Deux jeux de mots sont arrivés à peu près en même temps, l’occasion de les mettre en concurrence !
Jeu d’ambiance coopératif, One Round ? vous demandera de remplir les espaces entre les mots le plus vite possible. Celui-ci nous vient d’Allemagne, et est l’œuvre de Tobias Tesar, un jeune auteur dont il semble s’agir du 1er jeu édité. Il commence par un jeu de mots, et dans cette mécanique de jeu, il y a à boire et à manger. Ce n’est pas la catégorie de jeux auxquels je joue le plus, mais avoir un jeu de mots sous la main, c’est toujours utile en cas d’apéro ou de soirée entre amis. Je possède Codenames, So Clover, Fiesta de los Muertos et Just One qui passent avec succès l’épreuve des années et des multiples sorties ludiques, gage de leur qualité.
L’île des Mots Dits nous vient du Brésil et n’échappera pas à la filiation avec Codenames, et on verra pourquoi. Il a pour lui l’avantage de proposer un matériel assez immersif avec un beau travail éditorial.
Les 2 jeux partagent le fait de désigner un « maitre du jeu » qui fera office de guide pour emmener les autres joueurs vers la victoire, à savoir placer tous les mots dans One Round ?, ou s’échapper de l’île dans L’île des Mots Dits. Nous sommes sur du coopératif donc, et les 2 jeux proposent aussi un mode compétitif, équipe contre équipe.
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Sur la table
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Premier élément de comparaison, et directement lié au gameplay, c’est la présence sur la table de ces 2 jeux. Là où One Round ? vous propose de disposer les cartes en cercle au milieu de la table, L’île des Mots Dits utilisera un tapis représentant l’île sur laquelle vous disposerez les tuiles.
Le but de One Round ? est de compléter le cercle en y plaçant toutes les cartes. À chaque tour, un informateur tire une carte de la pioche, regarde le numéro inscrit dessus qui va définir où la carte doit être placée. En effet le cercle au milieu de la table doit contenir les cartes placées dans le bon ordre numérique. 3 cartes sont placées au début de la partie, avec les valeurs 0/100, 33 et 66. En fonction de la carte que l’informateur va tirer, il sera donc le seul à savoir où placer cette carte, et quel indice donner aux autres joueurs, afin de leur faire deviner l’emplacement adéquat. L’indice doit donc se rapporter aux 2 mots situés à droite et à gauche de l’emplacement visé. On verra que c’est pas toujours simple … ^^
L’île des Mots Dits définit un éclaireur pour toute la partie, ça ne change pas à chaque tour. Lui seul connaît la disposition de l’île (comme à Codenames) et va devoir guider les autres joueurs sur le chemin dangereux vers le trésor, des bonus, et finalement la sortie de l’île. Mais des malédictions et pièges sont disposés sur l’île. Trois tuiles sont aussi placées dès le début de la partie avec 3 mots visibles. L’éclaireur pioche une tuile vierge, y inscrit un mot, et le donne aux joueurs, qui devront la placer sur l’île, à l’endroit qui leur semble convenir en fonction du mot inscrit par l’éclaireur, et des mots déjà visibles sur l’île. L’éclaireur indique ensuite ce qu’il y a sur la case explorée en se référant au plan qu’il est le seul à connaître.
L’île a cet avantage d’un matériel plus immersif que One Round, et qui « casse » un peu le côté abstrait des jeux dont le but est de faire deviner des mots avec des indices. Visuellement ça attire bien plus l’œil que la DA classique et colorée de chez Schmidt avec toutes ces couleurs, même si l’objectif de maximiser la lisibilité est atteint chez les allemands. Je fais abstraction des couleurs, et me concentre sur les 2 données importantes pour le jeu, les mots et les nombres. Simple, efficace.
