Test : Odin

Test : Odin

La critique de Romain B. :

Cette critique a été rédigée à l’aide d’une boite fournie par l’éditeur que nous remercions.

La batarde. Je vous rassure de suite, je parle du jeu de cartes qui se définit comme le prochain grand classique. Quand je parle à Helvetiq que je souhaite parler de leur jeu, ils me répondent de ne pas hésiter et m’envoient une boite d’Odin, étrange, mais bon, une petite boite avec des cartes, moi, je suis chaud !

Alors, go jouons !

Odin, c’est quoi ? Un jeu de Gary Kim, Hope S Wang et Yohan Goh, illustré par Crocotame (chouette pseudo !) et édité donc chez Helvetiq.

Côté gameplay, on est sur un shedding, c’est-à-dire qu’il vous faut vider votre main, combiné à un ladder, et là, le programme, c’est de jouer plus de cartes que le joueur précédent. Avec tout cela, tous au drakkar !

Vous allez donc chercher à vider votre main avant les autres et pour cela, vous devez jouer un nombre plus fort que celui au centre de la table. Vous pouvez jouer autant de cartes que le nombre présent ou juste une de plus pour composer votre nombre.

Concernant les cartes utilisées, elles doivent avoir la même couleur ou le même chiffre. Et une fois que vous avez joué, la combinaison précédente est défaussée, mais juste avant, vous devez en récupérer une carte.

Pour finir, le joueur qui vide sa main déclenche la fin de la manche. Chaque carte dans la main des joueurs vaut 1 point et quand un joueur dépasse les 15 points, c’est fini ! Bien entendu, c’est celui avec le plus petit score qui l’emporte.

Odin, c’est un jeu sans prétention, mais avec des micro-ajustements qui le placent au-dessus de la moyenne des jeux du même style.

Récupérer une carte sur ce qui a été joué juste avant vous, c’est un choix toujours intéressant. Parfois, vous aurez exactement la carte qui vous permettra de booster un peu plus votre main et parfois, passer votre tour est bien plus intéressant.

Vous pouvez jouer des cartes de la même couleur ou du même chiffre. Là encore, disposer votre main et jouer vos cartes va entraîner des choix, et les choix, c’est de la durabilité dans le temps pour le jeu, de l’envie de rejouer, une courbe de progression, même si avec Odin elle est légère (N’exagérons rien hein !), en somme, un jeu meilleur.

Sur ce genre de jeu, la frustration peut également arriver par un joueur qui vide sa main trop vite sans que les autres aient le temps de le rattraper. Odin corrige cela avec la possibilité de ne jouer qu’une seule carte de plus que ce qui se trouve sur la table. Cela peut sembler accessoire, mais ça fonctionne très bien et surtout, cela vous amène à de nouveaux choix, surtout quand vous avez une main très forte. Allez-vous « casser » votre combo pour n’en jouer qu’une partie ou préférez-vous passer dans l’espoir de tout jouer plus tard ? Voilà la proposition d’Odin.

Le jeu est simple et malin, il marche vraiment bien, mais n’est pas dénué de tout reproche.

Commençons par mon cheval de bataille. Sur la boite sont inscrits 2 à 6 joueurs. Allez, on enlève le 2 et le 5 comme le 6 aussi. À deux, le jeu est sans grand intérêt. Les jeux de cartes (plis, shedding et ladder) sont rarement bons à 2 joueurs, sauf si c’est leur configuration propre. Pour les configurations 5 et 6 joueurs, on va être sur un jeu qui devient trop long, son intérêt ne tient plus à la comparaison avec le temps de jeu qui s’allonge.

Et concernant le matériel, les jeux d’Helvetiq sont d’un format de carte impossible à sleever, je ne vous parle même pas du coût de sleever un jeu à 10 €. Mais des cartes d’une qualité aussi faible, cela faisait longtemps que je n’en avais pas croisé de ce niveau. D’autant qu’on va les mélanger souvent.

