça tombe bien, le cœur du jeu est simple à appréhender, et les actions également : nos vaisseaux actuellement en baie d’amarrage sont nos ouvriers, soit on en pose un pour réaliser une action ou ramasser une ressource, soit on rappelle tous nos petits, et au passage on active dans une gigantesque fête au combo les modules qu’on aura pris soin au préalable de rajouter à notre plateau personnel. Et c’est ainsi que cette simplicité est masquée par la quantité de trucs qui surviennent durant la partie : de manière générale, il se passe toujours plein de choses au moindre des gestes qu’on réalise, ce qui peut engendrer un certain temps d’attente entre les tours.

Vers la bagarre, et au-delà !

Par exemple, si l’on pose un vaisseau sur une planète ou une base de l’alliance, on récupère une ressource ou effectue une action classique comme construire un nouveau vaisseau, mais si des pirates trainaient dans le coin, ils convergent vers vous, et c’est LAAAAA BBBBBBASTON ! Les autres joueurs peuvent s’ils le souhaitent se joindre à la bagarre et tout le monde lance ensuite ses dés avec un chouette système pour déterminer le vainqueur : on lance autant de dés que la force de frappe cumulée de nos vaisseaux, et on relance tous les dés dont la valeur est inférieure à notre valeur de ciblage, elle-même égale au nombre de vaisseaux qu’on a engagé. Il y a donc du hasard, forcément, mais venir en masse augmente sensiblement les probabilités. Il est également possible d’upgrader nos vaisseaux pour booster le nombre de dés ou la valeur de ciblage, sans parler des cartes Stratégies qu’on peut abattre en laissant échapper un Mouahahah diabolique. Cerise sur le space cake, perdre n’est pas hyper pénalisant : certes le vaisseau part à la casse, mais il n’est pas bien compliqué de le réparer, et on touche une petite compensation customisable au passage.

On aime donc se bagarrer dans Andromeda’s Edge, cette phase de combat survient donc assez souvent. Il se peut également que certaines actions ou résultats d’action, comme progresser sur l’une des pistes de scoring, fassent avancer un marqueur d’événement, jusqu’à déclencher l’apparition du dit événement, l’occasion de marquer quelques points et de faire apparaitre sur le plateau de nouveaux pirates de l’espace, au début gentils souffre-douleur, et sérieux casse-couilles sur la fin. Vous l’avez compris, le jeu fourmille et ça peut nuire au rythme. Notamment lorsqu’on arrive aux effets et conséquences de la 2eme action possible, à savoir rappeler ses vaisseaux. Chaque vaisseau peut en effet activer l’un des modules du joueur, pour réaliser des actions supplémentaires ou récupérer les ressources qui les alimenteront, avec des scorings intermédiaires à calculer, des combos à exécuter, la possibilité d’utiliser de l’énergie pour activer des modules supplémentaires, bref cette action peut engendrer quelques longueurs, notamment à la fin.

Dans l’espace, personne ne vous entendra poser sept et retenir deux

Il faut dire que ces modules sont au cœur du jeu : en acquérir un fait progresser sur la piste de scoring correspondante, et ils sont les rouages du moteur qu’on construit au fur et à mesure de la partie, et qu’on exploite lors de la phase de rappel des vaisseaux. Vous allez donc régulièrement chercher à en obtenir, faisant progresser le marqueur d’événement, et rallongeant le temps d’exécution de l’action de rappel des vaisseaux. Cela dit, il apparait possible de les délaisser pour tenter d’autres stratégies, comme par exemple un tabassage systématique et agressif de tout ce qui remue un tentacule, et je trouve ça appréciable. Cela peut être d’ailleurs encouragé par les bonus accordés par le peuple qu’on incarne, introduisant une petite asymétrie de départ qui a le mérite de donner une direction quand on débute le jeu.

Et c’est ainsi que je reviens à mon propos de départ : l’espace, c’est vaste, et Andromeda’s Edge l’a bien compris. On a l’impression que ça part dans tous les sens, avec les vaisseaux à améliorer, les modules à acheter, les monuments à ériger, les chefs à recruter, les pirates à tenir à distance, mais par où je commence moi ? Alors qu’au final, et je vais vous épargner la métaphore filée de l’espace, tout tourne autour de la même chose, froide, mécanique : monter sur les pistes de scoring, qui vont permettre d’améliorer nos vaisseaux, décupler les points rapportés par les monuments, et générer d’autres scorings de fin de partie. Mais l’enrobage est satisfaisant, avec un beau matos qui donne envie de faire piou piou dans l’espace, alors on l’oublie rapidement et on se prend au jeu. C’est bien là l’essentiel non ?

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Prix constaté : 66 €