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Fifty fifty
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L’écueil que je rencontre souvent dans les jeux de mots, c’est ce maudit « fifty fifty ». Je m’explique : dans l’île des Mots Dits, l’éclaireur va me donner une tuile avec un indice. En fonction de ce que je vois déjà sur l’île, j’arrive à comprendre vers quelle direction il nous envoie, et surtout vers quelle direction l’éclaireur espère que nous n’irons pas. Malheureusement me voilà bien avancé, puisque comme vous pouvez le voir sur la photo, je me trouve devant plusieurs choix possibles, sans rien qui me permette de les départager. Avec l’exemple ci-dessous, si l’éclaireur me donne un mot qui ne peut avoir un rapport que avec « laver », comment est-ce que je décide sur laquelle des 2 cases à sa gauche je le place ? Celle d’en bas avec le palmier ou celle juste au-dessus ? Ce hasard mécanique se reproduit régulièrement dans la partie, et c’est comme si je jetais une pièce en l’air pour les départager. Ça me sort complètement de la partie, je ne conçois pas que le succès de l’aventure ne dépende que d’un choix complètement hasardeux qui se reproduit à plusieurs reprises durant la partie.
source : matagot
Codenames à qui L’île des Mots Dits emprunte le système de carte plan/solution uniquement visible par l’éclaireur, propose un autre dilemme puisque parfois je vais hésiter entre plusieurs mots qui pourraient correspondre à l’indice donné par le joueur. Mais en l’occurrence je dois prendre une décision en fonction des références communes, des précédents indices. Dans l’île, il n’y aura aucun moyen d’avancer dans cette prise de décision, je vais finalement faire un vote, « alors qui vote pour là, et qui vote pour là »… Super. Aucun fun lorsque cela se produit, et clairement un gros point noir me concernant pour ce jeu.
One Round permet moins à ce phénomène de se produire je trouve, il se rapproche plus de Codenames. Si j’hésite entre 2 emplacements pour placer l’indique donné, c’est que le mot n’est pas assez éloigné des autres mots déjà inscrits, ou que l’association d’idées choisie par l’informateur n’est pas si évidente pour ceux qui doivent la deviner. Je pense que les joueurs ont plus de prise sur cet élément, à eux de bien choisir leurs indices. Je subis moins et je trouve cela plus agréable mécaniquement.
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Eloignés visuellement, mais proches dans le déroulé
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Comme dit précédemment, L’île des Mots Dits met l’accent sur un matériel plus immersif et soigné que la simplicité de One Round. Mais parfois le plus simple est finalement le plus efficace. Les 2 jeux auront pour finalité de faire deviner les emplacements sur lesquels placer les indices donnés par l’informateur/l’éclaireur. Il faudra faire cela à plusieurs reprises pour gagner la partie, placer les 12 cartes dans One Round, sortir de l’île avec le trésor pour L’île des Mots Dits. Personnellement je privilégie l’immédiateté et le côté plus direct de One Round sur ce point. Jeu d’apéro ou de repas entre amis par excellence, One Round ne fait pas de « chichi », s’explique en 3 minutes, on pose 3 cartes, on inscrit 3 mots, 1 stylo 1 sablier et c’est parti. L’île des Mots Dits, je vais expliquer les différentes cases que l’on peut rencontrer, le système de malédictions, la pioche de cartes qui peut se reconstituer et nous donner plus de chances si je vous guide sur la case d’eau, l’amulette qui protège etc … Moins évident et moins direct, même si la finalité est proche : vous faire placer au bon endroit le mot que j’aurais écrit.
En conclusion je vais garder One Round dans ma ludothèque qui correspond mieux à ce que j’aime dans les jeux de mots, et que j’aurai plus l’occasion de ressortir. Un jeu simple, direct et rapide idéal pour un apéro ou repas entre amis. Après l’explication rapide et le premier tour de jeu, tout le monde a compris. Il a aussi l’avantage de faire participer tout le monde de la même manière, en faisant tourner ce rôle d’informateur à chaque tour. Chacun pourra endosser ce rôle, et même les joueurs moins à l’aise pour faire deviner que pour deviner devront s’y coller, mais ça ne durera pas toute la partie. Rien de pire qu’un informateur ou éclaireur qui ne sait pas y faire et qui garde ce rôle toute la partie.
