Cette critique a été rédigée à l’aide d’une boite fournie par l’éditeur que nous remercions.
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Avant de commencer la lecture, j’aimerais préciser que je réalise ce test après avoir terminé la campagne une fois, et que j’ai joué 11 parties du jeu au moment de la rédaction de ce test, c’est donc un avis basé sur des victoires, des défaites et une campagne bien remplie.
Et si le jeu vous intéresse, notre partenaire boutique Golden Meeple vous le propose avec un code de remise de 10% valable du 29/08/2023 au 02/09/2023 >> LELABODUYU
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Il était une fois en Chine.
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(Pardon de briser vos espoirs, mais point de Jet Li dans Legacy of Yu !)
Nous sommes en 2324 av. J.C. et l’empereur Yao est à la tête de la Chine.
Le fleuve jaune, second plus grand fleuve chinois est très régulièrement en crue, trop régulièrement même, et l’empereur mandate un de ses officiers, Gun, pour trouver une solution, car le bon peuple chinois périt dans ces inondations.
Gun va s’employer, 9 années durant, à établir des digues et des barrages pour canaliser les flots tumultueux du fleuve jaune.
Malheureusement, ses efforts seront vains et Gun mourut dans des circonstances assez troubles…
C’est alors à son fils, Yu de prendre le relais et de tenter de sauver la population.
Mais ce n’était pas sa seule tâche, il devait aussi laver le nom de leur famille.
La tâche était colossale, mais Yu savait maintenant que des digues et des barrages étaient insuffisants pour canaliser le fleuve…
Canaliser, voilà la clé !
Yu commença donc à faire creuser des canaux pour que le fleuve jaune puisse s’écouler de manière moins tempétueuse et qu’il arrose les champs alentours pour les fertiliser.
Malheureusement, la nature n’est pas le seul ennemi implacable qui rôdait en Chine…
Les tribus barbares alentour n’allaient pas tarder à venir harceler le village de Yu et attaquer sans arrêt les travailleurs…
Yu serait sur tous les fronts et c’est de lui que dépendait la survie du peuple, mais aussi, en partie de la Chine toute entière.
Parviendra-t-il à sauver le peuple des invasions barbares et à assurer leur sécurité pendant les travaux ?
Le fleuve jaune sera-t-il dompté ? Cela ne dépend que de vous !
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Yu? Me! Who are Yu ? I am Yu !
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Si vous avez compris la référence, alors bravo, vous avez vu Rush hour 2 !
Pardon pour ce trait d’humour facile, mais le fait que j’incarne un personnage qui s’appelle Yu, m’y a fait penser immédiatement !
Je ne sais pas si c’est volontaire de la part de Shem Phillips, mais au moins, ça m’aura fait rire.
l Et c’est d’ailleurs bien la seule chose comique que j’ai pu trouver dans le jeu, car la thématique est vraiment sérieuse et grave au final.
Car oui, l’histoire que nous propose de vivre Legacy of Yu est tragique et basée sur la réalité de ce qui s’est passé en Chine avec le fleuve jaune qui a été extrêmement meurtrier.
Je n’ai pas pour but de vous plomber le moral, donc passons au jeu en lui-même !
Nous allons donc incarner Yu qui va devoir gérer un village et faire travailler ses habitants, tout en combattant les barbares qui vont arriver.
Il lui faudra aussi nourrir ses habitants et construire des habitations, des fortifications et des fermes pour prendre soin du peuple, défendre le village tout en construisant le canal.
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Mécaniquement, ça donne quoi ?
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Le jeu se présente donc sous la forme d’un jeu purement solo, narratif, avec une campagne qui prendra entre 7 et 13 parties pour connaitre le dénouement de l’histoire.
La campagne est totalement réinitialisable pour pouvoir rejouer, ou prêter le jeu.
Je réponds d’avance à la question que vous vous posez probablement : oui, même après avoir terminé la campagne, vous aurez encore des choses à découvrir, donc une seconde campagne minimum est possible, mais j’y reviendrai plus tard.
Ensuite on se retrouve avec une mécanique de deckbuilding, nous commençons avec un paquet de 10 villageois et allons pouvoir en recruter d’autres, ce sera même primordial car, entre la construction du canal et les attaques barbares qui vont tuer un certain nombre d’entre eux, si nous n’avons plus de villageois à un moment donné, c’est la défaite.
