Test : Schadenfreude
Les jeux de plis japonais sont déroutants. Pour passer inaperçu, ils peuvent en arriver à prendre un nom germanique comme Schadenfreude. En même temps, une fois qu’on a retenu le nom, impossible de l’oublier et quand on en connait le sens, « la joie malsaine », on veut juste en savoir plus.
Commençons par un rapide tour du propriétaire avec un auteur sous pseudo : Ctr, un artiste non crédité (ce n’est pas plus mal) et un éditeur inconnu, Studio Turbine.
Ce que l’on sait, c’est que le jeu se compose de 48 cartes allant de -3 à 9 dans 4 couleurs (pas de 0) et de 2 cartes Joker, un 0 et un 10.
Trois fois rien, mais au final, on obtient un sacré jeu qui fonctionne sur un twist plutôt incongru : soyez second.
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À chaque pli, la première règle est le must follow : on suit la couleur demandée. Et le vainqueur est tout simplement la deuxième plus haute carte (de la couleur demandée).
Les plis sont donc plutôt incertains pour les premiers à jouer et surtout, comment bien jouer quand il faut être second ?
Le jeu nous prend clairement à contrepied. Quelle carte jouer et vers où aller n’est pas si simple et c’est cela que j’adore.
Le vainqueur du pli récupère toutes les cartes jouées et les place face visible devant lui. Il est interdit d’avoir 2 fois la même valeur, vous allez donc défausser toutes les cartes que vous aurez en double.
Mais ne vous inquiétez pas, vos adversaires feront bien attention à ne pas vous donner de doublons en vue du scoring final.
En effet, à la fin de chaque manche, vous allez gagner autant de points que les valeurs de toutes les cartes encore devant vous. On cherche donc à en garder le maximum… Ou pas !
Si un joueur (ou plusieurs) dépasse les 40 points, il est tout simplement éliminé. Le vainqueur est donc le joueur sous les 40 points quand un autre est éliminé, deuxième quoi !
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Donc, si on résume, on cherche à mettre des points, mais pas trop, on cherche à en donner aux autres, mais pas de doublons. Pas facile tout ça !
Une chose est sure : ne pas mettre de points vous privera de victoire… Attendez ! En effet, si la fin de partie est déclenchée, on a donc un joueur au moins déjà dehors, mais attention ! Si derrière on a des joueurs à égalité, ils sont eux aussi éliminés. Pas si simple ? Et pourtant… C’est logique. On cherche tous à faire 39 avec un joueur juste au-dessus, ce but visé par tous va provoquer des scores très proches et les égalités arrivent assez souvent !
Il est donc tout à fait viable de rester caché dans l’ombre d’une petite dizaine de points et de regarder les autres s’entre déchirer en donnant par ci par là quelques points pour provoquer la chute de vos adversaires.
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Schadenfreude est d’une intelligence folle, tout est ciselé, tout est malin. Vous allez accélérer ou ralentir en permanence, le jeu va vous rendre fou.
Pour continuer dans les points très positifs, il se joue vite en 2 ou 3 manches avec la possibilité de conclure l’affaire en une petite manche. Il fonctionne très bien dans toutes les configurations proposées, 3, 4 et 5 joueurs. Ça fait toujours plaisir quand l’information sur la boite est cohérente.
Allez, il y a quand même un gros point noir : les visuels. Vert foncé, bleu, violet et rouge. Sérieusement, qui peut valider un tel choix ? Il est juste compliqué de ne pas se tromper sur la couleur demandée ou sur la carte que l’on joue. Un jeu à ne sortir que l’été en plein après-midi ? On n’ira pas jusque-là, mais clairement, ce n’est pas très clair tout ça.
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Personnellement, j’adore Schadenfreude. Le jeu est malin, il repose entièrement sur les joueurs avec tellement de choix à faire, de directions à prendre. Le jeu est tendu, on se regarde dans le blanc des yeux à chaque pli et pourtant, c’est une super ambiance autour de la table. Un tour de main incroyable réussi par le jeu, c’est du tout bon !
Alors oui, le jeu est introuvable, mais bon c’est aussi ça qui me plait dans ces jeux de plis si particuliers : la chasse !
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