Et concernant le thème, il est tout de même justifié à la fin des règles ! Justifier le thème du jeu, ce n’est pas banal ! Ça m’a amusé pour le coup.

Avec tout cela, Odin est un petit jeu malin, simple de prise en main et avec de nombreux micro-choix pour les joueurs. Il ne révolutionne rien, mais ce qu’il propose, il le fait très bien. Si vous n’êtes pas un malaxeur de cartes quand vous les mélangez, il se pourrait que quelques bonnes parties d’Odin puissent vous intéresser.

La critique de Teaman :

Jeu acheté avec les sous-sous sortis tout droit de ma popoche.

Gang of Four, le Trou du Cul, le Grand Dalmuti ou le Uno, les jeux de défausse ça va, on connaît. Et pourtant, chaque année viennent se bousculer de nouvelles variantes, de nouveaux remakes (ou reboots ? Je sais plus.) sur le marché de ce type de jeu très populaire et toujours plaisant. La question à 10 euros qui vous importe actuellement (parce qu’à l’heure où j’écris ces lignes, j’ai la réponse évidemment) c’est : Odin a-t-il de quoi tirer son épingle du jeu ?

A l’heure de la mondialisation, la rencontre entre un éditeur suisse (Helvetiq) et trois auteurs coréens (Gary Kim, Hope S. Hwang et Yohan Goh) n’a plus rien d’étonnant. Comme ma playlist qui mêle allègrement rock anglais et j-pop. Reste à savoir si, comme pour ma musique, le résultat est détonnant.

Comme je suis taquin, je ne vais pas vous répondre tout de suite. J’aimerais déjà saluer la retenue éditoriale dont Helvetiq fait preuve. Odin est une petite boîte toute mignonne avec de petites cartes allongées jolies comme tout. On regrettera néanmoins leur finesse surtout à un format compliqué à protéger. Le thème nordique est quant à lui totalement plaqué mais j’avoue qu’il est difficile de faire autrement avec un jeu de défausse. On aurait pu carrément se passer de thématique mais ça donne quand même au jeu une certaine identité visuelle.

Bon, les mécaniques maintenant. La base est archi classique. Comme au trouduc, on essaye de se débarrasser de ses cartes le plus rapidement possible, en jetant une ou plusieurs cartes d’une valeur supérieure aux précédentes. Deux grosses particularités viennent apporter l’originalité nécessaire.

D’abord, on peut associer des cartes sous certaines contraintes (même couleur ou même valeur) pour créer des chiffres très hauts. Par exemple, un “8”, un “6”et un “3” de même couleur donnent sur table 863. Quatre “9” de couleurs différentes donneront pas moins de 9999. Ça n’a l’air de rien mais cette mécanique d’association très simple – mais aussi un peu déstabilisante au début – crée du choix et des dilemmes. Vais-je casser cette jolie suite de cartes vertes pour me débarrasser plus facilement de ce “5” noir isolé ?

Plus impactant encore, c’est le fait qu’on est obligé de récupérer une carte parmi celles qui ont été jouées par le joueur précédent. C’est très malin, ça nous permet de construire partiellement notre jeu. Je récupère une carte rose que j’ajoute aux deux que j’ai déjà, ce qui me permettra, plus tard, de me débarrasser de plus de cartes d’un coup. Cela crée aussi un côté attentiste. Je peux passer alors que j’aurais de quoi jouer juste pour ne pas récupérer une carte que j’aurais toutes les peines du monde à défausser plus tard.