De même que si les barbares sont trop nombreux, c’est la défaite.
Et si le fleuve jaune déborde alors que les canaux ne sont pas terminés c’est la défaite aussi.
Que signifie une défaite ?
Prendre une des cartes de défaite dans la boite, lire l’entrée du journal correspondante et appliquer les effets.
Une victoire n’est possible qu’à l’issue du tour où la dernière section du canal est creusée et que l’on survit aux attaques barbares avec toujours des villageois dans notre pioche.
On joue ainsi jusqu’à ce qu’on ait accumulé 7 cartes victoire ou 7 cartes défaites, ce qui fait que, si vous avez beaucoup de chance ou de malchance, vous ferez 7 parties minimum pour terminer la campagne et que si, comme moi, vous avez des performances assez erratiques, vous pourrez monter jusqu’à 13 parties en alternant victoires et défaites.
J’ai remporté 7 victoires et 4 défaites au total lors de ma campagne.
Et ce que j’ai beaucoup apprécié c’est que, si on gagne, la difficulté du jeu va augmenter.
Le succès de notre entreprise va attirer les convoitises et donc il sera moins aisé de gagner par la suite.
A contrario, quand on perd, nous avons de l’aide qui arrivera et les prochaines parties vont pouvoir s’améliorer.
Le jeu s’auto équilibre pour rester à un niveau de difficulté relativement accessible.
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Etre sur tous les fronts.
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C’est un peu le maître mot du jeu.
Car il faut avoir des villageois, mais pour les recruter il faut des provisions, mais ces provisions servent aussi pour affronter les barbares.
Il faut des ouvriers pour creuser le canal et affronter les barbares, mais il en faut aussi pour bâtir nos bâtiments de défense, nos habitations et nos fermes…
Le jeu nous place toujours sur la brèche avec des dilemmes cruels…
Je sais que l’inondation va bientôt frapper, alors que fais-je ?
Construire le canal pour ne pas perdre, affronter tous les barbares ou seulement une partie ?
Construire un fort pour pouvoir être plus polyvalent ?
Tant de questions et plus encore que vous vous poserez au fil des parties.
Parfois les défaites seront frustrantes, parfois les victoires sembleront trop faciles, certaines se feront à l’arrachée et seront d’une extrême satisfaction.
Legacy of Yu propose des montagnes russes en terme de sensations de joie, de désespoir et de plaisir de jeu !
Le matériel du jeu étant limité, il faudra toujours jongler avec ce que nous avons.
C’est-à-dire qu’il est inutile de stocker encore et encore des ressources car elles ne seront plus récupérables et nous perdrons des tours et du temps.
Par contre le jeu est généreux aussi !
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Un équilibre précaire.
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La générosité du jeu vient dans le fait que nous pouvons pratiquer des échanges à n’importe quel moment du jeu !
C’est précieux car, si nous manquons d’une ressource dans la réserve comme les Cauri par exemple, le jeu autorise de pratiquer un échange (3 Cauri contre du bois ou de la brique par exemple) pour pouvoir en récupérer dans la réserve et avoir ainsi l’intégralité de la récompense acquise !
Peu de jeux permettent une telle largesse d’échanges car les possibilités d’échanges de ressources seront nombreuses !
Donc cette générosité est appréciable.
Mais ça sera à nous de trouver l’équilibre, chose peu aisée car certaines ressources ne manqueront pas dans certaines parties, mais seront parfois cruellement absentes dans d’autres.
Il faut toujours beaucoup d’ouvriers pour affronter les barbares, creuser le canal et gérer le village, mais parfois nous n’en aurons pas, donc l’équilibre se trouvera dans notre manière de gérer les pertes en villageois au bon moment et de déclencher des combos qui seront salvateurs !
Car oui, nous allons pouvoir déclencher des combos un peu à la manière d’un mur d’Hadrien où la pose d’un ouvrier nous permettra d’avoir un autre ouvrier qui nous donnera accès à une action qui nous permettra d’en effectuer une autre etc., etc..
Parfois un tour peut durer de longues minutes tant nous allons déclencher de possibilités en gérant bien nos cartes, ressources et ouvriers.
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Avis final.
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Me voici donc arrivé à la conclusion et je vais résumer : j’ai adoré cette campagne !
Montagnes russes de sensations, générosité des combos et liberté totale d’agir dans tel ou tel ordre.
