L’avis à Froid : Codenames

L’avis à Froid : Codenames

Vendu ! Je viens de me séparer de Codenames. Le jeu de Vlaada Chvatil (Mage Knight) édité en France par Iello trônait sur mon étagère depuis 2016. Je m’en souviens bien parce que deux jeux similaires étaient sortis au même moment : Imagine et Yesss!. J’avais acheté les trois à l’époque. J’ai revendu Imagine aussitôt. Le concept était génial mais terriblement difficile à jouer. Par contre, j’ai beaucoup aimé Yesss!. Ce petit jeu toulousain, coincé entre ces deux mastodontes, n’a pas eu la vie ludique qu’il méritait. Simple, malin et rapide, sa version coopérative était un vrai bonheur à jouer mais j’ai fini par m’en séparer, remplacé par d’autres jeux du même genre. Du trio, Codenames était le dernier survivant. Pourtant, si je lui reconnais pas mal de qualités, il n’est pas sorti si souvent…

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Codenames, nid d’espions

Pour ceux qui sont passés à côté malgré sa grande popularité, Codenames c’est quoi ? Eh bien, c’est avant tout 25 mots posés sur une table. Parmi eux, certains appartiennent à l’équipe rouge, d’autres à l’équipe bleue mais lesquels ? Seuls les chefs d’équipe le savent. A eux de faire deviner le plus de mots possible sans que leurs camarades ne les confondent avec les mots des autres ou pire, avec le mot noir. Le mot assassin, celui qui signifie la fin de partie et la défaite immédiate.

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Ambiance studieuse

On est en équipe et on joue avec des mots. C’est sans doute pour ça que Codenames est souvent qualifié de jeu d’ambiance. Pourtant, pour moi, Codenames est aussi festif qu’une boule à paillette accrochée au plafond de la salle de repos d’un EHPAD.

Dans Codenames, on ne parle pas beaucoup. Par contre, on se creuse beaucoup la tête et on est pas mal tendu. Si c’est un jeu d’ambiance, il retranscrit plutôt celle d’une bibliothèque universitaire la veille d’un examen.

En plus, ses règles sont loin d’être simples. Il suffit de regarder la tonne de contraintes imposées aux chefs d’équipe pour s’en rendre compte. Mais même sans ça, Codenames n’a rien d’intuitif. Alors que je pourrais relancer une partie d’Imagine ou de Yesss! à peine la boite ouverte, pour Codenames un retour aux règles serait indispensable. C’est un jeu d’une certaine exigence.

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Pour les doubles zéros

J’ai d’ailleurs commis l’erreur d’y jouer avec mes parents et maintenant, pour eux, c’est le jeu où je m’énerve tout le temps. Il faut dire qu’à chaque partie au moins une règle était enfreinte, ce qui a le don de m’agacer, mais rétrospectivement je ne leur en veux pas trop car le jeu s’adresse d’abord et avant tout à des amateurs. Ce qui fait que je ne comprends pas son succès. Certains joueurs occasionnels, l’ayant découvert chez des amis passionnés, ont dû déchanter en tentant d’y rejouer chez eux…

Ça n’en fait pas un mauvais jeu, loin de là. Il a amplement mérité son classement au top 100 BGG* et ses multiples récompenses. Mais je le répète, ce n’est pas un party game. C’est plus une sorte de casse-tête en équipe basée sur des associations d’idées et, de ce point de vue, il est diablement efficace. Mélanger les mots à deviner avec ceux de l’autre équipe est une trouvaille géniale. C’est comme retrouver quelqu’un dans une foule avec comme seul indice une vague description et, en cas d’erreur, le risque de tomber sur un agent ennemi. Cela génère un stress, une tension, qui rend la réussite encore plus gratifiante.

Pourtant, chez moi, ça fait longtemps qu’il ne sort plus. Pourquoi ? Maintenant que je vous l’ai décrit, la réponse va vous paraître toute bête. Quand je veux un jeu d’ambiance pour passer un bon moment avec des joueurs occasionnels, je sors un jeu plus connu comme Time’s Up ou plus immédiat comme Just One. Quand je suis avec des joueurs passionnés, je préfère jouer à un jeu de stratégie, quitte à en prendre un qui se joue vite.

Je dirai jamais non à une partie de Codenames mais ce ne sera jamais mon premier choix. J’y joue… mais chez les autres et le mien ne quitte jamais l’étagère. Du coup, je préfère qu’il fasse des heureux dans la ludothèque d’un autre plutôt que de ne jamais atteindre ma table de jeu. 

*Board Game Geek, le site anglophone de référence dans le domaine du jeu de société.