Test : D.E.I. Divide et Impera

par | 7 Sep 2022 | Tests | 3 commentaires

D.E.I « Divide et Impera » est un jeu de Tommaso Battista (Barrage), il est illustré par Fernando ArmentanoSimone de PaolisTommaso IncecchiGiovanni Pirrotta, et il est édité en VF par Intrafin Games.

Ce test est issu d’une boite fournie par l’éditeur.


C’est un jeu pour 2 à 4 personnes à partir de 14 ans et pour des parties de 60-90 minutes.

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Le matériel

Je suis très mitigé sur le matériel.

Je m’explique, on a des plateaux double couche pour tout le monde, magnifique !

MAIS, ces plateaux se sont gondolés chez moi dès l’ouverture de la boite et n’ont jamais retrouvé leur forme bien plate…

Dommage, parce que du double couche pour poser ses cubes et son personnage c’est quand même assez classe dans une version boutique !

Les autres plateaux sont fins, très fins, probablement pour des raisons de coûts, il était impossible de faire des plateaux plus épais.

Les tuiles qui composent la map par contre sont épaisses, solides…mais gondolent aussi un peu et surtout, le rangement prévu dans la boite n’est pas pratique du tout.

Si on ne fait pas un peu de Tetris une fois les éléments collés les uns aux autres (oui car il faudra coller les tuiles les unes sur les autres) la boite refusera de fermer correctement, donc il faudra trouver quelle tuile placer à l’envers sur la précédente et reproduire ce schéma à chaque fois…

J’avoue que ça m’a quelque peu agacé…

Le reste est de très bonne qualité, que ce soit les jetons de ressources, les meeples avec le héros pour chaque faction, les meeple drones, les passerelles, les cartes.

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A quoi ça ressemble ?

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Avis narratif

49 ans se sont écoulés.

La mort blanche nous a frappés d’un coup.

De ce monde en ruines, gelé et où l’humanité est sur le déclin le plus total, deux « espèces » sont maintenant bien distinctes.

Les « sang-pur », comme ils se sont eux même auto-proclamés, et les ferrailleurs, luttant pour leur survie, dépendant des sang-pur pour recevoir des provisions et pour utiliser la technologie supérieure qu’ils veulent bien nous donner.

Car, oui, nous sommes des ferrailleurs, nous n’avons pas eu le privilège de naître dans la bonne caste…

Notre vie sera une dure survie, pas seulement pour plaire aux sang-purs, mais aussi pour lutter contre les autres ferrailleurs, car 4 grandes factions ont émergé et les sang-pur s’arrangent pour que nous ne puissions pas nous rallier pour nous soulever contre eux.

Notre vie est une course, nous devons accomplir les missions que les sang-pur nous donnent le plus rapidement possible pour pouvoir prétendre à de meilleures récompenses, plus de provisions pour notre faction, impossible pour nous de tenter de nous allier, nous devons être plus nombreux que les autres, pour accumuler plus de ressources, terminer les missions plus rapidement, et surtout, quand on débarque là où d’autres factions sont déjà présentes, notre supériorité doit être bien visible, sinon personne ne nous laisserait récolter des ressources, ou même simplement traverser la zone.
Etre nombreux est la clé de notre survie et c’est aussi la meilleure façon de s’attirer les faveurs des sang-pur, le combat est trop risqué, donc le fait de traverser une zone et de tenter d’en prendre le contrôle, pour mettre des ferrailleurs en garnison dans les avant-postes et ainsi essayer de déverrouiller de nouveaux avantages tactiques qui nous donneront un peu plus de suprématie et de forces.

Le temps nous est compté, les différentes factions ont leurs forces, leurs faiblesses, les drones qu’on nous attribue sont un piège, car n’importe qui pourrait les utiliser en allant acheter des cartes d’accès sur les différents marchés, marchés dont les ressources pourraient être limitées si nous ne contrôlons pas assez d’avant-postes et donc, les meilleures cartes pourraient nous être soufflées !

N’oublions pas d’essayer de mettre la main sur les glucidions, ces ressources aussi rares que précieuses qui vont nous doper et donc nous rendre plus efficaces.
Malheureusement, il n’y en a que peu d’accessibles et cela va nous demander une bonne organisation pour les trouver et de la sagesse pour les utiliser judicieusement !

La majorité, la majorité, voilà ce qu’on nous enseigne depuis notre naissance, il faut être majoritaire en force pour pouvoir tout faire dans ce monde…

Dura lex, sed lex, la loi est dure, mais c’est la loi, telle est la maxime que j’entends toujours lorsque le petit jeu auquel nous nous livrons était appelé « divide et impera », diviser pour mieux régner !