Même si la courbe d’apprentissage fait qu’on saura prioriser certaines choses et en temporiser d’autres pour essayer de se faciliter la victoire, les rebondissements dans le jeu sont nombreux et des parties qui semblaient bien engagées vont tourner en eau de boudin ou inversement, une invasion barbare brutale qui se voit très vite endiguée grâce aux bonnes cartes et aux bonnes décisions prises vont procurer un plaisir de jeu intense et gratifiant !
Mais les défaites seront parfois brutales et enchainer 2 parties pour prendre 2 fessées fera monter le sentiment de difficulté intense, immédiatement contrebalancé par les effets bénéfiques accordés en cas de défaite !
Je reviens dessus justement !
Donc, certaines cartes disposent de numéros dorés qui nous font lire une entrée du journal.
Cette entrée nous donne des choix parfois, parfois nous impose de faire telle ou telle chose, mais c’est cela qui fait que chaque partie sera différente.
De nouveaux barbares vont arriver, de nouveaux villageois, des aides précieuses pour votre progression etc..
Je n’en dis pas plus pour ne rien gâcher de la découverte, mais le jeu est vraiment excellent pour ça !
Après mes 11 parties, je n’ai pas épuisé l’intégralité des cartes que l’on peut découvrir lors de notre campagne.
Car déjà selon que vous perdez une partie à cause des barbares ou de l’inondation, la fin ne sera pas la même.
Ce qui fait déjà 14 options de défaite possible !
Donc de ce côté-là, pas de soucis pour la rejouabilité !
Et même en ayant déjà vu certaines cartes, l’ordre d’arrivée des barbares, des villageois et des évènements feront que, même une seconde campagne sera différente de la première !
Pour résumer, on sent que Legacy of Yu a été fait pour du solo pur, il est excellent dans ce qu’il propose, l’immersion est excellente aussi et le plaisir de jeu est toujours là, même après 11 parties en moins d’un mois au total en ayant fait des pauses par manque de temps pour jouer.
Mais il n’était pas rare que je fasse 2 ou 3 parties de suite par moments car le jeu est prévu pour être facile à poser sur une table, facile à ranger et, pour une fois il faut le signaler, avec un thermoformage vraiment adapté et qui fait vraiment le taf !
C’est donc pour moi LE jeu conçu uniquement pour être joué en solo qui restera gravé dans ma mémoire et qui occupe actuellement la meilleure place des jeux purement solo auxquels j’ai joué !
Cette critique a été rédigée à l’aide d’une boite fournie par l’éditeur que nous remercions.
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Marrakesh est un vieux. Dans ce monde du jeu de société où toute nouveauté disparaît au bout d’un mois, le diamant d’or 2023, élu en janvier dernier, est déjà un ancien.
Le jeu de Stefan Feld (Bonfire, les châteaux de Bourgogne) illustré par Patricia Limberger et Franz Vohwinkel est édité chez Queen Games qui l’a financé par un Kickstarter proposant versions deluxe et classique. Le succès du jeu, mais son prix plutôt prohibitif (on y reviendra) ont poussé l’idée de sortir une version essentielle proposant le jeu dans une version réduite en termes de matériel uniquement. C’est à ce moment qu’intervient Atalia pour nous proposer la version française du jeu.
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Aller à l’essentiel
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Le matériel de cette version essentielle, nous propose-t-il une expérience de jeu réduite ?
La boite passe d’un format rectangulaire plutôt imposant à une boite carrée de taille normale pour un jeu expert. Personnellement ma kallax s’en porte mieux, c’est devenu depuis quelque temps une information importante au moment de l’achat, la taille de la boite. C’est ce qui m’a fait renoncer à l’achat d’une des deux versions précédentes. Cette version essentielle propose également un plateau central plus concentré regroupant les pistes mosquée et palais, les portes et la rivière tout comme les deux autres versions. En revanche, les tuiles du marché et les parchemins sont à disposer à côté de ce plateau.
Pour les plateaux joueurs, ils sont en simple couche, et pour marquer votre progression sur différentes pistes il ne vous faudra qu’un seul marqueur en bois. Ces marqueurs en bois, les keshis, sont très limités dans le matériel du jeu. Pour compenser, l’éditeur a ajouté des keshis en punchboard (carton), l’idée est de garder les éléments en bois pour les pistes que l’on peut augmenter, mais avec un keshi par joueur, et de conserver également ceux qui passent dans la tour. En revanche, quand les joueurs les récupèrent pendant le draft, ils sont remplacés par les éléments en carton.