Enfin, et c’est souvent le propre des jeux de mots, j’insisterai sur le public de ces 2 jeux. Comme il faut faire deviner des mots, en usant de références plus moins évidentes, d’allusions, de rapprochements, j’ai vraiment du mal à y jouer avec toute la famille, des enfants aux parents jusqu’aux grand-parents. C’est la limite de la mécanique je trouve, et ça en devient très (trop) compliqué pour faire deviner un mot ou un emplacement à tellement de profils différents. Je joue donc à One Round à l’apéro ou en soirée avec des amis.
Savage Bowl est un jeu de plis plutôt… savage ! La première moitié de chaque manche dispose d’un arbitre qui est là pour limiter la casse, mais une fois son quota de cartons jaunes atteint, il quittera le terrain pour vous laisser régler vos comptes sur la seconde mi-temps.
Le jeu d’Urio est sorti en 2023 au Tokyo Game Market et est rapidement devenu introuvable. Pourtant, le jeu est excellent et, au final, il a trouvé une localisation par Matagot ! En cours de route, Allplay est entré dans la danse et a lancé pour leur campagne Kickstarter qui se déroulera en juillet 2025 avec Sail Legacy et Sick Trick, mais ceci est une autre histoire.
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Revenons donc à Savage Bowl : le jeu se déroule en 4 ou 5 manches (à 4 ou 5 joueurs), et à chaque manche, vous aurez 12 ou 13 cartes avec pour mission de ne remporter que 3 plis (4 j) ou 2 plis (5 j). 4 couleurs allant de 1 à 13, une couleur d’atout allant de 1 à 8, et avec tout cela, que le match commence !
Pour la première période, à chaque pli, celui qui a joué la carte la plus forte (atout le plus fort ou carte de la couleur demandée la plus forte si aucun atout n’est présent) est envoyé sur le banc pour le pli suivant. Il ne gagne donc pas le pli et doit en plus défausser une carte face cachée de sa main. Le joueur ayant joué la seconde carte la plus forte gagne donc le pli et relance le pli suivant.
Après 5 plis, l’arbitre a rempli son quota, et désormais c’est la carte la plus forte qui gagnera chaque pli.
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Un jeu schizophrène où survivre n’est pas la clef, c’est votre unique but ! En effet, si vous gagnez un pli de plus que l’objectif, vous êtes immédiatement éliminé. De même, si vous ne réalisez pas l’objectif, vous ne marquerez pas de points ! C’est sec comme un placage cathédrale, cette affaire, pas de place pour les copains, on joue sa vie sur le terrain ici !
Savage bowl ne fait pas dans la dentelle, chaque pli est fait pour éliminer, sortir un joueur de la manche. On joue donc chaque carte comme potentiellement sa dernière, on essaiera bien évidemment d’être le plus fort sur les premiers plis pour se permettre de retirer une carte au choix de sa main. Tout est dans l’anticipation, dans le calcul, dans le pari également, dans ce qui rend ce jeu tellement « jeu de pli ».
Le jeu est direct et plutôt violent, mais ne vous méprenez pas, il n’en est pas moins fun et généralement c’est là que l’on entend les plus gros éclats de voix et où les joueurs pestent le plus. À Savage Bowl, on trash talk, on provoque, on en vient dirait presque aux insultes, mais toujours avec le sourire aux lèvres.
Le jeu n’existe qu’à 4 ou 5 joueurs, un défaut pour certains, un gage de grande qualité pour moi. Les développeurs ont bien compris que leur joyau ne fonctionnerait que dans ces deux configurations et ils n’ont pas cherché à le dénaturer. Le résultat est impeccable, le jeu fonctionne aussi bien à 4 qu’à 5, il conserve toute sa tension dans les deux configurations, pas de préférence pour l’une ou l’autre personnellement.