Une amie férue de jeux de cartes présentait Odin comme une bonne entrée en matière vers des choses plus compliquées. Je dirais oui et non. Oui, les règles d’Odin sont accessibles (j’y ai joué sans problème avec mon fils de 7 ans et un de ses copains du même âge) mais il y a quand même deux ou trois situations qui peuvent se révéler frustrantes pour un joueur qui joue à l’instinct. Si on ne fait pas attention, il est possible de se retrouver dans des impasses avec une ou deux cartes en main impossibles à défausser. Le joueur coincé va être contraint de regarder les autres jouer jusqu’à la fin de la manche. Certes, elles sont pas bien longues mais c’est quand même pas génial.

Franchement pour un peu plus de dix balles, Odin est un jeu de défausse plus qu’honnête dont les singularités lui apportent un surplus tactique très agréable, tout en gardant une part assez grande au hasard. Juste de quoi donner des excuses aux mauvais perdants. En plus de ça, il est rapide (un petit quart d’heure la partie), s’emporte partout et peut se jouer sur un coin de table. Il va trouver sa place dans ma ludothèque bien au chaud à côté de Trio et sortira régulièrement jusqu’à ce que ses cartes rendent l’âme.

Disponible ici :

Prix constaté : 11,40 €

Test : Tichu

Test : Tichu

Issu d’un jeu traditionnel chinois, Tichu est une modernisation par Urs Hostettler et illustré tout au long de ses nombreuses éditions par de nombreux artistes dont Christine Alcouffe dans sa version française que Tiki nous propose. Avec des cartes au format tarot du plus bel effet.

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2 mécaniques, 2 équipes et un empire

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Tichu se joue en 2 équipes de deux joueurs et le but de chaque joueur est de vider sa main le plus rapidement possible (shedding) en jouant des combinaisons de cartes allant d’une simple carte à une quinte flush (ascension). Deux mécaniques qui s’associent pour un jeu nerveux où la surveillance de la main de vos adversaires est permanente.

Les cartes à la disposition des joueurs sont en 4 couleurs du 2 à l’as avec princesse, dame et roi pour les figures, ainsi que 4 cartes spéciales, le dragon, le phénix, le moineau et le chien.

Avec ceci, le joueur actif joue donc une combinaison de son choix, une carte simple, une paire, un brelan, un full, une suite de 5 cartes minimum ou une suite de paires.

Les joueurs suivants vont soit passer, soit jouer la même combinaison, mais avec une force supérieure. Passer n’empêche pas de revenir dans le jeu sauf si 3 joueurs consécutifs passent, ce qui termine la ronde et le joueur avec la meilleure combinaison récupère les cartes jouées par tous les joueurs avant de lancer une nouvelle combinaison.

Pas d’atout à Tichu, cependant les carrés et les suites couleur (quinte flush) sont des bombes qui battent n’importe quelle combinaison. Attention cependant, une bombe plus forte peut encore être jouée par la suite. Le dragon sera la carte la plus forte en cas de combinaison carte simple et le phénix agit comme un joker qui peut être intégré dans toutes les combinaisons excepté les bombes.

Finissons avec le moineau, seul 1 du jeu, mais qui permet à son propriétaire de lancer la première ronde de la manche. Le chien lui permet de passer la main à son partenaire instantanément.

Les rondes vont ainsi s’enchainer jusqu’à ce qu’un joueur ait joué toute sa main. Il sort alors de la manche et assure les points des cartes qu’il a gagnées.

Si son coéquipier sort en second, c’est un empire ! l’équipe score alors 200 points secs. C’est tout simplement l’équivalent d’un capot de belote.

Sinon la partie se termine quand un troisième joueur termine sa main. Le dernier donne ses plis au premier sortant et le reste de sa main à l’équipe adverse.

Le comptage des points est plutôt simple :

  • Chaque 5 vaut 5 points
  • Chaque 10 vaut 10 points
  • Chaque roi vaut 10 points
  • Le dragon en rapporte 25 et le phénix en fait perdre 25

Le total fait 100 points à partager entre les deux équipes avant de lancer la manche suivante.