Et on s’y fait très bien ! Je trouve cela même mieux visuellement, fini les keshis dispersés dans les différentes zones de votre plateau, désormais tout est plus concentré et bien plus lisible visuellement.
La double couche des versions supérieures est, bien entendu, plus agréable, mais ces plateaux simple couche ne diminuent pas la qualité du jeu, les joueurs n’ayant pas vu les autres versions ne sentiront pas la baisse de qualité.
Le bémol se trouve au niveau de la tour que je trouve un peu fragile, la mienne est stockée en dehors de la boite pour ne pas la démonter. Pas de sachets plastiques non plus dans la boite et pourtant, il y a du matériel à ranger. J’ai opté pour un rangement en case comme avec le silo token de gamegenic, tout est rangé correctement, mais la tour est donc hors de la boite.
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Le Diamant d’Or 2023
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Le gameplay de Marrakesh se déroule en 3 parties chacune divisée en 4 manches. Vous allez jouer vos keshis 3 par 3, ils définissent les 3 actions que vous allez jouer à cette manche parmi 9 actions possibles.
Ils sont ensuite passés à travers de cette tour qui en retiendra peut-être quelques-uns qui tomberont lors d’une prochaine manche, pour ensuite les récupérer chacun son tour.
Cette tour peut paraître gadget, mais elle apporte une légère incertitude qui change vos choix de keshis. Vous n’êtes pas assurés de les récupérer même si vous êtes le premier joueur. Étrangement, ce manque de contrôle est plaisant, il limite la réflexion et l’analysis paralysis qui va avec ; après tout, pourquoi anticiper tous les paramètres si mon keshi ne tombe pas ?
Ensuite, ces keshis améliorent les actions que vous pourrez faire à votre tour, à vous de faire les bons choix, de spécialiser les actions qui vous paraissent les mieux adaptées à votre stratégie pour scorer au mieux.
C’est d’ailleurs un reproche que l’on peut faire au jeu : les tuiles oasis qui apportent de l’asymétrie sur les objectifs de chacun sont face cachée en début de partie. Je vous propose la petite variante maison consistant à les placer face visible pour que tout le monde puisse orienter sa partie dès le début.
Marrakesh n’est pas compliqué à maîtriser, pas de règle cachée, de petit point obscur. Sa « complexité » vient des 9 actions à votre disposition. Chacune vous permet de récupérer des ressources, de monter sur des pistes communes aux joueurs, d’acheter des bonus ou encore d’activer vos tuiles de scoring.
Rien de nouveau sous le soleil marocain, du classique, mais avec 12 couleurs de keshis et 9 actions, on reconnaît la patte Feld dans cette profusion de possibilités. En revanche là où d’habitude, on trouve une salade de points plutôt indigeste, le genre de chose qui me fait fuir, ici il y a bien entendu pas mal de points de victoire à faire (on dépasse les 140) mais en cours de partie, ils ne sont pas si fréquents et surtout le scoring final est clair et rapide.
Un très bon point pour moi qui s’ajoute à la fluidité en cours de partie.
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Mais qu’est-ce qui fait de Marrakesh le vainqueur du Diamant d’Or ?
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Il n’est pas le plus expert des jeux de 2023, pas celui avec le plus gros challenge en termes d’optimisation non plus.
En fait, il est très efficace, tout ce qu’il propose, il le fait très bien avec une fluidité certaine. Il est également satisfaisant, avec cette légère frustration en fin de partie qui donne envie de rapidement y rejouer. On peut également ajouter que les parties durent environ 45 minutes par joueur, ça fait un peu long à 4, mais à 3 (meilleure config) ou à 2 le jeu tourne comme une horloge.
Pour l’âge des joueurs, on est sur 12+ même si les petits ludistes pourront l’approcher dès 10 ans.
Marrakesh est un jeu qui reste, on y revient fréquemment et le plaisir est toujours là. Ce n’est pas un gros jeu expert, il n’a pas un matériel premium (dans cette version essentielle) mais il est là, solide, et sur la table, ça en jette.
Pour tout cela, Marrakesh mérite a minima de le tester et avec cette version essentielle presque abordable financièrement, il est temps de s’intéresser à ce jeu.