Que dire de plus ? Savage Bowl est clairement une pépite, de ces jeux qui sont tout en haut de leur catégorie. Sa localisation est donc une excellente nouvelle qui permettra au plus grand nombre d’enfin le découvrir et l’obtenir.
Cela s’accompagne d’une nouvelle direction artistique avec The Mico aux pinceaux. On aime ou on n’aime pas le travail de l’illustrateur fétiche des royaumes du nord, ouest et sud de Shem Phillips, mais vu que ce sera le seul moyen de mettre la main dessus, il faudra faire avec.
Vous l’aurez compris, Savage Bowl est un jeu à avoir ou au moins à jouer si la mécanique du jeu de pli vous intéresse (en même temps, vous traînez par ici) ; c’est frontal, mais dans la rigolade, et le résultat est bluffant.
Les jeux à licence, vaste programme ! Souvent c’est déceptif, quelquefois jouissif, d’autres fois vite oublié. Exercice compliqué par excellence, il va falloir essayer de contenter le fan tout en ne tombant pas dans quelque chose qui va repousser les curieux. Pour en revenir à celle qui nous intéresse aujourd’hui, Astérix, la cible d’origine étant déjà multigénérationnelle et familiale, ça simplifie l’exercice je pense. Sachant que les ayant-droits veillent au grain et c’est tant mieux. J’ai pu m’en apercevoir lors du dernier jeu dans l’univers Astérix sorti il y a trois ans à peu près, l’Empire de César. Une réussite pour un jeu familial, avec des mécaniques de collection de jetons et de construction de routes. Il fut l’œuvre d’un auteur Nancéen, Matthieu Podevin, et je dois dire que j’attends toujours l’extension pour ce jeu, qui risque de ne pas voir le jour puisque l’éditeur de départ, Holy Grail, a depuis mis la clé sous la porte. Toujours est-il que le travail éditorial fut très encadré tout au long de la conception et du développement du jeu, avec de nombreuses contraintes à respecter pour répondre aux exigences du poids de l’héritage d’un tel mastodonte culturel.
L’Empire de César eut la bonne idée de se concentrer sur les « méchants » protagonistes de l’histoire, en ne faisant même pas figurer les sempiternels gaulois dans le jeu ! L’éditeur m’avait alors raconté que la moindre couleur associée à un personnage faisait l’objet d’aller-retours avant validation puisque tout devait être conforme, et certaines choses ne se font pas au pays des Irréductibles ! L’objectif étant de contrôler ce qui se fait avec la licence et de ne pas laisser sortir n’importe quoi au risque de dénaturer l’œuvre. Je salue l’initiative, surtout quand je vois la qualité éditoriale de l’Empire de César, et Astérix & Compagnie, qui nous intéresse aujourd’hui.
Je note d’ailleurs qu’au contraire de la plupart des éditions Matagot, je n’ai relevé à ce stade aucune erreur dans les règles et les cartes. Comme quoi avec un cadre précis et à l’affut, le sans-faute est atteignable.
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Mécanique de jeu
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Revenons à nos sangliers avec ce jeu de cartes tactique et familial comme l’annonce la boîte. Vous jouerez des cartes sur une borne située entre 2 joueurs, le premier atteignant 15 minimum en cumulant la force de ses cartes l’emportera. Chaque carte a un effet lorsqu’elle est jouée, modifiant l’équilibre des forces en présence.
On pourrait rapprocher cela du fameux Shotten Totten de Reiner Knizia. La différence principale est que le gain d’une borne se résout à l’aide des combinaisons de poker (suite, couleur, brelan). Il faut en remporter un certain nombre pour réclamer la victoire. Cette mécanique de tire à la corde est souvent copiée ces dernières années, parfois en ajoutant un twist bienvenu comme avec Riftforce et l’action de défausser une carte pour activer les élémentaires déjà en jeu qui ont le même symbole ou chiffre que la carte défaussée. Ou encore avec le tout récent Zenith qui amène entre autres un mode coopératif 2 contre 2. Ou parfois en n’ajoutant pas grand-chose mais profitant d’une mécanique bien rodée, comme avec Drones et Goélands par exemple. Il y a bien d’autres exemples de ce jeu se ressemblant avec ces bornes, bases ou cartes centrales à remporter ou à contrôler en jouant d’un côté et de l’autre.
