Ÿossef Farhi, auteur de jeux solos

Ÿossef Farhi, auteur de jeux solos

Dans le secteur du jeu solo francophone, il y a un homme qui, petit à petit depuis fin 2019, a creusé son trou et forgé une communauté grandissante et fidèle, bien que ces titres ne soient accessibles que par le biais de campagnes participatives sur Kickstarter.

Chaque titre est une réussite, avec des mécaniques souvent différentes. Nous accueillons donc aujourd’hui Ÿossef Fahri, à la tête d’Alone Editions, afin de connaître un peu mieux l’homme qui se cache derrières des titres comme The Road, Black Hole ou encore le dernier en date, Berserkers (qui a fait l’objet d’une critique sur notre blog disponible ici).

l

l

1 – Bonjour Ÿossef, première question : une petite présentation ?

Bonjour, je m’appelle Yossef FARHI, j’ai 35 ans et je suis auteur de jeux de société depuis 4 ans. Je me concentre essentiellement sur la création de jeux solos, car je suis avant tout un grand joueur de jeux solos.

l

l

l

2 – Quelle est ta recette pour nous triturer les méninges à chaque fois ?

Je suis un fan de casse-tête en tout genre. En partant de cette idée, je conçois le plus souvent mes jeux comme des casse-têtes à résoudre. J’aime me torturer l’esprit pour trouver des solutions. Et de la même manière que le joueur fait chauffer ses neurones lorsqu’il joue aux jeux Alone Editions, je chauffe les miens lorsque j’imagine de nouvelles créations. Aujourd’hui je peux dire que j’éprouve autant de plaisir à jouer qu’à créer.

l

l

l

3 – Tu nous surprends toujours par ta faculté à produire des jeux solos excellents et immersifs. C’est un peu redondant avec la question précédente, néanmoins je pense qu’on est nombreux à vouloir savoir quel est ton secret !

L’envie d’aller plus loin se développe réellement avec les premières réussites, même s’il faut passer par des échecs avant cela. Et je remercie la communauté des joueurs qui ont renforcé mon envie et ma volonté de me dépasser et de surpasser la charge de travail que cela représente. De plus, il n’y a rien de plus gratifiant que les retours enjoués et satisfaits que je reçois à la sortie d’un nouveau jeu. C’est un peu ça ma dopamine et aujourd’hui je m’en sers comme moteur d’une certaine manière.

Enfin, j’ai un esprit créatif assez productif et qui souhaite inlassablement développer de nouvelles idées. Ce n’est pas contrôlé, j’ai vraiment l’impression d’être né pour ça. Finalement les joueurs me remercient, mais c’est à moi de les remercier, car une création n’est complète que lorsqu’elle est partagée.

l

l

4 – Et sinon, dans la vie quotidienne, quel est ton métier ?

J’ai plusieurs compétences liées à mes études Audiovisuel. Je suis auteur, réalisateur et monteur vidéo. À l’heure actuelle j’enseigne le cinéma via des cours d’analyse filmique et de scénario.

l

son espace de travail (très épuré !)

l

l

5 – Comment arrives-tu à gérer tout ça de front ?

Pas de temps mort ! J’exploite chaque heure de ma journée pour y placer quelque chose à faire. Il est très rare de me voir assis sur un fauteuil à regarder par la fenêtre, alors que j’en ai très envie. Je me dis que je le ferai lorsque je serai satisfait de ma productivité. Mon cerveau reste focus sur mes créations et mon quotidien H24. Je me sens même frustré lorsque j’ai l’impression de ne pas avoir bien exploité ma journée avant de me coucher. En parlant du coucher… je dors tard, même très tard.

l

l

6 – Contrairement à un certain nombre de projets faisant l’objet de campagne participative, comment arrives-tu à tenir les délais ?

C’est une question d’organisation qui se joue au gramme près !

Je viens du milieu du cinéma et donc du tournage. Et dans ce milieu on sait qu’un film se fait durant la préparation, le reste n’est pratiquement que du plaisir. Dans le milieu du financement participatif, c’est un peu la même chose. J’essaye donc de présenter des projets les plus aboutis possibles, afin de ne pas avoir à faire grand-chose après la campagne.

l

l

l

 7 – Pour terminer, un mot à dire aux joueurs solos qui nous lisent en ce moment ? 