Le matériel est réussi avec les travers inhérents aux projets participatifs, mais pas d’inquiétude, il suffit de jeter une partie des éléments.
Tout d’abord le positif, les pions taillés pour les 3 ressources du jeu, les « pièces » en métal et les plateaux sont très bien.
En revanche, qui dit campagne de financement dit paliers avec des « bonus » vraiment inutiles voir même négatifs pour le jeu comme les standees des muses que vous allez recruter, ils sont totalement inutiles en plus de rajouter de la pagaille à trainer partout.
On finira avec les bateaux 3D qui sont une invitation à tester votre patience et votre zen. Une fois montés (Bravo !), ils cacheront la piste de score de la moitié des joueurs et les espaces de placement des meeples pour l’autre moitié, bref prenez le tout et jetez-le ! Ça fera de la place pour ranger la « charge utile ».
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Le gameplay : l’élégance dans l’abondance
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En termes de gameplay en revanche, dur de dire du mal de Jiangnan. Alors oui on est sur un eurogame donc le thème est là, mais rien de transcendant, et je cherche encore ce qui justifie l’utilisation de bateaux pour peindre, écrire des dramas ou des poèmes.
Allez passons à ce qui m’a plu et il y a de quoi dire !
Le jeu se déroule en 6 manches où chaque joueur effectuera 3 actions sur 6 disponibles.
Pour effectuer une action sur votre plateau personnel, il vous faudra choisir entre 4 tuiles tirées de votre sac et placer la tuile choisie au-dessus de votre plateau (she’ll be back) et retirer du jeu la tuile restante la plus à droite de votre plateau (she’ll be PAS back).
La tuile retirée vous offrant une ressource.
Ensuite le but est d’être un artiste, de trainer dans les bars et les salons de thé, discuter avec vos pairs, voyager autour de la ville en quête d’inspiration, aller au temple ou encore profiter de spectacles des muses locales avant de les inviter dans votre atelier.
Avec tout cela, vous allez « récolter » des idées, des inspirations dans les 3 arts majeurs de l’époque : les dramas, la poésie et la peinture. Il ne vous reste plus qu’à récupérer des portfolios et à composer/créer vos œuvres.
Jiangnan est donc plutôt classique dans sa mécanique centrale de pose d’ouvriers même si le système de bag building est malin et très bien intégré ! Parlons-en justement de ce bag building, à la fin de chaque manche vous allez drafter (choisir chacun son tour) des nouvelles tuiles avec des bonus plus conséquents en cas de défausse ou 2 actions au choix (mais une seule à réaliser).
Le draft est lui aussi imbriqué dans le reste du jeu, c’est le placement de vos ouvriers qui définit l’ordre du draft avec la possibilité pour un même joueur de prendre plusieurs tuiles de suite ! Cela ajoute de la réflexion au moment de choisir votre action si vous voulez vraiment tout optimiser !
Un bag building avec un draft conditionné par la pose des ouvriers ? C’est bien malin mais si je vous ajoute l’anticipation sur le scoring en condition de votre pose ça vous intéresse ?
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Ouvriers multitâches pour scoring multicouche
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En effet, en dessous des espaces de pose se trouvent 6 bateaux avec sur chacun d’eux 2 tuiles de score sur les différents éléments du jeu. Chaque ouvrier permet donc de faire une action, de se positionner pour drafter les tuiles actions des prochains tours et il permet de placer un meeple sur l’embarcation en face du lieu où il se trouve. À chaque fin de manche, les bateaux avancent d’un espace et le premier ajoute une de ses 2 tuiles en vue des scorings intermédiaires.
La tuile est choisie par le joueur qui a la majorité de meeples sur le bateau.
Pensez donc à cela également au moment de placer votre ouvrier ! Quelle action je veux ? Puis-je la faire avec les tuiles sur mon plateau ? Je vais y placer mon ouvrier, mais le bateau en dessous, serai-je majoritaire ? Et ma place dans le draft est-elle intéressante ?
Oui ça fait beaucoup de questions, mais pas d’affolement, les choix sont assez évidents même si le jeu est assez souple pour permettre de prendre des chemins détournés pour réussir vos objectifs.
Les bateaux, après avoir débarqué leur tuile, retournent au début de la « rivière » avec une tuile de scoring fonctionnant elle aussi sur ce système de majorité, bref ça ne s’arrête pas !