Dans le jeu qui nous intéresse aujourd’hui, vous aurez 1 album sur lequel vous ne pourrez jouer que des cartes de gaulois ou de personnages neutres, et un album sur lequel vous ne jouerez que des Romains ou neutres. Cumulez 15 ou plus de force sur un album, et vous le remportez. Vous devrez jouer à votre guise sur l’un et/ou l’autre. Vos adversaires feront de même, et à 3 ou 4 joueurs, chacun disputera un tableau avec un adversaire, et l’autre avec un autre adversaire. Interaction maximisée avec les multiples effets des cartes qui vont ajouter cette part de chaos non maitrisable qui est souvent l’apanage des jeux familiaux. N’espérez pas jouer tranquillement dans votre coin, la forte interaction des effets va venir tout chambouler, détruire ou mettre KO vos personnages, vous les piquer etc… Ajoutez à cela un tour de jeu rapide avec 3 actions possibles, la dynamique du jeu est agréable et on aboutit à des parties qui prennent plus ou moins une demi-heure de jeu. Efficace.
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Le soin apporté à la thématique et à la licence
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La thématique n’est pas en reste vous vous en doutez si vous avez lu le préambule de ma critique, et j’avoue qu’ayant été bercé par l’univers d’Astérix dès mon plus jeune âge, et l’ayant transmis à mon fils, je suis conquis par tous les clins d’œil à l’œuvre originale. Quelques exemples rapides : les albums à remporter ont un côté sur lequel vous ne posez que des Gaulois ou des neutres, et un autre où vous ne posez que des Romains ou des neutres. L’album La Zizanie casse cette règle puisque vous pouvez poser n’importe quelle carte, Gaulois, Romain ou neutres ! La carte Obélix ne peut pas recevoir de potion, rappelez-vous il est tombé dedans étant petit. La carte Brutus élimine César s’il est en jeu. Ordralfabétix le poissonnier met KO Cétautomatix le forgeron, ce dernier mettant KO Assurancetourix ^^
Les albums que vous gagnez, une fois retournés ont tous une illustration différente d’un album d’Astérix au dos de la carte. Parfait pour se remémorer les aventures des gaulois.
Enfin, le langage universel Colorad utilisé permet aux personnes daltoniennes de jouer à ce jeu sans difficultés liées aux couleurs utilisées.
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2 petits bémols
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Le premier concerne le comptage des points. Le vainqueur est celui qui atteint ou dépasse 50 sesterces. Un album remporté vaut 15 sesterces, un casque légionnaire 1, et un casque centurion 3. Allez demander à certains enfants de calculer et ajuster leur total de points avec un multiple de 15 pour les albums, et les casques. Une carte score centrale avec 1 pion pour chaque joueur que l’on fait évoluer au fur et à mesure des casques gagnés ou perdus, et des albums remportés aurait pu être utile.
Deuxièmement, je l’ai vu avec ma femme qui aime les jeux simples, rapides et avec des effets contenus, Astérix & Compagnie pourra déplaire ou ne pas enthousiasmer car la 1ère partie nécessite deux-trois retours à la règle notamment pour l’effet Appeler un personnage, qui concerne seulement les personnages en jeu, pas ceux dans la main ou dans la défausse. Le bonus sanglier permet de soigner un personnage KO (logique) ou de réactiver le pouvoir du dernier personnage joué. Enfin un bonus potion double la force d’un personnage (logique aussi) et le protège d’un KO ou d’un effet Appeler.