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Conclusion

Divide et Impera (DEI donc) m’a tout de suite attiré, j’ai cru au premier coup d’œil que c’était une sorte de wargame et j’ai été surpris (et déçu) quand j’ai vu que c’était un jeu de majorités. Je n’aime pas les jeux de majorité, mais bon, le jeu était là (oui c’est les joies de parfois être attiré par un jeu par son thème et son plateau, plus qu’en ayant lu les règles…) donc il ne me restait qu’à l’essayer et à voir ce que ça donnerait !

Eh bien, un double constat s’est fait : J’ai aimé le jeu, et finalement je sais pourquoi je ne n’aimais pas les jeux de majorité.

C’est parce que le premier que j’ai essayé avait été mal expliqué et que je n’étais pas dans des conditions favorables pour y jouer, j’étais donc parti avec un a priori sur cette mécanique. Mais ici la mécanique a bien pris car elle reste maligne et pas bête et méchante !

Je m’explique, tout ou presque demande d’avoir des majorités pour pouvoir faire quelque chose, mais il existe des composants du jeu (cartes, avantages, capacités de leader de faction…) qui nous permettront de nous affranchir d’une majorité et d’effectuer des actions malgré tout, même en étant en infériorité numérique !

Bien se déployer, occuper beaucoup d’espace d’un coup au risque de tout perdre ou au contraire se déplacer de manière méthodique, piller les ressources d’une zone avant de passer à la suivante au risque de n’avoir aucun avant-poste occupé, et donc d’en perdre les avantages, va demander de bien réfléchir, de tenter d’anticiper ce que feront les autres et de nous adapter quand nos plans seront contrecarrés à cause d’une carte jouée par une autre personne et que l’on avait pas prévue !

Car, nous commençons avec les mêmes cartes en main, un peu comme dans un deckbuilding.

Toute nos cartes nous sont accessibles et on va en jouer 6 au total par manche, 4 manches et la partie est terminée, décompte des points !

A la fin de chaque manche, on devra accomplir une mission et on ne pourra jamais faire 2 fois la même. Si on accomplit notre mission à temps ou en avance, les récompenses seront meilleures que si on l’accomplit en retard !

A nous de bien nous organiser pour savoir s’il est plus rentable de prendre le plus de points tout de suite ou d’attendre pour gagner autant de points ou plus si on peut remplir les conditions plus pleinement !

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Il faut aussi mentionner que le jeu est en 3D sur 3 niveaux, donc, là aussi, les sensations de jeu sont excellentes car on ne se contente pas de savoir si on a besoin de se déplacer, mais aussi de savoir où se déplacer, rester au sol, aller sur les toits ou les sommets…
Que de choix cruciaux !

Construire des ponts ou des tyroliennes pour passer d’un toit à l’autre ou du sol au toit et vice versa, des camps pour se déployer plus rapidement.

Savoir exploiter le drone de sa faction ou piquer celui des autres factions, acheter des cartes pour avoir plus de points et des actions plus puissantes, se fournir au marché noir, plus cher, mais plus rentable, ou contrôler des avant-postes pour avoir plus de choix sur les marchés, autant de questions cruciales à se poser et de choix à faire !

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Nous avons aussi aimé la forte interaction directe et indirecte entre les protagonistes, les capacités de leader, les possibilités offertes par les atouts à débloquer, la map modulable (qui permet de ne pas jouer toujours avec la même map et donc qui n’offre pas de possibilité de savoir quel est le meilleur départ à prendre) et surtout quelques variantes pour augmenter le suspens, l’interaction et autres ; d’ailleurs, je recommande pour la première partie, si vous avez l’habitude des jeux assez costauds, de mettre la variante où les cartes sont placées face cachée, puis révélées une fois la manche commencée, comme ça on ménage bien plus le suspense et l’effet guessing !

Les autres variantes s’intègrent au fil des parties, le choix des missions restreint aussi, va plus diriger les stratégies et proposera une plus grosse course aux objectifs par exemple…

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Donc, au final, à part les points noirs soulevés dans la partie du matériel, la mécanique quant à elle nous a plu, on a vraiment passé d’excellents moments pleins de coups fourrés et de stratégies changeantes ou totalement réussies !

Le livret de règles manque parfois de clarté sur certains points, mais un glossaire permet de comprendre la majorité des choses floues et la gestion des zones est compliquée au départ, puis ça devient naturel et fluide après quelques parties !

Si le jeu nous oblige à diviser pour mieux régner, les sensations de jeu nous ont rassemblé sous la bannière du « on refait une partie quand ? » !