Et tout ceci pendant 6 manches qui passent relativement vite avec entre 2 et 3 heures de jeu pour 4 joueurs sur les premières parties avant de passer à 30 min/joueur une fois le sujet (à peu près) maitrisé.
Vous comprendrez également que tous ces choix, l’anticipation des scorings et faire avancer sa partie me fait placer la barre de l’âge des joueurs à 14 ans et plus.
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Jiangnan c’est beau la vie d’artiste
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Le jeu est également proposé en chapitres, tous indépendants et sans altération de matériel (sauf si vous avez détruit les bateaux en essayant de les monter).
Chaque chapitre ajoute du gameplay et ouvre de nouveaux choix sans dénaturer le jeu, les scorings finaux peuvent aussi évoluer, vraiment de quoi renouveler l’envie et le plaisir de jeu.
Jiangnan c’est une très chouette découverte ! Un jeu expert qui pourrait à terme s’imposer dans pas mal de ludothèques ! Personnellement c’est le cas, il n’est pas près de bouger sauf pour atteindre la table de jeu !
Pour le moment pas d’info d’une éventuelle localisation, le jeu n’ayant pas de texte sur son matériel si la règle en anglais ne vous effraie pas c’est une découverte ludique à placer dans votre whishlist !
Ça y est, on l’a notre planète B ! Une planète foutraque où les gouvernants sont tous plus corrompus les uns que les autres, et ça tombe bien, vous en êtes un ! A vous de bien mener votre barque, construire les bâtiments qui vous rapporteront le plus et caresser les différents partis politiques dans le sens du poil pour finir président de la planète B.
Le jeu est le premier de Johannes Nattener et, encore une fois, après Beyond the Sun et Ark Nova, les nouveaux auteurs sortent de bien bons jeux au premier essai (d’édition).
Pour l’éditeur de la version originale, là on est sur du sérieux avec Hans Im Gluck, éditeur historique allemand à l’origine de classiques comme Carcassonne.
La grande surprise nous vient de l’illustrateur avec Dennis Lahausen que l’on connait pour ses « œuvres » à l’allemande c’est-à-dire marron et vieillottes, Terra Mystica ou encore les Charlatans de Belcastel résumant bien ce à quoi Lahausen fait penser. Cette fois-ci, c’est beau et, franchement, je ne pensais jamais pouvoir le dire. La direction artistique est moderne et colle parfaitement au thème avec un coté cartoon vraiment bien pensé. Alors j’en suis très content pour planète B mais bon dieu ! Pourquoi ses autres jeux sont si moches ? Pourquoi ?
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Devant cette incompréhension artistique, passons au gameplay de ce jeu qui, lui aussi, est surprenant !
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À votre tour, vous allez déposer une mallette (Tiens tiens…) pour accéder à 3 actions.
Vous pourrez produire des biens, construire un bâtiment, faire de la publicité, de la politique ou mettre vos ouvriers au boulot dans vos bâtiments.
Autour de cette mécanique centrale plutôt basique vous allez activer de nombreux effets.
Votre but est plutôt simple, faire du point de victoire ! Pour cela, vos bâtiments sont une bonne source possible, tout comme être élu président ! Pour cela, il vous faut charger les urnes avec un max de votes de votre couleur mais, attention, être le plus présent dans le sac de voix n’est pas l’assurance d’une élection gagnée.
Cette phase d’élection est déclenchée par l’avancée sur une piste qui résulte d’effets suite à vos actions. Elle est centrale au jeu puisqu’elle en est le « twist », ce petit plus que l’on ne voit pas ailleurs, la gourmandise que Planet B propose et pas les autres.
Je commence par préciser que tout le jeu fait très eurogame, gestion de ressources et d’ouvriers, propose quelque chose que les joueurs connaissent, le genre de jeu que l’on a déjà joué X fois et donc des habitudes se mettent en place.
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La phase d’élection
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Avec Planet B, pensez bien que la phase d’élection est fun. Elle est là pour créer de l’ambiance et chambrer les autres, pester plus que de raison en sortant des voix du sac, ou au contraire surréagir fait partie du gameplay.
A la phase d’élection, chaque joueur va tirer des voix du sac et seules celles à sa couleur comptent pour être élu. Si vous sortez des voix d’un autre joueur ce sont donc des voix « mortes » sans valeur et c’est grâce à cela que n’importe qui peut être élu, dû au hasard de la pioche ! Ce hasard ou chaos (Vous employez le terme de votre choix.) sera l’élément qui fera fuir certains joueurs. Ne pas réussir à être élu quand on à 2 ou 3 fois plus de voix dans le sac que le nouveau président peut s’avérer très frustrant, d’où mon conseil concernant le cœur du jeu.