Quelques petites subtilités à retenir, ou à appliquer dans un second temps qui peuvent sembler un peu lourds pour des non joueurs. Le jeu n’est pas du tout complexe, mais les effets des cartes pourront « noyer » certains joueurs au début. Rien d’insurmontable heureusement.
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Le résultat est tout de même très agréable, un jeu très bien édité, une thématique bien respectée et fédératrice, une durée contenue qui permet que le chaos et le manque de contrôle dans le jeu n’en devient pas trop long ou épuisant. Il me semble idéal à 3 ou 4 joueurs, à 2 on limite quelques effets puisqu’à plusieurs, on peut aussi intervenir sur des cartes à l’autre bout de la table, avec un joueur qui ne nous dispute pas la victoire d’un album, juste pour le plaisir de l’embêter. Le jeu se trouve entre 18 et 20 € dans vos boutiques, c’est parfaitement calibré pour la proposition à mon sens.
Yokai Septet arrivera bientôt chez Matagot, et juste avant vient de débarquer la version KS mini qui tient dans la poche, l’occasion de s’intéresser à cet excellent jeu de pli.
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Dans Yokai Septet, tout tourne autour du chiffre 7, voyez plutôt :
7 couleurs composées de 7 cartes chacune, elles ont toutes pour particularité d’avoir le chiffre 7, la première allant de 1 à 7 et la dernière de 7 à 13.
Les seules cartes qui rapportent des points sont les 7 et les yokais que le jeu propose en foil.
Le jeu est indiqué pour 2 à 4 joueurs, mais Yokai Septet, c’est 4 joueurs uniquement ! Et en équipes en plus.
12 cartes chacun et on commence par en passer 3 à son/sa partenaire et déjà, on touche quelque chose qui me plait énormément. C’est un moyen de faire passer tant d’informations, de donner des indices et des indications sur le jeu dont on dispose.
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Ensuite, la phase de pli est classique, must follow, et si vous n’avez pas la couleur demandée, couper est optionnel.
Votre but est de gagner des plis, mais surtout les fameux Yokais. Si votre équipe en accumule 4, c’est la victoire et vous inscrivez les points qu’ils vous donnent.
Mais si vous atteignez les 7 plis sans récupérer les 4 yokais, c’est la défaite, et ce sera l’équipe adverse qui marquera des points.
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Une mauvaise main n’est donc pas synonyme de défaite, tout est possible et chaque pli est un combat.
C’est ce qui rend le jeu très nerveux, très tendu. Peu de place pour faire des erreurs, vos adversaires n’en laisseront pas passer.
On peut voir Yokai Septet comme une belote boostée, c’est donc en équipe qu’il fonctionne, mais à 4 joueurs autour de la table, c’est exceptionnel.
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La VF arrivera sous peu, donc en plus il sera bientôt disponible facilement, et pour du pli jap… américain cette fois-ci avec Ninja Star, qui aura déjà rendu la toute première version japonaise bien plus aisée à trouver.
La toute dernière version Kickstarter permet de l’avoir dans une petite boite bien pratique, même sleevée. Bref, c’est parfait.
La déferlante Wingspan s’est bien passée pour l’éditeur, le jeu a connu trois extensions et une boite de rangement pour contenir tout ça, ainsi qu’une version 2 joueurs. Le jeu est encore joué à ce jour, jouit d’une belle cote de popularité auprès des joueurs et est très bien classé sur BGA.
Pourquoi donc s’arrêter là du coup ? ^^
Sauf que plus on sort d’extensions, moins les joueurs achètent. Du coup faut trouver autre chose.
On a eu récemment la sortie de la V2 de Dune Imperium, est-ce qu’on n’aurait pas la V2 de Wingspan ?
Voici donc Wyrmspan.
Maintenant qu’on a pris un peu de recul, que les moults vidéos et posts insta vous vantant Wyrmspan comme le jeu de l’année se sont un peu calmées, et sont surtout passées à un autre jeu, je vais développer la question que je me suis posée lors de l’achat ou non de ce jeu, à savoir « Wingspan versus Wyrmspan ».
