Test : Northgard : Uncharted Lands

par | 8 Sep 2022 | Tests | 1 commentaire

A l’origine, Northgard, l’excellent jeu vidéo créé par les bordelais de Shiro Games, empruntait déjà pas mal au jeu de plateau. L’adapter en jeu de société paraissait donc un juste retour des choses.

Northgard : Uncharted Lands est un jeu d’Adrian Dinu (Moai, Scare It !), illustré par le talentueux Grosnez et édité en France par Studio H. Il se joue de 2 à 5 joueurs pour une durée annoncée d’une heure à une heure et demie. Comptez plutôt deux heures à partir de 4 joueurs.

l

Viking of the Hill

Vous êtes des hommes du nord. Plus habitués aux raids en drakkars qu’aux baraques à frites, vous venez de débarquer dans une sorte de Groenland mythologique. Une terre inconnue peuplée de loups géants et de valkyries déchues. Malheureusement, d’autres clans ont eu la même idée que vous. Il vous faudra donc eXplorer ce nouveau monde, anneXer ses territoires, eXploiter ses ressources et eXterminer tout ce qui se dressera sur votre route.

Après cette présentation d’une grande subtilité, vous aurez compris que nous avons affaire à un 4X. Un jeu de stratégie et de conquête dont on retrouve les mécaniques habituelles : un territoire qui apparaît petit à petit, des bâtiments à construire, des ressources à gérer et des technologies à débloquer. Northgard ajoute à ce mélange classique une touche de deckbuilding qui s’inclut très naturellement à l’ensemble.

Très simple dans un premier temps, il joue très bien son rôle d’initiation à ce type de jeu. La jeune joueuse de 12 ans qui a adoré les parties qu’on a faites ensemble peut en attester. D’autant qu’elles n’ont pas dépassé deux heures, même à 4.

Par contre, Northgard devient tout de suite plus complexe quand on ajoute les créatures sauvages qui peuplent les territoires et ne font rien qu’à vous embêter. C’est d’ailleurs une très bonne idée d’avoir proposé de les inclure dans un second temps. Cela permet une découverte en douceur des principes les plus complexes du jeu. Ce qui m’a moins convaincu c’est le déplacement des animaux, inutilement compliqué et parfois difficile à anticiper. Cela peut créer de mauvaises surprises, normalement pensées pour être prévisibles.

l

J’en ai l’Ragnarok

Une fois complet, le jeu se révèle plus costaud. En termes de richesse et de complexité, on est quand même loin des grands ténors du genre comme Rune Wars ou Twilight Imperium mais on en retrouve néanmoins la saveur. Attendez-vous à des sensations de jeu à l’américaine : on fait des choix tactiques toute la partie, mais, au final toute notre stratégie peut être ruinée par une pioche malencontreuse.

Par plaisir sadique, j’y ai fait jouer ma femme, grande amatrice de jeux à l’allemande. Ça n’a pas loupé : bonne gestionnaire, elle s’est rapidement rapprochée de la condition de victoire immédiate (construire trois grands bâtiments)… Avant que tout le monde ne lui tombe dessus et lui ravisse ses territoires. Elle s’est levée, a dit beaucoup de mal de nos mamans et est partie fumer une clope. Quand elle est revenue, elle s’est adressée à moi. “Tu m’as fait une Cyclades.”. Ce jeu interdit sous notre toit, où l’on se démène pour construire une métropole qu’un autre joueur vient nous piquer en jouant un Pégase. Si, comme elle, vous ne supportez pas ce genre de retournement de situation, fuyez.

En ce qui me concerne, j’ai adoré certaines parties et en ai détesté d’autres. J’ai parfois eu l’impression que le jeu s’acharnait contre moi sans que je puisse m’en sortir. C’est aussi ça qui fait l’âme un 4X, c’est parfois injuste, mais c’est justement ce qui fait qu’on se souvient de nos parties.

l

Valhalla, que c’est joli !

Côté matériel, le jeu fait le taff. Le thermoformage est plutôt bien foutu ce qui permet de lancer rapidement une partie. La version KS est nettement supérieure sur ce point*. Par contre, le rendu des figurines viking est grossier. Amateurs de belles pièces, passez votre chemin… Ou consolez-vous avec les créatures, déjà plus réussies. Plus mémorables, ce sont les magnifiques illustrations de Grosnez issues du jeu vidéo.

D’ailleurs, le jeu de plateau retranscrit très bien les sensations de son paternel vidéoludique, simplifiant ce qu’il faut là où il faut. On retrouve notamment le caractère propre aux différents clans grâce à leurs capacités et leurs technologies uniques.

l

Mange tes grands Nords

Le passage du pixel au carton a plutôt réussi à Northgard. Il nous offre un 4X tout à fait honnête qui fait une bonne porte d’entrée pour le genre ou une alternative intéressante pour les amateurs dont le planning ne permet plus des parties interminables. Reste à voir si vous êtes prêt à dépenser 70 euros pour ce genre d’expérience.

*A l’origine, Northgard : Uncharted Lands est un projet de financement participatif lancé par OpenSesame Games, un éditeur franco-américain plutôt connu pour ses jeux de rôle. Comme d’habitude, la version commercialisée par Studio H est différente de la “deluxe” KS. Il comporte deux modules en plus (les chefs de guerre, un apport dispensable mais sympa et de nouvelles créatures qui passent les parties en mode survie tant le jeu se met à nous fesser avec des orties). On y trouve également quelques améliorations de matériel (le bois remplace le carton) et de confort (rangement).

l

Disponible ici :

Prix constaté : 69.90 €

1 Commentaire

  1. CatPionDe3

    Ça me tentait bien… jusqu’à la mention de Cyclades ^^
    Pas hyper fan de la direction artistique, mais le concept d’initiation au 4X a l’air plutôt convaincant.
    A essayer en festival !

    Réponse

Laisser un commentaire

%d blogueurs aiment cette page :