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« Idiocracy, corruption, and a lot of dark humor about our future on Planet B. » selon BGG
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Pour le reste, ce Planet B coche pas mal de cases, les règles s’expliquent rapidement, la partie dure 90 minutes à 4 (après 3 ou 4 parties, pas à la première 😉) et à la fin on a plein de points à compter. Bref on passe vraiment un bon moment.
A noter que, même à deux joueurs, il fonctionne très bien ! On utilise un automa mais pas d’inquiétude ! Cela ne consiste qu’à placer 9 jetons voix d’une 3ème couleur dans le sac après chaque élection. C’est simple et ça fait le boulot, bien vu.
Le jeu n’est tout de même pas parfait, à commencer par son prix. 80€ ça fait un joli budget pour un jeu de ce calibre ce qui doit être une des raisons principales de l’anonymat du titre.
L’humour du jeu est particulier, voire un peu sombre, pas sûr que cela plaira à tout le monde si vous êtes du style « le thème est important ».
Avec Planet B, on a un jeu prenant, thématique, beau (Je n’en reviens pas d’écrire ça !) et qui se jouera 1 fois par mois sans souci entre le temps de jeu et la rejouabilité. Un jeu qui sera tout de même clivant et avec un tarif prohibitif, alors je vous conseille une dernière chose, pensez à Planet B au moment des soldes, ça peut être l’occasion de découvrir un bien bon jeu.
Cette critique a été rédigée à l’aide d’une boîte fournie par l’éditeur que nous remercions. Au préalable, j’ai réalisé deux parties à 2 joueurs, une partie à 4 joueurs et une partie à 6 joueurs.
Dans quelques décennies, l’humanité a disparu – il ne nous reste donc plus beaucoup de temps. Dans ce monde post apocalyptique, les singes, probablement échappés des laboratoires, prennent peu à peu le contrôle des inventions laissées par les Hommes et deviennent de plus en plus évolués. Placés à la tête d’une tribu de tamarins-lions dorés, les joueurs recrutent des singes spécialisés avec pour objectif d’être le premier à atteindre 80 points de victoire.
Le principe du jeu
After us est un deckbuilding en simultané aux règles simples et faciles à expliquer. Au début de son tour, on pioche quatre cartes qui constituent notre Assemblée de singes, puis on cherche à les combiner en une ligne le plus efficacement possible afin de fermer les cartouches présents sur les cartes. On résout ensuite les cartouches fermés de toutes ses cartes, dans l’ordre de lecture, gagnant ainsi des ressources et éventuellement des points de victoire.
Puis les joueurs choisissent l’un de leurs jetons d’actions, résolvent son effet et recrutent éventuellement un singe face cachée du type correspondant en dépensant les ressources nécessaires. Chaque singe a une spécificité et demande un certain type de ressources. La carte nouvellement acquise est placée sur le dessus du deck est sera donc piochée immédiatement au prochain tour. Il est ensuite possible de dépenser deux ressources identiques pour copier l’effet du jeton d’un voisin, mais pas pour recruter.
On défausse enfin les cartes utilisées ce tour-ci et on recommence une nouvelle manche jusqu’à ce qu’un joueur atteigne 80 points de victoire et remporte la partie – ou le joueur qui est allé le plus loin sur la piste si plusieurs personnes atteignent 80 points lors de la même manche.
Un jeu en simultané pour des parties rapides
Le jeu a connu un immense succès au Festival international des jeux (FIJ) de Cannes et les tables n’ont pas désempli du week-end. Les quelques boîtes du jeu vendues en avant-première sont parties comme des petits pains. Le secret de cette réussite ? Un jeu facile à expliquer et des parties dynamiques puisque l’on joue en simultané 90% du temps de jeu. Du coup, un groupe de 6 joueurs met à peu près autant de temps qu’un duo pour boucler sa partie – j’ai compté cinq minutes de plus pour une table de 6 contre une table de 3.
