Les Dossiers du Labo : Si Dune m’était Contée …

par | 19 Oct 2021 | News | 0 commentaires

Je ne sais pas si vous avez remarqué mais on parle beaucoup de Dune en ce moment. Si c’est évidemment le film de Denis Villeneuve qui tient le haut de l’affiche, l’univers de ce chef d’œuvre publié en 1965 est si riche qu’il permet bien des déclinaisons. Les éditeurs de jeux de société anglo-saxons ne sont pas en reste et multiplient les projets. Si, pour l’instant, il n’y a pas de quoi s’en plaindre puisque cela nous a donné l’excellent Dune Imperium de Paul Dennen, les moins férus risquent l’overdose de sable et de vers géants, il serait bon de distinguer de la masse un jeu débarqué bien avant la hype. Dune, premier du nom, qui a depuis longtemps mérité son statut de classique.

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Premier grain de sable dans la machine

En 1977, après avoir marqué le milieu du jeu de société avec Rencontre Cosmique (Cosmic Encounter) Bill Eberle, Jack Kittredge et Peter Olotka (*) apprennent que Avalon Hill vient d’obtenir les droits du livre Dune. Ils contactent alors l’éditeur pour proposer leurs services mais découvrent, penauds, qu’une équipe de game designers est déjà à la tâche.

Coup de bol, le travail de l’équipe ne convainc pas Avalon Hill qui rappelle Olotka et ses potes. Leur Dune sortira en 1979 et recevra un accueil très favorable des joueurs américains. Il s’agit d’un jeu de confrontation pensé pour être joué avant tout à 6 et laissant la part belle au bluff et à la diplomatie. Les parties dépassent souvent les 3h, ce qui n’est pas surprenant pour une production de l’époque. L’un des éléments mécaniques marquants est la présence de pouvoirs très asymétriques. Exactement ce qui avait fait le succès de Rencontre Cosmique sauf qu’en plus dans Dune, ils collent parfaitement aux spécificités des diverses factions de l’univers de Frank Herbert : Les Atréides voient l’avenir, les Harkonnen sont spécialistes en traitrise, les Bene Gesserit utilisent la voix pour manipuler leurs adversaires, l’Empereur est immensément riche…

En 1984, pour surfer sur la sortie du film (celui de David Lynch) les auteurs sortiront deux extensions : Spice Harvest qui insère une phase de jeu préalable modifiant le nombre de citadelles, de troupes et d’épices initial de chaque joueur et Duel qui permet aux joueurs d’engager leurs chefs dans des duels à mort. Deux ajouts au matériel de base très dispensables.

Pour les joueurs de l’hexagone, il faudra attendre 1993 (14 ans !) avant de découvrir ce classique en version française. La version de Descartes sortira avec une nouvelle (et magnifique) illustration de couverture et inclura d’office les deux extensions. Le jeu en profitera également pour rafler l’As d’Or cette année-là.

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La traversée du désert

Pendant ce temps-là, outre-Atlantique, aucune réédition n’est prévue au programme malgré son statut de jeu culte. Il faudra attendre 2012 pour que Fantasy Flight Games (FFG) ne se penche sur le problème. Malheureusement, s’ils récupèrent les droits du jeu, ce n’est pas le cas de ceux du livre. Qu’à cela ne tienne, le jeu prendra place dans l’univers de Twilight Imperium, une licence maison, et sera baptisé Rex : Final days of an empire. En passant, ils demandent à leurs designers Christian T. Petersen, Corey Konieczka et John Goodenough de dépoussiérer les mécaniques. Ces derniers corrigent les défauts depuis longtemps relevés par les joueurs (système d’alliances bancal, pouvoirs de faction trop puissants, certaines cartes traitrise inutiles…) et réduisent la durée de la partie pour correspondre aux attentes modernes. Le nombre de tours maximum passe de 15 à 8. Sans y avoir joué (j’espère toujours pouvoir le faire un jour), je fus plutôt enthousiasmé par la lecture des règles. Chaque décision mécanique semble aller dans le bon sens.

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Epice et versa

Sept ans plus tard, 2019 donc, on reprend tout et on recommence. Gale Force Nine (GF9) récupère les droits du jeu ET du livre. Le travail de FFG est mis de côté et on rappelle pour l’occasion les auteurs originels. Il en profite pour reprendre son nom originel mais pour ce nouveau Dune le lifting est plus léger, pour ne pas dire fainéant, mais va dans le même sens que le ravalement de façade de 2012 : fluidifier et corriger les problèmes mécaniques. Cette fois, une partie dure jusqu’à 10 tours. Quant à la refonte graphique… Si les cartes et le plateau principal en avait bien besoin, je n’ai pas été convaincu par les illustrations d’Ilya Baranovsky. (Coïncidence rigolote mais qui n’en est peut-être pas une**, elle avait déjà travaillé sur un print & play gratuit du nom de Dune Express, un jeu de dés aux parties courtes visiblement très inspiré du Dune de 1979. Si vous êtes curieux, il semble disponible en français sur le site BoardGameGeek.).

Pourtant, GF9 semble ne pas en avoir terminé avec Dune. Ils prévoient pour le dernier trimestre 2021, la sortie d’une nouvelle version remaniée. Oui, encore une. Sous-titré “un jeu de conquête et de diplomatie”, ce nouveau Dune promet une expérience encore plus raccourcie. Le nombre de joueurs maximum descend de 6 à 4 et la partie se jouera cette fois en 5 tours. L’éditeur mentionne également un “vrai” mode 2 joueurs. Une annonce étonnante et je ne manquerai pas d’en faire une critique dès que j’arriverai à m’en procurer une boite.

*Un certain Bill Norton est aussi crédité en tant qu’auteur de Rencontre Cosmique mais je n’ai pas plus d’informations sur le bonhomme. Il n’a apparemment rien fait d’autre.

**Dédicace à Karim Debbache et à toute l’équipe des émissions Crossed et Chroma.

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