Le grand frère est sorti en 2019 déjà, et affiche à ce jour une note de 8 sur 10 sur le site anglophone BGG, et est classé 32ᵉ du classement des meilleurs jeux sur ce site, gage tout de même que ce jeu a marqué notre monde ludique de son empreinte.
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Des différences, mais seulement quand on rentre dans le détail
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Wyrm est une ré implémentation de Wingspan, à savoir que les points communs sont nombreux. Les mécaniques, le déroulé et le but restent à peu de choses près les mêmes entre les deux jeux.
On note une principale différence dans la façon d’amener des dragons sur votre plateau, par rapport aux oiseaux dans Wing. Cela se fait dorénavant en 2 étapes, avec d’abord l’excavation d’une caverne, qui rend disponible un emplacement pour accueillir ensuite une carte dragon qui viendra la recouvrir. Cela modifie légèrement le timing puisqu’il faut garder à l’esprit d’avoir des cavernes dispo avant de se lancer dans la récupération des ressources nécessaires à la pose d’un dragon. Les cartes cavernes ont aussi un effet qui se déclenche à la pose (gain de ressources, cartes ou pièce action).
Six pièces action sont dispo par manche pour jouer vos actions, mais ces pièces peuvent se récupérer par d’autres moyens, et elles servent surtout de surcoût lors de certaines actions (2ᵉ exploration sur une caverne), ou lors de la pose de certains « gros » dragons. Un delta va pouvoir potentiellement se creuser lors d’une manche par rapport aux autres joueurs qui effectueront quelques actions de plus.
La guilde draconique est selon moi le meilleur ajout du jeu, avec une piste circulaire sur laquelle on progresse, qui nous donne des ressources bienvenues, et surtout nous offre le choix de placer un de ses cubes dans un emplacement unique (comprendre que les autres joueurs arrivant après vous ne pourront obtenir) qui vous donnera des ressources, des cartes, une excavation gratuite, etc … ou encore des points de victoire en fin de partie. Attention donc aux autres joueurs qui pourront vous rafler les emplacements qui vous intéressent. Une mécanique de course pour Wyrm qui n’est pas présente dans Wing.
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Promenade bucolique et encyclopédie des volatiles
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Wing, c’est finalement aussi et surtout plein d’infos sur les animaux. Il y a du texte sur chaque carte, beaucoup d’infos dignes d’une encyclopédie. Taille, habitat, nom latin etc … Lors des premières parties, je me suis dit que ce n’était pas commun, et un sacré travail de documentation pour proposer toute cette masse d’informations aux joueurs. Surtout qu’au niveau de l’édition, la carte est forcément chargée, mais les infos principales sont identifiables rapidement et la masse d’infos ne nuit pas trop au jeu. Avec les extensions amenées depuis la sortie du jeu, j’étais surpris et amusé de voir des commentaires sur les réseaux demandant une extension sur tel ou tel continent car les oiseaux étaient intéressants. On est donc au-delà du jeu, et il devient un support culturel pour répondre à la curiosité des joueurs. Tout ça sur les piafs je le rappelle ^^
Wyrm, pour le coup, part dans la fantasy et les dragons. Difficile pour le coup d’avoir ce côté encyclopédie qui est donc mis de côté au bénéfice de clins d’œil, d’easter eggs et de refs plus ou moins assumées aux dragons de la culture populaire. On va toujours avoir ce côté « le jeu est trop beau, les dragons sont mignons », et c’est pas faux.
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Gestion du hasard
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Un point que je ne regrette pas dans Wyrm par rapport à Wing, c’est cet effet sur des cartes qui permettait de piocher, et si la taille de l’oiseau est inférieure ou supérieure à telle valeur, la carte est stockée et deviendra un point à la fin. Je trouvais que c’était trop souvent présent, et surtout complètement hasardeux pour pas grand-chose. Ce genre de méca ou de petit effet de cartes est rajouté parfois pour donner une fausse sensation de profondeur dans ce que le jeu propose. Dans Wyrm c’est encore présent, mais beaucoup moins à ce que j’ai ressenti, et c’est tant mieux.