Oui mais voilà, cet aspect du jeu, sa simultanéité, fait aussi que lorsque vous jouez avec une grande tablée comme ce fut mon cas au FIJ, vous n’avez absolument aucune idée de ce que font vos adversaires à l’autre bout de la table. Il nous est même parfois arrivé que des joueurs aient anticipé la phase d’arrivée de nouveaux singes, créant ainsi un décalage dans le timing. Sans parler de « contrôle » ici, dans un jeu qui est une course, votre seul point de repère se situe dans l’avancée des pions sur la piste des points de victoire, difficile de prévoir qui va l’emporter, surtout avec beaucoup de joueurs.
Zéro interaction
Autre élément : le jeu ne propose absolument aucune interaction, à part une éventuelle copie du jeton d’action de son voisin. On a souvent le sentiment de jouer seul dans son coin. Évidemment, cela permet au jeu de tenir ses promesses de durée de partie très réduite, quel que soit le nombre de joueurs, mais du coup on a un peu l’impression de jouer en solo à 6… C’est triste mais je n’ai pas trouvé le jeu « amusant » à 4 joueurs ou plus. Je pense qu’à 2 ou 3 joueurs, on peut davantage surveiller ce que font ses voisins et la stratégie qu’ils ont choisie. L’absence d’objectifs ou d’un quelconque élément de scoring intermédiaire renforce cette impression de jouer solo, et pourtant ce n’est d’habitude pas un problème pour moi.
Pas un problème car je suis friande de puzzle games, des jeux dans lesquels on joue plutôt seul dans son coin, avec pour principal adversaire soi-même et sa capacité à tirer le meilleur parti des cartes, ou des tuiles, que l’on a reçues. Dans ce genre de jeu, il est souvent nécessaire de se concentrer sur son propre plateau et donc de laisser un peu de côté ce que font les autres joueurs, du moins lors des premières parties.
Sauf que, dans After us, la réflexion reste pour moi assez limitée – ce qui est normal dans un sens car c’est un jeu d’accès au jeu de société moderne, pas un jeu expert, mais certains jeux considérés comme familiaux apportent parfois une profondeur supérieure. On doit réfléchir en début de manche lors de l’optimisation du positionnement des cartes afin de fermer ses cartouches et d’en tirer le meilleur profit, mais il y a quatre cartes, il n’y a pas des milliards de combinaisons possibles.
Très (trop ?) simple
Et enfin, dernière chose qui m’a un peu frustrée dans le jeu : l’acquisition des nouvelles cartes singes. Sur le principe, rien à redire, on récupère un type de singe dépendant des ressources que l’on dépense. Sauf qu’on pioche une carte face cachée, et que potentiellement cette carte n’ira pas avec notre stratégie, ou au contraire sur un gros coup de bol on peut récupérer des cartes qui donnent des points de victoire sans aucun coût associé, ce qui est un sacré avantage. Par exemple, si je récupère une carte qui me donne des points en fonction du nombre de tamarins-lions que j’ai dans ma ligne de cartes mais que ma stratégie était de virer ces singes de mon jeu avec des gorilles, je l’ai un peu mauvaise.
Encore une fois, je comprends bien que résumer le choix à un type de ressources à dépenser ou à un effet recherché, cela rend le jeu plus accessible et ça le fluidifie. Mais pour moi, ça enlève une bonne partie du plaisir. Si, au contraire, l’acquisition se faisait par le biais d’une rivière, il serait possible de choisir une carte qui correspond mieux à notre stratégie ou de bloquer ses adversaires, ajoutant ainsi au passage un peu d’interaction.
Initiation rapide au deckbuilding
Vous l’aurez compris, je n’ai pas été très séduite par After us. Cela ne veut absolument pas dire que le jeu est mauvais, simplement qu’il ne correspond pas à mes envies. Je pense qu’il a le mérite de proposer une initiation au système de deckbuilding avec des règles simples, faciles à expliquer et à comprendre, et qu’il permet de jouer avec un grand nombre de joueurs en largement moins d’une heure, ce qui est rare.
Les trois objets disponibles à chaque partie renouvellent un peu l’expérience en offrant des possibilités différentes de dépenser ses jetons Énergie. Cependant, après quatre parties, j’ai l’impression d’avoir fait le tour du jeu et je suis un peu déçue par son manque de profondeur.
Un petit mot sur le matériel : les jetons ressources sont top, la boîte est conçue pour contenir les cartes sans utiliser de sachets en plastique. Les illustrations sont signées Vincent Dutrait, donc si vous aimez son style, vous ne serez pas déçus.