Vive les jeux solos  !!

l

l

Merci Ÿossef du temps que tu nous as accordé. Maintenant nous nous tournons avec attention vers son prochain projet, dont la campagne participative débutera le 07 décembre 2023 : Way of the Samouraï Roll and Write.

Lien vers la campagne :

l

l

Interview réalisée par JB Couval aka « Monsieur Serra ».

Test solo : Berserkers

Test solo : Berserkers

Aaaaahh, le nouveau jeu de Ÿossef Fahri est enfin arrivé !!

Cet auteur indépendant signe déjà son septième titre (Way of the Samurai, The Road, Black Hole, ,,..), toujours des jeux en format mini ou presque et purement solo (à 2 exceptions près).

Berserkers, de son petit nom, est un jeu tiny avec du maxi matos.

l

l

Des cartes, des gemmes, des dés, des jetons, des meeples. Tout ça dans une boîte au format Tiny.

Contexte rapide : Vous êtes 3 berserkers qui devez vous déplacer sur 12 lieux différents afin d’allumer 8 feux protecteurs d’Odin qui protégeront le royaume de la venue des cavaliers de l’ombre et leur volonté d’apporter les ténèbres.

But : allumer les 8 feux, mais aussi marquer d’un sceau les 3 cavaliers de l’ombre ET satisfaire les requêtes du roi.

Tout un programme !

Le but ici n’étant pas de vous présenter en long et en large le jeu, voici néanmoins quelques éléments utiles je l’espère :

l

du matos à foison

12 lieux somptueux, avec des icônes spécifiques (symboles d’actions particulières). On voit aussi ici nos 3 berserkers en bas à droite et les cavaliers de l’ombre en haut à gauche

l

l

Des cartes d’aide de jeu afin de se rappeler des icônes rencontrées, 4 cartes actions différentes pour les berserkers et une pour les cavaliers.

Je passerai ici sur les requêtes du roi ainsi que l’aide que l’on peut apporter aux villageois qui, s’ils sont satisfaits, peuvent vous offrir des objets parfois très utiles.

l

Le principe de jeu est simple :

  • La première phase est celle des berserkers : on lance les 4 dés blancs et on les place sur les cartes action (1 par carte, sauf si…). Puis on exécute celles-ci, au choix sur un ou plusieurs berserkers
  • Phase 2 : les cavaliers de l’ombre lancent les dés noir / rouge / bleu qui correspondent à leur couleur, on les place sur l’action correspondante et on réalise les actions
  • Phase 3 : les orcs (s’il y en a)

Voilà, je m’arrête là. Sachez donc qu’il y a des villageois qu’on peut aider (en défaussant un ou plusieurs dés sur la quête active d’aide), de l’or, des orcs, des gobelins et même des elfes.

l

Côté mécaniques, on est essentiellement face à du contrôle de territoire et accomplissement d’objectifs, au travers de jets de dés à positionner pour choisir ses actions.

La rejouabilité est sensationnelle. Si je cite l’auteur dans les règles : « 479 000 000 de mise en place possibles et plus de 4000 combinaisons de requêtes du roi ».

l

Comme d’habitude, l’auteur nous offre un produit d’exception, malheureusement uniquement disponible pendant une campagne de financement Kickstarter. Mais vous le retrouverez sûrement un de ces jours en occasion où s’il vient à réaliser un nouveau jeu, ce dont je ne doute pas.

En tout cas, c’est un sacré casse-tête ! Gagner ne sera pas une mince affaire et comme si ça suffisait pas, ce roublard de Ÿossef a établi une sorte de classement en fonction de vos points en cas de victoire.

Personnellement, après seulement 2 parties, je suis aux anges. C’est beau, les mécaniques sont intéressantes et fluides, il y a du stress et du challenge tout au long du périple. Et de la réflexion ! Car allumer 8 feux aurait été trop simple, hein ! Mais que nenni, l’auteur nous demande également de respecter des quêtes, et il y a ces satanés cavaliers qui viennent nous pourrir la vie et qu’il faut, en plus de réparer leurs dégâts, marquer d’un sceau.

De tous mes jeux solos (et j’en ai un paquet, c’est pour ça que je suis là), je pense qu’il rentrera dans mon panthéon (j’ai pas dit pantalon, bande de pervers) !

Merci Ÿossef Fahri !

l

l

Article rédigé par JB Couval aka « Monsieur Serra ».