Deuxième point soumis au hasard, c’est la tour en forme de maison à oiseau en carton dans laquelle on jetait les dés nourriture pour savoir ce qui était disponible pour les joueurs. Il vous est forcément arrivé, si vous y avez déjà joué de ne pas trouver la ou les ressources dont vous avez besoin à ce moment-là. Pour le coup dans Wyrm, ça n’est plus présent, puisque vous choisissez la ressource quand vous en gagnez une (sauf autour de la roue, mais quand vous déclenchez les gains de ressources sur votre plateau oui). Et c’est bien mieux je trouve puisqu’on est dans un jeu d’optimisation et d’effets de cartes à déclencher. Sans aller jusqu’à en faire un jeu de gestion expert, rien n’est plus frustrant de ne pas pouvoir déclencher vos effets préparés à l’avance par manque d’une ressource que le hasard des dés n’a pas rendu disponible à votre tour.
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Une différence de rythme
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Wyrm a cet avantage d’être plus rythmé à mon sens, et les tours s’enchainent plus vite. Certainement encore une histoire de ressenti, mais pas que. Le jeu est plus épuré que son glorieux aîné. Moins d’effets facilement oubliables durant la partie, j’ai nommé les « une fois par manche » de couleur rose de Wing. Je parle en connaissance de cause vous vous en doutez, ça m’est arrivé d’oublier ^^
Les actions me semblent plus rapides à résoudre, avec des joueurs équivalents. Je n’intègre pas le paramètre d’analyse paralysis AP qui fait qu’un joueur passera trois minutes à choisir quelle carte prendre, ça sera sensiblement la même chose avec Wing ou Wyrm.
Les pièces actions permettent de mieux gérer ses tours je trouve, et de profiter de cette montée en puissance de la construction de votre tableau. À l’inverse, Wing réduit le nombre de vos actions plus on avance dans la partie. Wyrm n’en est pas forcément plus long, mais plus agréable dans le déroulé avec une montée en puissance classique durant la partie (sauf si vous avez fait nimp et rien ne combotte, ça arrive).
Moins de cartes en mains, moins d’effets à rallonge. Après si vous n’avez pas accroché au 1ᵉʳ jeu, je ne vois pas pourquoi celui-là changerait la donne. On n’est pas devant une révolution ludique, et il n’y a pas 15 ans entre les 2 jeux, donc les mécaniques n’ont pas sensiblement évolué entre temps.
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Il ne peut en rester qu’un
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Bon vous l’aurez certainement compris à la lecture des différents points abordés, j’ai revendu Wyngspan, pour ne garder que Wyrmspan. Déjà je n’avais que la boite de base, donc pas de regret après avoir investi une somme conséquente avec jeu de base et extensions. S’en séparer est plus simple dans ce cas-là je trouve. Ensuite Wingspan s’était fait progressivement oublier et relégué toujours plus bas dans la pile par rapport aux jeux sortis depuis. Et surtout que je le trouve assez pénible à jouer avec des nouveaux joueurs, la 1ère partie étant un peu fastidieuse à mon sens. Wyrmspan vient gommer ce défaut de longueur de démarrage justement avec toutes ces différences et ces apports, et surtout cette sensation d’une version épurée. Moins de texte certes amusant au départ mais finalement accessoire quand on s’attache au gameplay, moins de hasard de ressources, moins d’effets hasardeux de pioche, + de rythme et de dynamisme.
Il fonctionne très bien aussi à deux joueurs, alors que Wingpan a vu une version 2 joueurs être éditée depuis. En même temps c’est pas un gage en soi, puisque la mode des versions 2 joueurs est comme un rouleau compresseur actuellement, même quand le jeu fonctionne déjà très bien à 2 (coucou Res Arcana).