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crédit photo : page facebook tiki editions

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Choisir c’est renoncer

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Une fois les combinaisons maîtrisées, Tichu est un jeu plutôt simple. Prenez tout de même garde à l’enchainement de votre main pour sortir avant les autres, certains choix sont parfois difficiles, par exemple dois-je sacrifier un roi de mon brelan pour tenter de récupérer la main sur une carte simple avec la menace des as ou du dragon ?

Ajoutons le jeu en équipe, « voler » la relance à son partenaire peut sembler un mauvais move mais si cela me permet de terminer ma main ensuite alors pourquoi ne pas le faire ?

Des choix compliqués donc qui commencent trois fois avant même de jouer !

Tichu vous paraissait simple ? attendez, on va en rajouter un peu. Chaque joueur joue avec 14 cartes en main. Mais après que chacun a tiré ses 8 premières cartes, il est possible d’annoncer un grand Tichu, à savoir annoncer sans connaître toute sa main que l’on sera le premier joueur à quitter la table !

Une annonce du même niveau qu’un grand chelem au tarot. Oui, il faut avoir une belle confiance en soi à ce moment-là, car si votre grand Tichu se réalise, ce sont 200 points, mais si vous le loupez, la chute sera, elle aussi, de 200 points.

Vous pouvez aussi patienter et annoncer un simple Tichu en jouant votre première carte avec 100 points en jeu.

Tichu utilise donc une mécanique optionnelle de pari qui amène une tension immédiate à la manche où les annonces tombent ! De suite chaque joueur va se redresser sur sa chaise, le niveau sonore va baisser et attention parce que là ça joue très sérieux.

Ça ne vous suffit pas ? Ok, je vous en rajoute encore un peu. Avant de commencer une manche, chaque joueur va donner une carte de sa main à chaque autre joueur. 3 cartes qui partent et 3 autres qui arrivent, de quoi plomber votre main ou la renforcer ! Cette fois à vous de lire vos adversaires et de suivre leurs dons de manche en manche pour tenter d’anticiper les cartes reçues.

Je vous le dis, j’adore cette mécanique d’échange, les informations qu’elle véhicule sont si importantes, si précieuses, à vous de savoir les lire pour en tirer le meilleur. Parfois, vous vous planterez lamentablement aussi, mais les émotions créées, elles, seront bien réelles.

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crédits photos : page facebook tiki editions

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500 points, c’est loin !

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Avec tout ceci, Tichu vous propose d’atteindre les 500 points dans une partie classique et là ça peut être très long. C’est là qu’est le point faible du jeu, avec toutes ces possibilités, la prise en compte de votre partenaire, la synergie entre coéquipiers, les paris et le choix des cartes à jouer, vous avez de quoi réfléchir et surtout ne pas trop vous avancer. Le résultat, c’est que les tichu/grand tichu sont plutôt rares pendant les premières parties, ce qui rallonge considérablement le temps de jeu qui peut allègrement dépasser l’heure de jeu.

La solution est simple : jouer sur moins de points ou sur un nombre de manches fixes. Prenez le temps de découvrir ce jeu dont le gameplay propose une grande profondeur, le jeu en équipe apportant encore plus de rejouabilité si vous changez de partenaire à chaque partie (de jeu, pour votre vie, vous faites bien ce que vous voulez).

Personnellement Tichu est un jeu que j’affectionne particulièrement, je suis encore très loin de réussir mes tichus, les grands tichus, je n’y pense pas encore !

Tichu c’est l’occasion de découvrir deux mécaniques des jeux de cartes moins connues, donc la rencontre propose un excellent jeu. L’ajout des équipes, des paris et des bonus en fait un jeu tendu, complet et profond. Tout cela dans une boite qui tient dans la poche pour un budget autour de 15 euros, je ne pense pas que l’hésitation soit permise.

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Et pour être complet, la vidéo de présentation du jeu par Romain, votre serviteur, et Ben des Recettes Ludiques :

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Disponible ici :

Prix constaté : 12 €