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Disponible ici :

Prix constaté : 69,90 €

3 Commentaires

  1. Dod

    Entièrement d’accord avec tout ce qui est dit 🙂

    Réponse
  2. Jérôme BELLAED

    Bonjour.
    Je me permet de revenir sur quelques points afin de mitiger un peu :

    – Le matériel :
    J’ai acheté de jeu mi juillet, j’y ai joué plusieurs fois, il a été stocké dans un garage peu isolé durant mon déménagement, il a passé une journée de transport à 35°C ET il est à la maison sans aucun souci de plateaux qui gondolent.
    La plupart de matériel est sensible à l’humidité ambiante. J’ai pu remarquer, ayant ouvert des jeux dans des endroits divers (chez moi, chez des amis, dans des boutiques ou bar à jeux) que le matériel papier / carton réagissait de façon différente et, parfois définitive. Exemple : j’ai ouvert Through The Ages chez un ami et tout a gondolé (ce qui arrive, en général, chez lui) car son appartement retient fortement l’humidité).
    DONC difficile d’évaluer ce critère à moins d’ouvrir les jeux et de les tester au même endroit et dans les mêmes conditions. Autant dire que sans labo à atmosphère contrôlée, c’est impossible.

    Et, oui, les plateaux Marchés sont fins ! Mais, avec l’habitude, on peut ne plus les utiliser. Rappelez-vous, avant les X plateaux par jeu, les tapis de jeu, on mettait nos petits paquets sur la table et on étalait les cartes comme dit dans la règle. C’est vrai que l’on s’habitue vite au « Deluxe » mais on en paye le prix à la caisse (coucou Everdell).

    – Le rangement :
    Au final, c’est simple : on met toutes les tuiles terrain avec un « virage » tête-bêche d’un côté et c’est réglé. Ma boite ferme très bien (j’ai même encore de la place) alors que j’ai ajouté du matériel.
    Par contre, le calage, car on ne peut pas parler d’insert, est fragile. Pour ma boite, il était déjà bien plié à l’ouverture. 2 solutions : renforcer avec du carton plume ou se faire un insert (carton plume, carton ou impression 3D).

    – Le style de jeu :
    Effectivement, le texte sur la boite ne donne aucune information factuelle sur le type de jeu, on a du texte d’ambiance et la liste du matériel. A aucun moment on ne peut lire « majorité ». Avec les illustration (photo du jeu et couverture), on peut penser à un jeu d’affrontement. Mais je pense que lorsque l’on va dépenser 70€, on prend un peu d’informations avant. C’est comme acheter Scythe en voyant la boite et se disant « Cool, un jeu d’affrontement de méchas dans des champs de blé ! ».
    Pour ma part, j’ai vu le jeu dans un coin (avant sa mise en vente), comme ça m’a intrigué, j’ai été sur BGG et Youtube pour en savoir plus et me décider à l’acheter.

    De plus, même si le système de majorité semble au cœur du jeu, il peut être vu comme un levier stratégique et, alors, on bascule sur un jeu de gestion et de stratégie. Chacun sa façon d’appréhender le jeu.

    – Jeu en 3D donc sur 3 niveaux :
    Oui et non ! Visuellement, il y a 3 niveaux mais, en matière de gameplay, il n’y en a que 2 : sol et toits.

    – Pour le système de majorité :
    Ceux qui on joué ou sont habitués à Root ce cœur du système de déplacement de ce dernier. Une fois en tête, le jeu n’est « pas si complexe que ça ».

    – Le livret de règle :
    J’ai eu envie de râler à la lecture des règles car j’avais l’impression d’avoir des informations manquantes, qui arrivaient plus tard et je devait relire un passage précédent pour bien faire le lien. Bref, pas très ergonomique. Mais, lors d’une deuxième lecture (c’est je crois la meilleure solution pour éviter les aller/retour : première lecture attentive et relecture pour tout bien lier), j’ai du admettre que le livret était bien organisé et qu’il y avait un choix à faire sur ce point tant il y a de possibilités qui dépendent de plein d’éléments : pour explique les majorité, il faut parler des déplacement et de ce qui le modifie, donc des faction et des cartes, donc des marchés, donc des ressources donc des actions, donc des majorités, etc.
    Personnellement, je n’aimerai pas avoir à rédiger les règles du jeu expert !

    Enfin, pour compléter :
    Les extensions sont en cours de traduction chez Intrafin. Le mode solo officiel arrivera d’ans l’une d’elles, mais pas les premières, semble-t-il, avec 2 factions supplémentaires.
    Pour les « bricoleurs », vous pouvez déjà vous faire vos mercenaires (Penny Boom et Mad&Max) car leur règles sur disponibles, en anglais, en pdf (on voit le matériel et les cartes). en attendant les sorties officielles.

    Bien à vous et bon jeu.

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    • Fabien

      Merci pour votre commentaire très détaillé !

      Réponse

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